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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Sur l'autoroute, la voiture de sport roulait maintenant à plein régime. Le paysage défilait devant les yeux de Thorkel. Il avait décider de monter jusqu'à Paris pour aller rendre visite à un vieil ami. Mais il avait jusqu'au coucher du soleil à attendre qu'il se réveille de son sommeil de vampire. Une autre raison le poussait à retourner dans cette ancienne ville lumière. Il devait affronter des souvenirs funestes.

Paris, mai 1977. A cette époque, Thorkel travaillait comme scénariste pour la télévision. Il évoluait dans un milieu artistique. Il était souvent convié à des soirées où tous les excès s’entremêlaient : Alcool, drogue, sexe. Malgré les siècles, il ne se lassait pas de voir comment l'homme, ivre de pouvoir et d'argent, tombait inexorablement dans la décadence. Et ces fêtes en étaient le point culminant.

Cette fois-ci, l'hôte était un réalisateur, qui voulait fêter l'avant-première de son film en grande pompe. Tout le gratin français y était convié.Cela allait du musicien du moment aux producteurs puissant. Thorkel quant à lui, accompagnait une starlette de l'époque. Il l'avait rencontré sur le lieu d'un tournage pour une série télévisée pour laquelle il avait écrit quelques épisodes. Elle, Marlène, avait craqué pour son magnétisme animal ; lui, pour sa légèreté de vivre. Lorsque le couple arrivait quelque part, on été frappé par leur antagonismes : La belle et la bête !

Ce soir-là, Marlène portait une belle robe de couleur lavande, qui mettait en valeur ses formes pulpeuses. Sa chevelure brune descendait sur un dos nu et bronzé. Thorkel avait sorti son unique smoking pour l'occasion. Tout de noir vêtu, ses cheveux blonds entravés par un catogan, il avait fière allure !

La soirée se tenait dans une ancienne maison datant du dix-septième siècle, qui avait été rénové. Lorsqu’il entra dans cette luxueuse demeure, Thorkel fut d'abord frappé par la fontaine qui trônait au centre d'une grande salle qui faisait office de pièce principale. Les invités y déambulaient autours, avec leurs verres de champagne à la main. Une odeur de marijuana planait dans l’atmosphère en même temps que la dernière tube de Billi Joel : « Just the way you are ». A part quelques tableaux de riches couleurs d'influences indiennes accrochés aux murs, ceux-ci étaient plutôt pâles. Marlène lâcha la main du vampire pour se jeter sur le buffet. Planté là, Thorkel ne savait que faire. Il croisait les regards des femmes que son charme ne semblait pas laisser indifférent. Son apparence était celui d'un jeune trentenaire, avec la carrure d'un athlète professionnel. Seul ses yeux pouvaient le trahir. En effet, si l'on soutenait son regard pendant un certain moment, on pouvait se perdre dans les profondeurs du temps. Lasse d'être pris pour la nouvelle attraction de ces dames, il décida d'aller explorer les environs.

Dans une pièce adjacente, plus petite et plus sombre, un homme et deux femmes étaient avachis sur un grand canapé orangé, en plein préliminaires et complètement défoncés. Il laissa ce trio à ses turpitudes et retourna dans la pièce principale. Il pourrait sans doute retourner les voir dans une ou deux heures afin de savoir si ils seraient à point pour une dégustation de son cru.

Marlène avait quitté le buffet pour faire la conversation à un groupe de prétendants. A chaque fois qu'elle s’esclaffait, elle perdait de l’intérêt aux yeux du vampire. Il s'en voulait de ne pas avoir vu avant que cette fille n'était qu'une coquille vide.

Thorkel remarqua que quelques personnes s'étaient regroupées à l'autre bout de la salle. Une animation semblait se mettre en place. Lui-même piqué par la curiosité, il s'approcha. Un jeune homme installait un chevalet et proposait de faire le portrait d'un invité. Il avait un accent typiquement irlandais. Il portait une blouse blanche sur un pantalon bleu marine pattes d'eph. Ses cheveux roux embroussaillés lui tombaient sur les sourcils. Personne semblait oser vouloir passer sous ses pinceaux. Ce peintre avait dû être engagé pour distraire les invités. Il releva une de ces mèches et balaya l'assistance de son regard. Soudain ses yeux expérimentés se posèrent sur le vampire. Celui-ci fut décontenancé, car se mettre à découvert ainsi, qui plus est immortalisé sur une toile, pouvait être une source d'embêtements futurs.

Le monsieur avec le smoking noir, come on !

Le vampire finit par obtempérer sous les applaudissements de la meute. Il se dit qu'il y avait très peu de chance qu'un portrait de lui passe à la postérité. Et si il en était ainsi, il lui serait aisé de retrouver cette toile pour la détruire. Il s'installa gauchement sur une chaise en bois en face du peintre.

Don't move, s'il vous plaît.

Pendant qu'il se faisait refaire le portrait, Thorkel en profita pour sonder l'âme de cet irlandais. Des sons, des images vinrent assez vite à son esprit :

Un bruit d'explosion, des cris de panique, des pleurs... Ce garçon semblait-il avait déjà connu sa part de drame. Le vampire ne tarda pas à faire le rapprochement entre ses visions et les vagues d'attentats qui sévissaient depuis ces dernières années en Irlande du nord.

Le peintre était tout à son art. Son pinceau virevoltait dans l'air avec énergie et retombait sur la toile par petites touches précises. Ses yeux bleus scrutaient le moindre détail de son modèle.

— "C'est fini !"

Lorsque Thorkel contempla son image de peinture, il fut assez surpris. Ce n'était pas ce que l'on pouvait appeler une œuvre académique. Tandis que le vampire, pendant la séance de pose, avec son don obscur, avait sondé les profondeurs de l'âme du peintre. Celui-ci avait fait de même avec sa sensibilité artistique. Une grande noirceur émanait du portrait. Une tristesse aussi. Avec un effet de relief, ses yeux bleus nuits, semblaient transpercer la toile.

"Votre portrait vous plaît ?" s'enquit le jeune peintre.

Thorkel releva les yeux du tableau et fit un grand sourire en révélant des dents impeccablement blanches. Vous avez du talent jeune homme !

Je vous remercie, mais je ne suis pas si jeune et vous n'êtes pas si vieux. Vous avez la petite trentaine, c'est ça ?

"Ne vous fiez pas aux apparences."

Le vampire parti dans un grand éclat de rire.

Vers les deux heures du matin, Thorkel décida d'aller cueillir le trio qu'il s'était réservé. Comme il l'avait prévu, ils étaient allongés sur le même canapé, dans un état de semi-coma. Il leur ponctionna quelques litres de sang sans que l'un deux ne bouge d'un cil.

Après ce festin, il décida qu'il était temps de quitter la fiesta et sa belle qui l'avait dédaigné toute la soirée.

Quelques semaines plus tard, fort de l'impression que lui avait donné son peintre, Thorkel se rendit dans le quartier Saint-germain-des-Prés pour lui rendre visite. Il habitait dans une chambre de bonne qu'il avait transformé en atelier. La famille qui le logeait était des amis de ses parents. Quant à eux et sa petite sœur, ils avaient péris il y a deux ans dans un attentat à Dublin. A vingt-quatre ans, Aaron avait voulu fuir le chaos qui régnait en Irlande du Nord, pour tenter sa chance en France.

Au fur et à mesure des semaines, le duo devenait de plus en plus complice. Pour une créature telle que Thorkel, ayant traversé les siècles, le sentiment d'intemporalité était inexorable. C'est une des raisons pour laquelle les êtres de son espèce souffraient tant de solitude. Depuis qu'il était devenu vampire, son inlassable quête avait été donc de trouver comme compagnon un être humain qui lui permettrait de faire le lien entre lui et l'époque qu'il traversait. Aaron représentait bien cette jeunesse perdu de la fin du vingtième siècle. Ce peintre apatride, dont les horreurs qu'il avait connu si jeune, l'avaient dégoûté de la nature humaine. Ses œuvres traduisaient en effet cette obscurité. Ainsi, Thorkel et Aaron partageant la même vision, se retrouvaient sur le même rocher, regardant l'humanité sombrer.

Depuis quelques semaines, ils avaient prit l'habitude de se rejoindre dans l'atelier du peintre, au soir déclinant. Ils pouvaient discourir pendant des heures. Aaron était fasciné par l'ancien temps. Il voulait comprendre comment avait été façonné l'histoire du monde. Et qui de plus compétent qu'un immortel pour lui répondre. Thorkel s'amusait à jouer le rôle du compteur. Il racontait des événements historiques saupoudrés d’anecdotes qu'il semblait avoir vécu lui-même.

Un soir, Aaron avait un peu trop bu. A la fois émerveillé et exaspéré par la créativité de son interlocuteur, il lui lança :

Merde, t'as à peine cinq ans de plus que moi et tu sais tout sur tout ! C'est pas possible ! Tu peux pas savoir tout ça...

Aaron lança une bouteille de whisky bien entamée en direction du visage de Thorkel. Celui-ci l’attrapa à la volée et la posa délicatement à côté de lui. Il prit la parole :

— Très bien Aaron, je comprend ta colère. Je pense que je te dois la vérité. Et au diable les conséquences !

Cette brève intervention eu pour effet de calmer son hôte et de capter toute son attention.

— Je vais te raconter maintenant une histoire. Mais tu peux me croire, cette histoire est bien réelle.

« Au retour d'une traversée de plusieurs mois en mer , j'étais ravi de retrouver les miens. J'avais les bras remplis d'or et de cadeaux en tout genre. Au delà de la terreur que nous avions semé sur notre passage en Aquitaine, notre butin avait été fructueux. Nous avions subi peu de perte et nous revenions victorieux encore une fois. Nous ne le savions pas encore, mais grâce à ce dernier voyage, le nom des vikings marqueraient l'histoire de leur emprunte. Je retrouvais donc mon épouse Helga et mes trois enfants. Le soir, après notre premier repas en famille, nous étions tous les cinq autours du foyer. Les flammes de ce dernier réchauffaient mon corps et mon cœur. Je racontais les paysages et les animaux que j'avais pu observer pendant mon voyage. Soudain, un bruit étrange vint de l’extérieur. Je mis ma cape doublée de fourrure sur les épaules pour sortir dans le froid de l'hiver. Et emportais avec moi une bougie pour m'éclairer dans l'obscurité de la nuit. Je me dirigeais vers une cabane en bois de chêne où vivaient nos moutons. J'avançais avec difficulté dans la neige épaisse, le vent glacial cinglait mon visage. La porte de la cabane était entrouverte et j'entendis le râle d'une de mes bêtes. Je fis quelques pas vers elle. A la lumière de ma bougie, je vis que le pelage de son cou était maculé de sang. Je pensai tout de suite à l'attaque d'une bête. Mais comment avait elle pu ouvrir la porte de la cabane toute seule ? Alors que j'examinais de plus près la blessure du mouton, j'entendis un cri en direction de la maison. Mon sang se glaçait dans mes veines et la peur me prit à la gorge. Je me précipitais vers l'origine du bruit en laissant tomber ma bougie dans la neige. Lorsque j'entrai dans notre maison à bout de souffle, ma peur se transforma en terreur. Ma femme était debout à quelques mètres de moi, le visage livide et les yeux exorbités. Des doigts longs et acérés comme ceux d'un rapace enserraient son cou. La créature postée derrière elle releva la tête enfouie du creux de l'épaule d'Helga et me regardait fixement. Son regard était intense et les flammes de l'enfer semblaient danser dans ses yeux rouges. J'étais pétrifié. L'aberration voyant que je ne bougeais pas, ouvrit la gueule et fit apparaître deux canines saillantes pareilles à celles d'un loup et replongea sa tête dans la chevelure de mon épouse. Ne pouvant supporter cette vision plus longtemps, je me jetai sur ma hache de combat accrochée au mur à côté de l'entrée, la leva au-dessus de ma tête, lame vers le haut en espérant fendre le crâne de ce démon. En une fraction de seconde, il attrapa mon bras armé et telle une poupée de chiffon qu'il aurait fait tournoyer au-dessus de sa tête m'envoya m'écraser contre le mur à l'autre bout de la pièce. A peine conscient, j'ouvris mes paupières avec difficultés et vis le visage de mon cauchemar me faisant face à quelques centimètres .

— Je salue ta vaillance, mais elle ne saurait qu'être inutile face à un être tel que moi. Cependant, je pourrai bien épargner ta famille.

Une lueur d'espoir envahit mon cœur.

— Tu sembles un fier guerrier et j'ai pu lire en toi que tu avais un certain potentiel. Malheureusement, ces aptitudes particulières ne te seront pas révélées si tu restes dans ta condition humaine. Ainsi, je te propose un marché : J'épargne ta famille à une condition : Sois l'un des miens.

Je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire. Mais je voulais sauver ma famille à n'importe quel prix !

— Bien, je vois que tu as fais ton choix.

Il se jeta sur moi et je senti ses dents s’enfoncer dans mon cou. Je sentais à peine la douleur. Seul le bruit de déglutition de mon sang dans sa gorge transperçait ma conscience. Ma force vitale m'abandonnait peu à peu. Soudain il lâcha son étreinte et je m’écroulai sur le sol presque sans vie.Tandis que la créature m'emportait sur son dos, je jetai un dernier regard à mes enfants et à Helga...Elle vivra... »

Aaron semblait dubitatif. Après quelques minutes, il brisa le silence oppressant :

— Ça ressemble à une histoire de vampire ton truc ?

Afin de dissiper le brouillard dans lequel se trouvait son ami, Thorkel reprit la parole :

—En effet, ce que je viens de te raconter sont les prémices à mon état de vampire. Mais en ces temps-là et dans ces contrées lointaines, nous n'avions jamais entendu parler de ces créatures.

Aaron prit une rasade de whisky pour faire avaler tout ça. Il regardait son ami en essayant de trouver la moindre faille dans son attitude. Mais Thorkel restait de marbre.

Je vois que tu ne me crois pas. Il est vrai que les gens de votre époque n'ont plus cette croyance aveugle comme l'avaient les anciens. Ainsi tu veux une preuve...

Oui c'est ça, une preuve que tu es un vampire.

Aaron souriait du ridicule de ses paroles. Thorkel quant à lui réfléchissait à la façon la plus simple et directe de prouver sa bonne foi. Il pensa un instant à inviter son compagnon à une chasse nocturne. Mais cela semblait assez risqué et il ne préférait pas le mettre dans la position d'un témoin gênant. Après tout, il tenait à sa compagnie. Soudain, le visage d'Aaron s'éclaira :

Si tu ne peux pas mourir, je pourrais essayer de te tuer ?

La demande était folle et sonnait comme un défi.

« Alors montons sur le toit si tu veux bien. » Répondit sereinement Thorkel.

Aaron d'abord étonné de cette réponse directe acquiesça et le suivi. Arrivé en haut, le vampire se dirigea tout droit vers le parapet pour se percher dessus. Du point de vue d'Aaron, de dos, avec son grand manteau, Thorkel ressemblait à un grand corbeau noir. Le vampire se retourna pour faire face à son ami. A cette heure de la nuit, la rue était déserte, les conditions étaient donc idéales pour faire le grand saut.

Approche-toi plus près de moi si tu veux ne rien rater. Ainsi, tu ne m'accuseras pas d'avoir utiliser un quelconque tour de passe-passe.

L'irlandais se rapprochait donc plus près du vide. Soudain le doute le traversa de toute part. Mais c'était trop tard. Thorkel avait écarté les bras et s'était laissé tombé dans le vide tel un plongeur en haut du grand plongeoir. Une fraction de seconde plus tard, le bruit sourd d'une masse s 'écrasant sur le sol transperça les oreilles d'Aaron. Celui-ci, sidéré, n'avait rien vu de la chute. Lorsqu'il osa enfin se pencher au-dessus du vide, il vit à quelques mètres en bas Thorkel allongé sur le dos. Après quelques secondes qui parurent interminables, sur le visage du vampire se dessina lentement un sourire.

Ne bouge pas. J'arrive !

Il se releva sans mal apparent et fit un bon impressionnant pour rejoindre sur le toit son compagnon. Ce dernier exploit surnaturel fini de convaincre Aaron pour de bon !

La peur aurait pu prendre le dessus dans le cœur d'Aaron, au lieu de cela, la fascination l'emporta. Thorkel aussi en avait pour son compte. Il était si rare pour lui de se confier à un humain. Ainsi, par cette révélation périlleuse, leur relation en fut renforcée.

Cependant, dans la nuit qui suivit, un infime question envahit l'esprit d'Aaron à propos de l'état de vampire de son ami. Il s'en délesta à leur rencontre suivante :

Pourquoi la lumière du soleil ne te fait pas de mal ?

Thorkel, pour la première fois depuis qu'il se connaissait semblait décontenancé. Après quelques secondes d'embarras, il répondit :

Je ne sais pas. A l'origine, notre organisme est extrêmement photosensible. La lumière du soleil peut même causer notre perte si l'on si expose trop longtemps. J'ai rencontré au quatorzième siècle un autre vampire qui était comme moi. Il en existe certainement d'autres. Je pense que c'est une anomalie génétique comme il peut y en avoir dans toutes les espèces.

Aaron fut touché par sa réponse. Il vit que Thorkel n'était pas infaillible. Que lui aussi avait ses propres doutes.

Pendant quelques mois, rien ne semblait plus troubler cette relation si particulière. C'était une telle joie pour Thorkel d'être lui-même auprès d'un humain ! Et Aaron se délectait de toutes ses histoires qui traversaient l'espace et le temps.

.

Un soir, alors que le vampire montait l'escalier qui menait à l'atelier de son ami, il perçut une odeur de sang. Cette odeur funeste lui révéla quelques secondes plus tard cette terrible scène : Aaron, étendu sur le dos au milieu de ses peintures, gisait dans une marre de sang. Il portait des entailles profondes à ses deux poignets.

Thorkel s'agenouilla auprès de son ami et lui prit la main. La tristesse soudain le submergea. Il n'avait éprouvé rien de tel depuis des siècles. Pourquoi la vie de cet homme lui importait tant ? C'était cette solitude si particulière à leur état d'immortel que seul les vampires ressentaient. Il l'avait vu dans les yeux d'Aaron, un être d'une extrême sensibilité, faisant partie de l'engeance humaine, mais qui s'en sentait exclu par son incapacité à la comprendre. Pourtant, il restait une chance de sauver cet homme si exceptionnel à ses yeux. Son sang était encore tiède, ainsi l'on pouvait en conclure qu'il ne s'était donné la mort que depuis quelques minutes. Thorkel sans mesurer vraiment les conséquences, porta son propre poignet à sa bouche, l'incisa de ses canines acérées comme il l'avait vu faire par son créateur des siècles plus tôt. Il porta son poignet ensanglanté vers le visage pâle de son ami, plongé dans un sommeil aux portes de la mort.

Un bruit de klaxon sorti aussitôt Thorkel de ses souvenirs. Nous arrivions à Paris. La circulation était beaucoup plus chaotique qu'il y a quarante ans. Le vampire décida de continuer à pied et laissa sa voiture dans une ruelle. Qu'il la retrouve plus tard ou non n'avait pas d'importance. Ce véhicule lui avait permis de sortir enfin de sa retraite et d'y prendre beaucoup de plaisir en le conduisant, mais ça s'arrêtait là. Thorkel avait pris l'habitude de ne pas s'attacher aux choses matérielles. C'était plus pratique. Ainsi, il continua l'exploration en bon vieux bipède.

Après plusieurs heures de marche et d'observation, le vampire vit que les parisiens avaient bien changés. Ils semblaient plus pressés. Leurs esprits étaient continuellement stressés: Je dois rendre ce dossier à mon patron, est-ce que j'ai bien éteint le gaz ? Il ne faut pas que j’oublie de payer la gardienne... Peu d'entre eux semblaient être là, dans le présent. Comme des fantômes errant à toute vitesse vers leurs prochaines préoccupations.

Le soleil commençait à se coucher sur Paris. Son ami Théobald n'allait pas tarder à se réveiller. Il était donc temps d'aller le retrouver.


Texte publié par JBL, 6 janvier 2018 à 15h35
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