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tome 1, Chapitre 43 « Brume I » tome 1, Chapitre 43

Alors que l’aube se levait à peine, nous nous apprêtions à repartir. Je n’avais guère dormi, hantée par la décision que j’avais prise. Ni Archibald, ni Malcolm n’avaient tenté de me sermonner. Les deux désapprouvaient mes choix, mais au fond de moi, je savais que j’avais raison.

Suite à la conclusion de notre accord, Laurent était reparti, promettant d’accorder un bref sursis au jeune couple pour avertir leur entourage et prendre la fuite. Pour la première fois, le souvenir du Caché me troublait. Sa manière de me parler, aussi séductrice que manipulatrice, ne me laissait guère indifférente, tout comme sa silhouette musclée et son masque d’ange.

Je me ressaisis.

Il est normal de ressentir cette attraction, songeai-je. Après tout, les Cachés représentaient tous les fantasmes de l’Humanité : l’immortalité, la jeunesse éternelle, la sensualité. Qui ne rêverait pas de posséder ce qui lui était inaccessible ?

Mes doigts effleurèrent mes boucles blondes, qui s’éclaircissaient de jour en jour. Tôt ou tard, ils arboreraient la même teinte platine que Laurent et ses sbires. Cette pensée me terrifiait. Pourquoi la perspective de mourir me terrifiait-elle autant que l’immortalité ?

Je ne souhaitais pas perdre mon humanité. Je ne voulais pas me repaître du sang de mes semblables et devenir esclave de mes besoins. Je refusais d’obéir aveuglément à un chef, quand bien même celui-ci posséderait la beauté de Laurent.

Pourquoi ne pouvais-je me défaire du sort qui m’attendait ? Pourquoi trouvais-je encore la force de tenir debout malgré la peine ? Pourquoi la perte de Gale ne suffisait-elle pas à me faire capituler, malgré mon amour sincère pour lui ?

J’achevai de ranger mes rares possessions dans ma malle, n’ayant guère envie de poursuivre ma route. Même si je me rapprochais de mon héritage, les révélations de Laurent sur le don des morts me glaçaient le sang. Des années durant, j’avais vénéré la foi païenne, dans l’espoir d’embrasser ses valeurs et connaître une existence meilleure. Mais depuis ma rencontre avec Irène, mes certitudes volaient en éclats. La perspective de recourir à la magie noire, de vénérer un Démon aux multiples facettes ne m’effrayaient plus.

Pire encore, ce terrible pouvoir sommeillait au fond de moi. Et si je devenais comme Malcolm ? Et si je renonçais à mon serment jadis prononcé devant la Déesse ?

— Élia ?

Je me redressai et me tournai vers Lyra, qui ferma la porte de la chambre d’ami derrière elle. La jeune femme portait son carnet de recherches, qui ressemblait plus à un assemblage désordonné de feuilles volantes qu’à un grimoire.

— La nuit a été courte, n’est-ce pas ? dit-elle.

Ses cernes creusaient de tristes poches sous ses yeux. Depuis son départ, elle semblait ailleurs et parlait d’un ton maussade, comme si elle regrettait sa décision.

— Je n’ai guère réussi à fermer l’œil, confessai-je en refermant ma petite malle.

— Je comprends. Je regrette de m’être comportée aussi lâchement cette nuit. Je ne suis guère courageuse lorsqu’il s’agit d’affronter un monstre. J’espère de tout cœur que vous trouverez la force de me pardonner. Oh, et avant de partir, je… j’aimerais vous remettre ceci.

Elle me tendit le manuscrit, que j’attrapai d’un air surpris.

— J’ignorais que vous aviez emmené le fruit de vos recherches ici, répondis-je. Pourquoi me le remettre ?

— Considérez-le comme une marque de paix. J’aimerais que vous l’apportiez à Beatriz. Certaines notes vous seront utiles, notamment pour préciser vos interrogations sur la hiérarchie qui jalonne l’Antimonde.

— Pourquoi ne pas le lui remettre vous-même ? Loin de moi l’idée de refuser un présent aussi précieux, mais… il y a quelques heures encore, vous me haïssiez. J’ai manipulé votre cousin, je… je vous ai menti, à tous. Je ne mérite pas ce cadeau.

Je voulus le lui remettre, mais elle me repoussa.

— Je ne cautionnerai jamais votre mensonge, assura-t-elle. Mais hier soir, j’ai compris que la menace apportée par ces démons mérite de passer outre la colère. Gardez précieusement ce manuscrit dans votre malle. S’il vous plaît.

Sur ces mots, elle tourna les talons et m’abandonna. Surprise par ce revirement de situation, je tentai avec difficulté de ranger le grimoire dans la malle. À mon retour dans la salle de séjour, Henry remettait les uniformes et les armes supplémentaires à Malcolm.

Ce dernier ne m’accorda aucun regard et tentai de se concentrer sur les explications fournies par son ami. Si la route jusqu’au coven serait longue et laborieuse, nous n’aurions guère, selon lui, besoin de faire usage de nos uniformes. La brume avait épargné le secteur de la forêt où nous passerions et un bref répit nous serait accordé avant que tout ne soit dévasté.

Un peu plus tard, alors que Lizzie et Maddy finissaient de charger nos bagages, je me dirigeai ensuite vers Malcolm, qui caressait Bourru d’un air mélancolique. Il jeta ensuite le harnais qui devait l’attacher à la diligence.

— Que faites-vous ? demandai-je.

— Je lui rends sa liberté.

Il ramena ensuite le cheval dans sa box.

— Je ne peux me résoudre à l’emmener, confessa-t-il à contrecœur. Les pierres de ce village sont obsolètes et la route que nous allons emprunter est trop dangereuse. Je… je le connais depuis sa naissance. C’est mon meilleur ami.

La tendresse que trahissait son ton morne me surprit. Le Patrouilleur était très attaché à la bête, qui semblait comprendre ses intentions. Sa crinière noire ondulait sous l’effet du vent et ses yeux trahissait de la déception.

— Lizzie et Henry quitteront le village dans la journée et l’emmèneront, révéla-t-il. Il sera bien mieux. Si nous l’emmenons, je crains de le perdre. Nous avons vérifié les protections alentours dans la nuit et les dernières tomberont dans quelques heures.

— Que s’est-il passé ?

— Je l’ignore. Mais ce village vit ses dernières heures.

Il caressa une dernière fois Bourru avant de l’abandonner sans se retourner. Il quitta la cour en trombe et l’arrivée de Lizzie me fit comprendre qu’il était temps de partir. Je resserrai mon manteau pour me protéger du froid et rejoignis la diligence, installée près de la demeure de nos hôtes.

J’ébauchai un rictus en découvrant la dernière place restante. Tout le monde avait pris place à l’intérieur, tandis que Malcolm remplaçait le cocher. La seule place se trouvait à ses côtés.

— Inutile de faire cette tête, soupira-t-il. J’ai insisté pour vous garder près de moi. Nous devons parler.

Je gardai le silence et acceptai la main qu’il me tendit. Une fois que je me fus installée sur l’inconfortable siège, il tira les rênes et les chevaux entamèrent leur course.

***

Le vent faisait crisser les feuilles des arbres de son souffle sinistre. Le soleil, masqué par les nuages grisonnants, rendait la forêt plus sombre qu’à l’accoutumée. Plus le temps passait, plus je constatai que le soleil n’apparaissait qu’en de rares occasions, tandis que la pluie fine et le vent balayaient Endwoods et ses alentours la plupart du temps.

— Nous allons en avoir pour des heures, révéla le Patrouilleur. Henry m’a suggéré d’emprunter un sentier non défriché afin d’éviter la brume.

Je resserrai mon manteau de laine afin de me réchauffer. La brume apparaissait par bribes, teintant la forêt et le soleil grisonnant d’un léger voile violet. Son odeur piquante nous fouettait le visage par moments, mais cela ne m’inquiétait guère. Depuis notre départ de Bone’s Village, j’avais la désagréable sensation d’être épiée. Mais malgré mes observations attentives, je n’avais remarqué ou senti aucune présence suspecte.

— Il vaudrait mieux arriver chez Beatriz avant la tombée de la nuit, dis-je.

Pour ne rien arranger, une rafale de vent vint plaquer nos longues chevelures contre nos visages. Malcolm poussa un juron et donna une seconde impulsion aux chevaux. Je repoussai mes cheveux en arrière, tentant de discipliner les mèches folles qui m’obstruait la vue.

— J’espère que la patience est une vertu chez vous, Lady Montgomery. Il faudra bien s’accrocher, mais le chemin est tout droit. Si tout se passe sans encombre, nous arriverons dans trois petites heures.

Le chemin qui se dessinait devant nous demeurait large, mais entourée d’une multitude de ronces et de branches difformes. Néanmoins, les arbres faisaient office de protection et empêchaient le vent de jouer de nouveau avec nos cheveux.

— Je voulais vous présenter mes excuses pour la nuit dernière, dit-il. Je n’aurais pas dû parler de Karen ainsi.

Mon silence remplaça les mots.

— Il est un peu tard pour cela, répliquai-je d’un ton acide. Je me fiche bien de vos excuses. C’est à Karen qu’il faudra les présenter le jour où votre maudit Seigneur vous expédiera droit en enfer.

— Rassurez-vous, je compte bien assumer les conséquences de mes actes.

Face à mon silence, il reprit :

— Cela me rappelle mes débuts. Je rêvais aussi d’amour, de respect, de tolérance, de paix. Difficile à imaginer, hein ?

— En effet.

— Dans un monde comme le nôtre, les rêves ne se réalisent pas sans sacrifices. Une femme aussi intelligente que vous devrait le comprendre.

— Allez-vous faire voir, Malcolm.

— Devil’s Village est mon village natal, insista-t-il sans se laisser démonter. J’y ai vécu jusqu’à ce que la brume n’arrive et que les démons ne commencent à tout détruire.

— Si vous espérez me faire pleurer, autant garder le silence. Vous n’êtes qu’un manipulateur dénué de scrupules.

— Laissez-moi terminer, voulez-vous ? Ces démons ont tout détruit et le fanatisme religieux de la capitale a eu raison de mon village. Nous devons nous mettre à la hauteur de nos adversaires, Élia. Ils sont prêts à tout, même à sacrifier femmes et enfants pour nous vaincre.

— Se défendre – ou utiliser la magie noire – ne signifie pas trahir et manipuler les siens comme de vulgaires marionnettes ! Comment les païens pourront-ils vous faire confiance s’ils savaient que vous n’avez aucune parole ?

— Les païens ne sont ni blanc, ni noir. Nous sommes humains. J’ai renoncé depuis longtemps à vaincre mes ennemis avec honneur. Je n’en ai pas, mais si cela permet à cette foi de survivre et de triompher, alors le reste importe peu. Je m’acquitterai de ma dette auprès du Seigneur et de la Déesse avec humilité.

Je préférai ne pas répliquer, l’esprit trop embrumé par l’incompréhension pour continuer cette conversation. Malgré cela, les arguments du Patrouilleur faisait sens. Une guerre ne se gagnait jamais sans que le sang des innocents ne soit versé.

— Tout est plus simple lorsque l’on agit pour une cause qui nous tient à cœur, assura-t-il pour faire écho à mes pensées.

La route graveleuse nous fit tressauter. Même si nous n’avions pas revêtu d’uniformes, Malcolm avait insisté pour que chacun d’entre nous garde un fusil chargé près de lui, à cause du danger omniprésent. Néanmoins, le reste du chemin se déroula sans encombre.

Un silence lourd de sens s’était installé et n’ayant guère envie de discuter, je m’étais plongée dans mes pensées.

L’attaque de la nuit dernière avait renforcé mon sentiment d’humiliation. Pourquoi m’avérais-je incapable de me défendre ? Sans les Cachés, cette créature aurait eu raison de mes amis. Plus le temps passait, plus ma frustration grandissait. Mes dons se manifestaient encore par bribes et je demeurais visiblement une cible de choix pour mes ennemis.

— Vous devriez laisser exploser votre colère, suggéra soudain Malcolm. Vous tentez de paraître plus solide qu’un roc, mais vous vous contenez. La gifle de l’autre soir n’était qu’une pitoyable plaisanterie.

— Exploser ma colère signifie accepter la réalité. Le procès, la mort de mes amis, la disparition de Gale et la probabilité de me transformer en sbire de Laurent. Je n’en ai pas la force.

— Vous mourrez pourtant d’envie de me tirer une balle entre les deux yeux.

— J’ai trop besoin de vous pour me permettre une telle chose. Mais méfiez-vous, je peux changer d’avis à n’importe quel moment.

Il ébaucha un rictus en guise de réponse. Je levai les yeux au ciel et me redressai sur mon siège, avant de brusquement sentir mon cœur s’accélérer. Ma cage thoracique se comprima et je manquai de vaciller.

— Hé, faut pas s’évanouir maintenant ! pesta le Patrouilleur en me retenant d’un bras.

Je clignai des cils, vaseuse, et tentai de reprendre mes esprits. Je balayai les bosquets alentours du regard et compris que la sensation d’épiage était revenue. Mes poils s’étaient dressés sur ma peau et malgré ma respiration irrégulière, je compris que ces malaises n’étaient pas dus à Catherine.

— Quelque chose ne va pas, murmurai-je en posant ma main sur l’épaule de mon compagnon.

Ce dernier fronça ses épais sourcils.

— De quoi parlez-vous ?

— Nous sommes suivis.

Le Patrouilleur ralentit les chevaux. Nous étions désormais trop enfoncés dans les bois pour faire demi-tour et l’obscurité naturelle ne nous aiderait guère à repérer les intrus.

— Êtes-vous certaine de ce que vous avancez ? demanda-t-il.

J’hochai la tête en guise de réponse.

— Dites aux autres de rester sur leurs gardes et de se préparer à tirer, obtempéra-t-il.

Il fit arrêter les chevaux et je sautai aussitôt de mon siège pour avertir mes compagnons. Une rafale, similaire à celle qui avait traversé la chambre avant l’attaque, frôla ma nuque.

— Cela fait des heures que je tente de détecter la moindre présence suspecte, expliquai-je. Mais je ne trouve rien. Pourtant, quelque chose nous épie.

— Nous ne pouvons pas nous éterniser ici, rétorqua Malcolm. L’absence de brume n’empêche pas la présence de créatures de l’enfer.

— Combien de temps reste-t-il avant l’arrivée au coven ? demanda Lyra.

— Une heure trente.

Le vent se leva de nouveau et les nuages se teintèrent d’une couleur plus grisonnante encore.

— Remontez dans la diligence et mettez-vous à l’abri des fenêtres, ordonna Malcolm. Beaucoup de créatures adorent lancer des projectiles pour neutraliser leur proie. Lady Montgomery, serrez-vous avec les autres. Je vais hâter les chevaux.

— Je vais utiliser la projection astrale, décidai-je. Si mon âme est en mesure de quitter mon corps, je l’emmènerai parcourir les alentours pour trouver la créature qui nous traque.

— Comment parviendrez-vous à quitter votre corps en si peu de temps ? remarqua Archibald.

— Il s’agit du seul don que je maîtrise correctement. Je devrais y parvenir sans difficulté, assurai-je. Je dois au moins essayer.

Malcolm nous fit signe de nous dépêcher et Maddy grimpa à mon ancienne place pour me laisser plus d’espace. Archibald verrouilla chacune des portières et m’aida à m’installer. Lyra, les mains tremblantes, serra un peu plus le fusil au creux de ses mains. Quelques secondes plus tard, les chevaux reprirent leur course.

J’ignorais ce qui se tramait exactement. Je ne parvenais à déchiffrer aucun son, aucune odeur me permettant d’identifier un Caché ou une créature de l’enfer. Mais nous ne pouvions avancer à l’aveuglette. En cas d’attaque, Malcolm et Maddy seraient les premiers à être éjectés du carrosse et nos défenses s’amenuiseraient à toute vitesse. Il fallait appréhender nos ennemis.

Malgré la panique, je parvins à me concentrer et à détacher mon âme de mon enveloppe charnelle. Lorsque je rouvris les yeux, je flottai hors de la diligence, à plusieurs mètres au-dessus du sol. Malcolm tentait tant bien que mal d’accélérer l’allure et Maddy tenait son fusil, prête à tirer sur tout ce qui bougeait.

Me laissant guider par mes sens, je décelai à nouveau une lugubre rafale hérisser mes poils sur la peau. Je m’efforçai de déterminer sa provenance pour la traverser. Je m’engouffrai dans les sous-bois, tandis que le lien qui m’unissait à mon corps s’effaçait peu à peu. Quelques kilomètres plus loin, je découvris une meute, composée de créatures similaires au démon de la veille.

Elles fonçaient au pas de course, leurs griffes acérées laissant leurs empreintes glacées sur le sol. Leurs iris pailletées étincelaient dans l’obscurité et leurs crocs pointus semblaient prêts à tout déchiqueter sur leur passage.

Les traits de mon visage se déformèrent sous l’effet de la terreur. Le décor tourna autour de moi à toute vitesse et mon âme manqua de se laisser tomber sur la terre. Elles courraient droit vers nous et déferleraient d’ici quelques minutes sur la diligence. Nous ne ferions pas le poids. Les Cachés avaient défait l’un d’eux en quelques minutes, mais que feraient cinq humains face à eux ?

La rafale redoubla d’intensité, chargée d’un air glacial et funeste. Lorsque je me réveillai, je me précipitai vers la porte, avant d’être brutalement saisie par Archibald.

— Ils arrivent ! hurlai-je. Ils arrivent !

Je tentai de griffer le médecin, de planter mes ongles dans ses mains, mais il possédait bien plus de forces que moi. Mes protestations se transformèrent en couinements pitoyables. L’air commença soudain à manquer et il fut contraint de me relâcher. Lyra tenait le fusil en direction de la fenêtre, blafarde comme la lune.

Une douleur lancinante déchira soudain mon crâne. Je me recroquevillai contre un siège, posant mes mains contre ma tête dans l’espoir de l’atténuer.

— Élia ! appela Archibald.

Je ne l’écoutai pas. Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines et des sanglots bouillants trempèrent mes joues. La diligence heurta une pierre, à en juger par les secousses qui nous agitèrent.

Ils arrivaient. Je pouvais entendre leur course avide d’ici. Mes tremblements redoublèrent et mes paupières se firent de nouveau lourdes. Lorsque je les rouvris, le même voile sombre se dressait entre mes compagnons et moi. Je demeurai immobile, recroquevillée et pantelante.

— Vous allez mourir, appelle-les !

Je sursautai. La voix de Catherine résonnait dans mon esprit.

— Qui dois-je appeler ? articulai-je.

— Appelle-les ! Appelle-les !

La diligence roulait beaucoup trop vite. Chaque choc endommageait un peu plus le véhicule, qui était parsemé de secousses plus fortes de seconde en seconde. Une lumière bleue jaillit soudain de mon corps et m’enveloppa d’un halo protecteur.

Appelle-les ou vous mourrez tous ! répéta Catherine d’une voix sépulcrale.

Des ombres noires m’entourèrent. Loin d’être menaçantes, elles me semblaient familières, comme si elles veillaient sur moi depuis toujours. Elles m’appelaient de leurs voix enjôleuses, m’implorant de m’abandonner à leurs bras aimants.

Non ! Ne les écoute surtout pas ! s’écria Catherine.

Autour de moi, Lyra et Archibald appelaient à l’aide. Mais bientôt, leurs supplications se firent plus lointaines. Mes forces m’abandonnèrent et je lâchai prise, me laissant entraîner par les ombres.

Alors un cri strident résonna dans la forêt. Un cri qui déchira la nuit par la force, la souffrance et la terreur qu’il dégageait. Un cri que je poussais du plus profond de mes entrailles. Chaque parcelle de ma chair ressentit une intense douleur, comme si le son qui s’échappait de ma bouche emmenait avec lui mon énergie vitale. La diligence ralentit brusquement avant de chuter avec fracas contre le sol.


Texte publié par Elia, 22 février 2018 à 10h25
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