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tome 1, Chapitre 26 « L'Héritage II » tome 1, Chapitre 26

— Bon retour parmi nous, Élia.

J’ouvris péniblement les paupières et constatai que l’on m’avait déplacé dans ma chambre. Je tentai de me relever, avant d’être saisie d’un haut le cœur. Archibald, accompagné de son arsenal de torture, m’adressa un sourire compatissant et me tendit un élixir, visiblement préparé par les guérisseuses du coven.

— Un malaise dû à la fatigue, diagnostiqua-t-il. Rien d’inquiétant, ma chère Élia. Étant donné les événements, je suis même surpris que vous ayez si bien tenu jusque-là !

Je me posais également la même question. Sans doute croyais-je encore nager en plein cauchemar. Je ne réalisais ni la perte de Gale, ni l’existence de ce monde en perdition. Accepter la réalité m’était sans doute trop pénible pour le moment. Lorsque ce jour fatidique arriverait, il me faudrait aussi accepter ma profonde solitude et le chaos de cette nouvelle existence. Et je n’étais guère préparée à affronter cela.

— J’ai envie de vomir tout ce que mon corps contient, maugréai-je.

Je me laissai retomber contre le lit, espérant m’y enfoncer et ne plus jamais revenir. Ma tête vacilla de nouveau, comme si le monde autour de moi se retournait dans tous les sens. Lorsque je recouvrai mes esprits, je découvris Irène qui attendait près de mon lit.

— Cela passera, me rassura-t-elle. Ton corps ne peut supporter tous ces changements sans réagir. Accorde-toi du temps.

— D’autant plus qu’avec les récents événements, il ne vous faille résister encore un peu, renchérit Archibald en m’offrant sa main. Relevez-vous maintenant. J’ai quelque chose à vous montrer.

Je jetai un regard inquiet en direction de mon amie, qui hocha la tête pour me signifier que c’était bon. Docilement, je m’exécutai, le cœur au bord des lèvres. J’humectai mes lèvres, totalement asséchées. Je me trouvais réellement dans un piteux état.

— Votre malaise ne m’inquiète guère en comparaison de la morsure, révéla-t-il en palpant mon bras. Sa disparition m’inquiétait et je crains que mes instincts ne me donnent raison.

Il attrapa une fine barre de fer incisée et creusa une légère entaille sur mon bras. Deux gouttes de sang y perlèrent, tombant sur un récipient qu’il plaça en dessous. Il porta ensuite l’objet sous mon nez.

— Il y a quelques années, lors d’un voyage, j’ai eu l’occasion d’examiner un cadavre mordu par la Juventus Babina, dit-il. Il a fallu le détruire ensuite par le feu avant sa réanimation et j’ai constaté que son sang dégageait une odeur particulièrement sucrée, à l’instar de sa créatrice.

— Je la sens d’ici, admit Irène.

— Cette odeur se repère à des mètres à la ronde. Cela signifie donc que ce virus agit à l’intérieur de votre corps, Élia. C’est remarquable, vraiment remarquable.

— Je ne comprends pas. Cela signifie que je me transformerai bientôt en… l’une des leurs ? m’horrifiai-je.

— Je l’ignore, hélas. Les sorcières, comme vous le savez, ne peuvent survivre à ce virus – et ce même en étant mordu après leur mort - du fait de la probable incompatibilité entre le sang de la Juventus Babina et celui de votre Démon-Créateur.

— Je n’aurais initialement guère du survivre à la morsure, soulignai-je. Mon état d’humaine, si mes souvenirs sont exacts, ne me permettait pas de survivre à la force du venin de cette créature.

— Voilà pourquoi il m’est impossible de prédire votre avenir, soupira Archibald. Quelque chose a affaibli ce virus pour permettre à votre corps de survivre, mais mes connaissances ne suffisent plus.

— Archibald pense que ton héritage magique rentre en jeu, précisa Irène.

— Oui, plus vos dons sont puissants, plus ils seraient en mesure d’affaiblir le venin de cette créature, expliqua le médecin.

— Cela ramène donc au même problème, soupirai-je. Où se situe l’objet où mes ancêtres ont déplacés nos dons ?

Il échangea un regard entendu avec mon amie.

— La magie chasse de nombreuses contraintes lorsqu’il s’agit de rechercher quelque chose, sourit le médecin.

— En particulier l’occultisme, sourit Irène. Cependant, parcourir le passé nécessite un recours à un sortilège particulier, que seules certaines personnes sont capables de supporter.

— Comment ça ? demandai-je.

— Il faut communiquer avec les morts et le leur demander, révéla-t-il. L’un de mes amis possède ce don. Il vit à l’écart du coven à cause de ses pouvoirs qui ont suscité pas mal de craintes parmi les membres du coven. Je vous le présenterai. Lorsqu’il entre en contact avec les défunts, il rentre dans une véritable transe et certaines âmes parviennent à prendre possession de son corps – momentanément bien sûr ! - pour qu’elles puissent communiquer avec les vivants. N’est-ce pas incroyable ?

Cette solution résoudrait un grand nombre de problèmes, seulement à qui m’adresserai-je ? Mes aïeux étaient également réputés pour leur piété et j’ignorais tout à propos des générations précédentes. Néanmoins, cette piste était la seule à ma disposition pour le moment.

— Raonaid est-elle informée de… de mon état ?

— Pas encore, répondit Irène. Laissons-lui le temps de digérer cette rencontre et je me chargerai de lui expliquer la situation. En attendant, inutile de lui parler de ta solution. Elle n’est pas encore prête à admettre la réalité.

— Nous ne sommes même pas sûrs que cela soit possible, rétorquai-je. Tout cela appartient aux légendes, rien n’indique que cette procession rassemble les défunts errants pour former une armée…

— Mais tu as rencontré cette procession, contra Irène. Tu les as vu, entendu. Pour le moment, nous ne pouvons plus compter sur une alliance avec les Cachés. Raonaid et les adeptes du paganisme règnent en majorité dans notre monde. Si nous jouons cavaliers seuls, nous serons accusés de trahison. Il faudra donc composer sans eux et leur imposer le recours à cette armée.

— Comment trouver plus d’informations ? Peut-on trouver des livres dans votre université ?

Archibald éclata de rire.

— Il y a longtemps que l’accès à l’université m’est interdit, dit-il. Un avis de recherche est planté à l’entrée de chaque village, avec une grande récompense à la chef.

— Dans ce cas, il faut requérir l’aide des Montfleury, lançai-je.

Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Dorian était un vieil ami d’Archibald et possédait les ressources nécessaires pour nous en apprendre plus sur cette armée des morts.

— Dorian m’a sauvé la vie, mais nous ne nous sommes guère reparlés depuis mon évasion, soupira le médecin. De plus, il n’acceptera jamais d’aider le coven. Son ouverture d’esprit à des limites.

— Il accepterait d’aider un ami à titre informatif, répliquai-je. Maintenant que j’ai quitté le village, il m’est impossible de requérir leur aide. Mais vous, vous le pouvez. Dorian vous estime, Archibald. Écrivez-lui, tentez d’obtenir ces informations, à moins que la magie puisse à nouveau résoudre le problème.

— La magie peut effectivement nous aider, mais les recherches de Dorian sont inestimables. Je me suis dédié à ma vocation de médecin suite à ma condamnation, mais Dorian, lui, s’est voué à ces recherches aux côtés de sa jeune épouse. Je réfléchirai à une solution.

Irène et Archibald quittèrent ensuite la pièce, me laissant enfin seule pour me reposer. Mon corps flasque se laissa tomber sur le lit et je restai un moment allongé, les yeux rivés vers le plafond de pierre. Je tentai de ne plus réfléchir, de me détacher de ses doutes destructeurs, seulement bercée par ce silence surnaturel.

Durant un bref instant, trop court à mon goût, le temps s’arrêta et tous ces mauvais souvenirs voguèrent au loin.

Lorsque mes paupières, closes sans que je m’en rendisse compte, se rouvrirent, je sursautai avant de sentir quelque chose de dur contre mon crâne. Lasse, je me relevai et découvris une pièce déposée sur mon lit. Comment avait-on pu la déposer sans me réveiller ?

Dessus était dessiné le soleil ensanglanté, contenant une croix en son sein. Il ressemblait au médaillon précédent, à une exception près. Sous le soleil, gravé en tout petits symboles, était inscrit une série de chiffres : 2-1-5-9.


Texte publié par Elia, 21 janvier 2018 à 14h09
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