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tome 1, Chapitre 7 « Le repas des défunts » tome 1, Chapitre 7

Dans la grande pièce éclairée par des chandelles et par le feu qui crépite dans la cheminée, la famille termine de dîner et de débarrasser la table. En ce jour particulier, les membres de la famille prennent soin de placer dans des assiettes les restes du repas. Ils laissent les plats dans la cuisine pour le repas des défunts avant de passer au salon pour déguster pommes et noix en racontant des histoires de fantômes et en se se remémorant des souvenirs d'autrefois.

Hermand que l'on a envoyé au lit un peu plus tôt se glisse à pas de loup dans la cuisine, son ours en peluche serré contre son cœur. Pieds nus et en pyjama, le petit garçon se glisse dans la cuisine près du radiateur, là où il a pour habitude de se blottir en hiver. Les adultes ne l'ont pas entendu descendre l'escalier et ignorent sa présence. L'enfant dans son pyjama à carreaux écoute d'une oreille attentive l'histoire de ses ancêtres même s'il en a entendu le récit des dizaines de fois. Il ne se lasse jamais de l'histoire de la tante Zoé qui était folle de son chat Félix qu'elle traitait comme son enfant ou du cousin Gus qui pouvait inventer un chanson en quelques secondes pour peu qu'on lui donne un thème.

Par la porte entrouverte, le froid entre dans la maison mais la cheminée suffit à réchauffer l'atmosphère. Tout au plus, un membre de la famille frissonne avant de se couvrir d'une couverture lorsque le froid s'aventure trop loin dans le logis. Autour de la bâtisse, les âmes des défunts rôdent et timidement, les ancêtres entrent un à un dans le foyer pour se glisser dans la cuisine dans le plus parfait silence. Sur le chemin qui mène à la maison, des lanternes tracent le chemin à suivre pour rejoindre leur famille le temps d'une soirée.

- Nous arrivons trop tard cette année pour avoir une place à table. D'ailleurs, puisqu'ils laissent des places vides à table durant le repas pour nous, pourquoi ne pensent-ils donc jamais à en mettre suffisamment ? dit la grand-tante Hortense en entrant dans la cuisine suivie du grand-oncle Henri.

- Qu'avons-nous là ? s'interroge la grand-tante Sonia en approchant de la table. Ils nous laissent de quoi manger mais il n'y en a jamais assez pour nous tous et c'est toujours la même chose. Les traditions, c'est bien mais changer de recettes de temps en temps, c'est mieux. Ce n'est parce que nous sommes passés de l'autre côté que nous n'avons pas envie de changement. C'est comme pour les chaises, ils nous laissent des places libres mais la majorité d'entre nous finit sur les genoux de quelqu'un ou assis par terre.

Une ombrelle invisible balaie l'air et son chapeau à fleur manque de tomber par terre tant elle hoche la tête avec violence.

- Toujours à râler pour un rien ! dit le père Michel en entrant à son tour dans la cuisine. Tout ceci me semble délicieux ! Sentez ce fumet qui embaume mes narines.

Sa pipe à la bouche, l'homme replet tire sur ses bretelles pour les remettre en place. Il regarde autour de lui et il s'assied à table en attedant l'arrivée des autres convives.

Bientôt la cuisine se remplit et la grande table de bois accueille les défunts qui évoquent leurs souvenirs dans cette maison qui a vu naître une grande partie de la famille et bien des fêtes de famille.

- Il y a quelqu'un. Un vivant ! chuchote grand-papa Jacques dans son costume trois-pièces noir d'un autre siècle en retirant sa pipe fumante de la bouche.

Leur curiosité en éveil, les défunts cherchent partout et ils trouvent le petit Hermand qui les regarde en serrant son doudou sur son cœur.

- Bonjour petit ! dit l'oncle Tristan d'un ton joyeux. Oh, mais comme tu as un joli nounours. Comment s'appelle-t'il ?

- Ursule, il s'appelle Ursule. répond le petit garçon.

- Mais c'est un joli nom que voilà ! Allez, viens manger un morceau avec nous.

Nullement effrayé, le petit obéit et il se retrouve bientôt en bout de table à chuchoter à ses ancêtres bien des choses tout en mangeant à belles dents la nourriture préparée pour ses voisins de table.

Le repas terminé, alors qu'ils entendent les vivants aller se coucher, les trépassés décrètent qu'il est temps pour eux de rentrer dans leur monde. Ils embrassent les uns après les autres le petit Hermand en lui disant que voir les esprits le soir d'halloween confère le don de voir et parler aux esprits et qu'il ne doit pas s'en effrayer. Et de toutes manières, il est né le jour d'halloween et rien que cette naissance en ce jour particulier lui confère ces capacités.

- A l'année prochaine ! disent les trépassés en agitant la main.

Hermand agite son nounours en guise d'au revoir avant de monter sans un bruit sous son édredon.

Depuis cette nuit, le petit Hermand a pris l'habitude de descendre sans bruit dans la cuisine les soirs d'Halloween et de s'attabler avec les défunts lorsque toute la maisonnée dort. Il voit des choses invisibles aux yeux des humains et il prend bien garde à ce que personne ne connaisse son don. Il n'a pas peur et il attend avec impatience ces retrouvailles annuelles avec ses ancêtres dans la cuisine embaumée par l'odeur des mets de Samhain. Il se délecte de leurs histoires et depuis qu'il sait écrire, il couche patiemment sur le papier leurs souvenirs pour qu'il reste toujours une trace d'eux parmi les vivants. Il fait également des croquis des défunts pour ne jamais oublier ces nuits particulières.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 11 novembre 2017 à 19h44
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