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Les aventures fabuleuses d'Henriette la noisette
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Henriette était une noisette aventureuse. Petite déjà elle ne rêvait que d’une chose : partir découvrir le monde. Mais comment pourrait-elle le faire, attaché ainsi à ses sœurs et à sa mère ? Elle savait qu’un jour elle se décrocherait de sa branche mais cela lui paraissait si loin… Et puis elle risquait tout aussi bien de se faire manger par un vers ou un oiseau. Ou pire encore, réduire en miette par un de ces humains qui aimaient tant venir les voir.

N’y tenant plus et malgré les protestations de sa mère, une honorable Corylus avellana (noisetier commun de la famille des Bétulacées. Arbre à troncs multiples d’environs 15m de haut. Écorce bronze quand l’arbre est jeune, s’exfolie et devient rêche en vieillissant. Feuilles pouvant aller jusqu’à 12cm, souples, poilues, presque circulaires et brusquement pointues. Chatons mâles jaunes s’allongeant et s’ouvrant en fin d’hivers. Fruits à coque enveloppé dans un involucre sur presque toute sa longueur. Mûrs en début d’automne), et de ses sœurs, elle se décrocha d’un coup sec de sa branche. La chute lui parut sans fin mais elle eut la chance de tomber sur la tête d’un Vulpes vulpes (le terme « renard » étant un terme ambiguë qui désigne plusieurs taxons d’une même espèce, il nous paraît donc important de préciser le nom latin de l’animal afin de visualiser correctement à qui nous avons à faire. De plus, vous conviendrez sans mal que la précision évite bien des ennuis. C’est vrai, un Vulpes vulpes serait-il content de se faire traiter de Vulpes urocyon ? Serions-nous content, nous Homo sapiens, de se voir appeler Homo abilis ou Homo erectus ? Il nous paraît donc essentiel d’être précis lorsque nous évoquons une espèce en particulier), atterrissant ainsi plus délicatement qu’elle ne l’avait pensé.

Celui-ci se retourna tout surprit et elle s’excusa bien vite.

-Désolée, maître renard, de vous être tomber ainsi dessus. Voyez-vous je m’en vais découvrir le monde et vivre de formidables aventures.

-Toi, une noisette, ironisa le canidé ? Et bien, tu as au moins le mérite d’être originale à défaut d’être intelligente. Sais-tu qu’il y a beaucoup de rongeurs dans le coin ? Tu risques bien de ne pas pouvoir avancer de quelques lieux sans être dévorée !

-Je compte sur vous, messire renard, pour manger tous les écureuils, mulot et autres souris qui voudraient s’en prendre à moi. Mon voyage me sera ainsi bien plus agréable, répliqua-t-elle sans se démonter.

Sans attendre la réponse du quadrupède, elle partit vers l’ouest, là où le soleil brillait de mille feux.

Elle sautilla (Les noisettes étant connues pour ne pas avoir de jambes, il donc évident qu’elles se déplacent en sautillant. Exercice somme toute fort fastidieux et épuisant) ainsi pendant quelques heures avant de s’arrêter, essoufflée. Nichée au creux d’une pierre, elle s’endormit sans plus attendre. Ses rêves, peuplés de fabuleuses aventures, la confortèrent dans son idée : elle serait aventurière. La première de la famille et sans doute de l’espèce toute entière !

Remotivée, elle se remit en route gaîment, s’éloignant peu à peu de sa famille et du monde qu’elle avait pu voir en étant sur sa branche.

Alors qu’elle cheminait tranquillement en direction du couchant, elle fit une étrange rencontre. Un petit être (était-ce un gland ? Elle ne saurait le dire tellement il était petit) avec, sur sa tête, une graine de Fagus sylvatica (hêtre commun de la famille des Fagacées. Arbre pouvant aller jusqu’à 40m de haut, troncs haut et légèrement sinueux en forme de dôme immense avec de fortes branches. Écorce grise argenté avec de très légers sillons horizontaux. Feuilles jusqu’à 10cm, quelques minuscules dents espacées, frangée de poils, 5 à 9 paires de nervures. Faînes dans une cupule épineuse), plus communément appelé hêtre, et une grosse moustache. Interloquée, elle s’arrêta pour parler à cet étrange petit bonhomme.

-Bonjour monsieur. Que faites-vous avec ce faîne sur la tête ?

-Et bien voyez-vous jeune noisette, il sert à me protéger contre les prédateurs. Ne vous êtes-vous pas protégée avant de partir, la questionna-t-il après l’avoir longuement observée ?

-Me protéger ? Et bien non, je n’avais pas pensé à cela. Mais comment faire ?

Son interlocuteur lui désigna les alentours d’une légère secousse du menton.

-Et bien, utilisez ce qui est à vos pieds. Vous avez l’embarra du choix à vrai dire.

Cet étrange monsieur avait raison, elle n’avait qu’à se baisser pour trouver ce dont elle avait besoin. Elle se servit de deux cupules de hêtre encore ensemble pour se faire une cape et mit une cupule de gland sur sa tête en guise de chapeau.

-Qu’en pensez-vous monsieur ?

-Cela vous va fort bien. Et où allez-vous ainsi vêtue ?

-Je pars explorer le monde. Rester sur ma branche à attendre de mûrir ou qu’un quelconque animal me boulotte n’est vraiment pas pour moi. L’horizon est si vaste qu’il me paraît sage d’en explorer les limites.

-Me permettez-vous de vous accompagner dans votre aventure, lui demande-t-il poliment ?

-Oh bien sûr ! Je serais ravie d’avoir de la compagnie ! Mais si nous devons voyager ensemble, reprit-elle après un moment, pourrais-je connaître votre nom ?

-Je m’appelle Lucien et je suis magicien. Et vous ?

-Je m’appelle Henriette et je suis euh… une aventurière.

-Et bien, Henriette, mettons-nous en route alors.

Et c’est ainsi qu’ils cheminèrent ensemble vers l’horizon lointain, discutant à bâtons rompus de leurs futures aventures.

Un jour, alors qu’ils cherchaient un abris pour la nuit, ils virent un Sciurus vulgaris (pour la même raison que précédemment, nous avons tenu à préciser le taxon pour éviter toute confusion. Il s’agit donc là d’un noble écureuil roux, habitant nos forêts et présent sur tout notre territoire) s’en prendre à un gland. Sans prendre le temps de réfléchir, ils se précipitèrent sur l’animal qui fût surpris de se voir ainsi attaqué par des graines. Ne se laissant pas démonter, l’écureuil fit volte face, une patte sur le pauvre gland.

-Tient donc, mais que voilà donc ? Deux graines qui m’attaquent. Ce n’est certes pas courant mais au moins cela me divertira. Et donc, qu’allez-vous donc me faire, reprit-il d’un air menaçant ?

Délaissant sa proie, il s’approcha doucement de Henriette et Lucien. D’un rapide coup d’œil autours d’elle, l’aventurière, à l’aide de son ami, attrapa une gousse éclatée de genêt à balais (Cytisus scoparius de la famille des Fabacées. Feuilles tripartites supérieurs entières, soyeuses. Fleurs isolées ou par deux, jaunes d’or, de 2 à 2,5cm de longueur, à l’aisselle des feuilles. Tige dressée, striée, anguleuse comme les rameaux) et s’en servit comme d’une arme. La calant entre son corps et sa cape (les noisettes, en plus de ne pas être dotées de jambes, ne disposent pas non plus de bras. Notre héroïne doit donc se débrouiller comme elle peut pour tenir son arme. Attendez… une noisette avec une arme ? Diantre !), elle bondit sur l’animal et le frappa de toutes ses forces sur le nez. Le magicien fit souffler un fort vent qui projeta le petit rongeur contre un Quercus robur (chêne pédonculé de la famille des Fagacées. Arbre pouvant aller jusqu’à 35m, branches sinueuses, lourdes et étalées. Écorce grise, profondément craquelée en plaques courtes, bosselée. Feuilles à lobes irréguliers séparées par des sinus profonds et étroits, 2 minuscules lobes à la base (auricules). Chatons mâles jaunes pendant quand les feuilles se déploient. Glands souvent groupés par 2 sur un pédoncule de 5 à 12 cm) qui n’avait rien demandé à personne. Celui-ci bougea son houppier pour marquer son mécontentement d’être ainsi bousculé. Malheureusement pour lui, avec ses trente mètres de haut, sa colère passa inaperçue auprès de nos protagonistes.

L’écureuil roux, en revanche, détalla aussi vite qu’il le pu, se jurant de ne plus jamais manger de graines. Les deux compères, ravis de cette réussite, s’avancèrent vers la victime du rongeur. Terrifié, le gland appela sa mère avant de s’enfouir dans le sol.

-Est-ce comme cela que tu nous remercies de t’avoir sauvé, pesta Henriette ?

Mais aucune réponse ne lui parvint, le gland faisant le mort sous terre.

-N’insiste pas, lui dit Lucien. Le monde n’est pas encore prêt pour nous. Nous sommes des précurseurs, des pionniers de l’aventure. Pour l’instant nous sommes vu comme des êtres étranges, à part, mais un jour viendra où nous seront considérés comme des héros, comme les premières graines à s’aventurer au-delà de nos mères. En attendant ce jour, continuons notre voyage et voyons où il nous mènera.

Laissant donc le gland trouillard derrière eux, ils reprirent la route. Henriette garda son arme de fortune, la jugeant fort utile en cas de nouvel affrontement.

Et grand bien lui en prit. Durant leur voyage ils durent affronter, à de nombreuses reprises, aussi bien d’autres graines qui refusaient de les voir continuer leur voyage (chez les graines aussi il existe des personnes conservatrices et hermétique à toute évolution de leur monde) (à celles-là Henriette garda leurs têtes comme trophées) que de nombreux rongeurs qui avait espoir de se régaler. Rodant leurs techniques de combat au fur et à mesure, ils parvinrent à toujours s’en sortir, Henriette allant au corps à corps et Lucien l’aidant par ses puissants sorts. Ils finirent par être crains dans toute la région, ce qui, il faut bien l’avouer, arrangeait bien leurs affaires.

Les deux compagnons, sautillant déjà depuis fort longtemps, estimèrent être arrivés au bout du monde lorsque, devant eux, se dessina un gouffre béant (simple talus bordant un chemin forestier mais rappelons que ce ne sont là que deux graines de quelques centimètres de haut), ne laissant que présager le pire s’ils tombaient. Ils devinaient la silhouette d’autres arbres de l’autre côté, mais ils étaient si loin qu’il leur était impossible d’en être certain. Cela pouvait tout aussi bien être des créatures redoutables, pour ce qu’ils en savaient.

-Et bien, intervint Lucien, il semblerait que nous soyons arriver au bout du monde.

-En effet. Et je ne vois aucun moyen de traverser. Que faisons-nous à présent ?

Lucien réfléchit un moment avant de répondre.

-Que pensez-vous de trouver un endroit où nous installer ? Nous sommes arrivés au bout de ce monde et, pour ma part, après tout ce que nous avons vécu, je n’ai aucune envie de retourner d’où je viens.

Regardant autours d’elle, Henriette avisa un arbre tombé au sol. Un trou béait sur le tronc, vestige d’une branche tombée il y a longtemps déjà.

-Que pensez-vous de ce trou là-bas ? Nous serions en hauteur ce qui nous permettrait tout aussi bien de nous défendre que d’observer le paysage.

Approuvant le choix de sa compagne d’un bref mouvement de tête, les deux amis se dirigèrent donc vers leur nouveau refuge.

Après l’avoir vidé de ses occupants et nettoyé de fond en comble, ils s’occupèrent à l’aménager. Lucien garnit le trou de Bryophyta sphagnopsida (communément appeler mousse mais, toujours dans un soucis de précision, nous préférons indiquer ici de laquelle il s’agit car il en existe de nombreuses variétés) pendant que Henriette plaçait les têtes qu’elle avait récolté sur des pics autours du trou, signifiant ainsi qu’ils étaient prêt à se défendre. Elle planta enfin une feuille séchée de hêtre dans la mousse, marquant ainsi leur territoire.

Ils ne bougèrent plus de leur emplacement, se protégeant des rares adversaires qui venaient pour les dévorer ou prendre leur place.

Ils vécurent des jours heureux, devisant tant et plus sur leurs aventures.

Si un jour vous vous promenez dans une forêt, regardez bien autours de vous. Vous verrez peut-être deux arbres côte à côte, entremêlant leurs branches, semblant discuter entre eux. Vous saurez alors qu’il s’agit d’Henriette et Lucien, deux graines aventureuses qui sont aller au bout de leur monde, au bout de leur rêve.

FIN


Texte publié par Aquila, 12 septembre 2017 à 20h01
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