Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 17 « A bout de souffle » tome 1, Chapitre 17

— Qu’est-ce que tu disais ? ricane une voix qu’ils ne reconnaissent pas. Ah oui ! Je me souviens : « il n’y a que deux méchants, ici : Ophélia et moi. » Alors quoi ? Plus de sarcasmes, plus de calembours. Bouh ! Vous vous demandez sûrement qui se cache derrière cette vieille peau. Au fait Armand, très astucieux le coup de la peau de banane. Malheureusement pour toi, je crains que ce soit pour de bon la dernière. Tu te doutes bien que vous n’allez pas sortir d’ici vivant. D’ailleurs, si je ne m’abuse tu préfères être flambé au grand marnier, n’est-ce pas.

— Navré bonhomme, je préfère la fraise. Hélas, je crains que cela ne soit pas la saison, rétorque l’intéressé.

À côté de lui, Ophélia tente de tracer une rune sur le sol.

— Qu’est-ce que tu essaies de faire, princesse de Melnibonnée ? On ne t’a pas appris à l’école que tricher ce n’était pas bien, reprend la voix sur un ton glacial.

Les doigts crispés sur son morceau de craie, elle soutient le regard noir de son interlocuteur. Mais elle n’a pas le temps de dire un mot que celui-ci lui échappe et s’en va s’écraser sur le mur.

— Tu vois, c’est inutile, lui susurre celui qui se cache derrière Crête-Engluée.

Au même instant, une muraille de feu s’élève dans le fond du bâtiment.

— Oups, désolé. Toutes mes excuses, mais j’ai pas pu me retenir. C’est plus fort que moi, il faut toujours que je joue avec les allumettes. Et maintenant, si vous le voulez bien, je me retire.

Une fraction de temps, les yeux de Crête-Engluée brûlent d’un feu fabuleux, avant de tomber à la renverse, le corps ralenti par la poix.

— Et merde ! jure Ophélia entre ses dents.

Pendant ce temps, Armand observe la muraille de feu qui s’élève à présent presque jusque dans les hauteurs.

— Quelque chose ne colle pas, marmonne-t-il, calme malgré l’incendie qui fait rage.

— Qu’y a-t-il de si étrange dans la contemplation d’un feu qui ravage tout ? siffle Ophélia, furieuse.

— Justement, il ne consume rien ! Aucune fumée ne se dégage, comme s’il ne brûlait que ce qui possède une âme. Regarde, c’est presque imperceptible, mais il se resserre. On dirait que notre bourreau brûle de désir de prolonger notre supplice, poursuit Armand, toujours aussi posé.

Délaissant Crête-Engluée, Ophélia se relève et découvre la muraille incendiaire qui les encercle, tout en les enfermant dans un dôme doré. Les sourcils froncés, elle scrute la pièce à la recherche d’une trace de fumée, en vain.

— On ne va quand même pas les abandonnés, ici, murmure Armand pointant du doigt les hommes de Crête-Engluée et leurs prisonnières tout endormies.

— Lui non plus, ajoute Ophélia, un regard méprisant au demi-géant couché par terre.

Soucieux, Armand ramasse la peau de banane qui traîne aux pieds des marches du bûcher, puis la balance au loin. Rien, ni flamme, ni fumée, elle traverse le mur de feu qui poursuit son inlassable avancée.

— Voilà qui confirme mes soupçons, marmonne la princesse aux yeux rubis. Juste avant que cet imbécile ne manque de me briser la main, j’ai entendu quelque chose dans son esprit. J’ignore si c’était délibéré ou non de sa part, mais j’ai reconnu les notes d’un orgue.

— Alors nous avons mis dans le mille. Ces pauvres bougres ne sont sûrement que des mercenaires qu’il aura payés grassement pour me faire disparaître. En attendant, je crains que nous n’ayons besoin d’un miracle pour nous tirer de ce mauvais pas. Rien de ce que j’ai en magasin ne fonctionnera contre un feu de cette nature et je doute que tu puisses ouvrir un portail ; notre mystérieux possessif aura pris ses précautions.

Ophélia se saisit du poignet d’Armand. Sculpté dans un magnifique bois d’ouvrage, elle souligne les fines veinules qui en irriguent la matière.

— Est-ce que cela ne te manque pas parfois ? murmure-t-elle.

— Qu’est-ce qui me manquerait, mon aimée ?

Derrière eux, les flammes s’élèvent toujours plus hautes.

— Ton ancien corps, pardon ton précédent corps, fait de chair et de sang.

Armand hausse les épaules.

— Je ne saurai te décrire mes sensations à ce sujet. Je n’ai jamais été très nostalgique. Mais ce serait mentir que de nier que je le préférai, même si celui-ci possède quelques avantages. Dommage. Marraine commençait tout juste à me pardonner.

À ces mots, Ophélia éclate de rire :

— Ma foi, c’est vrai que tu as des yeux magnifiques, beau gosse ! Hélas, comme tu l’as souligné, même ma magie demeure impuissante face à ces flammes et je n’ai nullement envie de convoquer l’un des ducs, mon oncle en payer le prix.

Un voile sombre couvre les yeux de la princesse, tandis qu’Armand la serre contre lui. La muraille de feu n’est plus qu’à quelques mètres d’eux. Soudain, le mur s’écarte et un homme à la carrure massive se précipite vers eux.

— Donnez-le moi, leur lance-t-il en désignant Crête Engluée.

Surpris, Armand et Ophélia ne posent aucune question et s’exécutent. Le géant chargé sur les épaules de cet intrus providentiel, il le balance auprès de ses hommes, accompagnés de leurs prisonnières toujours assoupies.

— Dépêchez-vous ! leur hurle l’homme. Abélia ne tiendra plus longtemps !

À ce nom, Armand sursaute. Mais il n’a pas le temps d’approfondir, qu’il se rue déjà au travers du portail providentiel, entraînant Ophélia à sa suite. De l’autre côté, tout en poil et en furie une mulouve déchaînée reprend son souffle.

— Y avait longtemps, hein, halète-t-elle.

— En effet, murmure Armand, dont les yeux lancent des éclairs.

Une main à terre, elle poursuit :

— Tu sais que j’aurai dû au moins te castrer pour le coup pendable que tu m’as fait. Mais faut croire que c’est mon jour de bonté et puis, bon, tu as une sacrée bonne étoile, mon couillon.

Suspicieuse, Ophélia s’avance de quelques pas en direction du fauve.

— Tout doux ma belle, susurre-t-il. Princesse Ophélia, n’est-ce pas ?

Surprise, celle-ci marque le pas.

— Abélia de Thierceleux pour vous servir et voici mon « collègue » et ami : Hierominus Skätten.

— Enchanté, même si j’ignore encore de quelle manière vous nous avez retrouvés.

Pour toute réponse, la mulouve produit un petit objet de la taille d’un pamplemousse ; une citrouille miniature.

— Je vois que certaines ont le sens de l’humour, commente Armand en apercevant l’objet. Marraine et Carabosse ont utilisé les réseaux de satellites de la compagnie du Zodiaque.


Texte publié par Diogene, 28 novembre 2017 à 22h15
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 17 « A bout de souffle » tome 1, Chapitre 17
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2629 histoires publiées
1177 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Audrey02
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés