Pourquoi vous inscrire ?
«
»
Lecture

L’ombre des âmes

Je suis de retour après une longue absence… C’est étrange de retrouver les gens que vous n’avez pas vu depuis si longtemps. Je me sens étrangère vis à vis d’eux… Excepté une personne … Karim, lui, malgré les années qui se sont écoulées sans la moindre nouvelle, je me sens toujours aussi proche de lui. Je n’ai jamais pu oublier son regard sombre dans lequel j’aime me perdre.

Nous nous sommes retrouvés alors que je déambulais dans les rues de la cité. L’esprit a la capacité de vous ramener toujours au même endroit quelque soit le temps qui a fui depuis la dernière fois que vous êtes venus… Mes pieds m’ont guidé en ce lieu où j’avais promis de ne jamais revenir. Pourtant m’y revoilà. Il n’a pas changé, les fleurs fanées, l’herbe folle, la pierre glacée. Le cimetière est sombre… J’erre entre les tombes. Soudain, il apparaît, il est là devant moi… non surpris de me voir ici.

- Bonsoir Mademoiselle, vous voici enfin de retour parmi nous !

Je m’approche. Mes bras se referment autour de son torse. Heureuse.

- Vous m’avez manqué…

Nos mains s’entrelacent et nous partons en promenade. L’air est frais voir froid. Je me rapproche un peu plus de Karim. Nous discutons à voix basse. Nous avons des années à rattraper. Nous sortons du cimetière et suivons le sentier qui s’enfonce dans la forêt. La nuit tombe, Karim a pensé à la lampe… il a très probablement prévu notre entrevue… sans doute aiguilliez par le désir qui ne tarie jamais pour nous, amants du passé. Les mots s’étanchent d’eux même. Le silence est plus éloquent que les paroles. Nous sentons réciproquement que les gestes d’antan reviennent sans effort.

Le bras de Karim enserre ma taille, la marche s’interrompt. Je me blottis dans ses bras, j’aime sentir la force que recèle son corps. Ses lèvres se posent sur mon cou, le baiser m’électrise avant de se transformer en suçon qui me fait frissonner. Prémices… Mes mains se réchauffent au contact de son dos. Je le sens respirer sous mes doigts. Les baisers sont pleins de passion, nos langues se redécouvrent. Mon corps, son désir poindre. Le sentir excité me remplit de joie. Nous avons évolué avec le temps mais certaines choses sont restées immuables. Nous nous sommes connus plein de désir et d’appétit sexuel, les années n’ont pu nous retirer ces choses-là. Avant de progresser dans nos ébats, nous recherchons un endroit plus propice. Je reconnais le terrain, je m’arrête dans une clairière bien à l’abri des regards. De toute manière peu de gens traînent dans le coin la nuit.

Karim me regarde, son regard est flamboyant… lui aussi se souvient. Lieu de nos premières découvertes charnelles à l’insu de nos parents qui se détestaient. Je me rappelle la puissance de nos ébats agrémentés par l’interdit… Jamais nous n’aurions du sortir et qui plus est coucher ensemble. Transgresser l’interdit rien de mieux pour développer le désir.

Avec le temps, il m’a incité à jouer avec le feu. Nous faisions l’amour dans la demeure parentale avec le risque planant de l’irruption d’un membre de la famille. Un soir nous avons cédé à notre désir n’y tenant plus alors qu’il y avait ma famille, au complet, en bas en réunion ! Tous ignoraient notre présence puisque nous étions arrivés peu avant eux. Un défi nous était lancé : prendre notre pied silencieusement. Adepte d’une jouissance sonore, je me suis tue en mordant mon partenaire sur l’épaule… Il est marqué à vie.

Ces souvenirs que nous partageons ne fait qu’augmenter notre désir actuel. Karim constate avec amusement que j’ai fini ma croissance et que mes formes sont plus voluptueuses que par le passé. Pour ma part j’ai plaisir à remarquer le développement d’une forte musculature. Nous prenons le temps de découvrir nos corps métamorphosés. Le corps est un terrain de jeu, il est intarissable en sensations… il connaît la douleur, la douceur, la souffrance, le plaisir. C’est fou comme le corps conserve les sensations. Ainsi les caresses de mon amant m’ont renvoyé au temps où nous explorions mutuellement l’anatomie du sexe opposé. Je constate que Karim a appris à maîtriser son corps. Il patiente. Je me montre aimante, je ferais tout pour que cet instant dure indéfiniment. Dans ses bras, sous ses baisers enflammés, ses morsures. Notre jeu s’éternise, la tension monte, elle nous rend imprécis. D’un commun accord, nous concluons. Le final est absolument magnifique. Nos corps ne font plus qu’un, notre jouissance qu’une voix.

Nous en ressortons anéantis par le poids du passé qui nous écrase à présent. Cet acte vient de bouleverser l’ordre du monde. Nul ne doit avoir connaissance de cet écart de conduite... que nos âmes inséparables ont commis. La vie refuse de nous réunir donc nous n’avons qu’une existence secrète. L’abandon est obligatoire… À bientôt… Dans une autre génération…

Karim repart, l’âme en peine. Notre bonheur est vain… éphémère. Mon âme me quitte pour le suivre … l’ombre est ma nature.


Texte publié par Cora Elzéar, 23 août 2017 à 11h19
© tous droits réservés.
«
»
Lecture
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3089 histoires publiées
1359 membres inscrits
Notre membre le plus récent est LudivineR
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés