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Un jour, je tuerais Bernadette Moiret.
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tome 1, Chapitre 1 « Un jour, je détruirais le monde. » tome 1, Chapitre 1

Un jour, je détruirai le monde.

Mais pas aujourd’hui, aujourd’hui, je dois le sauver.

Jusque là, rien d’anormal, vu que je suis une héroïne d’un roman appartenant originalement au genre de la romantic fantasy.

J’aurais été même prête à accepter firèrement ma mission, si seulement un petit, miniscule, microscopique détail ne s’en était pas mêlé.

Vous savez, le genre de détail qui change tout un texte, qui transforme un texte de loi juste en un truc qui pue la merde ? Voilà. C’est exactement le problème.

Donc, quel est ce détail ? Eh bien, je vous l’ai déjà dit, je suis une héroïne de roman.

Et si vous ne voyez pas où est le problème, je vais vous l’expliquer, parce que quand on y pense, ce que je vais faire, c’est un remake d’Hunger Games. En gros, vous êtes les spectateurs, et moi je vais me casser le cul à essayer de survivre face à un grand danger pour ravir vos yeux. Pour ne rien n’obtenir, au final. Oui parce que bon, mon ennemi, ce sera forcément quelqu’un à la solde de mon auteure au nom ridicule. Or l’idée de me faire manipuler ne me plait pas trop. Donc non, clairement, je refuse ma mission.

Néanmoins, je suis forcée de l’admettre : je n’ai pas le choix. C’est pas ma faute, c’est la magie de Word. C’est trop puissant ce genre de truc.

Cependant, je ne suis pas Deadpool, moi. J’ai encore toute ma tête, et je trouverais bien le moyen de défoncer mon auteure, Bernadette Moiret, tout en détruisant au passage quelques clichés absolument abhérants de la romantic fantasy.

En commençant par éviter de tomber amoureuse d’un mec aussi séduisant que dangereux psycopathe. Oui parce que je suis désolée, mais un mec qui débarque et essaye de te cacher des choses soit-disant pour te protéger tout en te stalkant, c’est clairement un mec que tu dois éviter, n’est-ce pas ? Bon, après, chacun son délire, même personnellement, j’en comprendrais jamais certains des femmes hétéros monogames. Je dis bien certains car bon, y’en a d’autres qui écrivent autre chose que des conneries, et je peux comprendre qu’on ne soit pas forcément attirées par les seins comme moi.

Mais bon, allons-y.

Je vais vivre une série de clichés absolument détestables et parfois sexistes de ce qu’on appelle la romantic fantasy, auquel je réagirais logiquement et normalement. Préparez le pop-corn, ça va chier.

On va commencer par élaborer un plan afin de défoncer les deux méchants de cette histoire, c’est-à-dire Bernadette et son larbin, grand méchant officiel. Ah, et j’oubliais : toutes les parties explicatives de ce roman à la con, c’est pas moi qui les fait. C’est Bernadette qui me force à les faire.

C’est totalement autre chose.

Donc, commençons par le jour où j’ai découvert qu’en fait, je suis un personnage. Je laisse la place à Bernadette, je vais me faire un caf… ok, lâche cette tronçonneuse, mon auteure chérie, je le fais.

Tout avait commencé avec un banal symbole de pouvoir. Les symboles de pouvoir sont l’équivalent de la magie de mon monde fantasy, bien qu’à l’époque je ne le considérais pas comme tel, car pour la société dans laquelle je vis, les symboles de pouvoirs ne sont pas magiques, mais au contraire naturels, si naturels que respirer est considéré comme plus incroyable par la majorité des gens.

Malheureusement, j’étais malchanceuse, car aucun symbole de pouvoir n’avait jamais voulu se synchroniser à moi pendant l’enfance, ce qui était très rare. Cela signifiait aussi qu’à n’importe quel moment, je pouvais me synchroniser.

… par contre, excusez-moi, mais je vous raconte ça avec mon café du matin. Je laisse le soin à Bernadette de couper ma pause.

Donc, quinze minutes plus tard ! Comme je le disais, je n’avais jamais eu aucun pouvoir. Ceci, combiné au fait que je suis aveugle de naissance aurait pu faire de moi une assistée complète dans ce monde de super-humain, si ma mère n’avait pas décidé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que j’ai une vie décente. Pas normale, mais décente.

Un jour cependant, j’ai trouvé un symbole de pouvoir. Un hasard complet pas si étonnant que ça, car les symboles de pouvoirs se déplacent un peu partout, sous la forme d’objets pas plus grand qu’une corbeille à papier ou d’animaux.

Mon futur symbole de pouvoir était une carte platifiée et en relief, où était représenté un enfant dans des linges tenant un livre vide.

A peine touché, je su que je m’étais synchronisée. Oh, il n’eut pas d’effet spéciaux grandeurs natures. Non. Mais intérieurement, mon pouvoir innondait mes entrailles… et avec effroi, je compris que j’avais hérité du pire symbole de pouvoir possible.

Je ne vous explique pas les tenants et aboutissants de ma « magie » aujourd’hui. Disons simplement que, à cause de lui, ma vie était ruinée, mais surtout, très important, je pouvais maintenant percevoir le coeur de chaque humain.

Or, mon auteure, Bernadette Moiret, bien qu’elle soit le cliché absolu de la vieille mégère frustrée sexuellement et vivant avec des chats démoniaques…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase explicative que j’entends le bruit caractéristique d’une tronçonneuse.

Nan mais Bernadette, sans vouloir te vexer, si tu te fais troller par ta propre imagination faut aller voir un psy…

Intensification du boucan de l’objet de la mort.

Soit, donc, comme je le disais, mon auteure est un être humain.

Le bruit diminue. Ouf. Moi qui croyais que j’allais encore mourir puis être ressucitée parce que j’avais dit un truc de travers.

Ceci est une longue histoire. Ne posez pas de question, c’est la magie de Word.

Et le fait que fondamentalement, Bernadette me déteste parce que je lui trotte dans la tête et le seul moyen de se débarrasser de ma pomme, c’est de me coucher sur papier. Mais bon elle compte m’en faire voir de toutes les couleurs. Ce qui me fait penser qu’éviter de mourir à la fin fait partie de mes objectifs, avec celui de découvrir pourquoi je suis capable de sentir mon auteure.

Oui, parce que réfléchissez : si mon auteure est un être humain, et moi un personnage, je ne peux pas sentir mes semblables les personnages, vu que nous ne sommes pas humains, or c’est le cas. Vous me suivez ?

Bref, du coup, allons-y. Place à l’histoire !

Donc, je suis debout, mon mug à la main en plein milieu de ma cuisine miteuse. Ma cuisine est assez petite, cinq mètres carrés. Elle est équipée d’un miniscule frigo surplombé d’un évier, de placards collés au mur et d’un four à côté du frigidaire avec plaque chauffante. Il n’y a pas trop de place, mais c’est suffisant.

Enfin, on sent la poussière.

Tout est devant ou à ma droite. A ma gauche se tenait la porte de sortie, une fenêtre et derrière moi, le reste de l’appartement miteux.

Les rayons du soleil se promenent sur ma peau, provoquant chez moi une sensation de plaisir chaleureux. Il fait chaud, mais mon ventilateur est tourné à fond, clouté dans un coin du plafond. Dehors, le gazouillis de la ville au travers de ma fenêtre qu'hier j'avais laissée grande ouverte me fait sourire.

On toque à ma porte. J'ai à peine le temps de me demander l'heure qu'il est qu'on pénètre déjà ma tanière sans la moindre gêne.

Je me fige, reconnaissant cette manière légère et adroite de marcher.

« Luka, tu es rentré ? » fais-je.

Mon colocataire, Luka Morel. Un mec de vingt ans possédant le même pouvoir que moi, ce qui explique partiellement notre rencontre et le fait que nous vivons tous deux dans un appartement aussi délabré.

Il sent la transpiration et la terre, aujourd’hui. Étrange.

« Salut Hope. C’est du café entre tes mains ? »

Ah, et c’est un grand fan d’une boisson que j’affectionne. Enfin il est plus café au lait quand j’y vais généralement au café noir.

« Sers-toi, le lait est dans le frigo.

— Merci. Des nouvelles de Bernadette ?

— Rien d’important, avant que tu arrives elle voulait me tuer à la tronçonneuse.

— Ah, c’était ça le grand bruit ? Perso elle m’a tué de manière plus naturelle ce matin. Avec un cancer en phase terminale, que j’ai choppé et qui m’a tué en cinq minutes top chrono, comme par hasard après que j’ai fait une remarque sur son physique.

— Un jour, on tuera notre auteure, rié-je.

— Ouais, mais pas aujourd’hui. En plus t’es chargée d’écrire son roman à la con. T’es le perso principal, t’a vraiment pas de chance.

— Si tu veux, au prochain chapitre on passe à la troisième personne. »

Tout en parlant, Luka préparait son café.

« Ouais mais non, j’ai pas envie de mourir à la tronçonneuse et d’avoir vingt-cinq ans. Mes vingt ans me suffisent. »

Mais t’es mort d’un cancer ! Et en plus cinq ans de plus c’est rien !

« Au fait, d’ailleurs, t’es mort où ? T’as nettoyé derrière toi ?

— Penses-tu, quand je me suis réveillée j’étais dans un cimetière. »

Il me faut quelques secondes pour comprendre.

« Tu as été entérré vivant ? Mais attend… ah d’accord. Toi, t’a fait une nuit blanche à jouer dans une arcade, marmonné-je. Laisse-moi deviner : tu t’es soudainement effondré et ils t’ont enterré dans la fosse commune, avant que tout le monde oublie grâce à la magie de Word que t’était mort. Mais du coup tu t’es réveillé dans un cercueil.

— Bof, c’est pas pire que de mourir brûlée par de l’acide, n’est-ce pas ? »

Je ne ferais aucun commentaire.

Quelques minutes plus tard, nous décidons de petit-déjeuner. Sauf que voilà. Je déteste le petit déjeuner, du coup, naturellement, ce que je prends à le don de dégoûter Luka.

« Meuf, je sais pas comment t’a fait pour trouver une raclette en plein mois d’Août, mais s’il te plait, dis-moi que tu vas pas la manger. »

Pour toute réponse, je mets le fromage cru sur les pommes de terres avant de le passer au micro-onde du salon. J’entends Luka gémir de dégoût.

« Il est sept heures quarante-cinq du matin ! »

Je m’en fou !

Une fois assise, nous mangeons.

« Au fait, t’a trouvé du boulot ? » me demande Luka.

Je secoue la tête.

« Ah… moi non plus. Mais j’ai peut-être la solution pour nos problèmes d’argent. »

Ton truc pue le plan foireux, mais je t’écoute. Après tout, j’ai rien à perdre.

« On va changer de pays. »

J’ai peur.

« Encore ?

— Bon là par contre, je suis obligé de faire une parenthèse pour les lecteurs.

— Oh non. Tu vas me faire un pavé, n’est-ce pas ?

— Désolée ma poule, mais on est dans un récit à la première personne. Si je veux qu’ils comprennent, j’ai pas le choix. »

Ah non, mais moi je me casse hein. Luka prend une grande inspiration, mais je lui dis stop direct. Je n’ai pas envie d’entendre l’histoire de notre planète, et les différences qu’ont apporté les symboles de pouvoir par pitié.

« Je me démerderai pour comprendre et expliquer au lecteur, contente-toi de m’emmener sur le lieu du boulot. »

Luka fut réticent, mais il finit par accepter.

« Allez Hope, on doit préparer nos valises. Une fois cela fait, je nous téléporterai au bon endroit. »

Je m’exécute sans poser trop de question. Il arrivait souvent que nous changions de pays afin de trouver du boulot. La téléportation rendait cela possible.

Néanmoins, quand je vis ce doit nous avions besoin, je compris que nous allions faire un travail pas très joyeux. En effet, de part nos pouvoirs, nous n’avions pas besoin de vêtements ou autre, et nous ne mettions dans nos valises que des outils pour notre travail.

Mais là, mon cher Luka sortait tout un arsenal d’armes à feu, de médicaments et d’outils de chirurgie. Je le savais parce qu’il faisait un boucan pas possible. La finesse et Luka, une histoire d’amour.

Ok, je crois que je regrette de ne pas lui avoir demandé le pourquoi du comment.

Il faut savoir que notre chère Bernadette nous a donné un pouvoir assez particulier, qui fait qu’on est la cible régulière de beaucoup de monde. Que ce soit le gouverment, des gens randoms, ou même des monstres — si si, je vous jure, on a pas compris ce jour-là— beaucoup veulent notre peau. Du coup, on a rassemblé le maximum de connaissance en art martiaux, armes à feu, médecine, et de manière générale tout ce qui touche à la survie.

Nous nous sommes spécialisés, bien sûr, et nous avons répartis les connaissances apprendre en fonction des situations dans lesquelles nous nous trouvions.

Par exemple, je maîtrise les arts martiaux mieux que mon camarade. Toutefois, mettez-lui une arme à feu entre ses mains et là je me fais battre. Enfin, une fois sur deux. C’est que quand j’ai moi-même une arme entre les mains que je perds à coup sûr.

« Quel pays ? demandé-je en sortant nos différentes et très maigres monnaies.

— Celui de l’auteure », ri Luka.

Je commence à sortir des euros dans la boite prévu à cet effet —avec écriture en braille et tout — parce que Bernadette est française, quand soudain, je percute.

« Luka, c’est pas drôle. J’étais sensée me débrouiller pour expliquer aux lecteurs.

— M’en fou. »

Rapide explication : en fait, voyez-vous, actuellement, nous sommes sur une planète Terre, certes, mais une planète Terre alternative à celle de l’auteure. Logique, étant donné que Bernadette ne peut pas utiliser ses pouvoirs dans son monde. Ce serait trop beau pour elle, voyons.

Vous commencez à comprendre ? Eh ouep. Nous allons nous téléporter sur votre planète.

Et nous allons la détruire, avant que vous ne détruisiez la nôtre.


Texte publié par Archae, 16 août 2017 à 14h01
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