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tome 1, Chapitre 3 « Kraor » tome 1, Chapitre 3

A l’aube des temps les orcs étaient des humains. Hélas il se fourvoyèrent dans une forme d’animisme pervers les ravalant au même rang que les bêtes. Or le grand ordre a clairement démontré la supériorité de l’homme sur toutes les autres créatures. Cette hérésie les transforma en cette race abâtardie sujet à de nombreux excès de violence, et disposant d’une intelligence primitive ainsi que d’un semblant de culture.

Extrait du bestiaire des terres de l’ouest

La nuit commençait à tomber. L’orc Kraor vint prêter main forte aux remparts du nord comme convenu avec quelques congénères.

Ils se dispersèrent sur l’ensemble de la muraille, si bien que Kraor se retrouva seul lorsqu’il monta les escaliers. Sa présence jeta d’abord un froid au milieu des défenseurs humains déjà en place. Il y avait bien longtemps que les deux espèces n’avaient plus aucun contact. Puis l’un des hommes s’essaya à un timide salut de la main que Kraor lui rendit.

L’ambiance se détendit un peu. On s’écarta afin de lui laisser une place sur les remparts.

Comme ses complices paraissaient fragiles même du point de vue humain. Ganelon avait expliqué que cette « ville » du fait de la qualité de ses fortifications comptaient peu de « soldats ». Face à la venue de la coalition il avait fallu compléter les effectifs avec des volontaires trouvés çà et là.

La plupart des « soldats » se trouvaient à l’est où les forces ennemies se montraient les plus menaçantes.

« soldat » était la « profession » chargée du combat. Les humains s’organisaient ainsi. Chacun avait une « profession » les contraignant à une seule activité. Il paraissait même que certaines « professions » n’étaient pas choisies mais attribuées selon votre sexe ou votre famille. Quels critères stupides !

Kraor lui savait pister le gibier, travailler le bois, et manier une hache de guerre. Il n’avait donc que du mépris envers le système des humains bridant les talents.

Puis l’un des veilleurs de son clan lui fit la leçon. Les veilleurs étaient les seuls à se rapprocher d’une « profession » chez les orcs. Doués d’une grande mémoire ils conservaient sous forme de chants l’histoire de leur espèce, et ne se consacraient à rien d’autre du fait de l’énormité de cette tâche.

Le veilleur en question rappela la corruption, qui avait frappé leur race. Il fallait remonter aux temps anciens où orcs comme humains portaient encore des peaux de bête. A cette époque les orcs vénéraient Mara l’esprit de la terre. C’était une mère à la fois bienveillante et possessive. En échange des secrets des plantes, et l’art de la chasse, elle obligeait chaque clan à vivre dans un territoire restreint. Il ne fallait pas perturber la nature, et donc rester sagement à sa place.

Quand il y a un interdit, on trouve toujours des volontaires pour l’enfreindre. Quelques orcs s’aventurèrent hors de leur territoire jusqu’aux collines du Médir. Ils rencontrèrent alors l’esprit y vivant : Arkash. Seul depuis tant de temps en cet endroit il fut tellement réjouit d’avoir des visiteurs, qu’il leur révéla le trésor enfoui dans les roches du Médir : le fer.

Il leur apprit non seulement à l’utiliser mais à l’imiter, c’est-à-dire à s’adapter, à s’endurcir... bref à se dépasser.

Les orcs avec leurs nouveaux outils en métal se mirent à cultiver la terre, à construire de meilleures habitations.... Hélas le pouvoir du fer finit par griser certains orcs. Ils fabriquèrent des armes toujours plus puissantes, et attaquèrent les autres clans. Ainsi pervertis les orcs ne se consacrèrent plus qu’à la guerre. Affaiblis certains clans passèrent des alliances avec les humains auxquels ils transmirent le secret du fer en contre-partie.

Mêlés à cette guerre tardivement les humains s’en tirèrent avec des dommages limités. Par contre les orcs virent leur population réduite à l’extrême. Comprenant leur erreurs les rescapés allèrent faire pénitance là où tout avait commencé, aux collines du Médir.

Depuis ils suivaient une sorte d’équilibre en vénérant à la fois Mara et Arkash. C’est pourquoi on enseignait aux orcs la pratique des armes mais jamais exclusivement. Ainsi il n’existait plus de guerriers juste bons à aller à agresser leurs voisins.

Bref Kraor et ses semblables avaient eux aussi commit l’erreur de suivre une « profession ».

Du haut de la muraille l’orc regarda les « soldats » en face à un peu plus d’une portée de flèche. Tout comme Gernot au même moment, il s’interrogea sur l’affrontement à venir.

Pourquoi ces maudits « soldats » les traquaient-il encore ? Ils avaient déjà leur territoire. Qu’est-ce qu’ils pouvaient chercher d’autres en les envahissant ?

Cette armée voulait peut-être également s’emparer d’Ishtar ? La coïncidence était tout de même troublante. A l’évidence Ganelon conservait quelques secrets.

Les orcs évitaient le contact des humains. Eux aussi touchés par la corruption du fer ils étaient devenus belliqueux. De plus leur nombre compensait leur infériorité physique.Ganelon était donc venu à eux de sa propre initiative, il y a quelques années. Cet humain se présenta comme un guérisseur désireux d’échanger des connaissances avec ses confrères orcs.

Son savoir se révéla bénéfique. De plus Ganelon n’avait pas le fer en lui. Il était dénué de violence, et gagna donc rapidement la confiance des divers clans.

Soudain un jour Ganelon vint leur annoncer l’imminence d’une attaque surprise par une armée humaine.

Durant tous ce temps des liens s’étaient tissés entre ce soigneur humain et les orcs. Il était compréhensible, qu’il les prévienne. Par contre il était étrange que les humains se mettent brusquement à les attaquer après les avoir si longtemps ignorés.

L’humaine accompagnant Ganelon intrigua également Kraor. Il ne l’avait jamais vu auparavant. Il s’agissait d’une femelle tout juste sortit de l’enfance et richement vêtue. Son attitude était déroutante. Elle ne prononçait pas un mot et collait Ganelon, comme si le moindre éloignement causerait sa perte.

Qu’elle apparaisse juste maintenant était étrange. Mais l’imminence de l’assaut primait.

Les orcs préparèrent leur défense, et aiguisèrent leurs armes. Kraor était jeune et n’avait jamais participé à des combats à mort seulement d’entrainement. Pourtant il trouva la force de se battre. Il défendait les siens et sa terre.

Toute sa rage ne suffit pas. Il avait l’impression d’être un bucheron s’attaquant à une forêt entière. Pour chaque humain qu’il abattait de sa hache, dix autres se présentaient.

La fin de la bataille demeurait floue dans son esprit. Kraor se souvenait d’incendies, de cris, d’une course effrénée... Puis il était retrouvé à quelques lieux des colinnes en compagnie d’autres orcs encore vivants. Que pouvaient-ils encore espérer à présent ? Ils ignoraient tout du monde extérieur.

Ganelon qui était resté afin d’aider en soignant les blessées, se trouvait lui aussi parmi les survivants toujours avec la gamine à ses cotés. Il disait connaitre une « ville » où ils trouveraient peut-être refuge.

Des humains accueillant des orcs traqués par d’autres humains ! N’ayant plus grand chose à perdre les rescapés suivirent ce plan complètement invraisemblable. Et il fonctionna.

Soit Kraor était jeune mais ses constructions en bois, lui avaient enseigné la logique. Rien ne se produisait sans raison. Il y avait toujours des bases, et un cheminement derrière.

Or Ganelon qui avertissait d’une invasion ennemie, puis tout de suite après dégottait un refuge, c’était troublant. Une fois l’invasion repoussée Kraor demanderait voir exigerait des explications auprès du soigneur. Dans cette histoire sa race frôlait tout de même l’extinction.

De sa pratique du pistage, Kraor avait prit l’habitude d’observer son environnement. Il comprit donc que l’humaine venant d’arriver sur les remparts était une « prostituée » de par son comportement et ses vêtements.

« prostituée » était une activité typiquement humaine. Chez les orcs on pratiquait le sexe dans la liberté la plus totale, jusqu’à ce qu’on décide de faire des enfants. Là on devenait un(e) engagé(e) et devait une fidélité absolue à son ou sa partenaire.

Kraor en tant qu’invité, considérait ne pas avoir le droit d’intervenir dans leurs coutumes. Seulement ce n’était ni le moment, ni l’endroit. Présentement ils effectuaient une tâche de la plus haute importance.

Il aperçut une espèce de grande jarre entre les mains de la « prostituée », qu’elle tendait aux défenseurs. Elle venait juste offrir de quoi boire. Ce n’était donc pas la peine de râler.

La « prostituée » s’approcha de Kraor. Qu’est-ce que ces femelles humaines pouvaient être moche ! Pas une once de muscle, et ces poils sur le sommet de leurs crânes qu’elles laissaient pousser.

Sa pratique du langage humain était trop mauvaise pour comprendre les dires de la femme. Toutefois son attitude était très claire. Elle lui proposait de boire également

Après tout ce sang, toutes ces souffrances, ce geste d’une étrangère au sens le plus absolu du terme, était si touchant. Kraor en pleura presque avant de s’enfiler une bonne rasade. Le goût était différent des liqueurs orcs, mais pas désagréable.

La « prostituée » retourna auprès de ses semblables. Le jeune orc fixa de nouveau ses futurs adversaires au loin. Un peu plus tard il sentit alors son ventre se nouer, était-ce de la peur ? Qu’est-ce qu’il pouvait encore craindre à présent ? Il en était presque à souhaiter l’assaut de la ville le plus vite possible. Ainsi tout serait réglé d’une manière ou d’une autre.


Texte publié par Jules Famas, 14 juillet 2017 à 19h45
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