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tome 1, Chapitre 1 « Gernot » tome 1, Chapitre 1

Face à la menace du perfide Ganelon et de ses hordes démoniaques, le peuple prit en masse les armes sous le commandement du comte Arthéon pour défendre la justice et l’équité.

Extrait de la première guerre du royaume.

L’inévitable discourt précédent la bataille allait avoir lieu. Etait-il nécessaire ? En tous cas pas pour Gernot. Du fait de son expérience il n’avait plus besoin de ce genre de motivation. Il savait parfaitement ce qu’il risquait et en tirerait à savoir la vie et une solde. Dommage qu’on ne prennait pas en compte l’avis d’un simple fantassin

Le meneur de l’armée s’amena en compagnie de ses deux généraux. Tous trois se présentaient à cheval histoire de bien montrer, qui étaient les supérieurs.

Le comte Arthéon d’un geste de la main imposa le silence, puis s’exprima de sa voix puissante et majestueuse. Sa simple présence suffisait à captiver les foules. Deux mètres, une musculature triangulaire sans un soupçon de graisse, une superbe chevelure blonde, le tout enrobé dans une armure étincelante, il était un chevalier de conte de fée débarqué dans le monde réel.

A vrai dire c’était là le problème. Gernot avait du mal à le percevoir comme son semblable. D’ailleurs quand il dit : « Frères d’armes, nous avons tous soufferts. », ça ne passa pas aux yeux du soldat.

Pourtant Arthéon avait également participé à l’invasion des collines du Médir. Sauf que si peu de temps après il ne laissait entrevoir aucune blessure, ni même une trace de fatigue. Quant à sa tenue de combat elle semblait tout juste sortie de l'armurerie. Gernot ne pouvait pas en dire autant avec son dos le relançant encore, et son uniforme rapiécé.

Les fameuses collines du Médir abritaient la race dégénérée des orcs. Ils s’y étaient retirés il y a fort longtemps après avoir été vaincu par les armées humaines.

Puis Ganelon s’en était mêlé. Cet homme était l’antithèse du comte.

Arthéon était la perfection même. Il régnait sur la plus grande des seigneuries des terres de l’ouest, et était un chef de guerre exceptionnel capable de renverser l’issue d’une bataille à lui seul. Il était le supérieur des supérieurs. D’ailleurs de plus en plus d’entre eux se rassemblaient sous sa bannière dans l’optique de créer un unique fief sous sa suzeraineté, qu’on nommerait le royaume. L’humanité guidé par le grand ordre et son incarnation terrestre, devait ainsi rentrer dans un âge d’or.

Ganelon lui était un simple scribe de basse extraction travaillant au château d’Arthéon. Refusant sa place pourtant voulu par l’universalité, il s’adonna à la pratique interdite de la sorcellerie. Ivre de jalousie envers son maitre, il l’attaqua d’une manière particulièrement sournoise . Il kidnappa Fiona la jeune épouse du comte. Peu après il chercha refuge auprès des seuls êtres aussi perfides que lui : les orcs. Sa bassesse ne connaissant aucune limite, Ganelon poussa même les orcs à attaquer les territoires humains à proximité.

Arthéon de son coté monta une coalition afin de réduire cette menace à néant et de libérer sa femme. C’est ainsi que Gernot rencontra des orcs pour la première fois de sa vie. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre avec tous les bruits, qui courraient sur le compte de ces créatures. Au final le soldat ne trouva ni croc, ni tentacule, ni souffle enflammé. Rien d’autre que des peaux vertes et des oreilles pointues.

Ils demeuraient tout de même effrayant du fait de leurs deux mètres et cent-vingt kilos en moyenne. Comme si ça ne suffisait pas l’attaque surprise fut un échec. Les orcs les attendaient les armes à la main.

Face à une telle menace Gernot chargea sans même songer à une alternative. La violence et la résignation constituaient les principales composantes de son existence depuis toujours.

Il avait vu le jour dans la crasse d’une ferme familiale miteuse. Les parents avaient eu une nombreuse progéniture d’un premier temps par besoin de main d’œuvre, et dans un second parce qu’on est jamais à l’abri d’un accident.

A la maison que se soit l’éducation, le travail agraire... tout se faisait par les coups. Même se nourrir était un combat incessant au vue des maigres moyens de subsistance auxquels avaient accès toute cette marmaille. Le moindre bout de pain sur la table se payait par un coup de poing, une saisie furtive, une morsure...

Ne connaissant rien d’autres que cette vie de labeur, ils se contentaient tous de courber l’échine et de serrer les dents jusqu’au jour suivant. Gernot comme tant qu’autres aurait dû péniblement survivre jusqu’au mieux à cinquante ans avant de laisser sa place à la génération suivante de crèves la faim.

Sauf que le seigneur local décida de partir en guerre. Et conformément aux usages chacun devait apporter sa contribution. Pour les parents de Gernot le choix fut vite vue. Les récoltes étaient plutôt faibles, et les poules avec leurs œufs indispensables. Par contre les marmots étaient en net surplus. Gernot étant le plus jeune des garçons, ça lui tomba dessus.

C’est ainsi qu’il intégra la profession de soldat à l’âge de treize ans. Il ne lui vint même pas l’idée de protester, ce qui n’aurait d’ailleurs servit à rien.

Sa formation se passa plutôt bien. D’abord le recruteur voulu voir, ce qu’il avait dans le ventre. Concrètement il s’agissait de le faire tabasser par les plus anciens. Habitué à ce type de traitement Gernot s’en tira honorablement. Ensuite vint l’enseignement des armes.

« Vous foncez sur les ennemis avec votre lance bien en avant quand je gueule « chargez ». Une fois dans la mêlée vous sortez votre épée courte et cognez sur le connard le plus proche. »

Et ça s’arrêta là. Pourquoi s’emmerder avec des gamins, qui ne survivraient sans doute pas à leur première bataille. Ils étaient juste là pour servir de boucliers aux véritables combattants.

Pourtant Gernot ressortit vivant de son premier combat. Il n’était pas plus doué qu’un autre. La chance l’avait juste aidé.

Vint d’autres affrontements. Sans devenir un guerrier d’élite, le métier finit par rentrer chez Gernot.

Caserne, champ de bataille, et taverne, suffisaient à résumer les dix années suivantes. Ce qui nous amenait à cette course effrénée la lance en avant contre une créature à laquelle Gernot arrivait péniblement au torse.

L'orc avec une espèce de long hachoir dans sa main droite coupa en deux le soldat à coté de Gernot. Avec son autre main il saisit la lance, et balança par-dessus lui le pauvre Gernot.

Le destin tout comme à ses débuts dans l’armée décida de lui faire une fleur. Le soldat n’atterrit pas sur la tête. Bien qu’amoché il était donc encore en état de combattre.

Ayant perdu sa lance au milieu de ce chaos, il se reporta sur la lame à son ceinturon, et attaqua la rangée d’orcs lui tournant le dos à présent. Il laçéra par deux fois son adversaire avant de se prendre un puissant coup de coude. Gernot retomba à terre, à la différence qu’il n’était plus en état de se relever cette fois-ci.

Toutefois son attaque fit diversion, et permit à un confrère de planter sa lance dans le ventre de l’orc. Tout de suite après ce dernier lui fracassa le crâne avec son marteau de guerre. Puis une autre lance vint s’ajouter dans la chair. Et son possesseur hérita lui aussi d’une tête écrasée. Une troisième pique finit par venir à bout du colosse verdâtre.

Ce combat résumait parfaitement la bataille : de lourdes pertes, et une victoire uniquement dû à la supériorité numérique. Non contente d’être difficile cette victoire se révéla également incomplète. Grâce à leur connaissance du terrain quelques orcs étaient parvenus à fuir en emportant avec eux Ganelon et Fiona.

L’armée étant grandement affaiblie par les affrontements, Arthéon et ses généraux jugèrent plus sages de remettre à plus tard la traque des rescapés. De toute façon cette poignée de combattants à peau verte ne représentait pas une grande menace.

C’était négliger l’esprit retord de Ganelon. Car à la limite est des terres de l’ouest se trouvait une cité un peu particulière baptisée Ishtar.

Aucun supérieur ne régnant dessus, le chaos le plus total y régnait. Chacun s’y adonnait aux pires vices. Grâce à ses imposants remparts cette ville avait échappé aux invasions malgré la veulerie de ses habitants. Ces derniers pratiquaient l’artisanat et le commerce pour assurer leurs subsistances. Ils entretenaient des contacts réguliers avec les étranges peuples par de-là la chaine de montages à l’est.

Ganelon sans doute en échange de quelques magies noires, y obtint l’hospitalité pour lui et sa troupe. C’est ainsi que la coalition menée par Arthéon s’apprêtait à partir à l’assaut de cette ville réputée imprenable.

Le discourt continua avec « La lutte contre le mal », « L’avenir de l’humanité », « L’avènement d’un nouvel âge »....

Histoire de tuer le temps Gernot observa ce général, qui l’étonnait. Il se nommait Roland et était âgé d’une trentaine d’années. Bien qu’il soit un supérieur, il avait une carrure réduite par rapport à sa caste, et se contentait d’une cotte de maille surmontée d’épaulettes en guise de protection. Bref il n’avait pas tellement l’allure d’un grand chef de guerre.

Arthéon n’aurait-il pas pu se trouver mieux ?

Une fois son discourt finit, le comte partit sous les vivats laissant son autre général sur place : Ortwin.

Il s’agissait d’un errant, c’est-à-dire un supérieur chassé son fief suite à une invasion ou un différent familial. Pour subvenir à leurs besoins les errants louaient leurs talents de combattants et dirigeaient parfois leurs propres armées de mercenaires.

Ortwin était l’incarnation même de la vraie guerre, la sanglante, la crasseuse, la violente. Son armure était un assemblage de lourdes plaques d’acier avec des bosses et des traces d’anciennes fêlures en guise de décoration. Son corps ressemblait à celui d’un ours hirsute à la différence que ces animaux allaient de temps en temps dans l’eau pour pêcher.

Ortwin gueula la disposition des troupes, puis conclut :

« Si vous prenez cette ville avant le matin, vous aurez droit à une journée entière pillage. »

Des vivats suivirent mais différents des précédents. Ils ressemblaient plus aux rires complices, lorsqu’un ami fait une blague. A sa grande surprise Gernot participa aux cris d’éclats. Habituellement la possibilité d’une victoire ne l’enthousiasmait pas à ce point.

Certes une victoire allait plus de pair avec la survie, qu’une défaite. Mais ce n’était que partie remise jusqu’au prochain combat.

Alors pourquoi ce changement ? Sans doute parce qu’il s’agissait peut-être de la dernière des batailles. Ce triomphe installerait définitivement Arthéon dans son rôle de suzerain suprême, et en plus serait en mesure d’assurer la continuité du pouvoir avec son épouse. Toutes ces guerres féodales appartiendraient au passé.

Désormais l’avenir de Gernot se limiterait à caserne et taverne. Du moins ça aurait dû être le cas, si un événement n’était pas venue bouleverser sa morne vie.


Texte publié par Jules Famas, 7 juillet 2017 à 08h21
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