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Ffmonrise veut prendre la lune avec les dents
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Il était une fois, dans un pays pas si lointain, il n’y a pas bien longtemps non plus, un petit garçon qui rêvait d’horizons lointains. Fasciné par la nuit, il passait le plus clair de ses insomnies à observer les étoiles, assis sur le rebord de la fenêtre ouverte de sa chambre. Lorsque la température descendait, il rêvassait derrière la fenêtre fermée, à l’abri derrière la vitre, en regrettant de ne pouvoir être plus près des étoiles. Les années ont passé et le petit garçon a grandi, les yeux levés vers le ciel.

Une nuit d’été, Fiacre-Firmin regarde la lune se lever comme à l’accoutumée. Appelé Fortunately Fascinated by Moonrise, abrégé en Ffmonrise, par son entourage en manière de moquerie, il n’en avait cure malgré ses seize ans. Il aime la lune et la regarder monter dans le ciel lorsque le ciel est dégagé le remplit d’extase ; si les gens préfèrent se moquer de lui au lieu de tenter de comprendre la beauté de ce spectacle, tant pis pour eux. Ce soir-là, comme nous l’avons dit, il regarde la lune se lever. Les yeux perdus dans l’immensité du ciel, il rêvasse sans prendre garde aux bruits alentour. Il songe à une expression qu’il a lu dans un livre poussiéreux. Prendre la lune avec les dents signifie obtenir quelque chose d’impossible. Malgré son jeune âge, il voudrait pouvoir observer l’astre lunaire autant qu’il le souhaite en dépit de l’heure tardive. Pour l’adolescent, ce rêve paraît inaccessible. Ses parents refusent qu’il veille après minuit et encore moins qu’il observe la lune à l’extérieur, sauf en cas d’éclipse. Une super lune n’est pas un argument suffisant pour obtenir le droit d’observer l’astre qui le fascine. Perdu dans ses pensées, lorsque le miaulement de son chat le fait sursauter, il tombe du rebord de la fenêtre où il se tient en équilibre précaire. Et cette chute lui donne un prétexte pour observer la pleine lune, grosse et lumineuse, qui brille dans le ciel.

Honteux, il ne lui restera plus qu’à sonner à la porte pour que ses parents viennent lui ouvrir. En effet, il est tombé du premier étage droit dans les bras griffus de la haie. Il ne s’est pas vraiment fait mal grâce à la faible hauteur mais malgré tout, il ne peut pas grimper sur le rebord sans aide. Tremblant sous le choc de cette chute imprévue, il s’examine à la lueur de la lune moqueuse et constate que seules quelques égratignures ornent ses mains. Frissonnant de froid, il se dirige vers la porte en priant pour que le voisin ne le remarque pas traverser le jardin dans son pyjama orné de fusées et de vaisseaux spatiaux. Il l’adore mais il parait que ce n’était plus de son âge. A seize ans, il estime avoir le droit de porter ce qui lui plaît sans devoir subir les jugements des autres. Il s’arrête sur le chemin, jette un regard à l’objet de sa convoitise et il hésite à observer la lune durant quelques minutes. Mais si ses parents se lèvent et le voient là, il ne pourra pas prétendre que c’est un accident.

- Bonsoir !

Le murmure vient de l’entrée du jardin. Intrigué, FF Moonrise se fige puis il se dirige vers le portillon de bois blanc. Un garçon de son âge l’attend dans la rue.

- Je suis le voisin, Gondebaud. Tu t’appelles comment ?

- Je m’appelle Fiacre-Firmin, je voulais regarder la super pleine lune et je suis tombé de ma fenêtre.

Gondebaud glousse doucement. Sa peau claire qui tranche avec ses cheveux noirs coiffés en bataille brille sous la lune.

- Tu es comme moi, un enfant de la pleine lune mais tu n’as pas le droit de sortir seul ? Tu es jeune pour te promener seul dehors. constate Gondebaud.

- Oui, je n’ai pas le droit de sortir seul et j’aime la lune. Tu es atteint de la maladie des enfants de la lune ? C’est pour ça que je ne t’ai jamais vu dans le quartier et que ta peau est si pâle ?

Gondebaud le regarde quelques instants, la tête sur le côté, il semble réfléchir.

- Viens, je connais un endroit d’où l’on peut voir la lune et les étoiles sans que la lumière des lampadaires occulte leur éclat. Moi aussi, j’aime la nuit mais personne ne me comprend, les gens de cette époque ne comprennent rien aux charmes de la nature.

- C’est loin ? Si mes parents s’aperçoivent de mon absence, je suis privé de sortie jusqu’à mes dix-huit ans.

- Non, c’est à quelques minutes à pied et tu es déjà dehors. En plus, tes parents dorment. Tu viens ?

- Seulement si tu me fais la courte échelle pour rejoindre ma chambre.

Les mains dans les poches de son costume noir, Gondebaud regarde la fenêtre ouverte sur la nuit et il acquiesce, un léger sourire aux lèvres.

Fiacre-Firmin suit son nouvel ami. Ses pieds nus claquent doucement sur le bitume encore chaud, il trouve cette sensation agréable. Lorsqu’il lève les yeux vers la lune, les arbres du voisin ne masquent plus son éclat et elle brille de toute sa splendeur. Il s’arrête au milieu de la route mais Gondebaud le tire par la manche, une voiture pourrait survenir, il n’est pas prudent de rester ici. Ils commencent à s’enfoncer dans le chemin qui mène à la rivière proche, les arbres se font plus nombreux.

- Viens, je connais un endroit idéal pour observer la lune ! Tu verras, la vue est magnifique sous la lumière argentée de la lune.

Ils descendent vers la rivière, traversent le petit pont de bois avant de grimper sur un haut talus. Gondebaud a raison, la lune brille de tout son éclat loin des éclairages artificiels. Fiacre-Firmin admire l’astre nocturne qui le baigne de sa lumière blafarde. Perdu dans sa contemplation, plus rien ne compte hormis l’objet de sa fascination.

Il sent soudain des bras enserrer son torse et des lèvres douces se poser sur son cou. Surpris, il se raidit dans les bras de son compagnon qui l’attire à lui sans remarquer son trouble.

- Heu, je n’aime pas les garçons, je préfère les filles, même si je m’estime trop jeune pour ça.

Gondebaud rit doucement de son malaise. Le jeune garçon n’a pas le temps de se dégager des bras mollement passés autour de lui qu’ils se transforment en étau et que deux pointes se plantent dans son cou.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 14 juin 2017 à 00h00
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