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tome 3, Chapitre 17 tome 3, Chapitre 17

Ses livres à la main, Ambrelune sort de la salle d'astronomie un peu à l'écart du flot de ses camarades. Elle jette un coup d’œil à l'horloge de la salle qu'elle vient de quitter, elle a une heure devant elle pour avancer ses devoirs. Dans un coin de la bibliothèque, elle feuillette un livre avec des soupirs. Elle ne comprend décidément rien à l'art des poisons mais elle sait qu'elle doit travailler dur pour assimiler les connaissances nécessaires à l'obtention de son examen. Elle examine les planches et elle tente de se souvenir si elle a déjà vu les plantes qu'elle est supposée étudier, elle en reconnaît quelques unes mais perplexe, elle tente de les mémoriser sans succès. De rapides croquis plus tard, elle se dirige vers la serre dans l'espoir de trouver les plantes qui l'intéressent parmi les plants soigneusement entretenus. Lorsqu'enfin elle trouve son bonheur, elle examine attentivement l'objet de son étude pour tenter de fixer dans sa mémoire les notions qu'elle doit mémoriser. Puis elle repart en courant pour ne pas être en retard à son prochain cours.

Après être passé déposer ses affaires chez ses parents, Rune décide de retourner au musée pour observer le tableau de Falba Slikar, il estime que s'il se trouve dans leur monde, c'est que Brumance Trëndafil a un lien avec ce tableau. Il suppose donc que Brumance a passé une partie de sa vie là où ce tableau est apparu la première fois. Et que si Ambrelune a trouvé un tableau du peintre sur un marché, ils ont un lien avec leur ville. Durant plusieurs jours, il écume les bibliothèques pour étudier les livres consacrés à l'art local mais il ne trouve aucune mention du tableau, ni dans les livres consacrés aux artistes et aux peintres de la région. Une recherche internet l'amène à une reproduction du tableau exposé au musée dans son pays d'origine qu'il imprime en plusieurs exemplaires sur du papier cartonné avec de l'encre de qualité pour les musées de Berethiel-Nienor mais il n'est pas plus avancé.

Un peu plus tard, désœuvré, le jeune garçon se dit que s'il apprécie sa liberté, il envie un peu Ambrelune de ne pas avoir à décider quoi faire de son temps. Il hésite à rentrer sur l'île de Lathi pour aider Raya et Andrea mais cette solution ne l'attire guère. Il déplie une carte de Berethiel-Nienor, attablé dans un café au fond, à l'abri des regards. Il y a tant d'endroits à explorer qu'il se dit qu'il ne devrait pas avoir le temps de s'ennuyer et l'impression de ne rien avoir d'important à faire. Il vide son verre pour rentrer chez ses parents après avoir soigneusement rangé sa carte. Il passe la soirée à définir un itinéraire pour prendre quelques vacances malgré le temps maussade, il a envie de visiter quelques lieux de sa région avant de rentrer dans le royaume. Avec ses parents, ils profitent du week-end pour faire de la randonnée dans une forêt proche de chez eux avant d'aller visiter un château presque en ruine. Le jeune garçon se sent bien parmi les vieilles pierres mais alors qu'ils descendent, il se sent mal, il se souvient du château des rois maudits et des cachots. Il prend son courage à deux mains pour continuer mais il retient sa respiration durant toute la visite qui est rapide car rien d'intéressant ne se trouve en ce lieu privé de lumière. Ils remontent et Rune pousse un soupir de soulagement en retrouvant la lumière.

- Têtard, regarde donc ce que j'ai retrouvé ?

- Quoi ? marmonne Andrea en finissant de peser des ingrédients sur la petite balance. Laisse-moi terminer ce que je suis en train de faire, s'il te plaît.

Un instant plus tard, le sorcier glisse les ingrédients dans un sachet en papier qu'il tend au marchand qui attend dans le magasin. Celui-ci paie et quitte la boutique. Andrea revient dans l'arrière-boutique et demande à Raya ce qu'elle a retrouvé.

- Mon grimoire que j'avais à l'école, celui où je notais mes formules. Je suis sûre de pouvoir retrouver celle du lapin à la fourrure rose que j'ai si brillamment réussi à l'école.

- Tu crois que tu peux trouver des choses qui pourraient nous servir pour les clients ? Ou pour nous ? demande Andrea en lisant par-dessus son épaule.

- Je ne crois pas, tu sais à l'époque, j'aimais par-dessus tout transformer les animaux. C'est toujours le cas d'ailleurs mais je me montre raisonnable. Il n'y a ici rien qui t'intéressera, têtard.

Le sorcier sourit mais il se promet de jeter un coup d’œil à l'ouvrage quand il en aura l'occasion. Sa curiosité est piquée et il se demande jusqu'où sa moitié-magique a poussé l'art de la métamorphose en une seule année d'étude.

C'est avec soulagement que Rune retrouve l'île de Lathi et ses amis. Ils parlent longuement de sa nouvelle vie et tous sentent qu'une page se tourne. Ils ont vécu ensemble durant une année mais leurs chemins semblent prendre des directions différentes.

- Nous sommes désolés mais ce que vous nous demandez dépasse nos compétences. Nous pourrions éventuellement faire des recherches mais cela prendra du temps, je vous conseille de vous adresser ailleurs.

Un peu vexé, Andrea referme la porte de la boutique après le départ de la cliente qui cherchait à décorer sa plaque d'ardoise de touches d'émeraude en un plan compliqué. Le jeune homme se sent dépassé par la demande de la femme et il doute un instant de ses compétences. Théoriquement, il aurait dû avoir les connaissances nécessaires pour accéder à sa demande mais il a eu beau réfléchir, il n'a pas trouvé de sortilège s'approchant du désir de la femme. Bien sûr avec des recherches dans des grimoires poussiéreux, il aurait peut-être fini par trouver mais il a préféré avertir la femme qu'il pourrait échouer. Frissonnant, il serra sa longue robe jaune clair à large manche autour de lui pour tenter de se réchauffer. Se voir ainsi mis en échec lui déplaît, il se demande s'il ne perd pas ses compétences à fabriquer des potions à longueur de journée sur cette île perdue. Mais à moins de travailler pour une personne haut placée ou dans une université, il sait que son destin est de travailler comme sorcier indépendant et de répondre à des demandes mineures. Les bras croisées, Andrea se dit qu'il perd la main et qu'il doit consacrer plus de temps à la recherche de nouveaux sorts pour évoluer et ne pas voir ses connaissances s'étioler. Mais son travail lui laisse peu de temps libre et à moins que Rune les aide, ce dont il doute, tant qu'Ambrelune poursuit ses études, ils sont seuls avec Raya pour servir les clients. Le jeune homme se demande si cette île n'est pas trop petite pour ses ambitions. Mais s'éloigner de sa moitié magique et ne plus être en mesure de travailler avec elle ne lui permettra pas d'exploiter pleinement leurs potentiels. D'un autre côté, il se demande s'ils ne devraient pas profiter de leur statut de héros pour faire de la publicité et vendre leurs produits sur tout le territoire. Leur célébrité devrait les aider à attirer les cas intéressants vers eux. Le sorcier trace nerveusement des arabesques en suivant les veines du bois de la table de son ongle ; tout à ses rêves de grandeur, il n'entend le chaudron déborder qu'une fois qu'il est trop tard. Avec un hurlement de désespoir, il voit la potion qu'il a passé toute la matinée à élaborer se répandre sur le sol et le peu qu'il reste dans le récipient a déjà commencé à s'évaporer sous le feu brûlant. Le sorcier secoue la tête et se met au travail pour nettoyer les dégâts. Une fois le chaudron refroidi et nettoyé, il se mure dans le silence pour recommencer sa potion depuis le début. Raya n'ose pas le déranger, son air concentré lui suggère de le laisser tranquille et c'est en chantonnant qu'elle décide de ranger la boutique et de réapprovisionner les étagères profitant de ce moment de calme.

- Tu sembles contrarié...

- J'ai raté ma potion. marmonne le jeune homme d'un air boudeur en nettoyant les dégâs.

- Et alors ? dit son amie en le regardant.

- Alors, j'avais mis cent grammes de poudre de zégapése, voilà !

- Les zèbres ailés ? Ce n'est pas grave...

- Mais ça coûte une fortune ! explose Andrea des larmes de rage aux yeux.

- Tu en rachèteras d'autre, il est inutile de s'énerver.

- Non, tu sais bien que les finances de la boutique ne vont pas assez bien pour qu'on puisse se développer et passer à des sorts plus coûteux.

Perplexe, Raya le regarde sans rien dire avant de reprendre :

- Ce n'est pas si grave que ça, non ?

Sans répondre, le jeune homme sort prendre l'air au dehors. Il marche un long moment sur la plage en marmonnant qu'il ne voit pas en quoi il n'est pas grave de gâcher des ingrédients chers par pure distraction. Il avait la tête ailleurs, il pensait à Ambrelune.

De meilleure humeur, Andrea rentre après avoir acheté à dîner au marché, il chantonne et Raya qui s'inquiétait pour son ami se rassure en le voyant si joyeux.

- Il y a une éclipse ce soir ! Il est temps de se mettre au travail sur des préparations qui nous seront utiles. Laisse-moi regarder dans mes grimoires...

- Je croyais que ça ne t'intéressait pas... interroge son amie, suspicieuse.

- C'est vrai mais je ne sais pas, je sens un vent de changement à l'intérieur de moi et je ne sais pas ce que ça peut bien être.

- Je crois savoir... marmonne Raya pour elle-même.

Andrea se redresse et la regarde, intrigué.

- Quoi donc ?

- Je ne te dirai rien mais comment dire... Notre relation n'est plus la même, voilà.

- Je ne comprends pas. demande Andrea, inquiet. Il est vrai que depuis quelques temps, j'ai envie de tester des sorts plus compliqués et coûteux mais si on ne s'élève pas, on stagne... Et la boutique ne peut tourner sur des sorts mineurs ou même plus compliqués. Nous devons innover et...

- On a du travail, mon têtard. le coupe Raya d'un ton sec qui clôt la conversation.

La sorcière soupire, elle n'a pas envie de lui dire ce qu'il sait déjà mais qu'il refuse de voir et elle continue la liste des sorts à effectuer pour l'éclipse qu'elle tend à Andrea.

- Tiens, tu es plus doué que moi pour les sorts compliqués. Et travailler sur les rêves et la divination, c'est un art délicat.

Son intérêt éveillé, Andrea prend la feuille qu'elle lui tend et se met au travail tandis que Raya monte faire le ménage dans leur logement en marmonnant pour elle-même.

- Je connais quelqu'un qui ferait bien de boire une potion de clairvoyance... Il m'énerve parfois. Mais je ne lui dirai rien, on verra bien quand nos amis reviendront, il comprendra peut-être.

Les pensées de Raya se tournent vers Violine, la sorcière qu'elle avait rencontrée lors de la rentrée des classes ; elle avait enfin trouvé quelqu'un qui la comprenait mais elle n'est pas venue lui rendre visite contrairement à sa promesse. Elle se souvient qu'elle lui avait dît être occupée dans les prochains mois et elle soupire.

- Peut-être qu'elle viendra bientôt. C'est une sorcière itinérante mais elle sait où me trouver. Elle a promis de venir me voir, elle tiendra parole, je le sais. Elle me changera de ce ronchon d'Andrea qui ne pense qu'au travail. Je crois bien qu'il regrette qu'Ambrelune ne soit plus là. Avec elle, pas question de s'amuser, quand on travaille, on travaille. C'est d'un triste de travailler avec ces deux-là, un peu de fantaisie dans tout ça ne fait jamais de mal.

La nuit est tombée lorsque le sorcier rentre d'un peu meilleure humeur. Il souhaite une bonne nuit à Raya en marmonnant avant de s'enfermer dans sa chambre. La sorcière hésite un moment à l'y rejoindre mais elle décide de le laisser tranquille, estimant que cela vaut mieux vu son humeur sombre.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 17 avril 2019 à 11h39
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