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tome 3, Chapitre 14 tome 3, Chapitre 14

Raya et Andrea sont retournés dans leur île avec Rune et la vie a repris son cours. Le jeune garçon les aide un peu à répondre aux demandes de leurs clients en se chargeant des achats ou en broyant quelques ingrédients mais il ne leur a pas caché son désintérêt profond pour la magie. Son commerce de perles se met doucement en place et il passe beaucoup de temps à étudier la meilleure manière de s'y prendre. Il a effectué deux rapides voyages pour ramener des perles et les confier au bijoutier avec qui il travaille qui lui a soumis des croquis de bijoux qui leur plaisent à tous deux. Le bijoutier lui a parlé des diamants du pays de Nix qui sont si brillants qu'on dirait un morceau de glace. Il rêve d'en voir un jour malgré leur prix élevé. L'imagination du jeune garçon se met à rêver à ces fameux diamants donc aucun exemplaire ne se trouve encore dans le royaume à sa connaissance car le roi et la reine maudits se les sont accaparés et ils ont disparus. L'envie de partir voir du pays le taraude et il n'est pas rare qu'il disparaisse durant la majeure partie de la journée sans prévenir. Andrea et Raya font avec et ils haussent les épaules, que peuvent-ils faire ? Et ils croulent sous le travail à la boutique ,ne leur laissant pas le loisir de chercher à convaincre leur ami de les aider.

Le jeune garçon passe de longues heures à la bibliothèque royale afin de trouver des informations sur ce fameux pays des glaces. Ce petit pays borde Berethiel-Nienor et la mer de Muir. Rune est surpris de se rendre compte qu'il est composé de quelques îles mais que la frontière de l'île principale passe en son milieu. Sans plus attendre, il décide de se téléporter dans la capitale, Snezienka après être rentré chez lui pour s'habiller chaudement. Lorsqu'il arrive dans le pays des glaces, il est surpris du climat qui est plutôt doux. Il se souvient alors que la mer de Nix est une zone tempérée et c'est un peu confus qu'il retire son chaud manteau. Un peu mal à l'aise, il se promène dans la ville durant de longues heures. Le verre a sa place partout dans la cité, coloré, brut ou travaillé, incrusté de motifs, gravé ou renfermant feuilles, fleurs ou mousse dans sa masse, il donne l'impression de pénétrer dans une cité de glace lorsque l'on voit la ville de loin. Mais le jeune garçon est venu pour les diamants et il se dirige vers le cœur de la cité dans l'espoir de trouver ce qu'il cherche. Les mains dans les poches, Rune flâne dans les rues, il observe les hauts bâtiments de verre qui l'entourent, leur éclat l'aveugle parfois mais il ne peut nier leur élégance. Il prend quelques photographies sous les regards intrigués des passants et il reprend sa promenade. Dans une ruelle, il voit dans la devanture d'une bijouterie,l'objet de son désir. L'énorme diamant brille de mille feux dans la vitrine, il irradie de reflets de toutes les couleurs : rose, rouge, bleu, vert, doré, argenté se disputent la surface du minéral. Le prix de la pierre le rebute mais il est certain de ne pas en avoir vu de pareil dans le royaume. Il continue sa promenade dans le quartier et il passe devant plusieurs bijouteries dont les vitrines l'arrêtent quelques minutes à chaque fois. Enfin, il s'arrête devant l'échoppe d'un diamantaire-bijoutier et il décide de pousser la porte.

- Bonjour, monsieur, que puis-je pour vous ?

- Bonjour, je viens de Berethiel-Nienor et je fais du commerce de perles de la mer de Muir. Je me demandais s'il était possible de mettre en place un commerce de diamants de votre pays qui sont les plus beaux que j'ai jamais vus.

- Ah, nos diamants. Savez-vous pourquoi ils sont si rares ?

Rune secoue la tête car il l'ignore. La jeune femme le regarde de ses yeux couleur chocolat et lui sourit.

- On les trouve au cœur des glaciers, c'est là qu'ils naissent et cristallisent. Lorsque le glacier fond au printemps, nous partons à la recherche des diamants les plus purs qui soient en ce monde. Emportés par l'eau glacée ou enfoncés dans la boue, beaucoup se perdent et s'enfoncent dans les profondeurs de la terre. Parfois, on les retrouve, d'autres fois, ils se perdent définitivement.

Surpris, Rune écarquille les yeux.

- Comment cela ? Ils se perdent ? Je ne comprends pas...

La jeune fille sourit avant de répondre.

- Ils s'enfoncent trop profondément dans les entrailles de notre terre et nous n'avons pas besoin d'aller les chercher mais les scientifiques disent qu'il y a des diamants en profondeur, loin sous terre. Mais nous n'avons ni les moyens techniques de les extraire ni besoin donc ils sont considérés comme perdus. Pour ce qui est du commerce, notre bijouterie serait intéressée par vos perles. Il nous est facile de nous en procurer, nous sommes voisins mais il nous faut traiter avec chaque archipel, c'est une perte de temps conséquentes.

- Je vends toutes les couleurs de perles existantes, vous gagneriez du temps, en effet. Et je pourrais servir d'intermédiaire pour la vente de vos diamants dans la mer de Muir et en Berethiel-Nienor.

- Nous avons déjà nos clients dans le royaume de Muir mais si vous serviez d'intermédiaire entre vos fournisseurs et nous qui pourraient devenir de nouveaux clients, nous serions intéressés. Je dois en parler à mon père avec qui je suis associée mais je suis certaine qu'il sera de mon avis. Il ne devrais pas tarder à rentrer. Vous voyagez ?

- Oui, je ne connais pas ce pays alors je me promène et j'ai commencé par la capitale.

- Je vous conseille d'aller sur la Mer de glace, il y a beaucoup d'icebergs à leur surface, c'est un spectacle fascinant, notamment au coucher du soleil lorsque le soleil les embrase.

- Et la mer de Nix ? Le climat y est plus doux, non ?

- Oui, mais ici, nous aimons la glace et la neige. dit-elle en riant.

La jeune femme le fait passer dans l'arrière-boutique où elle leur prépare une infusion au goût indéfinissable, comme un goût d'herbe tendre avec une pointe de cerise et de noix. Rune admire sa courte robe noire brodée d'un fil multicolore qui représente des oiseaux et des fleurs délicates.

- Pardon, je suis Sabline Arenaria. Je travaille à la boutique avec mon père depuis toujours, je crois bien. Ma mère est pâtissière et sa boutique se trouve juste en face, vous devriez aller lui rendre visite, ses gâteaux sont succulents.

Rune lui sourit, ne sachant que lui répondre, un peu gêné par son enthousiasme qui tranche avec son caractère plus réservé. Il la détaille et il note ses longs cheveux blonds, ses yeux d'un vert clair tirant sur le gris, sa peau rosée et son expression pleine de vie. Il se dit qu'elle est belle, malgré sa frêle silhouette et sa petite taille, elle dégage un charme naturel qui souligne sa beauté.

Un homme de haute taille, vêtu d'une cape noire entre alors dans la boutique. Sous ses cheveux grisonnants, des yeux pétillants et un sourire aimables illuminent son fin visage. Sa fille l'informe de la visite d'un étranger et elle les laisse après avoir récupéré sa tasse encore pleine.

Rune un peu gêné recommence son discours, il se dit qu'il est ridicule d'entreprendre une telle démarche et voyant l'intérêt de l'homme s'éveiller, il se rassure. Deux heures plus tard, ils établissent un contrat et Rune juge qu'il est temps de rentrer chez lui. Quelques diamants sonnent dans sa poche et il se dirige en chantonnant vers le bijoutier avec qui il travaille habituellement. Sa mission accomplie, il rejoint l'île de Lathi où il parle de son voyage et de la découvert des diamants de de glace dont il fait cadeau d'un échantillon à ses amis sans oublier de mettre de côté un paquet pour Ambrelune. Les jours suivants, les pensées de Rune voguent souvent vers le pays de glace et ses diamants fabuleux. Un matin, il se réveille en se demandant si son rêve ne l'a pas trompé mais le doute est trop grand et il décide de retourner chez le bijoutier de Nix. Lorsqu'il entre dans la boutique, Sabline est seule et lorsqu'il lève les yeux, il le voit. Le tableau qui hante ses rêves. Sans prendre le temps de dire bonjour, il interroge la jeune fille sur la peinture.

- J'ignore d'où elle vient. On prétend qu'une de mes ancêtres connaissait un peintre qui enchantait ses toiles et était très amie avec une demoiselle venue d'un autre monde.

- Elle connaissait Brumance Trëndafil ? Vous voulez dire qu'elle serait venue dans ce pays ? s'étonne Rune.

- On m'a dit que cette demoiselle était restée un an dans ce pays pour le visiter puis elle retournée en Berethiel-Nienor. Mais je n'en sais pas plus sinon qu'elle a longtemps correspondu avec mon ancêtre qui l'a visitée à de nombreuses reprises.

Rune s'approche de la toile et il reconnaît la jeune fille à la rose. Elle est bien plus âgée que sur le portrait qu'il connaît bien. La femme d'âge mûr sourit au peintre, une rose blanche à la main aussi blance que sa longue robe. Elle semble être assise sur un douillet canapé de velours rouge et on devine l'éclat d'une cheminée qui illumine son visage souriant.

- Elle a été heureuse, on dirait. dit Rune, nostalgique. La femme à la rose blanche, c'est un charmant nom pour une si charmante peinture.

- Vous la connaissez ? s'étonne Sabline.

- Un peu, si on veut, nos destins semblent se croiser sans cesse. Je suis désolé d'être entré comme cela, je dois y aller. Je me demandais si vous seriez intéressée de venir visiter les îles où les perles naissent et se développent. Je veux dire, vous et votre père. Et votre mère, bien évidemment.

La jeune fille sourit avant de dire qu'elle est fortement intéressée et qu'elle va en parler à ses parents le soir venu. Rune salue et il rentre chez lui, tout sourire. En pensée, il revoit l'intérieur chaleureux de la bijouterie, elle semble sculptée dans un écrin de verre égayé par de hauts miroirs au cadre de métal orné de fleurs et de feuilles délicates Seul le tableau de la femme à la rose semble déplacé dans ce décor délicat comme la neige de ce pays. Il repense au sol dallé d'une pierre blanche comme la neige sur lequel se détache le comptoir de bois d'un blanc nivéal.

xXxXx

Ambrelune tente peu à peu de combler ses lacunes et elle passe des heures à lire des livres dans la bibliothèque de la Haute Université de Magie pour mieux connaître le monde dans lequel elle vit. Elle note soigneusement les choses qu'elle ne comprend pas dans un carnet qui lui sert de base pour ses recherches qui lui prennent du temps. Temps qu'elle n'utilise pas pour travailler ses cours mais si elle a beaucoup de connaissances en magie, elle reconnaît qu'elle a sauté quelques étapes et qu'elle doit revoir ses bases. Au fil des jours, elle comble son retard et elle ne rentre pas les jours de repos comme elle l'avait prévu au début. Elle écrit à ses amis pour lui dire combien elle regrette de ne pas rentrer leur rendre visite mais qu'elle ne peut pas. Ils lui répondent de faire comme elle le sent mais ils s'inquiètent pour elle.

Un jour, Ambrelune reçoit un courrier l'informant que ses amis seront dans la ville de Vrohud pour lui rendre visite le lendemain. Ils se sont rendus dans la ville de Fulvia pour visiter Loris Slikar et ils se sont dit que ce serait une bonne idée de venir la voir car ils ne sont guère éloignés de son école. Au fond pas mécontente de les voir, la jeune fille sourit à cette idée. Le jour dit, ils se retrouvent dans un café proche de son école. Ambrelune se rend alors compte qu'elle ne sort guère de son établissement tant parce qu'elle doit travailler dur que parce qu'elle est désespérément seule. Ses amis demande de ses nouvelles et si elle s'adapte à sa nouvelle vie. Elle leur ment en leur disant que tout se passe pour le mieux mais que peut-elle dire d'autre ?

Alors qu'elle écoute distraitement les conversations, Ambrelune se demande si elle ne pourrait pas valider tous ses diplômes en accéléré et quitter la Haute Université de Magie avant la fin de ses études. D'un autre côté, elle trouve dommage de se priver du diplôme délivré par l'école si un jour, elle souhaite voler de ses propres ailes. Mais vu qu'elle ne parvient pas à s'intégrer à ses camarades, elle ne se voit pas continuer ainsi durant plusieurs années. Elle pense pouvoir valider deux années par an mais elle sait que le prix à payer est fort élevé et elle n'est pas certaine de se sentir prête à ce sacrifice, des heures passées en tête à tête à travailler sous la direction sévère d'Andrea ne lui disent rien. Pourtant, la tentation est grande.

- Tu as la tête ailleurs ! constate Rune, un brin moqueur.

- Non, pas du tout, je réfléchissais, c'est tout. dit-elle en rougissant.

- A quoi ? s'enquiert Raya.

- Je ne me vois pas passer tant d'années dans cette école. Les étudiants me prennent pour une imbécile tout comme les professeurs. Et tout ce temps passé en études me semble du temps perdu. Je me demande s'il serait possible de valider deux années par an.

- En théorie, c'est possible mais tu vas devoir travailler très dur et oublier les vacances pour rester à niveau.

- Je sais... dit-elle en replongeant son nez dans son verre de vin. Je suis un peu indécise. Mais d'un autre côté, mes camarades me prennent pour une parfaite idiote. Que puis-je faire de mes soirées et mes jours de congé à part étudier et prendre de l'avance ? Honnêtement, je vais terminer le programme de l'année très bientôt si ça continue...

- Tu devrais plutôt en profiter pour réviser ce que tu as déjà appris. la sermonne Andrea. Je ne crois pas que tu te rendes compte de la quantité de devoir que tu vas devoir rendre à tes professeurs. Et cela empirera d'année en année. Mais profiter des laboratoires vides pour t'entraîner à réviser ton programme de l'année est une bonne idée.

Ambrelune plonge son regard dans les yeux vert émeraude du sorcier en se demandant s'il parle sérieusement mais lorsqu'elle constate que c'est le cas, elle replonge le nez dans son verre avec résignation.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 6 mars 2019 à 10h09
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