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tome 3, Chapitre 13 tome 3, Chapitre 13

Pour son deuxième jour de classe, Ambrelune, un peu intimidée, tente de faire connaissance avec ses camarades. Lorsqu'ils apprennent qu'elle vient de l'île de Lathi, ils ne la questionnent pas plus avant et c'est avec soulagement que la jeune fille ne voit pas son secret découvert.

Un peu plus tard, le professeur de latin fait son entrée. Il leur rappelle que cette langue ancienne est nécessaire car de nombreux ouvrages ramenés par Falba Slikar sont écrits en cette langue venue d'ailleurs, il estime que les sorciers se doivent de connaître cette langue à la perfection car cette langue peut être très utile pour raccourcir de longues formules magiques. Ambrelune ne se sent pas trop déstabilisée par ce premier cours car cette langue lui est vaguement familière même si elle n'en a fait qu'au collège. Mais ce qui l'intéresse surtout, c'est ce qui l'attend en début d'après-midi : le cours de potion.

Lors de la dernière heure de la matinée qui est un cours de botanique, la jeune fille se hasarde à demander des précisions sur une plante qui lui est inconnue. La feuille de fougère orange qu'elle tient en main ne lui évoque rien et c'est sous les quolibets de ses camarades qu'Ambrelune apprend que cette plante très commune en montagne est la fameuse fougère orange montagnarde qui a la propriété de soigner la majorité des maux de l'hiver. Lorsque sonne l'heure du déjeuner, elle se dépêche de trouver un restaurant afin de se retrouver seule pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Après réflexion, elle se rend au secrétariat et elle demande si elle peut intégrer l'internat et obtenir une place dans le dortoir. Elle espère ainsi être mieux acceptée de ses camarades et surtout, elle aura plus facilement accès à la bibliothèque pour combler ses lacunes. Sa demande est acceptée car il reste des places et Ambrelune se dépêche de se téléporter dans le laboratoire pour avertir ses amis de sa décision. Bien qu'un peu peinés de se retrouver de nouveaux seuls en semaine pour travailler, ils acceptent sa décision et l'assurent qu'ils participeront à ses frais d'hébergement. Ravie de la tournure des événements, l'étudiante se dépêche de préparer un sac pour la semaine à venir avant de filer le déposer dans la pièce commune avant la reprise des cours. L'après-midi se passe entre cours de minéralogie et de divination qui n'intéressent guère Ambrelune. Le soir venu, elle installe ses affaires dans la chambre qui lui a été désignée où elle rejoint deux filles de son âge. Elles reconnaissent l'idiote dont elles sont en train de parler et elles lui font un accueil glacial. La jeune fille n'y prête pas garde et elle se dépêche de rejoindre la bibliothèque pour s'atteler à ses devoirs jusqu'à l'heure du dîner. Dans la grande salle où elle ne connaît personne, elle repère vite ses compagnes de chambrée et elle les rejoint pour se restaurer. Devant le silence pesant, elle tente de discuter avec elles sans succès. Ambrelune a noté que la chambre est assez grande et que des rideaux permettent de s'assurer un peu d'intimité, elle se dit que si la cohabitation se passe mal, elle pourra toujours s'isoler.

Après le dîner, Ambrelune rejoint de nouveau la bibliothèque où chacun penché sur ses recherches l'ignore. Elle termine ses devoirs et remonte se coucher un peu dépitée de la tournure des événements Deux semaines plus tard, la jeune fille qui enchaîne les cours en accéléré commence les cours pratiques de potions. Ils sont bientôt un calvaire pour elle car bien qu'elle ne soit pas débutante en la matière, elle doit bien admettre qu'elle a d'immenses lacunes à combler et que des choses évidentes pour ses camarades ne le sont pas pour elle. Ses professeurs, exaspérés de son ignorance, l'interrogent souvent pour tenter de l'aider à combler ses lacunes et cerner ses connaissances. Un jour, le professeur de divination interroge les élèves sur les différentes formes de divination qu'ils connaissent. Lorsqu'Ambrelune cite la chiromancie et explique qu'il s'agit de deviner le caractère et l'avenir de quelqu'un par la lecture des lignes de sa main, les rires emplissent la salle. Confuse, l'adolescente ne sait que répondre lorsque son professeur lui dit qu'elle n'est guère sérieuse de parler de telles inepties. Exaspérée, l'étudiante réplique qu'elle a déjà vu maintes diseuses de bonne aventure lire l'avenir dans les lignes de la main ou les boules de cristal dans le pays d'où elle vient. Interdit, son professeur s'approche d'elle en s'enroulant plus étroitement dans sa cape noire et dorée. Sa haute taille se penche sur la table et ses yeux aussi argentés que ses cheveux se posent sur son élève.

- Vous venez de l'île de Lathi, n'est-ce pas ? J'ignorais que ces pratiques archaïques y avaient encore cours. Les proposez-vous à vos clients ?

- Bien sûr que non ! s'énerve la jeune fille. Je ne crois pas à ces formes de divination qui me semblent trop aléatoires, mais dans le monde d'où je viens ce sont des pratiques courantes.

- Vous venez d'un autre pays de la fédération ? s'étonne son professeur. Mais vous avez passé votre B.O.U.M. ici l'an dernier m'a-t'on dit.

Acculée, Ambrelune profite de la sonnerie de la cloche pour ramasser ses affaires. Les larmes aux yeux, elle lâche que bien des choses lui sont inconnues dans le royaume de Berethiel-Nienor et qu'un peu plus de tolérance rendrait son peuple plus accueillant. Devant l'air interloqué de l'homme qui lui fait face, la colère l'étreint et elle répond à la question qu'il lui pose de nouveau qu'elle vient du même monde que Falba Slikar et Brumance Trëndafil avant de pousser ses camarades qui se trouvaient devant la porte pour sortir.

Attristée, Ambrelune ne va pas assister à ses autres cours de la journée et elle se téléporte dans la baie de Sliogàn dont elle garde un bon souvenir de sa visite avec Rune l'année précédente. Elle marche longuement sur la plage jusqu'à ce qu'elle aperçoive une ville inconnue. Elle court pour y arriver au plus vite et elle interroge la première personne qu'elle rencontre, un vieux pêcheur qui rentre, son panier à poisson à la main et sa pipe à la bouche.

- Bonjour, où sommes-nous ?

- Dans la ville de Sliogàn, quelle question !

- Une ville ? Je sais que cette longue plage et sa baie son bien connues mais j'ignorais qu'une ville...

- Parce qu'elle n'appartient pas à Berethiel-Nienor d'où vous venez sans doute...

- Où suis-je donc ?

- Vous êtes dans le pays de Muir, mademoiselle...

- J'ai passé la frontière sans m'en rendre compte ?

- Les frontières sont de nouveau ouvertes dans la fédération. Elles existent mais en même temps, elles n'existent pas. rit l'homme en lui souhaitant une bonne journée.

La jeune fille hausse les épaules et elle décide de profiter de sa journée pour se promener dans la ville. Elle sillonne la ville et elle se perd bientôt dans le dédale des rues qui s'ouvrent devant elle. Elle se retrouve ainsi devant ce qui semble être un musée d'art ; en effet, il s'agit d'un immeuble qui regroupe les œuvres d'art des artistes connus de la ville. Elle marche lentement dans les salles animées des rires et des commentaires des visiteurs et elle se fait la réflexion que le musée est bien moins austère que ceux de son pays d'origine. Au détour d'un couloir, elle entre dans une salle où elle se trouve face à une toile dont elle reconnaît immédiatement le coup de pinceau. Falba Slikar a peint ce qui ressemble à un vieux temple de style antique dans une clairière entourée d'arbres aux fleurs d'un rouge éclatant. Elle ne s'en approche pas trop de peur d'y être aspirée mais elle le contemple longuement avant de terminer sa visite. Les fleurs rouges l'intriguent et Ambrelune se demande s'il a peint un autre monde ou si ces fleurs existent dans le pays où elle vit. Le jour commence à décliner et elle décide de rentrer à l'université où elle va justifier son absence de la journée en prétextant une intoxication alimentaire au secrétariat. Elle y récupère ses cours qu'elle étudie jusque tard dans la soirée en se promettant de ne plus se laisser insulter par ce professeur et de porter plainte si nécessaire.

- Oui, c'est ce soir dans la petite salle de bal !

La jeune fille lève la tête de sa paillasse. Autour d'elle ses camarades gloussent et parlent tous d'une mystérieuse soirée. Elle n'a pas connaissance d'une fête particulière et elle s'interroge. Elle hésite à se pencher vers son voisin de paillasse pour l'interroger mais elle n'ose pas. A quoi bon ? Elle finira bien par savoir ce qui se passe. La journée se termine et elle entend deux garçons de sa classe confirmer la soirée pour l'heure du dîner. La jeune fille fronce les sourcils mais elle se dirige vers la salle d'études. A vingt heures, la table où ses camarades dînent d'ordinaire est vide et elle cherche un moyen de résoudre ce mystère. D'un pas décidé, Ambrelune décide de se rendre dans la salle dont il a été question. Le cœur battant, elle s'approche de la porte sur laquelle elle colle son oreille. De la musique, des rires et des brouhahas de conversation traversent le panneau de bois pour se glisser jusqu'à son oreille. Elle hésite à toquer à la porte sous un prétexte futile avant de se raviser. Si ses camarades avaient voulu l'inviter, ils l'auraient fait. Comment pourrait-elle justifier sa présence dans cette salle rarement occupée le soir à moins d'avouer avoir écouté des conversations qui ne lui étaient pas destinées. A contrecœur, consciente de son erreur, Ambrelune rejoint la salle d'études où elle s'avance dans ses devoirs jusque tard dans la nuit.

Le lendemain tous les élèves parlent de la fête et si dans un premier temps, la jeune française feint de ne rien entendre, elle finit par se glisser dans un groupe et dans la conversation, bien consciente que sans réaction de sa part, la situation se reproduira.

- De quelle fête parlez-vous ? J'ignorais qu'il y avait des festivités en ville, si j'avais su, j'y serais allée. dit-elle d'un ton enjoué avec un sourire qu'elle espère naturel.

Ses camarades se regardent, gênés avant qu'une pimbêche aux courts cheveux roux ne se décide à répondre.

- Nous avons organisé une fête hier soir avec les étudiants de la promotion de première année. Je croyais que tout le monde avait été mis au courant...

- Non, on ne m'a rien dit. bredouille la jeune fille qui ne s'attendait pas à un tel acte de franchise.

- Pourtant, tout le monde était au courant sauf toi, c'est étrange, non ?

- En effet. concède Ambrelune qui ne sait que dire face au regard narquois de sa camarade.

Par chance, le professeur arrive pour leur premier cours de la journée et Ambrelune lui emboîte le pas pour ne pas entendre plus longtemps les gloussements de rire de ses camarades.

Ambrelune se dit qu'elle pourrait à son tour organiser une fête même si elle ignore tout de ce qui se pratique lors des fêtes étudiantes dans cette université. Elle sait qu'elle doit d'abord trouver une salle, acheter tous le nécessaire et malgré l'argent que ses amis lui envoient pour ses dépenses hebdomadaires, elle sait qu'elle ne peut se permettre de gaspiller leur argent ainsi, elle sait qu'Andrea se prive d'ingrédients chers pour l'aider à faire ses études et elle imagine ses reproches s'il l'apprenait.

- Et personne ne viendra de toutes manières alors à quoi bon ? Je préfère encore ne rien tenter. songe-t'elle avec tristesse.

Elle comprend mieux ce qu'à pu vivre Raya, elle qui se disait qu'au vu de sa dangerosité, il n'y avait rien d'étonnant à ce que son amie soit restée seule durant toute sa scolarité. Mais il ne s'agissait sans doute pas seulement de cela.

- Elle est différente des autres. Comme moi, au fond. Je ne suis pas à ma place ici. Ma place est au lycée en train de passer mon baccalauréat littéraire et à stresser pour achever de lire tous les livres au programme dans les temps.Et travailler mon anglais et mes mathématiques où je ne suis pas très forte. Au pire, ce ne sont que quelques années de ma vie à passer dans cette école, ensuite, quand je serai diplomée, je n'y penserai plus. songe-t'elle.

Malgré tout, elle pense à Raya la sorcière effrayante et elle se dit combien une réputation peut coller à la peau d'une personne toute sa vie. Et elle se souvient des moqueries qu'elle a proférées contre d'anciens camarades de classe par le passé pour faire comme les autres et par bêtise.

- J'ai peut-être brisé leur vie à jamais. Et le savoir sera mon fardeau.

Elle médite un peu sur ce dernier point avant de relever la tête.

- Non, je vais y arriver. On va finir par m'apprécier à la longue, ils finiront par découvrir qui je suis réellement et je vais me faire des amis et passer de superbes années ici avant de devenir une sorcière reconnue pour ses compétences.

Un peu apaisée, elle soupire de soulagement avant de se replonger dans ses devoirs.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 18 février 2019 à 11h00
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