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tome 1, Chapitre 10 tome 1, Chapitre 10

- Allez, tout le monde au laboratoire ! glapit Raya.

- En résumé, la magie, c’est comme la très haute gastronomie ou la cuisine moléculaire : précision absolue et une fois que vous avez les bases, vous pouvez tenter d’innover. commence Andrea.

Durant deux heures, il leur fait découvrir les rudiments de la divination, de la lithothérapie, les tarots, les runes, les différentes bougies utilisables, les poisons et leurs effets ou encore l’hypnose.

Les jours suivants, ils lancent des sorts mineurs avec plus ou moins de succès tout en apprenant à comprendre les formules du grimoire et à retrouver rapidement un sort parmi les nombreuses pages d’un livre. Avec incrédulité, ils se découvrent des capacités en divination et ils parviennent à réaliser des sorts mineurs. Peu habitués à la magie dans leur monde, les deux amis cherchent des explications scientifiques avant de conclure que ce qu’ils trouvent normal et acceptent comme parfaitement logique sans pouvoir le vérifier, comme envoyer un email en quelques secondes à l’autre bout de la planète, faire voler un avion de plusieurs tonnes voire envoyer une fusée dans l’espace ou allumer une ampoule relève du même questionnement. Une personne qui n’a jamais vu de tels phénomènes malgré toutes les notions théoriques nécessaires pourra continuer à les considérer comme magiques. Ils arrivent à la conclusion que la magie est une science que tout le monde ne peut pas pratiquer.

Mais au bout de quelques jours, leur enthousiasme retombe, leur apprentissage est difficile et la formation accélérée dispensée par Andrea ne leur laisse pas de répit : il leur fait recommencer leurs sorts jusqu’à ce qu’ils y arrivent de manière satisfaisante. Malheureusement, ses exigences sont élevées en matière de magie car il estime que rien ne peut être laissé au hasard et que l’inexactitude peut être fatale. Pourtant, il rit souvent avec eux de leurs erreurs avant de reprendre une mine sévère. Raya leur apprend quelques sorts de métamorphose notamment pour transformer les animaux domestiques qui errent dans les environs en créatures improbables pour une durée déterminée.

Les jours deviennent des semaines puis des mois durant lesquels, ils étudient sans relâche jusqu’à une heure avancée de la nuit. Malgré la difficulté de leur apprentissage, des moments de répit leur sont accordés ; ils partent alors en pleine nature à la recherche de plantes ou de pierres qu’ils doivent identifier. Plus sûrs d’eux, les deux adolescents mûrissent et achèvent de passer de l’enfance à l’âge adulte. Ils s’inquiètent de moins en moins de leurs parents qui commencent sûrement à s’inquiéter de leur absence même s’ils estiment que dans leur monde, ils n’ont sans doute disparu que depuis quelques jours.

A cheval, ils sillonnent le royaume et au fil du temps, ils s’y sentent chez eux, les soldats du roi semblent avoir renoncé à les rechercher et c’est librement qu’ils explorent leur nouveau territoire. Souvent, ils se rendent à la porte qui mène à leur monde au cœur de la nuit pour essayer de nouvelles formules qui ne fonctionnent pas ou ils sillonnent le pays à la recherche d’un autre passage qui les ramènerait chez eux. Peu à peu, ils prennent conscience qu’ils ne rentreront peut-être jamais dans leur monde.

Après six mois d’apprentissage, Raya les présente à la Haute Université de Magie où ils passent leur certificat de premier cycle magique. Elle les estime prêts et elle pense que si le lapin à dents effilées comme des lames de rasoir et à la fourrure pareille à de la barbe à papa rose bonbon n’a pas déterminé le jury à lui refuser son diplôme, ils peuvent réussir. En riant au souvenir de la scène, elle leur raconte qu’il a couru après les membres du jury durant dix minutes puis elle a estimé qu’il avait assez joué et elle l’a fait disparaître à son grand regret car il était beau comme un nuage. Remis de leurs émotions, les examinateurs étaient déterminés à lui refuser son diplôme mais ils ont reconnu sa maîtrise du sort qu’elle avait raté, chose qu’elle s’est bien gardée de leur dire. Raya a bien retenu leur sermon destiné à lui faire comprendre que sa créature était dangereuse.

Le jour venu, Rune et Ambrelune attendent devant la porte qui va décider de leur destin. S’ils échouent, quel sera leur avenir ? Rune passe le premier et il ressort épuisé au bout de quatre heures d’épreuves, le sourire aux lèvres.

- Je t’attends ! Et prête-moi ton livre, je n’ai rien pris pour passer le temps. Bonne chance ! dit Rune alors qu’Ambrelune entre dans la pièce.

Les épreuves se succèdent et la jeune fille les enchaîne les unes après les autres. Epuisée et incapable de réfléchir, elle accomplit les tâches qui lui sont confiées comme lire l’avenir dans des feuilles de thé, métamorphoser un coussin en couffin ou argumenter sur les pouvoirs et l’utilisation de la pierre de nuumite.

Une heure plus tard, les résultats tombent. Ils ont patienté nerveusement dans la salle d’attente en réfléchissant à la manière de rentrer chez eux. Malgré leur manque de connaissance en histoire de la magie et autres matières purement théoriques, leurs notes en magie pratique leur permettent d’obtenir largement la moyenne. A cette occasion, Raya et Andrea leur ont organisé une fête qui célèbre également leur majorité qui est fixée au dix-septième anniversaire en Berethiel-Nienor, bien qu’ils aient allègrement dépassé leurs dix-sept ans.

- Nous venons d’obtenir notre diplôme et de fêter notre majorité loin de notre famille. soupire Ambrelune. Tu crois que nous rentrerons un jour chez nous ?

- Je ne sais pas, nous avons sillonné le pays sans trouver de porte liée à notre monde. Et si nous restions vivre ici ?

- Tu es fou ? Et nos familles, nos études ?

- A quoi nous sert d’avoir notre baccalauréat ? Faire des études pour finir au chômage ? Sorcier est un métier intéressant et prestigieux. C’est varié, nous pouvons travailler en indépendant et gagner notre vie correctement ; en plus, nos connaissances nous sont utiles dans notre vie quotidienne. Et il y a peu de concurrence car il faut avoir des capacités, aller au bout des études et maîtriser les sorts communs tout en étant suffisamment inventif pour s’améliorer seul, une fois les bases acquises. Et nous ne travaillons pas seul car notre moitié-magique nous complète. Nous pouvons construire notre vie ici, Ambrelune…

- Tu crois que nous sommes des moitiés-magiques ?

- Au vu de tout ce qui nous lie, nos rêves et le fait que nous ne savons toujours pas pourquoi nous avons atterri ici, ça semble logique, tu ne crois pas ?

- Il faudra que nous demandions à Andrea d’essayer.

Sous la surveillance du sorcier, ils tentent de réaliser un élixir de félicité temporaire qui rend celui qui le boit heureux de tout durant une durée déterminée. Ils ont réalisé la potion séparément puis ensemble. Le sorcier aux cheveux verts examine attentivement les potions avant de les boire les unes après les autres dès que les effets se sont estompés. Le jeune homme passe d’un sourire béat qui s’extasie du moindre rayon de soleil à une joie profonde à l’idée de courir dans le jardin et humer les fleurs. Une fois les effets de la potion estompée, il revient vers eux quelque peu essoufflé.

- Vous avez votre réponse !

Durant des semaines, ils travaillent sur leur projet secret aux heures les plus noires de la nuit. Une nuit, ils pensent avoir réussi et ils se décident à essayer. Sans attendre, ils se téléportent près de la porte-tableau dans l’espoir de pouvoir rentrer chez eux. Ils culpabilisent un peu de partir sans dire au revoir à Raya et Andrea mais ils sont bien trop impatients pour s’en formaliser.

- Vas-y ! chuchote Rune.

Dans la nuit, Ambrelune récite à voix basse la formule qu’ils ont concocté mais rien ne se passe, la porte ne s’ouvre pas.

- Plan B ! murmure la jeune fille dans un souffle.

Main dans la main, ils font le vide dans leur esprit et revoient le musée et l’endroit du tableau. Ils s’imaginent devant mais cela ne fonctionne pas mieux.

- Attends, tu t’es représenté avec les vêtements que nous portions ou ceux que nous portons ? reprend Ambrelune.

- Ceux d’avant…

- Ok, on se change en vitesse avant de se faire repérer !

Dans leurs anciens vêtements qui les serrent un peu, ils recommencent l’expérience sans succès.

- Pourquoi ça ne marche pas ? dit Rune en tapant du poing contre la pierre glacée.

- Tu vas nous faire repérer, imbécile. Je ne sais pas, rentrons. Attends, peut-être est-ce parce que nous avons dans nos sacs des objets venant de ce monde qui n’est pas le nôtre ?

Leurs sacs posés à terre, ils recommencent sans plus de succès.

- Rentrons chez nous ! murmurent-ils d’une seule voix triste.

Morose et honteux, ils en parlent le lendemain matin avec leurs hôtes qui leur reprochent d’avoir voulu partir sans leur dire adieu même s’ils comprennent leur décision. Après étude de leur formule, ils ne voient pas pourquoi elle ne fonctionne pas.

- Nous sommes prisonniers de ce monde ! s’énerve Rune. Nous ne rentrerons donc jamais chez nous ?

- Ne crie pas, c’est inutile. Vous pouvez rester ici autant que vous voulez. Et même aller vivre chez moi quand nous n’y sommes pas. tente de les rassurer Andrea.

Raya les regarde sans mot dire, elle préfère ne pas se mêler à la conversation en faisant mine de se concentrer pour caresser Acédie II.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 20 mai 2017 à 18h00
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