Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 8 « Mes gentils médicaments. 1er partie » tome 1, Chapitre 8

1er Partie : Mes éternelles amies comblées de questions.

Chapitre 8 : Mes gentils médicaments.

La suite des événements jusqu'à mes dix-sept ans s’emboîtèrent calmement. Je n'avais plus reçu de lettres de mon admirateur, même si je me sentais parfois épiée. De plus, après son accident, M.Dalombre fut hospitalisé et resta près de six mois à l'hôpital contraint de faire de la rééducation. Il devait sans doute avoir la rage de ne pouvoir rien faire car la cadence des meurtres s’accélérait. Or, il avait subi de multiples fractures et ses jambes avaient dû être opérée à plusieurs reprises, donc il devait prendre son mal en patience. Quant à mes parents je les esquivais de plus en plus, je passais beaucoup de temps dehors avec mes deux amis, le ciel et Miss adorable. Chaque fois que je l'avais en main, elle frémissait sous les gouttes de pluie. J'étais frustrée. Je ne t'avais pas revu depuis, je ne t'avais pas serrais dans mes bras depuis longtemps. Je me contentais simplement de te complimenter comme à mon habitude. Mes parents quant à eux m’exaspéraient au plus haut point. Entre les insultes gratuites et les différentes allusions au chronomètre de ma vie qui allait bientôt prendre fin, je décidais de passer plus de temps à étudier pour quitter le plus souvent possible ses enfoirés. En dépit de mes envies ma seul solution avait été de continuer mes études tout en me confrontant aux inévitables injures sur ma morte personne. J'étais entrée au lycée, toujours autant stigmatisée par mon pseudonyme « la morte ». Je me fichais de leurs réflexions, tant qu'ils ne m’ôtaient pas mon ami, tout allait bien. Je fis aussi la rencontre d'une de mes camarades de classe Alexia Lestonde. Nous n'étions pas amies et à vrai dire, nous n'avions pas pour ambition de le devenir. Elle remarqua simplement mes allers retours chez Kersberg et me proposa de gagner de l'argent facilement. Un médicament se faisait de plus en plus rare dans notre ville et elle y voyait un marché florissant. Je ne m'étais pas attardée sur les détails mais des gens paieraient très chère pour en avoir quelques uns. Le plan était simple, je devais les voler et ensuite nous les revendions à bon prix. Simple et efficace, d'une poignée de main notre partenariat était conclu. De plus, j'avais en vue d'acheter l'appartement qui se situait juste au dessus de celui de mes parents. La personne à l'intérieur n’était plus et il n'était plus très chère. Ainsi, pour mes dix-huit ans je pourrais enfin ne plus voir les sales gueules de mes créateurs.

De la sorte le plan fonctionnait sans encombre. Cette victime de Kersberg ressemblait à un zombie depuis la dernière fois. J'avais arraché toute part de vie en cette ordure. Les médicaments n'étaient donc pas un problème, le seul souci étant moi. Mon cœur artificiel commençait à se dégrader petit à petit. Kersberg me l'avait dis, il avait trafiqué le chronomètre pour simplement me faire gagner du temps. Le ciel s’inquiétait pour moi jour après jour. Il m'attendait, il voulait à nouveau me chérir, je voulais lui sourire. Mes pertes de conscience reprirent, bien plus violentes qu'à mon enfance. Pendant ces moments-là, j'étais seule, pas de pluie, pas de Miss adorable, seulement moi, seulement une morte.

En oubliant le fait que mon état se dégradait, l'argent n'était plus un problème pour moi. Alexia et moi-même revendions ces petites pilules comme des petits pains. Surtout à un gars du nom d'Arnaud. Il était plus vieux que nous et nous en achetait souvent, de grandes quantités. Il disait que c'était pour sa mère, que sans cela elle mourait. Alexia s'en foutait mais savais simplement que les acheteurs n'utilisaient pas ces cachets pour se soigner mais simplement pour se droguer. Nous en venions donc à la conclusion que sa mère n'était qu'une simple junkie et qu'il la fournissait pour lui permettre de monter au septième ciel.

Nous discutions rarement avec Alexia, enfin je voulais dire, elle ne me parlait pas beaucoup. J'avais horreur de parler, de perdre mon temps à entamer une conversation. Elle avait sans doute le même point de vue que le mien. Pendant une soirée elle me convia à faire les comptes du mois chez elle. A seulement quelques rues de chez moi, elle habitait un petit appartement. J'entrais à ses côtés et me rendis compte qu'il n'y avait personne, c'était sans doute le sien et cela se confirma quand je vis sur une facture avec sa date de naissance. Elle avait deux ans de plus que moi et devait vivre une vie plutôt solitaire. Son appartement était très propre, elle ne négligeait pas son espace vital. Il faut dire que vu la rigueur avec laquelle elle dictait notre commerce c'était presque évident qu'elle soignait autant son cadre de vie. Son apparence lui faisait quand même défaut, il contrastait avec la propreté de son logement.

Après avoir fini d'analyser si il y avait des pièges, elle m'invita à m'asseoir à ses côtés sur le canapé. Elle disposa l'argent devant nous puis se mis à faire les comptes. Ce qui irrita mon esprit était le fait qu'elle faisait normalement cela toute seul. Ma réflexion n'était pas dupe, surtout sur le fait que je n'étais qu'une simple spectatrice. Elle comptait pendant que je la regardais faire, elle me lança de temps en temps de brefs regards en ma direction, je me contentais simplement d'écouter la pluie qui se déversait sur les différentes vitres du salon. Puis elle me prit le bras et m'annonça :

« J'ai fini. Tiens ta part, j'ai rajouté un petit supplément. Pas la peine de me remercier. »

C'était étrange, elle me serrait le bras avec force, comme si elle essayait de me faire passer un message. Naturellement je me dégageai de son emprise pour empocher mon gain. Elle baissa les yeux et commença à se toucher les mains. Je ne l'avais jamais vu comme cela, elle avait l'air préoccupée par quelque chose. En temps normal je serais parti, mais étant mon associé je devais rester pour comprendre la bizarrerie de son attitude. J'étais donc à côté d'elle, sur une extrémité du long canapé. La pluie coulait tranquillement, de fine goutte ambiançaient la pièce. Hormis les chants de mon ami, il n'y avait pas un son. Elle tenta de temps à autre de me regarder tout en essayant de me parler, sans succès. Elle ne trouvait pas les mots, elle se touchait les mains régulièrement tout en fixant ses pieds. Puis elle se rapprocha de moi positionnant sa main sur mon épaule. Elle était chaude, douce, elle me rappelait celle de mon ami. Avec l'autre main elle me montra deux cachets.

« Ça te dirai que je te fasse essayer. Je ne veux pas te forcer. Mais je ne l'ai jamais fait avec quelqu'un. »

Le doux souffle qui sortait de sa bouche me donnèrent de vifs frissons. Elle était proche de moi, très proche. Je pouvais contempler son visage, ses imperfections comme sa beauté. En voyant que je ne répondais pas elle se mordit les lèvres, avança un peu plus son visage vers le mien.

« S'il te plaît, je voudrais vraiment t'apprendre. »

Elle m'avait convaincu. Bizarrement, mon esprit la comparait avec mon ami et sa présence commençait à me faire ressentir les mêmes sensations qu'à notre première rencontre. J’acquiesçai de la tête lentement, elle esquissa un jolie sourire, la pluie animait ce moment de douceur.

Elle bondit du canapé pour partir dans la pièce voisine. Je pouvais encore sentir la chaleur de son corps sur moi. Les poils de ma peau se hérissèrent, je me sentais bien en sa compagnie. Le sentiment que j'avais à ce moment précis s’apparentait de plus en plus à ma rencontre avec le ciel. Elle revint avec du matériel, deux seringues et de quoi faire un garrot. Je la regardais mettre en place le rituel. Effectivement, vu la précision avec laquelle elle effectuait les différentes étapes j'avais plus l'impression d'assister à l'invocation d'un démon. Le ciel ne grondait pas ce soir là, il savait que tout allez bien pour moi. Alexia fini tout les préparatifs. J'étais face à elle, elle plongea son regard dans le mien :

« Je vais te montrer ne bouge pas. »

Elle me souriait, elle m'attacha le bras puis elle le serra de toutes ses forces. Son touché me donnait de bref frémissement. Elle prit dans ses délicates mains la seringue et la planta dans les veines qui apparaissaient sur mon bras. Elle m'injecta lentement le produit et retira doucement la seringue. Nous étions tout les deux très proches, la chaleur de son corps provoquait dans mon organisme quelques bouffées de chaleur. Nos figures n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Elle prit mon visage avec ses deux mains, calmement, tout en maintenant son regard sur moi. Nous nous fixions, elle me souriait, elle m'embrassa, elle m'aimait, je profitais de ce moment.

Puis j'ouvris les yeux. Je connaissais cet endroit, cette porte. J'étais de retour, positionnée devant cette imposante porte. Toujours aussi bien vêtue, je tremblais de joie à l'idée de le revoir. Ma main s'élança d'elle même vers la poignée. Or, à peine l'avais-je touché que je réveillai. J'étais dans un lit, Alexia à mes côtés. Je ne savais pas quelle heure il était, ni comment j'étais arrivée ici. Je m'écartai de l'étreinte d'Alexia qui dormait profondément, je me rhabillais tout en observant le ciel grisâtre. En espérant un jour pouvoir passer une nouvelle fois la porte.

Ainsi, cette aventure devint une habitude. Je passais de plus en plus de temps avec elle, j'essayais de plus en plus d'ouvrir la porte qui me séparait de mon ami. Alexia s'ouvrait plus à moi, elle me parlait de notre futur, je l'écoutais, je n'essayais pas de la comprendre. Elle me tenait la main, elle plongeait son regard dans le mien, nos lèvres se touchaient souvent.

Les beaux jours s’enchaînèrent et une année passa tranquillement. Je vivais limite chez elle, je ne n’embêtais plus à rentrer chez mes parents, leur existence m'importait peu. Mon objectif était dès à présent d'ouvrir cette satané porte. Je n'y parvenais jamais. A chaque fois que ma main la frôlait, je me réveillais dans la seconde. Mais j'avais remarqué quelque chose. Miss adorable semblait triste. Peut être parce que je ne l'avais pas présenté à Alexia ? Je n'en savais rien. En tout cas, le ciel n'avait pas grondé depuis longtemps, il approuvait ma routine et attendait simplement ma venue. Il m'attendait, Alexia m'aidait, Miss adorable grimaçait.

Cependant un jour, alors que tout était au mieux, le monde que je m'étais efforcée de créer bascula brutalement. Comme à notre habitude à la fin du mois avec Alexia nous nous retrouvions chez elle pour faire les comptes. La soirée avançait bien et elle s'empressa d'utiliser nos seringues favorites. J'étais bien avec elle. Elle me caressait les cheveux, je prenais du plaisir. Mes yeux se fermèrent doucement, guidés par ses lèvres. Je me retrouvais devant cette porte. Je l'avais vu une bonne centaine de fois, toujours aussi impénétrable. Je me tenais en face d'elle dans l'espoir de la voir s'ouvrir toute seule. Mais quelque chose clochait, je ne me sentais pas bien. J'avais une impression bizarre. J'entendais des bruit de pas. Ils se rapprochaient rapidement en ma direction. Il provenait de derrière la porte. Je fis un pas de recul prête à l'accueillir, mais les pas étaient pressés, ils étaient lourds, mon cœur était lourd. La porte s'ouvrit d'un coup ! Il était là, face à moi :

« Réveille toi Silly ! Tu n'as pas le temps ! Miss adorable te demande de revenir ! »

Il était paniqué, en sueur, tremblotant. Il me poussa contre le mur tout en me secouant :

« Réveille toi bon sang ! »

Je ne comprenais rien, mon cœur me faisait mal, très mal. Mon ami hurlait, il voulait que je parte, il me prévenait d'un mal futur. Il leva sa main vers ma direction, détourna le regard et me gifla de toutes ses forces. Le ciel éclatait de rage. Je reprenais peu à peu mes esprits, ma vision était trouble. Je sentais que ma routine était brisée, j'étais positionnée sur le canapé et non aux cotés d'Alexia. La foudre éclairait la pièce obscure où j'essayais de prendre mes repères. La fenêtre face à moi était brisée, mon cœur s'arrêta pendant quelques secondes, de précieuses secondes où j’eus le temps de saisir Miss adorable et de constater l'horreur qui m'entourait. Le salon était en bordel, rien n'était à sa place, tout était renversé ! La boite qui contenait les médicaments avait disparue, on l'avait dérobé. Mon cœur me faisait mal. Mon attention se tourna vers le sol, couvert de rouge, encore humide. Sans me poser de questions, je m'élança vers la direction où les traces menaient, la chambre. Mes pas étaient appesantis, mon cœur me maltraitait, le ciel grondait du mieux qu'il pouvait.

J'étais devant la pièce. Mes yeux s'écarquillaient. Face à moi, un homme, vêtu d'une longue robe munie d'une grande capuche. Il tenait la boite de médicaments, il la tenait fermement. Sur son dos, un symbole, je l'avais déjà vu. A peine avait-il réalisé ma présence qu'il prit la fuite en passant par la fenêtre qui menait sur le toit. Quant à moi, je pleurais, mon cœur déchirait mon âme. Je m'avançais, vers le lit, tremblotant, pleurant. Mon jouet était allongée, aspergée de rouge. Mes mains tremblaient lorsque je touchais son visage. Je vidais toutes les larmes de mon corps, je criais, j'avais peur, j'avais froid. On avait retiré les yeux de l'objet qui m'avait permis, l'espace de quelque temps, d'oublier qui j'étais. On lui avait retiré ! Il lui avait retiré ! MERDE ! PUTAIN DE MERDE ! La rage montait en moi, mon esprit était à nouveau parcouru par des visions. Je voyais Alexia, face à cet homme. Je la voyais se faire charcuter. Je me voyais le charcuter, je me voyais lui trancher la tête avec Miss adorable. Mon visage était inondé de larmes, mes mains étaient couvertes du sang de mon pantin favori. Mon cœur était de nouveau parcouru par des pulsions obscures. Ma main s’enflamma de spasmes, mes yeux se gorgèrent de larmes. Avant de partir en quête de vengeance, j’adressai un dernier baisé à la personne qui changea temporairement ma vie. Ce baisé fut douloureux. Je ne pourra plus jamais plonger mon regard dans le sien. Le ciel déchaînait toute sa colère, il tambourinait les cieux. Je quittai donc Alexia, la belle Alexia, pour passer à mon tour par la fenêtre. Je lui adressai un dernier regard tout en regrettant d'avoir perdu le jouet qu'elle était. Hachette à la main, je vis l'individu sur les toits, en train de m'observer. Il prit la fuite. Je ne lui laisserai aucune chance ! Je voulais sa tête ! Je voulais détruire son existence !

Je partais à sa poursuite, je comptais bien lui cisailler les deux jambes avec Miss adorable.

Pourquoi ne m'as-tu pas tué moi ?


Texte publié par MoonRhay, 8 juin 2017 à 12h16
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 8 « Mes gentils médicaments. 1er partie » tome 1, Chapitre 8
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2628 histoires publiées
1176 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Defghard
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés