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tome 1, Chapitre 5 « Mon bien aimé. 1er partie » tome 1, Chapitre 5

1er Partie : Mes éternelles amies comblées de questions.

Chapitre 5 : Mon bien aimé.

Tout semblait s'être stabilisé dans ma vie. Je passais beaucoup de temps avec le ciel, j'allais en cours et je continuais mes dessins où je mettais en scène mon père avec beaucoup de teintes rouges. Un jour, un garçon m'adressa la parole. Il n'avait pas l'air très à l'aise à l'idée de me parler. La plupart du temps, il venait s'asseoir à côté de moi le midi pour manger. Je ne remarquais que très peu sa présence la plupart du temps, j'étais plus occupé à discuter avec le ciel et à observer ses caprices qu'à écouter ce sale gosse. Il s'appelait Mickael, il faisait parti de ma classe. C'était un garçon un peu en marge comme moi. Le problème était qu'il commençait réellement à polluer ma vie avec ses multiples apparitions. En effet, il me privait de beaucoup de moment avec mon meilleur ami. Il se contentait de gémir à côté de moi tout en cherchant des sujets de conversation qu'il poursuivait seul. Je n'avais pas pour habitude de parler aux gens, mais l'heure était grave. Je lui ai donc proposé d'avoir un rendez-vous avec lui en échange qu'il me ficherai la paix pour de bon. Je n'ai jamais vu un sourire aussi difforme de ma vie. Par exemple, lorsque ma mère chantait des chansons en mon honneur, son sourire montrait sa conviction. Celui de Mickael me faisait plus penser à un rat mort.

Le lendemain il s'exécuta donc pour m'emmener chez lui. La pluie coulait tranquillement pendant le déplacement. Il semblait habiter dans un lieu assez reculé de la ville, il y avait peu, voir aucune maison aux alentours de chez lui. On avait bien mis une heure à pied pour venir et il suait déjà comme un phoque. A peine arrivés, la pluie s’intensifia comme par crainte d'un inévitable événement.

La maison de ses parents était assez petite, enfin pas assez grande pour trois personnes. Néanmoins cela n'était pas l'élément le plus étrange. Il n'y avait aucune trace de ses parents. La maison ne comportait aucune fenêtre, l'endroit ressemblait plus à une maison à poupée grandeur nature. Ainsi, à peine j'eus tourné le dos que Mickael se précipita vers la sortie. Il s'attendait sûrement à me voir le poursuivre, le suppliant de faire demi-tour dans un dernier élan d'espoir, mais je restais plantée là, à regarder cette raclure fermer la porte à clé juste derrière lui. Le silence s'imposa de lui même. Je m'avançais à tâtons vers un interrupteur puis l'actionna. La lumière engloba la noirceur des trois pièces qui composaient cette « maison » qui avait plus des allures de piège à rat. Je ne paniquais pas. J'avais pour habitude d'avoir le sang froid. Le plus rassurant était le tonnerre qui grondait à l'extérieur. Mon ami n'aimait guère la tournure de la situation. Je me rendis vite compte que cette maisonnette avait de quoi loger une personne. Il y avait un frigo, un congélateur, un lit, des toilettes et j'en passe. Or il n'y avait qu'une seule entrée et elle était verrouillée. Je décida finalement de m'approcher de la porte. Mickael était toujours là, heureux de voir que son plan avait fonctionné :

« Tout va bien Silly maintenant ! »

Répétait-il frénétiquement. C'était assez ironique d'avoir été piégé par le rat. Il m'annonça qu'il y avait de quoi manger dans le frigo et que si j'avais besoin de quelque chose je pouvais lui demander. Je sentais dans ses paroles qu'il était en pleine euphorie à l'idée de me savoir à sa merci. Fier d'avoir capturé une créature dans mon genre. Je pouvais sentir sa répugnante joie jusqu'à l'intérieur. Il m'aimait, je commençais à réellement à le détester, le ciel se déchirait.

Il revint deux jours plus tard dans la soirée. Il me demanda si j'allais bien, si j'étais heureuse avec lui. Bien sûr ses questions étaient rhétoriques, il savait toutes les réponses à l'avance et les modifiait à son goût, pour créer un amour charnel entre nous deux. Bien entendu je ne lui répondais jamais, j'étais plus occupé à rassurer mon ami que tout allait bien.

Mickael ponctuait souvent ses fins de phrases de gémissements assez étranges qu'il faisait avec sa bouche. Il ne parlait que de notre mariage, des enfants que nous aurions. Il était fou amoureux de moi, mais pas dans le bon sens :

« Il y a un cadeau pour toi dans la maison... j'espère qu'il te plaira... »

Après ce bref échange, il se leva et promit de revenir le lendemain. Quand à moi je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il avait pu m'offrir. La recherche fut longue et méthodique, mais sous mon nouveau lit il y avait une boite. Tout en mangeant des raviolis en boîte, j'observais cette étrange contenant. Le ciel grondait, mon ami n'était pas rassuré. Puis j'ouvris la boîte. Il y avait un cœur. Un vrai cœur. C'était donc cela la folie. C'était un cœur de taille humaine, il devait sûrement appartenir à un de ses parents. Il était mal conservé et avait pris des couleurs verdâtres. Je le touchais, le tripotais. J'aimais bien sa texture, sa forme. Je me disais que si j'en avais eu un aussi beau je ne serais sûrement pas dans cette situation.

Le lendemain Mickael était de retour. Il parlait toujours en mon nom quand il discutait tout seul. Il parlait d'organiser notre lune de miel dans un grand hôtel, seulement tout les deux. Il marquait plus de temps d'arrêt que les fois précédentes. Il voulait me dire quelque chose. A l'instant où j'avais fait cette conclusion il se s'exclama d'un ton affirmatif :

« Tu es mieux avec moi... personne ne te recherche ! Pas même tes parents ! Tu ne veux pas me quitter j'espère ? »

Puis il répondit à ma place, comme quoi mes parents ne m'aimaient pas et que je voulais devenir sa femme. Il n'avait pas tord sur un point. Mes parents ne m'aimaient pas, le reste n'était que pure spéculation d'un sale rat ! Au bout de quelques heures, il m'annonça que la cérémonie de mariage était presque fini, que demain nous pourrions nous marier. J'étais très calme à l'annonce de cette « merveilleuse » nouvelle. Il partit, je m'étais mis en quête d'en finir, le ciel me soutenait de tout son être.

C'était à partir de ce moment là que mon imagination s'enclencha. Je voyais des choses que je ne pouvais voir avant. Je me voyais prendre une latte du lit pour lui enfoncer dans le crâne. Je me voyais lui arracher les yeux avec la cuillère de la cuisine. Je m'imaginais tout un tas de scénarios lucides où j’œuvrais pour ma liberté. Je devais m'exécuter ! Mes visions s'intensifiaient ! Le ciel accompagnait mes délires d'une pluie torrentielle ! Je devais le faire, faire ce que j'ai toujours voulu faire ! Je savais que ce jour arriverait ! Tout cela n'était qu'un test ! Tu me testais pour savoir jusqu'où j'étais prête pour te revoir ! Tu savais que j'attendais se moment depuis longtemps. Je devais le faire pour toi ! Mon meilleur ami.

Je m'étais préparée toute la nuit, mes visions m'avaient montré comment j'allais procéder. Ainsi j'avais coupé puis taillé le pied d'une chaise. J'avais éteint la lumière et m'étais cachée dans la chambre pour l'attendre. Mes pronostics se confirmèrent quand j'entendis la voix de ce sale rat retentir à l'entré. Il disait qu'il était impatient de me revoir, impatient de vivre pour toujours à mes côtés. J'étais calme, toujours aussi calme, ce calme qui me caractérisait tant. J'attendais de le voir pour en finir avec cette ridicule mais finalement palpitante histoire. La pluie tambourinait le ciel ce jour là. C'était le jour de la grande épreuve. La porte s'ouvrait, j'attendais, je ne pensais qu'à revoir mon meilleur ami, j'étais prête à ne pas le décevoir.

Pourquoi veulent-ils tous nous séparer ?

J'attendais patiemment dans un meuble de la chambre où, par une fente, j'avais une vue imprenable sur le couloir. Bien entendu je m'était préparé ! J'avais nettoyé toutes traces de ma présence dans la maisonnette. Je pouvais sentir qu'il approchait. Or, une chose perturba mon enthousiasme. La pluie se calma en un instant pour me permettre d'entendre l'horreur. Mickael n'était pas seul. J'entendais deux créatures qui haletaient, sûrement deux chiens. Puis je le vis passer, avec son regard gorgé de sang. Mickael était bien accompagné de deux féroces animaux, ils étaient petits mais avaient l'air assez gaillards. Leurs crocs étaient visibles et Mickael me suppliait de me montrer à lui. Je ne respirais plus, je devais garder ma concentration. L'atmosphère s'assombrissait peu à peu. Mickael se mit à renverser les meubles pour me chercher, il criait et pleurait à la fois. Enfin, il se décida de lâcher les chiens pour me rechercher :

« Trouvez-là ! Le mariage nous attend ! »

Effectivement, les chiens s'exécutèrent et partir dans des directions opposées. L'un passa par le couloir pour se diriger vers la cuisine, le second s'empressa de rentrer dans la chambre. Mon meilleur ami était un petit coquin, il savait que j'allais charcuter facilement ce petit rat qu'était Mickael. Mon meilleur ami m'avait surestimé, mais j'étais prête à faire l'impossible pour le revoir. Le chien s'avança prudemment dans la pièce teintée par l'obscurité. Je le voyais, il ne me sentais pas. J'avais recréé un scénario, je savais ce que j'avais à faire. Tout était limpide, ces visions allaient de permettre d'en finir. Le chien avait pratiquement fini de renifler l'entièreté de la pièce. Il ne restait plus que le meuble où je m'étais cachée. Il le regarda, puis je sortis de ma cachette en brandissant mon pieux dans sa direction. Néanmoins son instinct animal prit le dessus, il m'avait prit de court. Je n'avais pas pour habitude de me battre, mais le chien savait s'y prendre. Il se dépêcha de me bondir dessus pour me planter ses crocs dans la chair de mon bras. Oui, enfin, je ressentais un nouveau sentiment ! La douleur pure et dure. Cela m'excitait, cela me stimulait ! Je me relevai, le chien toujours accroché à mon bras, puis, d'un mouvement sec, je le projetai dans le décor. A peine j'avais eu le temps de goûter au plaisir intense qui parcourait mon corps qu'il revenait à la charge. C'était à ce moment précis que tout commença. Le ciel s'obscurcit pour dramatiser la scène. Une fine pluie se faisait entendre. Et le chien vit ce visage qui avait traumatisé Kersberg :

« Je risque de te tuer. »

Le chien s'arrêta dans son élan, il était apeuré. Il faisait face à une créature, pas une créature enragée, loin de là. Une créature au sang froid, qui retirait l'espace d'un instant tout sentiment à une personne, même à un pauvre animal. Je lui sautai à la gorge. Je le plantai à plusieurs reprises dans le cou avec mon pieu qui avait pris de rouges couleurs. Ensuite, après avoir tué l'animal, je ne pouvais plus m'arrêter. Ces muscles ne semblaient plus réagir, mais je poursuivais ma sordide danse. Ces yeux ne semblaient plus rien regarder, mais je continuais. A force que mon pieu se plantait dans la chair de son cou, la pluie s’intensifia pour m'accompagner. Mon meilleur ami soutenait mon acharnement sur la créature morte depuis déjà plusieurs secondes. Puis sa tête se coupa en deux. Il n'y avait plus qu'un chien, il y avait deux morceaux distincts. La pluie reprit, le ciel grondait ! Il m'applaudissait ! Il applaudissait qui j'étais ! Il applaudissait l'être morte que j'étais !

Pourquoi mes visions sont-elles si rouges ?

Le bras ballant, je me rendis compte bien assez vite que je me vidais de mon sang. Jamais de ma vie je n'avais ressenti de telles émotions. L’excitation, l'émerveillement, l'empressement, le désir et j'en passe ! Mon bras, couvert d'un liquide rougeâtre, stimulait en ma personne un plaisir intense. J'étais repérée, Mickael connaissait ma position, mais je ne pouvais plus bouger ! Je savourais le moment présent, je contemplais la plaie profonde sur mon bras droit, je la dévisageait pour en voir toute la beauté qui en émanait. Mon rythme cardiaque s'accéléra et mes pulsions s'emballèrent, j'étais de nouveau prête à voir rouge. Mes visions s'accéléraient à mesure que les bruits de pas de Mickael s’approchait du seuil de la porte. Je me voyais lui accorder le même sort qu'à cette bestiole que j'avais soigneusement charcutée. La pluie battait son plein, m'accompagnait dans mon délire.

Enfin, il était là, face au spectacle que je lui proposais. Mickael ne bougeait plus, il tremblait. Le rat se rendit compte qu'il n'avait pas capturé une souris, mais bien pire. Je lui faisais front, avec la tête d'une de ses bestioles dans les mains. Après avoir avalé sa salive, il annonça d'une voix tremblotante :

« P...p...pourquoi...? M.Murphy était un invité d'honneur pour notre mariage. »

Il devait sûrement parler du cabot. Je devais avouer qu'il avait de l'imagination ! En tout cas, pour un invité il avait été plutôt agressif en voyant la mariée. Mais maintenant pouvait-on réellement parler « d'invité d'honneur » ? Tout ce que je voyais, c'était deux morceaux séparés, deux carcasses sans intérêt si elles n'étaient pas rassemblées.

Le second chien se rajouta finalement au spectacle, en me voyant positionné au dessus des restes de son compagnon, il n'hésita pas une seconde pour me foncer dessus. Or, il était peut être guidé par ses pulsions animales, mais il se stoppa net devant moi. Il fallait dire que n'importe qui aurait réagi de cette façon. En effet, mon positionnement méritait quelques questionnements. Mon bras, qui était alors recouvert d'un liquide visqueux, était positionné droit devant moi. Je voulais qu'il me morde ! Je voulais ressentir à nouveau cette sensation ! Mon visage n'exprimait qu’un sentiment, l'envie. Je voulais qu'il plante ses crocs dans ma peau. Je voulais la sentir se morfondre face à la force de sa gueule ! La créature que je devenais le terrorisait, et pourtant, ce n'était qu'un bête animal. En voyant que je perdais mon temps, je fis le premier pas. J'étais devant lui, mon arme à la main, personne ne bougeait. Je m'agenouillai et dans un espoir de bonne volonté de sa part, lui retendit mon bras ensanglanté :

« Mange. »

Mes paroles avaient comme déchiré le temps. Mickael trébucha en reculant, les larmes aux yeux. Il n'avait sans doute jamais vu une telle chose. Puis je me lassai du chien qui ne bougeait toujours pas, il se contentait de gémir. Triste et inutile jouet. Je décidai donc de lui asséner le premier coup. Dans un grand et sec mouvement, je lui avais tranché la moitié du cou. L'inutile bestiole s'effondra par terre tout en vomissant du sang, beaucoup de sang. Le liquide rouge s’étalait à une vitesse inimaginable. J'admirais le spectacle qui me proposait, Mickael essayait de se relever tant bien que mal. Il beuglait des choses incompréhensibles, il chouinait, il commençait enfin à comprendre. Pour ma part, j'étais fier d'avoir rencontré ce garçon. Il me permit de comprendre qui j'étais, ce que j'étais capable d'accomplir, capable de ressentir ! Je prenais appui sur le sol pour me lever lentement et finir se que j'avais commencé. Mon bras était un vrai ruisseau rouge. Des spasmes nerveux se liaient au sang de mon membre supérieur à moitié déchiqueté. J'appréciais cela. Mes pas étaient lents, guidés par la foudre que mon ami abattait autour de la maisonnette. L'épreuve qu'il m'avait proposé arrivait à son terme. Il ne restait plus qu'un rat à écraser. D'un bond vif, je me rapprochai de lui. L'expression de son visage n'avait pas de mots pour être décrite. Il ne respirait plus, il retenait son souffle pensant pouvoir éviter la fatidique fin que j'allais lui proposer. Mes visions avaient vu juste, elles m'avaient guidé à ce moment ! Je vais pouvoir revoir mon ami qui m'attendait patiemment. Mon pieu se plongea donc dans sa bouche, puis dans sa gorge pour ensuite ressorti dans une pluie sanglante. Je fus aspergée de ce liquide qui recouvrait l'entièreté mon visage. Je le sentais dans ma bouche, mes yeux, tout les orifices qui avaient été exposés par cette fontaine bordeaux. Le rat s'écroula, je tremblais de plaisir, je voyais la sortie, je sentais mon ami qui m'attendait, je chuta dans ma course. J'étais à présent allongée, dans un bain chaud, la tête tournée vers le ciel que je pouvais apercevoir. Je revoyais ses gouttes de joie, je l'aimais, je sombrais.

Pourquoi avais-je froid et chaud à la fois ?


Texte publié par MoonRhay, 23 avril 2017 à 16h47
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