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tome 1, Chapitre 4 « Larmoyant. 1er partie » tome 1, Chapitre 4

1er Partie : Mes éternelles amies comblées de questions.

Chapitre 4 : Larmoyant.

Bien entendu, je continuais de poursuivre mes consultations chez lui. Il n'y avait plus d’hypocrisie. Il m'entretenait, je partais. C'était les nouvelles règles du jeu. Plus de discours inutile, plus de regard dans les yeux. Seulement des regards vers le sol. C'était là où sa place était.

Ainsi à par cet incident mineur, j’eus la chance d'arriver au collège. Ma réputation me poursuivait et mon surnom retentissait dans les couloirs. Je me contre fichais de tout cela. J'avais un ami qui me soutenait, toujours aussi grisâtre que d'habitude. Il ponctuait mes journées et je le remerciais d'être là pour moi.

Du haut de mes onze ans mon père sorti de prison. Il rentra à la maison couvert de bracelet de surveillance. Il était accompagné par l'inspecteur Florenstin Dalombre, c'était ce dernier qui se chargeait d'avoir un œil constamment sur mon père. M.Dalombre qui s'approchait de la quarantaine ramena mon créateur en soirée. Il expliquait à ma mère que sa sortie de prison était mal perçue par l'opinion générale. C'était pour cela qu'il n'avait pas le droit de sortir de chez lui. Ma mère qui pleurait de joie prit mon père dans les bras, elle l'enlaça de toutes ces forces. Elle avait du mal à l'enlacer dû à son fauteuil roulant, mais ce fut bien la première fois que je la voyais autant se battre pour se lever. Bien entendu, racontait comme cela, cette retrouvaille avait des airs de film romantique, or la lenteur de l'action ponctuait un sentiment de malaise. Après quelques minutes, il la lâcha et me fit face. Il fallait dire que j'étais toujours en vie. Et pour lui c'était un gros problème :

« Ils ne t'ont pas ouvert les portes de l'enfer ? »

Murmura-t-il avec un ton sec digne d'un meurtrier. Je n'avais guère envie de répondre à un être aussi pitoyable. Je me contentais de soutenir son regard rempli de haine qu'il avait entretenu en prison. Il me dégoûtait, je le hantais, le ciel se déchira face à l'apparition de cette être.

M.Dalombre qui avait fini de discuter avec ma mère prit congé. Avant de partir, il insista bien sur le fait qu'il ne devait sortir en aucun cas. De toutes façons, s'il franchissait le pas de la porte il recevrait un coup de jus de la part des quatre bracelets qui étaient disposés sur son corps. Il les gratifia d'un au revoir simplet et pris la direction de la sortie. Sous la pluie en bas de l'immeuble il fit ma rencontre, j'étais sur un banc près d'un arrêt de bus. Je discutais de la venue de mon père avec mon ami :

« Vous n'avez pas froid dehors avec cette pluie ? »

Il était assez imposant, avec une morphologie carrée, un vrai inspecteur, comme dans les films. Il avait un chapeau noir ainsi qu'un long manteau beige. Il se tenait à ma gauche et insista du regard pour avoir une réponse de ma part. Sa question ne méritait pas de réponse. Je prenais simplement du bon temps avec mon ami. Il me dévisagea, il essayait de lire dans mes pensées

« Tu n'as pas l'air ravie de voir de ton père rentrer. »

Il supposait bien. C'était lui et ma mère qui m'avaient donné le surnom de « La Morte », c'était lui qui avait créé cette pitié qui me définissait constamment. L'inspecteur ouvrit finalement son parapluie au bout de quelques instants, puis regarda le ciel avec moi :

« Cet homme, il te hait bien plus que tu ne le penses. Si tu as des ennuis pense à venir me voir. »

Après ces paroles crues, il me tendit sa carte et remonta la rue à pied. C'était la première fois que je rencontrais une personne réfléchie, qui savait dire les choses dures, mais vraies. Il pleuvait, je rentrais, je me mis à dessiner, j'avais beaucoup de stylo rouge, je dessinais la relation future entre moi et mon père.

Pourquoi les parapluies protègent-il les gens de mon ami ?

Mon père n'était pas violent à mon égard, enfin pas physiquement en tout cas. Il se contentait de m'ignorer ou de ponctuer des injures sur ma personne. Les chansons de ma mère reprirent à n'en plus finir :

« Plus de cœur, on veut que tu meures ! »

Deux années plus tard, mon état de santé était stable et la pluie continuait de guider mes pas.

Un jour, lorsque je sortais d'une consultation de chez le docteur Kersberg, l'inspecteur Dalombre me barra le chemin :

« Bonjour Silly, suis moi. »

J'aimais bien son côté direct, il ne perdait pas son temps avec les modalités ou les futiles politesses. Sans me poser de questions je le suivis jusqu'à sa voiture. Il m'ouvrit la porte et me fit signe de m'installer. Le cuir du siège était chaud, la voiture était sans doute équipée de fauteuils chauffants. Je pris place lentement, il prit place rapidement, le moteur s'alluma et nous étions déjà en route pour une destination qui m'était inconnue. Le trajet fut long, ponctué d'un ridicule silencieux. En effet, il était concentré à conduire et sa voiture isolait le son mélodieux de mon ami. Au bout de quelques minutes de trajet, il se gara en face d'une grande maison, digne d'un inspecteur. Il m'invita à rentrer et sorti des couverts pour dresser une table à manger. Il était très classe, sa maison aussi, il y avait peu de bazar. Le seul problème était encore une fois sa maison qui ne permettait pas de me faire entendre le son de la pluie. C'était comme si nous étions séparés pour la première fois.

Le repas était copieux, aucune discussion n’émana du dîner, seulement de brefs regards dans le vide. Ce n'était pas tous les jours que je mangeais autant de bonnes choses. Or plus le repas arrivait à son terme, plus je savais qu'il avait quelque chose à me dire. J'espérais simplement qu'il n'allait pas se mettre à pleurer comme ce déchet de Kersberg. Le dîner prit fin, il débarrassa et nettoya la salle à manger avec rigueur. Pendant ce temps, je m'étais agenouillée près d'une grande baie vitrée pour montrer des signes de vie à mon ami. Je lui murmurais que j'allais bien et qu'en aucun cas il n'avait pas à s'inquiéter. Puis une main rugueuse se posa sur mon épaule :

« Suis moi je te pris. »

Le ton de sa voix penchait vers l'obligation mais je n'avais guère l'intention de me poser des questions. Je m'exécuta et il me fit comprendre de rentrer dans une pièce au fond d'un long couloir. La décoration était rustique, avec une touche de simplicité. Sa maison ne laissait transparaître aucun sentiment, enfin aucun que je connaissais. J'étais face à la porte en question. Elle était banale, quoiqu'assez mystérieuse. Il était positionné derrière moi, il attendait une réaction de ma part. Naturellement, je posa ma main sur la poignée pour ouvrir. La pièce était sombre, je ne distinguais pas grand chose, puis la lumière fit son apparition quand il appuya sur l'interrupteur. La pièce n'avait aucun rapport avec le côté ordonné du reste de sa maison. Il y avait des documents par centaines empilés les uns sur les autres, des cadres en liège parsemés de schémas et de files rouges. Or, le thème de la pièce fut ma plus grande surprise. Il y avait certes beaucoup de symboles, tous les mêmes, ils étaient rouge et noir, une genre de goutte à la fois rougeâtre et assombrie par un noir ténébreux. Mais il y avait surtout des photos de mon père, il était bien plus jeune, sûrement au moment de ma naissance, voir avant. Une sensation rugueuse se refaisait ressentir encore une fois sur mon épaule. C'était l'inspecteur qui, sans me regarder, m'expliqua la situation :

« Jacques Mock, ton père. Comme tu dois le savoir a massacré son patron il y a dix ans. Le problème n'est pas le fait qu'il ai tué quelqu'un, c'est plutôt la façon dont tout cela s'est déroulé. »

Il retira la main de mon épaule d'un mouvement sec pour prendre deux chaises bloquées par plusieurs documents. Il les positionna face au bureau imposant qui était le centre d'attention de la pièce et me fit signe de m'asseoir à ses côtés. Je m'exécuta sans broncher. Il prit un stylo, puis une feuille. Tout en continuant à poser des regards à la fois durs et crus sur ma personne, il reprit le fil de son explication :

« Le patron en question a été compliqué à reconstituer. En effet son corps a brutalement été découpé en morceaux. Or voilà le problème... »

Il marqua un temps d'arrêt pour fouiller sur le bureau et prendre quelques photos. J'admirais son ton cru, il savait que je n'avais pas l'âge d'écouter des choses pareilles, mais n'essayait pas de m'épargner les moindres détails :

« Lors de la reconstitution du corps il manquait certains organes. Le cœur, le cerveau et j'en passe. Mais le plus étonnant était la disparition des glandes lacrymales. Elles permettent aux yeux de sécréter du liquide lacrymale, des larmes. »

Il défila sous mes yeux les différentes photos du crime, elle me faisait penser aux dessins que je faisais de mon père. Elles étaient rouges et évoquaient chez moi un sentiment de repos. Chaque photo qui défilait, stimulait mon imagination. A peine j’eus le temps de prendre mon pied, qu'il me les retira pour les ranger :

« Cette affaire a fait beaucoup de bruit, d'autant plus que son patron était quelqu'un de très connu dans la ville. Mais le plus étrange est le reste. »

Avant de me dévoiler la suite, il prit une position étrange, c'était un mélange entre la position du penseur et celle d'un mannequin qui défilait. Sa respiration était froide et parvenait jusqu'à ma peau.

Je l'observais, il pensait, le ciel s'assombrissait :

« Après l'arrestation de ton père, la ville recensa plus de meurtres que d'habitude. C'était le même mode opératoire. Pas le fait de la disparition des organes, je parle bien du fait de l'ablation des glandes lacrymales. Cependant ton père était derrière les barreaux. A aucun moment il ne pouvait commettre tous ces meurtres... »

Je ne voyais pas où il voulait en venir. Il ne cessait de se lever, de reprendre sa position bizarre. Puis au bout de quelques instants, il pointa du doigt le symbole rouge et noir qui était accroché sur sa droite :

« Larmoyant, un mouvement religieux qui tend plus vers la secte que vers une simple croyance. Ils ont fait leur apparition peu de temps après l'arrestation de ton père. De plus, les meurtres ont commencé à affluer au début de leur création. Il y a une forte corrélation entre ton père et eux. »

Il reprit son souffle et se rassit pour marquer un bref temps d'arrêt. Il lança finalement :

« Ton père a fondé un mouvement sans le vouloir, la mort d'un grand homme comme son patron a dû créer dans la foule certains admirateurs. Or, le problème n'est toujours pas là ! Depuis peu, ils arrêtent de s'en prendre aux simples chefs de grandes entreprises, ils tuent des innocents par dizaines. Il semblerait que le leader de ce groupe ait changé ses objectifs. Et comme par hasard c'est au moment où ton père sort de prison! Je l'ai pourtant surveillait tout ce temps ! Mais je n'ai rien trouvé... »

Un calme s'installa peu à peu. Cela avait l'air de beaucoup le préoccuper. Il avait besoin d'un confident. Mais pourquoi la fille de la personne qu'il soupçonnait ? Il faut dire que je ne tiens pas mon père dans mon cœur, mais il prenait d'énorme risque :

« Je ne te demanderais qu'une seule chose, si tu ne veux pas avoir du sang sur les mains, tiens moi au courant si tu vois des choses louches. »

Nous y voilà, son ton commençait peu à peu à ne plus me convenir. Je n'avais rien à foutre des agissement de mon père. Je souhaitais simplement passer du temps avec mon ami. Il me retendit sa carte et me raccompagna chez moi. J'avais beaucoup à réfléchir pendant le trajet du retour. Tout d'abord mon père avait créé, de son plein grès, une secte. A la base elle ne tuait que de simples chefs d'entreprise, mais depuis le retour de mon père elle changea ses méthodes. J'avais beaucoup de choses à avaler, mais je me fichais un peu de tout ce qui concernait mon père. Je réfléchissais, il me raccompagnait, il savait que je haïssais mon père.

Pourquoi me considère-t-il comme son égal ?


Texte publié par MoonRhay, 23 avril 2017 à 16h44
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