Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 3 « Assassiner mon destin. 1er partie » tome 1, Chapitre 3

1er Partie : Mes éternelles amies comblées de questions.

Chapitre 3 : Assassiner mon destin.

Avec l'agent de l'association, ma mère, qui me supportait de moins en moins, décida de m'envoyer à l'école. J'appris à lire, à écrire, à détester plus de monde. En effet, je me rendis compte dans mon plus grand malheur que j'étais célèbre. Il faut dire que l'affaire de mon père faisait toujours un peu de bruit. Cependant l'on ne me traitait pas de meurtrière ou de psychopathe, l'on préférait me surnommer avec le petit nom que ma mère m'avait offert : « La Morte. ». Mes camarades me riaient au visage, me demandaient si j'allais me retrouver en enfer ou au paradis. Je ne daignais pas leur répondre, je préférais observer mon meilleur ami qui accompagnait mes longues journées. Il était toujours aussi grisâtre, mais il avait toujours aussi bonne mine. Lui, il ne me donnait pas de surnom. Il se contentait de m'écouter le complimenter. Il était beau, il était puissant, il chantait bien. Je l'aimais du fond du cœur.

Ainsi j'atteins l'âge de six ans, le début de la fin. J'avais commencé des périodes de crises d'épilepsie et des pertes de conscience chronique. Le médecin de l'école disait que mon corps avait parfois du mal à fournir mon cerveau en sang. Ma mère se fichait de cette nouvelle, elle lui demanda simplement la procédure la plus simple pour enterrer quelqu'un. Il lui montra des prospectus, elle imaginait la suite, mon meilleur ami ne supportait pas de me voir dans cet état.

J'étais pâle et avais du mal à tenir en équilibre. J'approchais de mes sept ans. Je passais beaucoup de temps dehors, je souhaitais rester plus longtemps avec le beau ciel gris qui surplombait le paysage. Je ne voulais pas le quitter. Ma mère souriait de plus en plus, elle disait que je méritais ce qui m'arrivait, que justice allait être rendu.

Lorsque je m'apprêtais à faire mes adieux à mon ami, une ombre s'imposa devant moi. Je me souvenais très bien de ce jour, ce jour où cet homme changea ma vie, pour le meilleur et pour le pire. Dylan Kersberg, cardiologue de renom, eut vent de mon histoire de cœur. Il prit rendez-vous avec ma mère pour lui proposer un contrat. Elle refusa catégoriquement au départ, mais l'homme qui se tenait face à elle avait plus d'un tour dans son sac. Dans ses mains se tenait une très grosses liasses de billets à lui échanger contre ses ambitions. Ma « merveilleuse » maman s'empressa d'accepter son offre pour empocher les billets et exclama cette victoire par de douce parole :

« De toutes façons, cette chose est morte à mes yeux depuis sa naissance ! »

Ma mère était ravie, le docteur était ravi, le ciel s'emballait de cette nouvelle.

En effet, le marché était simple. Le docteur Kersberg devait m'implanter un cœur artificiel qu'il avait conçu lui-même, pour soigner les personnes souffrant du même handicap que moi. Or ce n'était qu'un prototype et il avait besoin d'un cobaye pour tester son invention. A l'âge de sept ans, je fus la première personne à posséder un cœur créé par l'Homme. Ainsi, le docteur m'expliqua que mon espérance de vie se prolongea un peu et que si tout allait bien je pourrais facilement atteindre la vingtaine. Le problème, qui n'en était pas vraiment un, était que je devais me rendre dans son cabinet toutes les deux semaines. Il devait, avec soin, entretenir la chose métallique qu'il m'avait implanté et de rares consultation s'imposèrent.

Le docteur était très généreux. En échange de mon accord, il assurait les revenus de notre « famille ». De plus, l'association qui veillait sur nous disparue du jour au lendemain sans une trace. C'était donc une opportunité en or. Je me demandais si l'on pouvait toujours me considérer comme « morte ». Il faut dire que je n'avais plus de cœur.

La nouvelle fit le tour de la ville et je pouvais continuer de rester avec mon ami qui déchaînait sa joie dans toutes les rues de la ville.

Peut-être qu'avec un cœur métallique mon entourage arrêterait de me haïr ?

Les premières visites chez le docteur Kersberg étaient étranges. Il ne parlait que très peu et

je préférais observer mon ami par le hublot qui se tenait face à moi. Mes pertes de conscience chronique s'arrêtèrent, je repris un teint normal et le docteur m'offrait toujours une friandise à la fin du rendez-vous. Il ponctuait toujours ses adieux d'un :

« Merci beaucoup Silly Mock, ce fut un plaisir de te recevoir! »

Je l'aimais bien, enfin à certains moments. En effet, certaines semaines, il paressait nerveux. Il avait toujours une balle en mousse verte, avec un grand sourire dessiné dessus, qu'il pressait sans arrêt. Tout en m'observant, il marmonnait des choses incompréhensibles. Une ambiance morose s'installait, il faisait les cents pas et dévisageait le ciel en se collant au hublot. Je n'aimais pas cela, je voyais clair dans ses yeux qu'il détestait mon meilleur ami. Plus les semaines passaient et plus il avait l'air perturbé par quelque chose. Puis un jour il me demanda de rester. Je ne voyais pas pourquoi je ne devais refuser, cependant il avait l'air de vouloir me demander quelque chose :

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. »

Après ses mots, il s'autorisa une courte pause pour reprendre son souffle et me tendit un tabouret puis un verre d'eau. Il pressait sa balle, à chaque instant je pensais qu'elle allait exploser dans ses mains. Le calme s'installa peu à peu après quelques regards brefs. Il prit place à son tour en face de moi et cessa de presser la balle en mousse. Il pleuvait des cordes ce jour-là, la pièce était plongée dans une ambiance solennelle. Le docteur se gratta la tête tout en m'observant, je voyais qu'il avait une chose délicate à me dire. Effectivement j'avais remarqué que son comportement avait changé depuis l'opération de mon cœur, quelque chose le rongeait, il avait besoin de vider son sac, il devait se confier à moi :

« Silly... Je dois savoir quelque chose. »

Ces mots résonnèrent dans la pièce, en accord avec les gouttes d'eau qui frappaient les différents hublots qui parsemaient la pièce. Je l'observais, il détournait le regard, il prit mes mains :

« Je voulais te demander, qu'as-tu ressentie quand je t'ai appris que je ne te sauvais pas la vie, mais que je la maintenais seulement ? »

C'est à cet instant que je vis pour la seconde fois la lumière, des larmes, de détestables larmes :

« Je ne veux pas que tu t'imagines que je n'ai rien fais pour te sauver ! Je suis désolé si je t'utilise comme pantin pour mes expériences !  Ta mort ne sera pas vaine ! Je t'assure que tu serres à quelque chose.»

Je comprenais sa réaction. Il faut dire que je n'avais pas la mine d'une enfant en pleine forme. De plus je ne parlais pas beaucoup et cela accentuait mon côté chien battu. Il avait l'air de penser qu'il avait simplement reculé le moment fatidique, qu'il avait trafiqué le chronomètre du destin. Je ne savais pas trop comment réagir face à sa réaction. Je me contentais d'acquiescer ces lamentations, mais la lumière s'estompa peu à peu. Plus il parlait et plus je me fichais de ce qu'il me racontait. Effectivement, c'était un homme qui se reprochait quelque chose, ne pouvait-il pas le garder pour lui ? Pourquoi devrais-je écouter ses pleurnichements ? Pensait-il qu'il allait changer ma vie ou me faire sourire ? Menteur, ce n'était qu'un sale menteur ! Il ne pensait foutrement aucun mot qui sortait de sa gueule ! Mon ami était d'accord avec moi, il grondait, jusqu'à faire trembler le bâtiment. Je n'avais pas besoin d'écouter sa pitié. S'il pensait que ma vie était de la merde, je n'avais pas besoin de l'entendre de sa bouche. Il n'avait rien à m'apprendre et je n'avais rien à comprendre.

Je m'étais donc mis à le fixer, à déchirer son âme de mon regard pesant. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie de dire quelque chose à quelqu'un, et il fut le premier à l'entendre :

« Ravalez votre merde. Étouffez vous avec. Taillez vous les veines et finissez-en. »

A cet instant, le ciel m'accompagnait. La foudre frappa plusieurs fois en rythme, comme pour renforcer mes paroles. Quant au docteur Kersberg, il lâcha mes mains. Mes paroles lui avaient comme arraché les sentiments qui parcouraient son visage. Il me fixait sans un mot, fixait la créature qui venait de lui parler. J'avais détruit quelque chose chez lui. Le temps était figé. Il baissa peu à peu la tête et s'excusa de m'avoir importuné. Et cette fois, je vis réellement la lumière disparaître. Des larmes, de vraies larmes coulaient sur son visage. Il criait de douleur, il pressait son cœur. J'avais détruit son petit manège de rachat de conscience. Il chialait ! Cet enfoiré avait enfin l'expression qu'il méritait ! Le désespoir. Il n'osait plus me regarder en face, mais ce n'était pas de la pitié. C'était de la peur ! Ainsi je m'éclipsais entre deux couinements de sa part. Fier d'avoir terrorisé un être inférieur. Il fallait me comprendre, la pitié était une chose, mais la pitié d'un être aussi misérable que lui était autre. Je commençais à découvrir qui j'étais petit à petit. J'étais heureuse, heureuse d'avoir pu montrer ma vraie nature, la vraie couleur de mon âme, la même couleur que mon meilleur ami.

Pourquoi avez-vous pitié des condamnés à morts ?


Texte publié par MoonRhay, 23 avril 2017 à 16h41
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 3 « Assassiner mon destin. 1er partie » tome 1, Chapitre 3
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2628 histoires publiées
1176 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Defghard
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés