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tome 1, Chapitre 2 « Haïr ou détester. 1er partie » tome 1, Chapitre 2

1er Partie : Mes éternelles amies comblées de questions.

Chapitre 2 : Haïr ou détester.

A peine arrivée dans mon nouveau chez moi, je constatais qu'il était humide mais assez bien entretenu. Nous étions au sixième étage d'un immeuble assez massif qui surplombait la superbe ville 79. Lors de la découverte de ma chambre je n'était pas surprise de ne la voir meublée que d'un misérable landau. Il était en assez pittoresque état, près d'une grande fenêtre avec une belle vue sur mon ami.

Mes parents me laissaient longtemps seule à l'intérieur sans me border. Ils me nourrissaient, mes parents chantaient des musiques sur ma mort, elle l'engueulait, il frappait dans les murs de rage, j'observais le ciel pluvieux qui était sous mes yeux. Un ciel rempli de différentes teintes de gris, du plus sombre au plus clair. Il pleurait pour moi et je vivais pour lui, c'était notre marché, notre pacte.

Peu de temps après mon arrivée, mes jeunes parents arrêtèrent vite leurs études, ma mère se chargeait de « s'occuper » de moi et mon père enchaînait les petits boulots.

Ma première année dans ce monde fut marquée par les fabuleuses musiques que chantait ma mère et les nuits bruyantes causées par les relations sexuelles qu'essayaient d'entretenir mes parents.

Or, le plus marquant fut le jour où j'eus un an. Mon père ne rentra pas à la maison. Il n'est pas mort... « malheureusement ». Il est simplement parti faire un tour en prison. La nouvelle nous parvint par télévision. Ce jour là, ma mère était hors d'elle, elle n'arrivait tout bonnement pas à y croire. Il aurait massacré son patron avec une agrafeuse. Cependant il ne l'avait pas gracié de quelques bleus, il l'avait littéralement déchiqueté. Impossible ? Pourtant les médias en parlaient comme un acte barbare et inhumain. Ma mère pleurait tandis que je contemplais pour la première fois les images de la scène de crime qui étaient à moitiés censurées. Je découvrais par ailleurs une couleur vive, qui créa chez moi un respect certain. C'était ce rouge, il était omniprésent dans le bureau de son patron. Je me tus et observai les beaux tracés que mon père avait fait avec cette splendide couleur. En effet, il avait écrit un message pour ma personne, je m'en souvenais très clairement car ma mère le murmurait tout en s'effondrant :

« Dans quelques années tu ne seras plus notre problème. »

Pourquoi ne pleure-t-on pas du rouge ?

Les mois suivant l'arrestation de mon père s’enchaînèrent très vite. Pendant le procès mon ami accompagnait en cœur le regard haineux de mon créateur à mon égard. J'avais deux ans ce jour-là et ma mère murmurait de plus en plus de chansons relatant ma mort certaine et prématurée. Finalement mon père encourut pour dix ans de prison ferme, le tribunal était en accord avec la peine sauf deux personnes, ma mère qui hurlait de toutes ses forces en accusant le juge et mon père qui, tout en restant silencieux, me fusillait du regard. Je me rappelais bien de cet instant où de cruelles larmes gorgées ses petits yeux. Je pouvais lire sur son visage qu'il me maudissait, qu'il essayait de me faire comprendre que tout était de ma faute. Ainsi, au bout de quelques minutes où toute l'assemblée faisait profil bas pendant que ma « merveilleuse » mère distribuait des injures au juge, mon père détourna finalement le regard. Pas simplement pour ignorer mon existence, il se tourna vers la grande vitre qui se tenait sur sa gauche. Il observa, scruta les gouttes de pluie qui coulait sur la structure vitrée. Il avait un regard pâle, différent de celui qu'il avait l'habitude de me montrer. Pour la première fois je vis ce qu'était le sentiment de l'espoir. Il souhaitait sûrement revenir le plus vite pour ma mère, souhaitait de me voir disparaître pour de bon. A peine eut-il le temps de tendre son bras pour toucher la vitre qu'il fut directement stoppé dans son élan pour se faire emmener hors du tribunal, en prison.

Il partait, ma mère criait, le ciel chantait.

Pourquoi ne laisses-tu pas ton ami le soleil sortir ?

Les années qui suivirent cet événement furent obscures. Ma mère, qui manquait de moyens pour nourrir la morte que j'étais, se mit en quête de trouver un emploi. Bien entendu elle n'avait pas de qualification dans quoi que ce soit et se vit refuser des dizaines d'emplois. Elle se mit donc naturellement à mendier en bas de chez nous. En effet notre situation financière était critique. A l'âge de quatre ans je sortais avec elle dans la rue sombre de gens pour récolter l'agent de pure hypocrite qui voulait satisfaire leurs ego. Mine de rien nous récoltions toujours assez pour avoir de quoi tenir le jour suivant. Le ciel d'un pluie apaisante berçait nos récolte de billets et je prenais beaucoup de plaisir à lui murmurer des choses. Il pleurait toujours mais je sentais qu'il était content de me voir sortir un peu pour passer du temps avec lui. Je l'aimais, je l'adorais, ma mère me détestait.

Au bout d'un certain temps, un groupe de personnes, plus hypocrite que la moyenne, prirent en charge la récolte d'argent. Effectivement, ils étaient une association qui aidait les pauvres dans notre genre. La directrice de l'association était venu s'entretenir avec ma mère pour lui expliquer toutes les modalités. Elle était jeune et très belle, elle ne devait pas avoir d'enfant à son âge, mais elle paraissait plus mature que ma mère. Elle inondait toujours ses phrases d'un rire irritant et taché par son ego démesuré. Ainsi à la fin de l'entrevu elle voulu faire connaissance avec moi. J'étais dans ma chambre avec mon ami. Je n'aimais pas être dérangée lorsque je discutais avec lui. C'était un moment intime qui nous était réservé chaque soir. Elle entra sans gêne. Un silence mesquin s'installa peu à peu. Elle referma la porte derrière elle et me fixa d'un regard pauvre en compassion. J'étais dos à elle, plus préoccupée par les fines gouttes de pluie qui défilaient sous mes yeux. Puis elle rigola, très fort, assez fort pour me faire quitter des yeux mon ami. Son rire démoniaque couvrait entièrement le son mélodieux de la pluie. Je l'observais, elle riait, je la fixais, elle pouffait de rire.

Au bout de quelques minutes, elle reprit progressivement son souffle tout en insistant son regard sur ma personne. Elle s'avança doucement, le sol grinçait sous le poids de ses imposants talons. Elle était désormais à quelques centimètres de moi, la pluie s’intensifia à ce moment précis, comme si elle tentait de me protéger. Enfin, elle s'agenouilla à mon niveau et positionna sa bouche près de mon oreille. Je pouvais sentir son souffle, à la fois chaud et humide, digne d'une créature détestable. Son temps de parole fut bref. Elle me murmura :

« Regarde, par ta faute, ta mère n'a pas les moyens de vivre une vie heureuse. Tu n'aurais jamais dû venir au monde sale égoïste. »

Le ciel gronda. La pluie s'attaquait à la vitre de ma chambre. La femme se leva sans un mot et partit. Lorsqu'elle ferma la porte, je me remis à observer le ciel. Il était dévasté, déchiré par ce qu'il venait d'entendre. J'avais découvert un sentiment obscur. La haine. Je haïssais cette femme, je haïssais mes parents et je compris qu'eux aussi me haïssaient.

Quant au ciel, il pleurait en voyant mes yeux remplis de cette aura maléfique. Il pleurait de ne pas avoir pu protéger la jeune pousse que j'étais.

Pourquoi me haïssent-ils tous ?


Texte publié par MoonRhay, 23 avril 2017 à 16h37
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