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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Le lendemain soir survient trop vite aux yeux de Grâce. L’estomac contracté, elle salue Nina avec l’affreux pressentiment qu’elle ne la reverra pas, puis s’engage dans les rues.

Elle a à peine effectué une dizaine de pas que Raissa apparaît à ses côtés. Conscientes qu’elles évoluent vers un danger certain, elles se contentent de marcher en silence, nerveuses.

La ballerine sent son palais s’assécher. Elle se surprend à prier pour que la police soit bien devant chez elle. Sa voix tremblait tant au téléphone, plus tôt ! Elle a cru qu’elle ne terminerait pas son histoire !

Un souffle se glisse entre ses lèvres. La perspective qu’elle trépassera peut-être ne la quitte pas.

— Il ne t’arrivera rien, la réconforte Raissa après lui avoir jeté quelques coups d’œil.

— Je l’espère.

Le carrefour menant à sa résidence se dévoile. Elle prend une profonde respiration, puis franchit les mètres fatidiques. Aussitôt, sa panique la fige. Le tueur est là, près de son entrée. Oh, dans quoi s’est-elle engagée ?

L’homme la repère. Son visage demeure impassible ; hélas, sa main plonge à l’intérieur de son manteau. Elle soupçonne qu’il y cache son arme. Son être lui hurle de fuir, mais elle s’y refuse.

Il s’approche d’elle. Raissa court à sa hauteur, parée à intervenir. Hélas, il n’y a aucune trace de la police.

— Enfin. Je me demandais quand tu reviendrais chez toi.

Grâce ne répond pas. Son émotion ne le lui permet pas.

— Tu m’as reconnu, hein ? Tu devines donc pourquoi je suis là.

Parcourue par d’irrépressibles tremblements, elle réussit à opiner. Où sont les autorités ? La folie du plan de l’ancienne mendiante lui explose au visage.

Le canon d’une arme se matérialise soudain en face d’elle.

— Facilite-moi le travail, cette fois. Ne fuis pas.

Elle déglutit. Puis son instinct de survie prend le dessus. Le cœur au bord des lèvres, elle traverse la chaussée et détale comme un lapin.

Le coup de feu part, mais ne l’atteint pas. Un cri lui échappe. Elle ne vise plus qu’à se mettre en sécurité.

Raissa l’appelle en hurlant et, toute à son effroi, il lui faut plusieurs secondes avant de réaliser la teneur de ses propos : elle tient l’arme !

Le cerveau de Grâce la rappelle à l’ordre. Elle se force à s’arrêter, puis effectue un demi-tour. Un hoquet la secoue sitôt qu’elle avise la présence de deux policiers en uniforme…. Quand ont-ils surgi ? Comment ? Étaient-ils déjà là, cachés ? Elle n’en a pas la moindre idée.

Ils maintiennent son assaillant à terre. Progressivement, la vérité s’insinue dans son esprit : son appel a porté ses fruits. Ses épaules s’affaissent, sa pression retombe. L’intégralité de son corps tremble.

Raissa la rejoint, se blottit dans ses bras. Épuisée, elle s’appuie contre elle de tout son poids et Grâce saisit que son intervention lui a évité le pire. L’ange a tenu parole, elle l’a protégée.

— Merci, chuchote-t-elle.

Elle n’obtient pas de réponse.

Une poignée de secondes plus tard, l’un de se ses sauveurs s’avance vers elle. Grâce soupçonne qu’il va l’interroger. Pourtant, elle ne s’affole pas. Elle a confiance dans le scénario établi la veille avec son alliée.

Le soulagement l’envahit. Le plus dur est derrière elle, désormais.

Grâce entrouvre les paupières. Sa nuit a été courte, mais bienfaitrice ; la tension accumulée s’est évanouie.

Tout est fini… fini ! Elle peine à l’admettre.

Elle sort de son canapé-lit, puis s’étire. La perspective de se rendre à son entraînement et d’effectuer les représentations sans s’inquiéter de savoir si elle restera en vie lui arrache un soupir de bien-être.

— Raissa ? chuchote-t-elle.

Sa jeune amie était si éreintée hier qu’elle n’a même pas eu l’occasion de la remercier !

— Raissa ? répète-t-elle après une dizaine de secondes.

Elle ne perçoit que le silence.

Inquiète, elle fouille son appartement sans la trouver. Alors l’évidence la percute. L’ex-vendeuse de colliers est partie… Sa mission terminée, sa place n’est plus auprès d’elle.

Le regard de Grâce se pose dans le vide.

— Merci…, chuchote-t-elle. J’espère qu’on se reverra et que tu es heureuse, où que tu sois.

Un sourire nait sur ses lèvres. La petite lui manquera, c’est une évidence. Néanmoins, il n’est pas question qu’elle s’apitoie. Elle a une existence à recouvrer et des étirements à faire.

Un jour, elle deviendra une étoile.


Texte publié par Rose P. Katell, 20 janvier 2017 à 13h04
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