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tome 1, Chapitre 17 « Set the roof on fire - V » tome 1, Chapitre 17

C H A P T E R 2 – Set the roof on fire

◢ PART - V ◣

Palace du Gouverneur – appartements de James Leblanc

James n’avait jamais connu pareille irritation. Il toisa son épouse. Debout sur le balcon, sa robe de soie pâle au drapé aqueux rendait ses yeux gris aussi vifs que l’éclat d’un acier Cerni. Elle était splendide et exaspérante. À cet instant, elle s’essayait à l’effrayer.

D’ordinaire, il cédait à ses doléances pour préserver sa quiétude. Mais cette fois, l’enjeu était trop dangereux pour qu’il laisse Sonia obtenir gain de cause. Des têtes pourraient finir sur le billot. Les leurs.

— Prends-tu la mesure de ce que tu me demandes ?

Il aurait préféré qu’elle n’ait jamais surpris la conversation qu’elle lui avait rapportée la veille. Maintenant que la supposée Prima Nior s’adonnait à la balade en compagnie du jeune maître, elle revenait à la charge.

— Je te retourne la question.

Sonia revint dans l’antichambre de leur suite et referma doucement les battants perforés de la porte-fenêtre. Le soleil jeta sur la peau nue de ses bras des ocelles d’or. James peina à soutenir son regard brillant d’ambition. Son avidité les perdrait.

— Ton neveu discute avec des rois, James ! Quand cesseras-tu d’être un spectateur impotent ? Il y a quelques lunes, les émissaires de Sandres sont venus au nom de leur sultan. Puis son Altesse David a demandé audience. Et voici que Le Grand Red en personne nous gratifie de sa présence. Enfin, ne vois-tu pas ce qu’il s’ourdit ? Seras-tu, une fois de plus, étranger à la trame de ces intrigues ?

— Tu n’as point de preuve que c’est lui ! postillonna James.

La témérité fébrile de Sonia lui faisait oublier toute prudence. Qu’avait-elle à se mêler d’affaires de rois et sultans ?!

— Et supposons que tu aies raison, que veux-tu que j’y fasse ?

Cela lui coûtait de l’admettre, mais il n’avait pas la présence régalienne de Dean. Le charisme de son neveu fédérait les masses. Toutes les castes de la société portaient en lui une foi aveugle, que ce soit le Guerrier, le paysan ou l’érudit. Ajouter à cela l’adhésion de tout sexe et tout âge. Lui ne saurait réaliser cet exploit.

Sonia grogna, agacée par une impuissance dont elle ne sut dire s’il était attribuable à son conjoint ou de sa seule faute. La veille, James était trop ivre pour qu’elle lui expose la réalité. Elle avait attendu qu’il décuve, mais voilà qu’il opposait à présent une réticence pusillanime. Un James sobre était un couard.

Sans sa présence, son époux serait aujourd’hui l’ombre de lui-même. Ses noces avec cet homme étaient une erreur de jugement. Leur union aurait dû lui octroyer une place de choix au sein du clan. La désillusion était rude.

La première épouse de James avait été emportée, il y a une décennie, par une étrange épidémie qui n’avait touché que les femmes adultes. Sonia était l’une des chanceuses à n’avoir point contracté ce mal, probablement parce qu’elle ne partageait pas la compagnie des dames de la maisonnée du gouverneur, à l’époque. Cette maudite année-là, la grande cité de Nacir s’était lamentée sur le sort de ses veufs. Sort que partagea Dean.

Mais alors que le neveu se lançait dans des opérations de grandes envergures pour enrayer le mal – assainir les systèmes d’irrigation, pensionner les Guildes des Médicures, soutenir les innovations de l’académie scientifique, et offrir une nouvelle jeunesse à l’université –, l’oncle sombrait dans l’alcoolisme.

Jugé trop affecté, James avait été écarté des affaires politiques. La logique voulait qu’il occupât une importante position parmi les conseillers du gouverneur. Même sans cela, lui était dû le respect échéant au frère cadet de l’ancien chef Leblanc. Mais de tout titre il fut dépouillé, au grand dam de Sonia.

Intraitable, Dean estimait que son oncle ne méritait plus la moindre parcelle de pouvoir. Un ivrogne ne faisait pas un dirigeant. Il occultait que James était issu comme lui d’une lignée noble qui n’avait point à défendre sa légitimité. Le règne coulait dans leur veine. S’il n’était pas envisageable d’assigner James sous-gouverneur d’une cité aussi grande que TarN ou Vair, Sonia se serait accommodée, dans le pire des cas, du poste de régisseur des bourgades d’Izy ou Miry. Il serait toujours possible de gravir les échelons, une fois le pied à l’étrier. Mais son mari n’avait même pas de « monture » !

Dean préférait partager le pouvoir avec les Prachett et des familles d’aussi basse extraction que les Orlando et les Vitrand ! Au lieu de s’en offusquer, de s’en montrer offensé, James se noyait dans une amphore. Sonia en avait assez de cet homme au nez constamment rougi par l’alcool, qui en venait à manquer de flair quand se présentaient des aubaines.

En ce moment se tissait une trame sombre, où seuls les plus intelligents tireraient leur épingle du jeu. Sonia sentait le destin lui être favorable. Il n’était pas admis qu’une opportunité lui échappe une fois de plus, à cause de la pleutrerie de son époux. Aujourd’hui, James remiserait sa lâcheté aux oubliettes ! Elle dut toutefois tempérer son humeur. Il ne servait à rien de braquer son mari en étant incisive.

— Je ne te demande pas l’impossible, James. Je n’attends pas non plus de toi que tu ailles parlementer avec sa Majesté.

Si l’homme avait tu son identité, elle doutait qu’il soit avisé de lui faire gaillardement savoir qu’ils voyaient à travers son subterfuge.

— Aie toutefois la présence d’esprit de sonder Dean. Découvre quelles sont ses intentions. Il sait déjà que sa Majesté est sous couverture au palace. Mais il me semble qu’il lui a fait mauvaise impression.

Intrigué bien malgré lui, James se fit songeur. Il était envisageable que Dean n’ait aucune affinité avec Le Grand Red. Son neveu jugeait durement l’incompétence, étiquette dont l’idée populaire affublait le souverain Maarian. Cependant, dans l’hypothèse où Sonia aurait raison, il était possible qu’ils ne s’entendent pas à cause de la duperie du roi.

Il imaginait bien l’orgueil de Dean lésé, en découvrant qu’un homme se dissimulait derrière la danseuse qu’il espérait étreindre de toute sa fougue. Il se pouvait qu’il eût réagi violemment… Et s’il avait mécontenté sa Majesté, cette dernière voudrait qu’il s’en repente. Bien exploitée, la situation leur serait sans doute profitable. Était-ce cela que sa femme voulait qu’il envisage ? Se servir de la disgrâce de l’actuel gouverneur pour entrer dans les bonnes grâces du roi ?

— J’ai supputé que le prince David avait acquis Dean à sa cause, reprit Sonia.

Elle étayait ses observations en tapotant son menton de l’index. Son visage songeur reflétait presque les rouages de ses pensées tandis qu’elle arpentait la pièce en largeur.

— Mais son Altesse s’est mis en colère en voyant le gouverneur charmé par cette danseuse. Et le voilà parti. Il a quitté Nacir le soir même, sans explications, comme s’il avait les enfers aux trousses !

Elle se tourna vers James, le regard victorieux.

— Je ne vois qu’une seule raison à cet acte : il a reconnu son frère.

James grommela :

— J’ai du mal à te croire. Nous avons tous vu cette danseuse. On ne pouvait lui nier le charme d’une femme ! Je ne suis pas du genre à remettre en doute ce que me disent mes yeux. Plus important encore, quel homme s’essayerait-il à séduire Dean ?

Elle haussa les épaules. Sa Majesté n’était pas un homme ordinaire. De plus, la danseuse lui avait paru moins « femme » lorsqu’elle l’avait épiée dans le couloir. Les rumeurs recelaient peut-être de plus de vérité qu’on ne le pensait.

— Apparemment, sa Majesté aurait le pouvoir de changer de sexe…

— Des racontars de bonnes femmes !

Le regard condescendant de James la vêtit de la peau de ces mégères ignares, qui accordaient du crédit à des ragots saugrenues. Elle grogna, agacée :

— Ou d’apparence, si tu veux !

Il existait bel et bien un ouï dire sur la capacité du roi à se changer en créature femelle. On rapportait qu’il s’adonnait à des banquets orgiaques dans son palais de Rubis, et les hommes qui ne l’avaient point « satisfaite » de nuit étaient retrouvés baignant dans leur sang au lever du jour. Cette rumeur donnait du poids à l’existence du Tueur Écarlate, qui semblait avoir pour ordre de mission la décimation des rangs du Sénat.

— Tu aurais vu les fameuses « Danseuses de Nior » aujourd’hui, tu te serais étonné de leur agilité et non de leur grâce. Ces jeunes femmes se sont hissées sur le toit de la dépendance près des enclos avec une étrange facilité. La manière qu’elles ont de tenir leur prima en retrait, alors que celle-ci est censée briller, occuper la place d’honneur, indique qu’elles la protègent.

Son mari n’était pas sans savoir que les Prêtresses Vestis étaient autant les doublures du roi que ses gardiennes. Leur chevelure flamboyante aurait dû suffire à lui mettre la puce à l’oreille.

— Tu n’as pas remarqué qu’elles se ressemblent presque toutes, fardées ? Une courtisane a en horreur qu’on la confonde avec une autre. Mais on dirait que celles-ci s’adonnent à un jeu d’illusion pour détourner l’attention qu’on pourrait porter à la première danseuse. Elles ont non seulement des aptitudes mais aussi une liberté d’action qui ne siéent point à leur statut de Danseuse. Ce sont des guerrières, James.

Quant à la fameuse prima, elle vociférait des ordres aux gardes royaux. Certes, il paraissait que toutes les prima avaient ce privilège, qu’elles se revendiquent de l’Ordre des Danseuses de Nior ou du Culte de Vestis. Or celle-là avait l’intonation impérieuse d’un chef.

— Il s’agit du Grand Red en personne. Je t’en prie, il faut me croire !

La lueur de certitude dans son regard amena James à reconsidérer ses positions.

— Admettons, concéda-t-il.

Elle s’impatienta.

— Il n’y a rien à admettre, c’est un fait. L’ambassadeur l’a appelé Majesté, je l’ai vu et entendu !

— Tu devais avoir forcé sur le vin.

Un rictus de colère la défigura. Comment osait-il ?

— Ne me rapporte pas tes vices, James. Ne me provoque pas ! menaça-t-elle.

James grimaça. Il savait à quoi s’en tenir lorsqu’elle écoutait son ire. Une fois, excédée par son ivresse, elle avait trafiqué son vin pour qu’il le rende malade. En d’autres termes, elle l’avait empoisonné. Elle stipulait que c’était par amour, pour son bien. Preuve en était qu’il avait réduit sa consommation, traumatisé par l’expérience.

Parfois, James se demandait s’il ne lui était pas vital de se débarrasser de la vipère. Et alors il songeait à sa beauté. Cette grâce à son bras lui valait la jalousie de nombreux hommes. Il s’en consolait, car Sonia était plus tenace qu’une lente de pou sur un cheveu.

— Une prima Nior n’organise pas un conciliabule avec d’autres hommes, pour discuter de la loyauté douteuse du gouverneur d’Orsei !

James fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ? Malgré son irritation, Sonia brima à nouveau sa colère. Elle devait se montrer fine.

— À ton avis, tu crois qu’il se discutait de quoi dans ce boudoir ? dit-elle d’un air entendu. Il semble que la folie des grandeurs ait enfin eu raison de ton neveu. Figure-toi que le roi pense que Dean veut scinder Maar en deux pour s’arroger le titre royal en Orsei.

James sursauta. Choqué, il manqua en rester coi.

— Mais... pourquoi est-il toujours en vie après pareil témoignage de traîtrise ?!

Sonia s’exhorta à ne pas perdre patience. À force d’esprit aviné, cet homme était-il devenu totalement ignare de la situation politique du royaume ?

— Le Grand Red est dans une situation délicate. Il ne veut pas perdre Orsei, sinon il condamnerait Raam à la ruine. Mais il ne peut gagner Orsei sans Dean. (Elle eut un sourire de renarde.) Et c’est là que sa Majesté commet une erreur. Il n’a pas forcément besoin de Dean pour avoir Orsei. Il a besoin d’un Leblanc.

Le regard de James s’étrécie.

— Tu joues à un jeu dangereux, femme, dit-il, sombre.

Il voyait à présent les rouages de son raisonnement. Cependant, l’idée de ravir le titre de Dean et prêter allégeance au roi à sa place n’allait pas sans péril. Pour commencer, elle requérait une ambition démesurée. Une ambition qui n’était pas sienne. Qui ne pouvait atteindre la lune, évitait de la convoiter. De toute façon, James n’avait aucune chance. Sonia soupira, puis asséna une froide vérité.

— Le jeu du pouvoir est un jeu dangereux. Tu ne peux y participer en craignant la douleur. Or celle-ci en vaut la peine, si les enjeux sont gratifiants.

Elle se planta devant lui, la stature haute, le regard dur, sa détermination aussi affûtée qu’un sabre poli. Ses mots tranchèrent dans la chair de sa fierté avec l’aisance d’une lame d’acier Cerni.

— De quoi veux-tu qu’on se souvienne de toi, James Leblanc ? Que tu étais un fier descendant de Guerriers Whites, ou l’oncle couard du gouverneur qui provoqua la chute de Maar ?

James se pinça les lèvres, piqué. Cette femme était un aspic.

— De quelle manière veux-tu faire partie de l’histoire de ce pays ? poursuivit-elle sans tenir compte de ses états d’âme. Seuls ceux qui gagnent au jeu du pouvoir se hissent au-dessus de leur condition. Ceux-là transcendent le temps, car ils écrivent l’Histoire. La postérité n’hérite pas de la version des faits des perdants.

James déglutit, mal à l’aise. Elle lui caressa la joue et s’adoucit.

— Quoi que disent ou pensent les gens, tu es un Leblanc authentique. Personne ne peut te retirer cela. Je suis intimement persuadée que tu as l’étoffe de ceux qui façonnent l’avenir d’un peuple. C’est dans ton sang. Il te suffit de t’en donner les moyens. Il n’est jamais trop tard pour faire l’Histoire. Et cela commence par gagner les faveurs du roi. Ne rate pas cette opportunité alors que tu as un avantage.

James l’interrogea du regard. Lequel ? Il n’exsudait pas l’enthousiasme, mais elle pourrait probablement faire quelque chose de lui, se dit Sonia.

— Tu joues en équipe. Toi et moi. J’ai une idée qui portera ses fruits.

D’une poussée franche, elle le fit choir dans un fauteuil et le chevaucha. Lorsqu’elle relevant les pans de sa robe ondoyante, James constata qu’elle était nue en dessous. Une étincelle d’envie mit le feu à son entrejambe. Il se sentit durcir comme elle lui prit la main et l’aventura vers son intimité humide.

— Fais-moi confiance, nous ne perdrons pas, susurra-t-elle.

Il plongea un doigt en elle. Sonia gémit avec langueur.

— L’unique façon de survivre est de gagner, mon cher.

La défaite au jeu du pouvoir n’était pas une option. Elle n’avait qu’une seule signification : la mort. L’homme qui glissait deux doigts dans son con n’était sans doute pas le bon mais avait l’avantage d’être malléable. Elle fouilla dans les pans de sa tunique, défit son pantalon et se saisit de son membre de plus en plus rigide.

Elle rendrait James Leblanc à l’image de sa virilité à cet instant. De mou à dur, elle en ferait un fer de lance. En attendant, elle le masturbait avec vigueur, tandis que sa barbe lui piquait la peau du cou alors qu’il y semait des baisers.

—Je n’ai su identifier toute la compagnie du roi durant son conciliabule. En revanche, je sais qu’en plus de l’ambassadeur, il y avait deux autres hommes et une femme. Elle n’est ni servante ni prêtresse, mais elle est indéniablement proche de sa Majesté. Je me disais que je pourrais gagner son… amitié. Es-tu d’accord ?

D’un mouvement de hanche, elle prit profondément le sexe de James en elle. « Oui ! » fut tout ce qu’il put répartir. Il saisit sa croupe d’une poigne bien vigoureuse pour sa cinquantaine passée, et la laboura de coups de rein. Alors qu’il n’écoutait plus que son excitation, Sonia réfléchissait déjà à la manière d’aborder Sacha Nuttingham, épouse du premier Grand Conseiller de la cour.

TBC - part 6


Texte publié par EPICE, 17 juin 2017 à 21h53
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