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tome 1, Chapitre 10 « The men behind the Warlords - IX » tome 1, Chapitre 10

C H A P T E R 1 - The men behind the Warlords

◢ PART - IX ◣

Mégapole de Nacir – palace du Gouverneur

La délégation royale que Dean attendait, sans pour autant la redouter, finit par arriver. À sa grande surprise, l’émissaire du Grand Red se faisait la voix de sa Majesté pour le féliciter de la bonne gestion de sa province, en dépit de la situation désolante au nord. L’ambassadeur Julian Milner apportait au gouverneur d’Orsei les remerciements du roi !

David avait manqué s’étrangler avec sa langue. Il se retrouvait désormais en concurrence avec Andy, venu caresser l’homme dans le sens du poil. C’était typique de son frère. Charmer, envoûter, pour mieux capturer. Preuve en était l’armada de Danseuses de Nior trémoussant à cet instant leurs courbes devant le maître du domaine et sa maisonnée, subjugués.

Précédées par leur réputation, ces courtisanes dédiées à la pratique raffinée des arts de la danse officiaient principalement au palais de Rubis. Il arrivait qu’elles soient sollicitées lors de grandes réceptions tenues par la classe aisée d’Aram. Leurs prestations d’accompagnement et de divertissement se payaient une fortune, et sa Majesté offrait gracieusement leurs services pour récompenser un noble lui ayant particulièrement agréé.

Danseuse de Nior était un métier dont les femmes se prévalaient. Les apprenties s’y consacraient de manière quasi religieuse, un peu à l’instar des Prêtresses Vestis. Elles étaient ointes, une fois achevée leur formation au temple de la Tour Blanche consacré à la divinité Élémentaire.

Déesse de l’Eau, Nior présidait sur la chasteté et la pureté de l’innocence, laissant la fécondité et l’abondance à sa consœur Vestis. Généralement, les Danseuses étaient plus jeunes que les Prêtresses, et leur virginité ne relevait point du mythe. Certaines n’étaient que des gamines comparées aux doublures du roi, créatures sensuelles dans la fleur de leur féminité.

Or la sélection de danseuses de cette députation-là était entièrement nubile. Toutes étaient en âge de connaitre les hommes. Clin d’œil à sa Majesté, leur capillarité écarlate les parait d’exotisme. L’opulence de leurs bijoux témoignait du luxe dans lequel les entretenait leur seigneur.

Les bracelets d’or aux poignets et aux chevilles tintinnabulaient au gré de pas cadencés et synchrones. Les colliers de perles et pierres précieuses captaient la lueur des lustres et la renvoyaient en reflets chatoyants sur leur peau dénudée. Leur fragrance enivrait ceux qui avaient la grâce de les toucher, chose relevant souvent de la gageüre.

Voyant le gouverneur totalement conquis, David sut qu’il devait trouver refuge ailleurs. Sa sécurité n’était plus garantie au palace. Dean fronça les sourcils quand la sortie à peine discrète du prince déconcentra la danseuse de tête. Ces princes et leur arrogance ! Comment pouvait-on se montrer irrespectueux envers pareille beauté ?

Grande et svelte, la meneuse était une virtuose dans son art. La musicalité de ses mouvements, tantôt fluides tantôt saccadés, déliés et assumés, rapides ou lents, donnait au spectacle une envergure enchanteresse. Elle brillait plus que ses huit consœurs, qui en avaient pourtant à revendre, et méritait aisément le titre de prima Nior.

Assis avec indolence à la table de ses conseillers, Dean admirait une créature onirique au regard troublant. La jeune femme dansait juste devant lui, comme si elle réservait son service et son charme singulier au seigneur des lieux. Ses iris d’agate lui évoquaient la douceur de l’ambre et la puissance de l’or liquide. S’y décelait un intrigant mariage de grâce et de dureté. Difficile de s’en détacher. Non que Dean le désirât…

Lorsqu’il échappait à l’emprise de ces yeux étranges, ce n’était que pour vénérer son sublime déhanché. Elle ondulait du ventre telle une sirène dans son élément. Ces courtisanes spéciales rendaient hommage à la divinité de l’innocence, mais la danse de celle-ci était sensuelle. Ses gestes, hypnotiques, lui parlaient d’érotisme. Dean ne fournissait aucun effort pour résister à l’envoutement. Au contraire, il nourrissait son fantasme en laissant courir ses doigts, en esprit, sur la peau lumineuse de la belle.

Ses mains baladeuses emprisonneraient cette taille fine. Il jouerait un instant avec sa ceinture de perles d’améthyste, puis caresserait doucement, lentement, ses jambes de gazelle. Enfin, il la débarrasserait de ses bracelets de cheville en or blanc et lui masserait les pieds. Elle avait de jolis orteils qu’il lècherait de la pointe de la langue. Il lui sucerait bien le gros orteil et baiserait la plante de ses pieds.

Les voilages de sa tenue légère masquaient le cœur de ce qu’il convoitait. Dean saliva à l’idée de s’y perdre. De fouiller sous la soie mauve jusqu’à sentir la danseuse mouiller ses doigts. L’envie d’enfouir son nez dans ses cheveux de feu pour en humer le parfum le mit en appétit. Les Quatre lui en soient témoin, il la voulait. Ardemment.

Il ne demandait rien de plus que s’abreuver des fines perles de sueur à son front. Sa parure de tête rubis et brochée d’or scintilla à l’éclairage, et Dean eut l’illusion d’une nymphe auréolée venue le soumettre sous son joug. Il succombait volontiers, car il la ferait sienne.

Il se sentait des élans sauvages de bête affamée. Il la dévorerait. De partout, et spécialement à cet endroit intime qui la rendait femme. Après sa langue, sa virilité visiterait cette contrée moite et chaude. Il se logerait en elle avec volupté, parce qu’il aimait qu’elle lui inspire en public des rêveries salaces.

Il aurait dû s’inquiéter qu’une femme réveille ses envies charnelles avec autant de facilité. La seule qui, jusqu’ici, avait puissamment nourri les forges de son désir était sa défunte épouse. La gent féminine ne désespérait pas de l’avoir dans ses filets, depuis que son veuvage faisait de lui le meilleur parti à des kilomètres à la ronde, mais aucune n’était parvenue à le fidéliser.

Il fallait croire que la danseuse possédait quelque chose de plus que ses homologues, pour exercer un tel ascendant sur sa concupiscence. Elle avait un drôle d’effet sur ses sens. Elle sortait le volcan de sa passion de sa dormance.

Ces belles cuisses galbées autour de ses hanches apaiseraient le feu en lui ou l’attiseraient ? Il aurait sa réponse cette nuit. Vu leur fermeté, les jambes de cette femme l’enserreraient tel un piège à loup. En représailles, il lui arracherait des feulements de panthère capturée. Le dompteur qu’il était prendrait plaisir à la dominer. Mais il savait qu’il lui était déjà soumis, alors qu’il replongeait dans ses yeux mystérieux.

Consciente de son pouvoir, la danseuse lui sourit. Le voile fin qui dissimulait en toute légèreté la moitié de son visage n’empêcha pas Dean de chavirer. Son cœur était en plein naufrage, son entrejambe en plein émoi, son imagination en plein galop. Il espérait d’elle des griffures sensuelles sur ses flancs, dans son dos. La nature n’ayant pas vraiment pourvu sa belle en poitrine, il se satisferait de la rondeur de ses jolies fesses.

À présent, ce beau cul entraînait son regard dans un fascinant mouvement de balancier. La croupe de cette créature était ensorcelante, et il était le possédé privé de tout désir de liberté. Il acceptait son sort de captif avec allégresse. Cette femme était un succube envoyé pour le supplicier.

Une décennie que la fournaise de sa passion n’avait pas brûlé d’une telle intensité ! C’était si violent que Dean se cramponnait désormais à son siège, sans doute pour ne pas se jeter sur elle comme un barbare. Si la situation perdurait, son fils, ses hommes, ses convives et sa valetaille, risquaient de voir une part de lui qu’il n’exposait pas à la face du monde.

Il n’était pas au bout de ses peines, la torture suivait son cours. Calée sur les percussions, la belle s’avançait vers lui avec l’assurance d’une conquérante. Elle avait la hardiesse d’une guerrière et le savait à sa merci. Ses bracelets de cheville émettaient un son cristallin à la rencontre de ses pieds nus avec le sol de marbre. Et chacun de ses pas de danse stimulait l’imagination fantasmatique du seigneur de céans.

Pied gauche, et Dean la voyait lui prodiguer un massage intime de ses jolis orteils. Pied droit, et elle labourait son buste de ses doigts fins aux grelots claironnants. Pied en avant, et elle lui murmurait des mots doux, des mots d’amour. Pied en arrière, et elle lui susurrait des paroles dont l’impudeur ferait rougir une catin.

Sa voix devait être sublime ; ses soupirs, un chant de naïade. Elle serait sa reine, sa déesse. Dieux qu’il la voulait ! Dean arrêta sa décision. Il la possèderait. Il entendrait ses feulements ce soir, toute cette nuit, entre ses draps, dans ses bras. Il se pencha vers Dan à sa droite.

— Une fois qu’elle aura égayé nos convives, fais-la conduire dans mes quartiers.

Son frère le dévisagea mais se garda de tout avis contraire. Dan n’était pas surpris par la consigne. Des années qu’il n’avait pas vu son cadet convoiter si ouvertement une femme. Cette dernière n’avait pas conscience d’à quel point c’était exceptionnel.

— Elle sait que tu la veux. Elle en joue.

— Elle en joue divinement bien.

Dean avouait sans gêne sa défaite. Cette fois, Dan se sentit obligé de le mettre en garde.

— Les Danseuses de Nior ne sont pas préposées aux plaisirs de la chair.

Son frère lui lança une œillade interrogatrice. Où voulait-il en venir ?

— Ce sont des courtisanes au statut particulier. À ta place, je m’assurerais que sa Majesté ne voie aucun inconvénient à ce que celle-ci partage ta couche. Contrarier le roi serait mal avisé.

— Je suis certain qu’il me passera ce petit écart, décréta Dean.

Il servit un sourire charmeur à la belle, qui s’était rapprochée de leur table, mais elle s’éloignait déjà, suivie de ses sœurs pour effectuer une farandole.

— Je parie même que le roi verra d’un bon œil ma façon « d’honorer » sa prima. Il se peut qu’elle ait reçu l’ordre de me charmer et d’aller au-delà de mes expectations. Je ne doute pas qu’elle y arrive. Je succombe volontiers.

Cependant, Dean ne dénigrerait pas l’opinion de son fidèle conseiller et confident pour une paire de fesses.

— Ceci dit, vérifie si mon « petit écart » est susceptible de contrarier son émissaire. Il n’appréciera pas forcément que je souille cette déesse, quand lui a voyagé à ses côtés sans pouvoir y goûter.

— Parce que la jalousie des « manants », selon ta définition, t’importe maintenant ? releva Dan.

— Un envieux est une espèce dangereuse. Qui sait le portrait peu glorieux qu’il pourrait brosser de ma personne auprès de sa Majesté ?

Dan le dévisagea avec gravité.

— Et si elle avait été envoyée pour…

— M’éliminer ?!

Dean prit un air choqué. Il n’avait jamais aussi bien joué la comédie, songea Dan, las.

— Cesse de voir le mal partout, Danny. Cette délégation est venue me remercier d’enlever une épine du cul royal. Pourquoi Le Grand Red me voudrait-il mort alors que je lui sauve un peu la mise en allégeant son travail ? Ce serait outrecuidant de sa part de me faire assassiner durant mon sommeil. Les Quatre savent qu’il m’en faudra, ma nuit ne sera pas de tout repos.

Le Maître d’armes eut une moue réprobatrice. L’insouciance et la vantardise de Dean étaient une forme d’art. Ce dernier lui sourit.

— Ne te bile pas. Je l’épuiserai suffisamment pour qu’elle en oublie sa mission de m’occire. Elle comprendra que m’éliminer serait se priver à jamais du bonheur que peut lui procurer un homme. Un vrai.

Un petit rire moqueur leur parvint, si faible qu’ils auraient pu l’avoir imaginé. Une oreille indiscrète traînait dans les parages. Dean n’en fut pas le moins du monde gêné. Il ne faisait pas mystère de son attirance pour la danseuse. Son langage corporel disait qu’il se la réservait, tel un mâle dominant marquant son territoire. Qui la toucherait aurait à gérer de sérieuses complications.

Dan remua la tête, autant consterné qu’amusé. Il serait donc fait selon les désirs de son seigneur.

TBC - part 10


Texte publié par EPICE, 12 janvier 2017 à 20h13
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