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tome 1, Chapitre 9 « Les Ombres d'Akoudja » tome 1, Chapitre 9

Désormais, il est l’instrument, il est l’annonciateur et le porteur de mort. Dehors, il accompagne Papa Legba et Baron Samedi dans l’accomplissement de leur tâche, ainsi que l’a souhaité le vieux Noufou. Ce soir au couchant, la ville est à feu et à sang et les flammes rugissent dans les hauts quartiers, tandis que la joie renaît dans les bas quartiers. Ailleurs, dans la ville pétrifiée, les gens sont terrés. Devant l’immense brasier qui brûle, les esclaves se sont rassemblés, à leur tête Ringo le boko, Noufou, lui, est resté à l’écart.

– Iwas, voici nos enfants. Ceux que nous avons tirés au sort. Prenez-les !

Autour de lui, les parents pleurent et gémissent en chœur.

– Tu mens, Mango ! s’écrie Akoudja.

À ces mots, Noufou se précipite vers lui.

– Qu’as-tu fait misérable vermine ? Tu as osé tromper nos Iwas Papa Legba et Baron Samedi, à l’aide d’une vulgaire supercherie.

– Je n’ai trompé personne, sinon toi, vieux fou ! Jamais tes frères et sœurs n’ont souhaité abandonner leurs enfants. Tes iwas n’existent pas ! Ils ne sont que poussières et fumées ! Ce sont des imposteurs !

– Vraiment, murmure d’une voix doucereuse, Papa Legba.

– Et si tu avouais la vérité, ajoute-t-il en sortant une poupée de boue à son effigie.

Ce dernier s’approche alors et lui arrache une touffe de cheveux crépus, qu’il place à hauteur du cœur.

– Non ! hurle Mango.

Ses yeux se vident et il dévide alors la pelote de ses mensonges, tandis qu’une lueur de haine et de colère naît dans ceux de ses compagnons. Comme ils veulent se précipiter vers lui, Baron Samedi les arrête d’un geste.

– Hommes de couleur ! Hommes sans valeur ! Sachez que nous vous aurions rendu vos enfants et protégé des hommes sans couleurs, tout en vous aidant à reconstruire les liens entre vos cœurs, et de fait, nous aurions renoncé à notre vengeance. Néanmoins, vous avez préféré suivre cet imposteur. Aussi en paierez-vous le prix. Papa Legba emmènera vos enfants. Tous vos enfants ! Ensuite, une nuit et un jour par an vous serez mes esclaves, de même que vous resterez esclaves des hommes sans couleur.

Alors, pétrifiés d’horreur, impuissants, ils voient les ombres des trois iwas grandir démesurément et s’emparer de leurs corps. Puis, au son d’une orchestration démente, ce sont les enfants qui se précipitent dehors et se massent autour d’Akoudja, qui s’enfonce alors dans le bayou où ils disparaissent, suivis de Baron Samedi et de Papa Legba.

– Grand-père ! Grand-père !

– Oui ?

– Que sont devenus les enfants ?

– Qui le sait vraiment ? Tout ce que je puis dire, c’est qu’ils sont heureux.

Étrangement, si quelqu’un, d’aventure, passait dans le lointain, il n’entendrait alors que le flot grave et mélodieux de cette musique, dont le berceau fut la Nouvelle-Orléans. Mais qu’il s’approche et il ne verra qu’un vieux nègre solitaire qui joue pour lui-même.


Texte publié par Diogene, 15 janvier 2017 à 12h42
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