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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

Deux semaines se sont écoulées depuis notre passage dans la catégorie E. Tempesta et moi avions passé la majorité de notre temps libre à nous entraîner, à augmenter notre pouvoir individuel, et je dois admettre que nous avions sacrément progressé ! Cependant, toujours pas de date de match annoncée. Quant à mes blessures, Fantasma était très vite intervenue pour me les panser, donc je n’ai pas eu à m’en faire bien longtemps. Après qu’elle nous ait félicités pour notre victoire, je l’ai interrogée au sujet de son absence, mais la réponse obtenue fut différente de celle espérée.

Fantasma nous a annoncés qu’elle s’était entretenue avec Anathema, et que cette dernière avait besoin de notre présence. Pour des raisons qui ne nous ont pas été expliquées, notre chef désirait organiser une rencontre non officielle avec une équipe de catégorie B. Cette rencontre paraît nécessaire pour autre chose, mais ça semble concerner personnellement Anathema. Nous avons malgré tout accepté en pensant enfin obtenir l’occasion de rencontrer le plus puissant membre de l’équipe Aquarius.

Hélène et moi étions partis assez tôt le matin en train, et nous en sommes descendus en milieu d’après-midi. Si tout se passe bien, la rencontre se fera le soir, et nous serons de retour chez nous le lendemain en fin d’après-midi, pile pour la fin du week-end. Ainsi, cette escapade aura l’air de banales vacances. L’équipe que nous allons affronter est Requiem, dans le parc d’attraction de la ville d’où je viens. Avec un nom pareil, je reconnais me sentir un peu angoissé. Il faut quand même souligner que nous parlons d’une équipe de catégorie B ! Nous venons de passer catégorie E : ça fait une sacrée marge… Je me rassure en me disant que si tout le monde est présent, ça ne devrait pas être trop désavantageux.

Bon, il nous reste encore du temps avant la rencontre. J’envoyai alors un message à Fantasma pour lui signifier que nous sommes sur place dès à présent. Suite à cela, je proposai à ma compagne tout juste éveillée de sa sieste de boire un café en attendant. Elle acquiesça en baillant tout en me suivant sans me lâcher la main.

Nous nous installâmes à l’intérieur du bâtiment et commandâmes le nécessaire pour compléter cet instant de tranquillité et de confort.

- Bon sang, cette Anathema ! Elle est un peu tarée pour croire que l’on sera utiles dans un combat d’une telle envergure, articula Hélène entre deux bâillements.

- Je ne sais pas si nous serons en mesure d’aider, mais cela ne nous empêchera pas de tirer un quelconque enseignement de cet affrontement, positivai-je en prenant une gorgée de mon café encore brûlant.

- Hum, pas faux… marmonna ma partenaire encore un peu sceptique, sirotant à son tour sa boisson chaude. Sinon à part ça, la fin d’année approche. Tu sais ce que tu feras ensuite ?

- C’est vrai. Je t’avoue que je n’y ai pas vraiment songé. En fait j’ai un peu de mal à m’habituer à cette double vie, alors je n’ai pas envisagé de faire autre chose que de poursuivre mon combat pour l’instant.

- Certes, mais nous ne nous battrons sans doute pas éternellement. Enfin je l’espère. Pour ma part, je pense intégrer une école de commerce, m’apprit-elle en jetant un œil par la fenêtre.

- Ah, je vois.

Je n’y pensais plus vraiment, à mon orientation pour le futur. En fait depuis le début de ces événements j’ai du mal à me projeter dans l’avenir. Mais je ne dois pas perdre de vue que j’ai une vie à mener de mon côté. Bien sûr, il est impossible de stopper tous ces combats. Même à travers ces affrontements, je ne poursuis aucun véritable objectif… De simples batailles sans autre but que de survivre. Je crois que, juste rester auprès d’Hélène, me suffit amplement.

- Au fait, dis-moi, enfin ce n’est qu’une idée bizarre qui vient tout juste de me traverser l’esprit à l’instant et ni plus ni moins qu’une hypothèse, mais… dans le cas où tu resterais dans la région, ça t’intéresserait que l’on prenne un appartement ensemble… ? débita la jolie blonde qui avalait son café à toute vitesse pour tenter de cacher son embarras.

- Vivre avec toi… pensai-je à haute voix, m’imaginant la vie radieuse aux côtés de cet inestimable Trésor.

- Ouais, en gros… siffla-t-elle irritée de ne pas avoir immédiatement clarifié la situation.

- Ce serait tout simplement génial ! lui souris-je, désormais motivé par la suite.

- Oui, oui, certes, mais ne t’emballes pas trop non plus, j’attends de ta part de nombreuses choses et beaucoup d’investissement ! Premièrement, tu n’auras pas intérêt à mettre de bazar sinon je t’éclate la tronche, ensuite… énuméra longuement Hélène avec une soudaine et agressive confiance.

En fait je ne l’écoutais qu’à moitié. Une simple idée de passage, hein ? Je crois surtout que c’est quelque chose qu’elle désirait beaucoup et qu’elle cherchait une façon de le formuler, ça lui ressemble bien plus. Ce soudain regain d’énergie de sa part était vraiment plaisant à voir, cela montrait une agréable joie. Mais pourtant, cette nouvelle ne me réjouit pas autant qu’elle le devrait. Pour quelle raison… ? Qu’importe, ce qui compte c’est que je sois heureux avec ma douce compagne !

- Hey, qu’est-ce que t’as à sourire comme un débile ? Tu m’écoutes au moins ?! s’enquit-elle furieuse en surface.

- Je t’aime, mon Trésor adoré, déclarai-je niaisement sans la quitter des yeux, lui faisant perdre tous ses moyens.

Avant qu’elle ne puisse dire la moindre parole, je me penchai vers son visage déconcerté pour y déposer un délicat baiser auquel elle ne résista pas. Elle se laissa finalement juste emporter par ses émotions.

Soudain, des cris de panique résonnèrent dans le café, provoqués par une voix autoritaire qui imposait le silence sous peine de mort. Je me reculai d’Hélène pour comprendre ce qui venait perturber cet instant magique, me rappelant alors que nous ne sommes pas seuls dans notre monde. Un homme et une femme cagoulés, vêtus avec des habits amples, chacun armé d’un révolver, menaçaient le tenancier du café. Ce dernier, paniqué, n’eut d’autre choix que de remplir le sac du braqueur avec l’argent de sa caisse. Pendant ce temps la jeune femme passait dans les rangs avec un sac à dos et forçait les clients à y déposer leurs objets de valeur. Tiens, cette scène me rappelle étrangement celle que j’ai visionnée dans un film autrefois.

Je me tournai vers Hélène plutôt inquiet que nous nous retrouvions en plein milieu d’un vol à main armé et demandai alors son avis sur la question :

- Hélène, qu’est-ce qu’on fait ? On ne va pas se laisser voler comme ça…

- Bien sûr, mais ce serait vraiment gênant d’utiliser nos pouvoirs en public, analysa-t-elle en réfléchissant à toute vitesse pendant que la voleuse se rapprochait petit à petit de nous.

- Et puis je ne peux pas sortir mon katana comme ça sans que cela ne paraisse suspect. Par contre, toi avec tes pistolets… poursuivis-je entrevoyant une solution qui ne me plaisait pas particulièrement.

- Alors laisse-moi m’en charger.

Hélène fixait intensément la voleuse qui finalement vint à nous. Tout en nous menaçant avec son arme, elle nous ordonna de sortir notre argent et de le mettre dans son sac.

- Hors de question, va donc braquer quelqu’un d’autre, looser, insulta froidement Hélène sans bouger d’un cil.

- Ne jouez pas aux plus cons avec moi, les jeunes ! Faîtes ce que je dis et tout se passera bien ! s’énerva notre assaillant en pointant Hélène de son arme.

Je ne m’inquiète pas trop pour elle, je sais que ce ne sont pas des balles qui pourront nous tuer, mais… Si Hélène venait à prendre la vie d’une personne, on s’attirerait des ennuis inutilement.

- Pose ce jouet, tu risquerais de te blesser. Bon, ce n’est pas tout, mais mon café est en train de refroidir par ta faute.

- Putain de salope, file ton fric ou je tire ! Je vais tirer, je vais tirer ! paniqua la braqueuse en nous menaçant de toute sa volonté quelque peu ébranlée par cet imprévu.

- Et bien vas-y, tire si ça t’amuse, mais si tu appuies sur la détente il faut que tu sois prête à recevoir une balle en échange, provoqua inconsciemment ma compagne.

- Stop, tu vas trop loin… sifflai-je à Hélène en priant pour que ça ne dégénère pas.

- Merde, tu l’auras voulu, connasse !

La femme armée coupa court à la conversation en appuyant sur la détente plutôt maladroitement. Le projectile partit du canon de son révolver en fusant droit vers Hélène, se dirigeant pile sur son front ! Je sais qu’on n’a pas grand-chose à craindre de ce genre d’attaque, mais comment en être vraiment sûr, on ne s’est jamais fait tirer dessus avant ?! La balle percuta le front de la lycéenne, se plia, et rebondit pour atterrir sur la table, accompagnée de multiples tintements. La tête d’Hélène avait eu un très léger mouvement de recul, mais fort heureusement elle n’était nullement blessée, seule une insignifiante marque rouge accompagnait l’impact.

Toute la salle retenait son souffle, puis lentement, Hélène se leva de son siège plutôt furieuse. La voleuse était tétanisée, tandis que l’autre braqueur conservait son arme pointée vers la nouvelle menace bien que lui aussi paralysé par la peur.

- Bien, à mon tour maintenant, décida la démoniste en pointant un révolver en direction de sa cible.

La braqueuse hurla pour rassembler son courage et tira à de multiples reprises sur Hélène. Tous les projectiles l’attinrent, mais toujours sans effet. Elle ne vacilla aucunement, conservant son arme posée sur le front du tireur.

- Tu as fini ? Je peux tirer ?

- Je… Ah… Impossible… C’est… Monstre !

- Hélène, ça suffit, tentai-je inutilement d’intervenir.

Celle-ci donna un violent coup de pied dans l’estomac de la braqueuse qui fut instantanément mise à terre, puis appuya sur la détente. Le projectile violet fusa à toute vitesse et traversa la pièce pour atteindre son objectif : l’arme de l’autre ravisseur qui sauta dans les airs, le laissant sans défense.

- Je continue, ou ce ne sera pas nécessaire ? avertit la jeune téméraire alors que je soupirai de délivrance en comprenant que le drame avait été esquivé.

- Pitié ! Epargnez-nous ! supplièrent-ils totalement affolés.

- Bien, maintenant dégagez.

Ils ne se firent pas prier un instant de plus et filèrent hors de la boutique à toute vitesse, laissant leur butin derrière eux. Suite à cela, Hélène s’assit face à moi en soufflant de soulagement. Mais des applaudissements inattendus provinrent de toute la salle de spectateur, félicitant la bravoure, ou plutôt la témérité de mon point de vue, de leur sauveuse. Hélène ricana devant cette scène, et lorsqu’elle commanda un autre café sous prétexte que le sien était à présent froid, celui-ci lui fut même offert. J’insistai malgré tout pour qu’elle le boive rapidement afin que nous partions le plus tôt d’ici, s’étant faits bien trop remarquer. Elle consentit à répondre favorablement à ma demande, et quelques minutes plus tard nous étions hors du bâtiment et loin de ces événements.

- Pff… T’es naze, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter ! m’assura-t-elle alors que nous traversions la rue.

- Peut-être, mais je ne veux pas prendre le risque d’être la cible de personnes plus dangereuses sous prétexte d’être des concurrents potentiels dans la compétition, rappelai-je malgré tout.

- Ok, ok. M’enfin, ça devrait aller normalement.

- J’espère que tu as raison.

Si nous pouvions éviter les ennuis, ce serait fort appréciable. Enfin, j’ai plutôt l’impression que depuis que j’ai obtenu ce pouvoir, beaucoup de choses autour de moi ont changé.

ooo

Je faisais visiter la ville à Hélène, la connaissant bien puisque y ayant habité autrefois, et je lui racontais que le parc d’attraction d’ici est plutôt sympa à visiter, quand il ne s’agit pas de combattre bien entendu. Nous nous arrêtions à l’entrée, en cette fin d’après-midi, afin qu’elle ait un aperçu de ce dont je parlais. Alors que je lui décrivais quelques jeux que j’apprécie beaucoup en montrant leurs emplacements sur le plan, quelque chose d’autre de très familier passa à côté de nous en secouant la grille.

- Putain, non… Ça vient de fermer ! Je vais devoir attendre demain matin… Grand frère ?! s’exclama ma sœur qui pour une raison inconnue était présente ici, portant un petit sac à dos et une casquette.

- Mais… Que fais-tu ici ? lui demandai-je vraiment très surpris de la croiser dans un endroit pareil.

- Et toi alors, frérot ? Et d’ailleurs du coup, hier soir ? Hi hi ! ricana-t-elle avec un sourire malicieux tout en changeant de sujet.

- Ça ne te regarde pas !

Quelle situation gênante. Ce n’est qu’une blague et pourtant je n’arrive pas à la regarder en face. J’avais le sentiment qu’elle me reprochait quelque chose, sans que je ne devine quoi.

- Arf, bon en tout cas le parc est fermé, inutile de rester plus longtemps ici. Quant à vous, je sais qu’il y a un hôtel pas trop mal dans le coin, si vous voulez… Hi hi ! informa indiscrètement ma sœur.

C’est sur ces mots que la jeune collégienne se retira. Pourquoi ce sentiment de trahison ? Et puis d’abord, elle n’en a pas marre de se mêler sans cesse de ce qui ne la regarde pas ? Ce qu’elle peut être fatigante…

- Manifestement c’est de famille d’avoir les idées déplacées, commenta Hélène en posant une main sur sa hanche.

- Mais… Pourquoi tu dis ça ? C’est faux ! voulus-je me défendre, un peu inutilement.

- Hum, oui on va dire ça, m’enfonça ironiquement ma compagne.

Je ne pris pas la peine d’argumenter plus longtemps, ce ne serait qu’une perte d’énergie. Nous fîmes plutôt demi-tour avec pour objectif de nous trouver une occupation jusqu’au soir. Mais il ne fut pas nécessaire d’y réfléchir bien longtemps, nous reçûmes très vite un message de la part de Fantasma contenant une adresse à laquelle nous devrions nous rendre afin que nous nous regroupions. Ce n’est pas trop tôt, plus besoin d’errer dans la ville.

ooo

Le texto de Fantasma nous guida devant une boulangerie. Il nous fut très aisé de la retrouver, ses cheveux violets tout comme sa poitrine étant très reconnaissables. J’espère simplement qu’Hélène ne lit pas mes pensées… Elle arborait son look de ville, soit des vêtements très communs comme un jean, un veston de cuir, les cheveux attachés avec deux mèches violettes lui tombant de chaque côté du visage, ainsi qu’une de ses casquettes rétro. Elle nous interpella en effectuant de grands signes de main en nous voyant arriver.

- Tiens, Zephyr, Tempesta ! Vous voilà enfin !

- Pourquoi donc devant une boulangerie ? C’est plutôt inhabituel comme lieu de rendez-vous. fit remarquer la jeune blonde.

- Oh, ça. Anathema avait un petit creux, alors autant se retrouver pendant qu’elle en profite pour se restaurer, expliqua Fantasma en vérifiant qu’elle n’avait rien oublié d’important à dire.

- Anathema est dedans ? m’exclamai-je, un peu nerveux à l’idée de rencontrer notre chef d’équipe à la puissance si terrible selon les descriptions.

- Comme je viens de le dire, oui. Mais il y a un peu de monde, du coup elle met un peu plus de temps que prévu.

- Hum, ça fait quand même bizarre de constater qu’Anathema vient ici pour s’acheter de la nourriture. Ça fait très banal je trouve, soulignai-je perplexe.

- T’es naze, ce n’est qu’une humaine normale. Précisa Hélène.

- Normale… Je ne dirais plus ça, quand on sait ce qu’elle peut faire.

- Oui, mais t’as compris l’idée, va pas pinailler sur des détails insignifiants ! bouda la lycéenne.

- Enfin la voilà, nous fit remarquer notre ainée.

Une jeune femme sortit de la boulangerie, un sandwich en main. Pour une combattante d’élite, elle était habillée trop simplement à mon goût : un mini short bleu assorti d’un débardeur blanc contrastant avec sa magnifique et longue chevelure d’un noir profond. Des yeux d’une couleur toute aussi foncée mais brillants de vivacité, une expression de simplicité et d’innocence sur ce visage sans imperfection. Le tout harmonisant une poitrine parfaitement ajustée. Cette femme est tout simplement sublime. Quant à son âge, je lui donnerais un peu moins de vingt-cinq ans. Je sais que c’est très malsain de penser ça, mais honnêtement, elle est super bien fichue !

Elle prit une bouchée de son sandwich qu’elle venait tout juste de déballer avant de s’approcher de nous.

- Ah, Zephyr et Tempesta, les deux derniers membres que je n’ai pas encore rencontrés. Enchantée de faire votre connaissance, je suis Anathema, se présenta formellement notre leader après avoir avalé.

- Hem, bonjour, saluai-je un peu intimidé.

Elle paraît plutôt décontractée dans son comportement, et aucune aura agressive ou autoritaire n’est décelable chez elle. Si on ne me l’avait pas dit, je ne pourrais jamais deviner qu’il s’agit d’une guerrière de grande expérience.

- Je tiens quand même à dire que ce n’est pas très cool de ta part de ne pas t’être montrée lors des rencontres de la catégorie F, et de juste pointer le bout de son nez pour nous demander un service, furent les premières paroles de Tempesta à notre dirigeante.

- C’est vrai, j’ai manqué de courtoisie. Mais comprenez que c’était nécessaire.

Anathema marqua ensuite un temps de pause pour croquer dans son repas.

- Mais il serait plus juste que je vous explique au moins en globalité la raison de notre présence ici, poursuivit-elle après avoir avalé.

- Fais donc, intima sans tact ma coéquipière.

- Je ne vous cache pas que je suis à la recherche des responsables du meurtre injuste de mes compagnons d’autrefois. Un crime qui ne restera pas impuni tant que je poursuivrais l’auteur de ces actes. Il s’avère que j’ai trouvé une bonne piste. J’ai conclu un marché avec un informateur, je le débarrasse d’une équipe gênante et en échange il me livre les informations qui m’intéressent.

- Il est vraiment fiable, ton gars ? soupçonna Hélène.

- Il m’en a dit suffisamment pour me mettre l’eau à la bouche. Je dois lui rendre ce service pour avoir le reste de l’information. Je le crois fiable.

Alors c’est pour un carnage sanglant, éliminer des participants dérangeants… Il se passe donc ce genre de complots dans ce monde aussi.

- Je comprends mieux. Mais notre présence était réellement nécessaire ? demandai-je pour mieux discerner ses intentions.

- Pour que nous fassions connaissance, oui j’imagine. Je jugeais qu’il était temps que je me dévoile à vous, cela aurait été très déplacé de ma part de rester à l’écart plus longtemps.

- J’ai une autre question… Pourquoi nous avoir choisis pour faire partie d’une équipe aussi ambitieuse ? Nous ne sommes pas particulièrement forts par rapport à Fantasma ou Mephiast.

- Votre potentiel. Mais je vous raconterai les détails une autre fois, nous n’avons plus beaucoup de temps avant le début de la rencontre. Rendons-nous au parc.

C’était donc bien son choix. Est-ce aussi elle qui nous a accordé nos pouvoirs ? Je désire vraiment apprendre la vérité derrière ces faits. Nous la suivîmes donc afin de nous rendre au lieu indiqué. J’étais un peu curieux de voir quel moyen de transport extravagant nous allions emprunter, une limousine, une grosse moto, ou même une téléportation ! Mais il n’en fut rien, tout simplement le bus. Quelle simplicité… C’en est presque décevant, mais en même temps elle a la qualité de ne pas attirer l’attention, si ce n’est par son physique remarquable. Ce n’est pas notre capitaine pour rien !

ooo

Le soleil se couchait et les lumières de la ville se mettaient en marche. Nous arrivâmes devant l’entrée du parc d’attraction. Ce parc si familier que j’ai visité tant de fois. Par contre c’était bien la première fois que je m’y rendais de nuit. D’ailleurs, au sujet des vigiles ? Hum, je doute qu’il soit bien utile de s’en inquiéter, je suis plutôt bien entouré après tout. Il est donc temps de rencontrer une équipe de catégorie B. Je suis curieux de voir leur dégaine.

Anathema posa sa main sur la grille fermée, puis celle-ci se déverrouilla, libérant le passage. Voilà une capacité bien pratique. J’imagine qu’il existe de nombreux sorts de ce type, mais n’étant pas propices au combat ce n’est sans doute pas dans de telles circonstances que je vais pouvoir les copier. Notre leader marchait en avant par rapport à nous, et cela m’arrangeait pas mal puisque j’avais pour le coup une superbe vue sur son postérieur. Des fesses bien mises en valeur par son mini short, le genre de corps que tu désires ardemment toucher mais que tu sais inaccessible. Sa structure est absolument parfaite, c’est indéniable ! Ça me rend tout de même un peu triste…

Nous nous arrêtâmes en plein milieu du parc, à proximité d’une fontaine, avec les montagnes russes en vue et quelques manèges autour. L’éclairage permettait d’obtenir une vue parfaite dans le complexe comme en pleine journée. À la question d’Hélène concernant la présence de Mephiast, Anathema y répondit qu’il n’était pas nécessaire de le déranger pour cela, ayant une autre tâche toute aussi importante d’attribuée. Du coup c’est potentiellement du quatre contre cinq.

Peu de temps après cela, les membres de l’équipe Requiem firent leur apparition dans une explosion de fumée. Voilà qui est spectaculaire, mais un peu trop démodé à mon goût. Cependant cette vapeur était complètement anormale, d’innombrables papillons noirs en surgirent faisant peu à peu diminuer le volume de la sphère. Ces insectes constituaient donc la fumée ?

Au bout du compte, ce sont trois membres qui apparurent face à nous : un jeune garçon aux longs cheveux blancs armé d’un katana, arborant sans doute un style similaire au mien quoiqu’il est sans aucun doute plus expérimenté, un autre homme plus âgé aux cheveux ardents ne portant pas d’armes blanches mais des gants flamboyants à la place, et enfin une frêle jeune fille d’une quinzaine d’années aux cheveux noirs mi longs, armée d’une faux assez terrifiante et qui n’est autre… que ma sœur ?!

Bordel de… On se fout de moi ?! Qu’est-ce que cette peste fiche ici ? C’est une plaisanterie ! Ne me regarde pas avec cette expression de surprise… Tu n’as pas à être ici ! Pas dans ce monde…

- Mais, ce ne serait pas… m’interrogea Hélène en murmurant à mon oreille, mais apparemment l’expression de mon visage suffit pour lui donner confirmation.

- Bon, en tant que leader je vais y aller en premier. Terminons ce match rapidement, ce n’est pas la peine de s’attarder sur du non-officiel, déclara la puissante Anathema en se mettant en avant.

- Et de notre côté, j’imagine que ce sera toi comme d’habitude, Lusteria ? rit l’homme aux cheveux rouges en s’adressant à ma sœur.

- Non… Pas cette fois, cette femme à l’air dangereuse. Je te la laisse Ignis, avertit ma jeune ennemie à voix basse, visiblement intimidée.

- Oh, ça ne te ressemble pas. Alors je vais me la faire. Tu sais il n’y a rien à craindre de cette équipe, Aquarius n’est plus rien désormais.

Il marcha en direction d’Anathema pendant que d’impressionnantes flammes entourèrent son corps. Même à notre distance nous ressentions la température extrême qui s’en dégageait. Ce type n’est clairement pas de mon niveau… Mais cela n’a aucune importance, pourquoi diable ma sœur est-elle avec eux ?!

- Calme-toi, Zephyr. Tout ira bien, ok ? tenta de me rassurer Hélène, sans succès.

- Comment pourrais-je rester calme…

- Un de moins. Suivant ! clama Anathema sans avoir rien fait.

- Hey, ne t’imagine pas déjà être vainqu… Qu’est-ce que… Aaah !!!

Le dénommé Ignis vit ses flammes retourner en lui, colorant sa peau qui emmagasinait cette chaleur. Il tomba à genoux en poussant un atroce hurlement de douleur, se tenant la tête et gigotant dans tous les sens. Ses muscles gonflèrent, quadruplant de volume. Il articulait difficilement des paroles de supplications mais ses biceps implosèrent, recrachant un surplus de flammes et lui causant une très grave hémorragie. Il rampait, saisit de terreur, pour fuir son ennemi qui n’avait même pas levé le petit doigt.

- Je n’ai que faire de quelqu’un qui ne peut maîtriser totalement son pouvoir. Que mon prochain adversaire s’avance ! tonna la terrible combattante de catégorie S, sans merci pour les faibles.

Je ne la croyais pas aussi terrifiante… Elle qui paraissait si simple, si banale, son pouvoir était écrasant ! Inimaginable… Alors c’est elle, la dirigeante de l’équipe Aquarius ? Une grande quantité de sang et de feu giclèrent subitement, faisant disparaître le corps de « l’adversaire » d’Anathema. En quelques instants il ne restait plus rien de lui.

Mais je me sentais mal, très mal. Ma sœur affichait une expression de terreur, elle tremblait de tous ses membres en comprenant son impuissance. Pourquoi les choses doivent-elles se passer ainsi ?...

- Alors, c’est bluffant vous ne trouvez pas ? commenta Fantasma en rigolant doucement.

- Ouais… appuya Hélène qui s’inquiétait beaucoup plus pour moi que de la performance de notre capitaine.

- On ne peut pas reculer, hein… Je donnerai mon maximum ! se motiva le jeune homme au katana en se mettant en garde.

Il tremble de peur. La situation est parfaitement claire, Anathema lui est infiniment supérieure et il va mourir. La fuite lui est impossible, l’aura de notre capitaine lui fait bien savoir qu’elle compte tous les tuer. Ce type… fait face à la mort en personne. On voit parfaitement qu’il est prêt à s’effondrer d’un instant à l’autre, et pourtant il fait face. Et que gagne-t-il à se mettre ainsi en avant ? D’une certaine façon, on dirait qu’il protège ma sœur, mais… C’est inutile, c’est ça ? Ce monde est aussi cruel…

- Bien, approche. Je te tuerai instantanément avec ce doigt, tu ne souffriras pas, annonça Anathema en levant son index.

- Ne me sous-estime pas ! hurla-t-il, prononçant sans doute ses dernières paroles.

Il se rua en poussant un cri de rage, concentrant une impressionnante quantité d’électricité dans son arme, mais c’était totalement inutile. En un clin d’œil, Anathema s’était retrouvée face à lui, le bras tendu et l’index posé sur son front. L’instant d’après, sa tête explosa tout simplement. Son corps sans vie s’effondra sur le sol, l’affrontement étant résolu en un éclair. Notre chef recula d’un pas pour ne pas être souillée par son sang, et pivota vers le dernier membre restant.

- Il ne reste plus que toi… soupira Anathema en constatant le pitoyable état de ma sœur.

Ses jambes ne supportaient plus son poids, elle était à genoux sur le sol, le visage figé dans une expression de terreur. Sa faux était posée à terre, complètement inutile, et des larmes coulaient des yeux de ma jeune sœur. Elle balbutiait des mots inaudibles à cette distance, semblant au bord de la folie.

Anathema effectua un pas vers elle, sans doute avec l’intention de prendre sa vie, mais impossible que je laisse faire cela !

- Stop ! Arrête ça ! criai-je en me ruant entre Anathema et ma sœur.

- Que… Zephyr ? Qu’est-ce qui te prend ? m’interrogea mon capitaine, dubitatif.

- Ne touche pas à ma sœur ! Laisse-la ! ordonnai-je paniqué de voir ma famille dans cet état.

- Oui, ça me revient. C’est bien elle, ta sœur. J’ignorais qu’elle avait fini dans cette équipe.

- Oh, ça part en sucette… constata Fantasma qui n’éprouvait pas le désir d’intervenir.

- C’est bon, épargne-la, tu vois bien qu’elle ne représente pas une menace, elle n’éprouve aucun désir de se battre ! intervint Hélène en défendant ma position.

- C’est regrettable, et ça peut te sembler cruel Zephyr, mais si je ne la tue pas l’accord que j’ai passé ne sera pas honoré, m’expliqua objectivement Anathema.

- Je m’en fous, il est hors de question que tu la blesses ! rugis-je en m’approchant de ma sœur.

- Grand frère ! s’exclama-t-elle en se jetant contre moi et me serrant fort dans ses bras, pleurant de panique et de soulagement de me voir.

- Zephyr, tu comprends bien que je suis à deux doigts d’obtenir les éléments nécessaires pour pouvoir réaliser ma vengeance. Malgré le fait que ce soit ta sœur, je ne peux pas laisser passer cette chance… s’excusa sombrement la dirigeante d’Aquarius.

À ces paroles je ne pouvais que serrer les poings de rage. Je comprends bien qu’il s’agit de quelque chose de très important pour elle, mais pour rien au monde je ne laisserais ma sœur mourir ! En la voyant dans un tel état de panique, pleurer toutes ses larmes contre moi, cela ne faisait que nourrir ma détermination de la protéger.

- Quelles que soient tes raisons, je ne peux pas te permettre de prendre sa vie… déclarai-je tristement, sachant pertinemment que je ne possédais pas la force nécessaire pour l’en empêcher.

- Navrée Zephyr, je dois le faire.

Je fis aussitôt surgir mon katana, prêt à lui faire face. Quoi qu’il arrive, je ne l’abandonnerai pas ! D’une main je brandissais mon arme contre mon groupe, de l’autre je couvrais ma sœur du danger. Anathema fléchit les genoux et s’élança vers nous à toute vitesse. Instinctivement je portais un coup d’épée, et il atteignit miraculeusement ma cible ! Cependant, l’énergie dégagée naturellement par Anathema était si puissante que ma lame ne résista pas au choc et vola en éclats ! Je suis à présent désarmé face à cette terreur, sans rien pour protéger ma sœur... Bien qu’elle ne fût pas particulièrement grande, sa stature et sa présence étaient plus terrifiantes que celles de n’importe qui d’autre. Je tremblais à mon tour de peur, et lorsqu’elle leva le bras dans l’intention de prendre la vie de l’adolescente, je me ressaisis aussitôt et me jetai sur Anathema en tenant fermement ma sœur contre moi. Ce mouvement inattendu de ma part me permis de la renverser, et nous nous retrouvâmes tous les trois à terre.

- Tu es vraiment déterminé…

- Ne la touche pas ! Si jamais tu oses… Alors c’est moi qui te tuerais ! menaçai-je de toute ma volonté.

La situation ne ressemblait plus à rien… Anathema allongée par terre, avec moi sur elle qui tenais sa cible contre mon torse.

- Dans ce cas, je n’ai d’autre choix que de te tuer aussi… conclut-elle en concentrant de l’énergie dans sa main, une force suffisante pour nous emporter moi et ma sœur en un battement de cil.

Je restai silencieux, serrant les dents en sachant pertinemment que toute résistance était inutile. La jeune victime avait son visage enfoui contre moi, pleurant de terreur. Quant à moi… Bien sûr que je tremblais, comment rester calme face à la mort ? Mais si ce doit en être ainsi, je choisis au moins de mourir aux côtés de ma sœur !... J’aurais tellement préféré lui éviter ça, même donner ma vie pour elle…

Je fermai les yeux, sentant la fin approcher. Après avoir accumulé suffisamment d’énergie, Anathema me saisit à la gorge, répandant sa puissance dans mon corps. Cette énergie verdâtre me brûlait et m’étouffait. Mes sens se troublaient, mon corps se détruisait de l’intérieur. La vie me quittait…

Mais tout ceci fut brusquement interrompu par une série de coups de feu. Anathema recula d’un bond tandis qu’Hélène se dressait face à elle.

- Ça suffit maintenant ! Tu vas vraiment trop loin, chef ou pas tu ne peux pas te permettre d’agresser l’un des nôtres ! Continue comme ça et c’est moi qui t’exploserais la tronche !

Anathema resta silencieuse un moment, contemplant ce brusque soulèvement de notre part sans être capable de dissimuler sa surprise. À son tour, Fantasma aussi intervint :

- Il est inutile de continuer, tu le vois bien. Ces jeunes gens ne lâcheront pas le morceau. Tu veux vraiment les sacrifier pour quelque chose d’aussi futile que la vengeance ?

- Je… J’ai promis de… hoqueta Anathema soudain si fragile, sur le point de fondre en larmes d’un instant à l’autre.

- Oui, c’est louable, mais tes compagnons sont morts, Zahak est mort. Je sais à quel point tu l’aimais, mais tes camarades sont à présent Zephyr et Tempesta. Eux sont toujours en vie. Je ne te demande pas de laisser de côté ta soif de justice, mais de protéger tes nouveaux compagnons. C’est avec eux qu’un avenir est possible, et en tant que chef d’équipe tu te dois de montrer l’exemple, acheva Fantasma avant de soupirer de lassitude.

Anathema tremblait d’incertitude, se remettant sans doute en question. Quant à moi, je me redressais et assurais à Hélène que tout allait bien après avoir vérifié l’état de ma sœur, tétanisée de peur.

- Tu as raison… Je me suis comportée comme une idiote, je suis désolée, parvint finalement à formuler notre dirigeante qui n’osait plus nous regarder à présent.

Ne tenant plus en place, elle fit volte-face et s’éloigna à grands pas, sans doute prise de remord et de honte pour ses actes. Hélène a beau affirmer qu’elle s’était comportée comme une garce, pour ma part je la comprends. Si quelqu’un, qui qu’il soit, m’enlevait Hélène, ma sœur, et tout ce qui m’est cher, je ferais tout pour le retrouver et me venger, jusqu’à en perdre la raison. Cette femme… n’est pas à blâmer, mais à plaindre. Elle a vécu des choses horribles, cela transparaît dans ses actes. Quant à moi, je dois tout faire pour que cela n’arrive jamais. Je protégerai ceux qui me sont chers, coûte que coûte ! À commencer par ma petite sœur…


Texte publié par Zackiel, 17 janvier 2017 à 21h33
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