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tome 1, Chapitre 5 tome 1, Chapitre 5

Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit. En plus de cela, j’ai le corps tout courbaturé. Fantasma est vraiment impitoyable avec moi… Ne pourrait-elle pas me câliner et m’encourager au lieu d’une saleté d’illusion d’effondrement de building pour me punir de mon retard ?! Quelle peur bleue j’ai eu la dernière fois... En parlant de frayeur, la rencontre est dans deux heures, en plein après-midi dans un vieux théâtre abandonné de la ville. Au moins ce n’est pas trop loin…

Je venais à peine de me rincer le visage lorsque ma sœur m’appela depuis la cuisine. Je m’y rendis donc pour comprendre la raison de cette interpellation.

- Frérot, t’as un message ! m’informa ma petite sœur en me tendant mon téléphone. « RDV 16H vieux théâtre, loupe pas le coche crétin ! »

- Oh, merci. Tiens, mais tu l’as déjà lu ? accusai-je en prenant mon appareil.

- C’est qui cette fille, Hélène ? C’est ta copine ? interrogea-t-elle indiscrètement en avalant une gorgée de son jus d’orange. T’as un rendez-vous ? Ho ho ho ! Tu as grandi frérot !

- Ça ne te regarde pas ! Et puis depuis quand tu fouilles dans mon téléphone ? rétorquai-je un peu gêné.

- Ben depuis que t’en as un. À moins que ta copine soit cette Fantasma. Quel nom bizarre, c’est pour un jeu érotique ?

Je ne pris même pas la peine de répondre et m’éloignai déjà d’elle. Ma sœur n’est pas méchante, mais parfois elle peut être peste ! Mais effectivement, étonnamment le premier numéro de l’équipe que j’ai eu n’est pas celui de Tempesta, mais celui de Fantasma, qui m’a aussi donné celui de Mephiast au cas où. C’est vrai que ça peut être utile de les contacter. D’ailleurs, d’après les messages reçus, Mephiast ne viendra pas, ni Anathema bien évidemment. Du coup, seuls moi, Tempesta et Fantasma seront présents. Jealous Fang, hein ? Je me demande ce qu’ils valent. Ils seront quatre apparemment. En tout cas, je ne suis pas trop inquiet, l’entraînement de Fantasma a bien porté ses fruits. En fait je suis plus curieux de connaître les progrès de la belle Hélène. Eh bien, mon cœur s’emballe rien qu’en pensant à elle. Ça m’était déjà arrivé autrefois de m’intéresser à des filles, mais jamais à ce point. Malgré son sale caractère, elle a beaucoup de qualité. Et puis toutes ces insultes, au fond j’aime bien, c’est son petit côté affectif. Je l’idéalise sans doute un peu, mais je n’y peux rien : je suis fou amoureux d’elle !

ooo

Bien, j’ai vingt minutes d’avance. Hélène et Fantasma sont déjà là, ainsi que trois autres types. Ce sont trois humains, des démonistes, mais ils sont bien plus âgés. Ils ont l’air d’avoir entre trente et quarante ans, pas des gamins comme nous. Je me demande s’ils sont depuis longtemps dans la compétition…

Après avoir effectué un choix hasardeux, je me mis à fixer intensément l’un des trois. Un homme barbu avec une cigarette en bouche, appuyé sur une lance. Nos regards se croisèrent dans une expression de défi. Le combat avait déjà commencé. Ses yeux rougeoyants ne quittaient pas les miens, rendant l’atmosphère de plus en plus pesante. Cet homme, je vais le pulvériser.

- Hey, du calme ! m’ordonna Tempesta en me saisissant la main. Ne va pas faire de conneries avant même que les matchs n’aient commencé.

- Oh, c’est vrai, je me suis un peu emporté, admis-je en stoppant le flux de pouvoir qui émanait de mes yeux.

Le premier contact est important, m’a enseigné Fantasma. Un premier pas vers l’esprit de son adversaire. Celui qui contrôle ses émotions gagne la première bataille.

Lorsque les vingt minutes s’écoulèrent, personne d’autre ne vint les rejoindre. D’après les murmures qu’ils ont échangé, j’en ai déduit que le quatrième adversaire avait rencontré des désagréments et que personne ne s’attendait à son absence. Bon, il est temps. Je m’avançai de quelques pas en faisant apparaître mon katana.

- Bien, qui veut être le premier à périr ? déclarai-je en fixant intensément ma cible.

Ce dernier cracha sa cigarette puis se présenta, me défiant de toute son imposante taille.

- Je vais t’apprendre la vie, gamin.

- Amène-toi.

Aussitôt il se mit en position avec sa lance, puis à l’aide d’une impulsion de sa jambe il s’élança à toute vitesse vers moi. Une vitesse ahurissante ! Bien plus grande que la mienne, jamais je ne pourrai esquiver une telle attaque ! Sa lance s’enveloppa d’électricité, la rendant plus dangereuse que jamais.

- Meurs, gamin !

Je fis un pas sur le côté, mais trop tard. La lame me perça le cœur ! Je titubais en vomissant du sang, mais je ne pus retenir un sourire. Hé hé, idiot ! Mon corps disparut après cet impact, et à cet instant il se rendit compte qu’il avait été berné, mais seulement il était déjà trop tard. Je surgis de son dos et tentai de le décapiter. Mon bras s’arma et je le balançai droit vers sa tête, malheureusement ma lame frôla son cou de quelques millimètres alors qu’il bondit en arrière, esquivant ce coup mortel. Là encore, je ne pus que sourire. C’est terminé. Cet autre moi disparut lui aussi.

- Une double illusion ! comprit Tempesta stupéfaite.

Lorsque mon adversaire retomba, ma lame l’empala au niveau de son cœur. Cette fois il ne s’agit pas d’une illusion, mais de ma victoire !

- Que… À quel moment… ? parvint à articuler ma victime dans un dernier souffle.

Je retirai ma lame et lui tranchai impitoyablement la gorge, le propulsant au sol. Comme si j’allais te répondre ! Avant même que le combat ne commence, tu étais pris dans mon illusion. Fantasma est une excellente instructrice.

- Hey, tu gères pas trop mal on dirait ! me complimenta Tempesta avec un sourire de satisfaction.

- À ton tour de me montrer ce que tu vaux, Tempesta.

- Teuh ! Ne prends pas cet air juste parce que tu as gagné !

Voyons voir les progrès que ma douce a faits. Hélène s’avança sans sortir ses armes, bien qu’elle déploya tout de même ses pouvoirs. Elle aussi a amélioré son contrôle. Je fixai la scène en me servant de mes yeux de démonistes. Après tout, je peux toujours apprendre deux-trois pouvoirs de la part de Tempesta et de ses adversaires. Fantasma m’a dit que les illusions sont clairement les magies les plus dures à apprendre en tant que démoniste, tout simplement parce qu’il est difficile de les percevoir ou même de les comprendre. Nos yeux de démonistes voient beaucoup de choses mais sont tout aussi vulnérables face aux illusions que ceux de n’importe qui d’autre.

L’adversaire d’Hélène, une femme à lunettes plutôt chétive, se présenta. Cependant, elle portait sur elle un fusil de précision. Pas très adapté pour ce genre de situation je trouve. Mais cette dernière fit un mouvement inattendu. Elle posa ses mains sur le sol, ce qui eut pour effet de déployer une brume relativement dense. Quelque chose chuta juste après et des coups de feu retentirent. Je reconnus le bruit des révolvers de Tempesta, mais il y en avait un autre. Sans doute celui de son adversaire. J’entendais aussi le plancher craquer et se percer suite aux balles perdues.

Il y a quelque chose qui cloche… Hélène semble bien trop paniquer par rapport à d’habitude. Fantasma aussi l’a remarquée. Je l’interrogeai alors du regard.

- Reste en arrière. Ils trichent.

- Comment ?! Ils trichent tu dis ? m’interloquai-je, plutôt surpris de l’apprendre.

- Ils se mettent à deux contre Hélène. C’est sans doute pour cela que cette fille a levé ce brouillard.

- Il faut intervenir…

- Je m’en charge.

Fantasma s’engouffra par la suite dans ce brouillard. Pas de chance pour eux, dissimuler les choses est sa spécialité. Il ne fallut que quelques instants pour les entendre hurler de terreur. Une des illusions horrifiques de Fantasma ! Puis quelques coups de feu vinrent les faire cesser. Ce fut expéditif au moins. Le brouillard disparut, révélant alors les cadavres des deux autres participants abattus par la force de Tempesta. Notre ainée apparut dans les airs, avant de se poser à côté de nous.

- Comment peuvent-ils tricher ?! rouspéta aussitôt Hélène, furieuse de voir son combat se dérouler ainsi.

- Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’arbitre. Expliqua simplement Fantasma. Dans ces catégories de la compétition, nul besoin d’arbitre, c’est la loi du plus fort qui s’applique. Après tout, ce ne sont que des matchs sans intérêts. Ni public, ni arbitre, ni règle. Ni gloire !

- Hum, c’est déloyal, confirmai-je en observant avec inquiétude Hélène, mais constatant avec soulagement qu’elle n’était pas blessée après ce qui venait de se produire.

- Mais alors, tu pourrais juste tous les tuer en un claquement de doigt et on gagnerait ? conclut ironiquement Tempesta.

- Tout à fait. Mais je ne le fais pas pour…

- Pour notre formation, entraînement et bla bla bla ! l’interrompit la jeune fille.

- Cela veut aussi dire que nous ne sommes pas à l’abri qu’un tel type se trouve face à nous. Quelqu’un qui possède un grand pouvoir qui essaie de tous nous éliminer… déclarai-je pensif.

- Ce n’est pas pareil. Tu oublies que moi et Mephiast sommes là. Ça change beaucoup de choses !

- Effectivement. Nous disposons d’un net avantage, dis-je rassuré de voir cette possibilité s’évanouir.

- Pff… Cette histoire m’ennuie ! Moi qui pensais faire un beau combat, tout a été gâché par ces ploucs ! se plaignit Hélène en croisant ses bras derrière sa tête.

- Ah, si ce n’est que ça, tu n’as pas à t’en faire. Des combats, ce n’est pas ce qui va manquer ! lui fis-je remarquer amusé par sa réaction puérile.

- Exact, tu n’as donc pas à t’inquiéter à ce sujet. Concentre-toi plutôt sur ta progression. Notre prochaine victoire nous permettra d’accéder à la catégorie supérieure. Ça deviendra un poil plus intéressant ! opina notre aînée en s’éloignant tout en pianotant sur son téléphone.

- Etrange spectacle, un démon avec un téléphone… commentai-je à l’attention d’Hélène.

- Tu es mal placé pour parler ! rétorqua la lycéenne.

- Je suis tout de même content de constater que personne n’ait été blessé cette fois. Je me demande quelle excuse je pourrais bien inventer en cas de blessure. Je suis dans la merde de ce côté-là : « Oh, des balles et des taillades ? Ah, c’est, hum… Ne vous en faîtes pas pour les brûlures, c’est en me cuisant une pizza sur le nez que… ». Tout à fait impossible… déprimai-je en arrachant un magnifique rire à Hélène.

- Tu as raison sur ce point, c’est casse-pieds pour toi !

Nous restâmes silencieux quelques instants, observant les corps de nos adversaires. À présent la situation est différente, il s’agit de vrais humains qui gisent devant nous, et non des monstres. Des personnes ayant une vie, une existence, sûrement même une famille. Et ces gens, nous les avons abattus de sang-froid. Mais les corps sont toujours là, dans ce vieux théâtre abandonné et seront donc retrouvés un jour. Rien de prévu pour faire disparaître les traces je suppose. Du coup, si on ne fait pas gaffe, on risque des ennuis avec la police, et des graves ! Malgré tout, je n’éprouve pas tant de remord à avoir tué des êtres humains. Après tout, ils auraient fait pareil pour nous, n’est-ce pas ? Ce n’est de toute manière pas un monde où je pourrai m’apitoyer sur le sort injuste des morts. Peut-être des gens comme nous qui ont été traînés de force dans cette histoire, et qui ont péri en tentant tout simplement de survivre. Ce genre de scènes et d’actes transforment les gens. Ceux que je rencontrerai par la suite, il sera mauvais pour moi de les considérer comme des humains normaux. Je dois agir en conséquence.

- Hey, mauviette ! Pourquoi es-tu aussi pensif ?

- Pour rien. Tu viens boire un café avec moi ? Ensuite on ira regarder un film ensemble, tu en penses quoi ? proposai-je en souriant.

- Décide pas à ma place, crétin !

- Je ne décide pas, je propose. Ne sois pas aussi timide ! me moquai-je amicalement.

- Je ne suis pas timide, tu m’énerves juste ! affirma Tempesta en ayant du mal à cacher cette soi-disant inexistante gêne.

- Mais oui, tu es mignonne à camoufler ton embarras derrière cette colère, poursuivis-je toujours aussi malicieux.

- Continue comme ça et tu vas le regretter espèce d’asocial ! s’énerva Hélène toujours aussi mal à l’aise.

- Tu sais que j’adore quand tu m’insultes ? admis-je fièrement pour la déconcerter.

- Mais… Bordel de masochiste, je vais te casser la figure !

- Après le café si tu le souhaites !

- Grr…

Comme prévu Hélène abandonna tout effort pour me menacer. Moi-même je devrais rester méfiant car à force de pousser le bouchon un peu trop loin ça finira par me retomber dessus un jour. Mais son caractère de cochon, à cette fille, je l’aime. J’aime chaque partie de son être, tout en elle est merveilleux…

ooo

Nous nous sommes alors rendus au centre-ville. Après être descendus du bus, nous constatâmes que quelque chose différait par rapport à d’habitude. Toutes ces attractions montées, cette foule, cette musique… Une foire ? Ah, ça me revient, ma petite sœur m’en avait parlé ce matin, elle comptait y aller avec ses amies. Malgré cette ambiance détendue, je ne saurai dire pourquoi mais j’éprouvais une étrange sensation. Il y a quelque chose d’anormal, j’en mettrais ma main à couper.

Qu’importe, je ne suis pas venu là pour m’attirer des ennuis, mais pour m’amuser. Voilà, un stand de tir, j’en connais une qui pourrait y trouver son compte. Je la mis donc au défi :

- Comment ?! Tu me penses incapable de toucher des cibles immobiles ? Tu me prends pour qui, petit merdeux !

- Oh, tout de même ! Elles sont à un peu plus de deux mètres. Cela laisse le doute, tu ne crois pas ? ricanai-je.

- Attends de voir, je vais te faire fermer ton clapet…

Après avoir payé son droit de participation, elle se saisit de la carabine, mit les ballons en joue, puis appuya sur la gâchette à cinq reprises. Cinq tirs, cinq succès, comme attendu. Le forain la félicita en lui donnant son prix : un pistolet à eau. Forcément, je ne pouvais qu’être hilare devant la réaction d’Hélène ! L’instant d’après je me retrouvai avec le visage trempé par la nouvelle arme de Tempesta.

- Hey, frérot ! m’interpella une voix familière taquine. Qu’est-ce que tu fais là ? Et ton super rendez-vous important, ça donne quoi ?

- De quoi tu parles ? Fiche-moi la paix !

Ma petite sœur me faisait face, accompagnée d’une de ses amies et d’un autre garçon de son âge. Bien qu’il arborait un étrange sourire. Mais avant que je n’aie le temps de l’analyser plus en profondeur, je me pris un jet d’eau dans l’oreille.

- Qu’est-ce que t’es encore allé raconter, bouseux ? s’énerva Hélène en me canardant avec son pistolet à eau.

- Mais… Rien ! C’est elle qui… me défendis-je tant verbalement que physiquement de l’agression de ma partenaire.

- Ha ha ! Tu te fais encore bizuter grand frère ! se moqua ma jeune sœur.

Le jeune garçon aux côtés de ma sœur murmura quelque chose à son oreille avant de sourire malicieusement. J’aurais dû me douter que quelque chose ne tournait pas rond, mais j’étais trop concentré sur autre chose pour cela, comme à me défendre des assauts de cette furie blonde.

- Crétin de frère, j’ai une super idée puisque vous êtes là…

ooo

Nous étions plongés dans une salle obscure. Bien que nous voyions parfaitement face à nous, d’étranges lumières ressortaient complètement de ce noir. Je braquai un pistolet de forme inhabituel vers ces lumières avant d’appuyer sur la détente. Un fin rayon rouge surgit de mon arme avant d’atteindre sa cible.

- Rooh ! Bon sang, ce n’est pas fair-play de s’embusquer ! râla l’amie de ma sœur alors que les diodes de son gilet s’éteignaient en désactivant temporairement son arme.

- C’est de la stratégie, ha ha ! me justifiai-je en voyant mon compteur de point augmenter.

Je me repositionnai de nouveau dans ma cachette, en attente d’une nouvelle cible. Une jeune fille possédant des diodes de couleur identique aux miennes s’arrêta devant moi en levant son pouce.

- Je vais en attirer d’autres, frérot ! signa ma sœur plutôt confiante.

À peine fit-elle un pas que je l’entendis crier de surprise pendant que ses diodes s’éteignaient. J’eus tout juste le temps de me relever que les miennes furent aussitôt atteintes sans que je ne puisse immédiatement identifier mon opposant.

- Trop lent, abruti, commenta mon agresseur d’un air dédaigneux.

- Hé hé, attends que je me réactive, tu vas voir qui est le chasseur… lançai-je à Hélène tandis qu’elle s’éloignait.

Ouf, ce n’est pas évident. Encore qu’il n’y aurait eu que ces gamins ça aurait été une victoire facile, mais avec un tireur de talent tel qu’Hélène dans l’équipe adverse, c’est complètement déséquilibré. De mon côté je ne fais équipe qu’avec ma sœur, mais nous formons un groupe compétent ! Ma partenaire va apprendre à ne pas sous-estimer ma famille ! Ha ha !... J’adorerais qu’elle surgisse tout à coup, me plaque contre le mur en m’embrassant fougueusement. Ce serait le pied !

- Tu rêvasses, gamin, me rappela Hélène après m’avoir encore atteint avec son laser.

- Crétin de frère, je l’avais attirée pour la piéger, t’as tout gâché ! me réprimanda ma sœur, elle aussi touchée, en tapant du pied.

- Désolé, hé hé ! m’excusai-je en me redressant.

Cependant, je titubai de nouveau alors qu’une douleur me transperçait le flanc. Quelque chose de chaud coulait pendant que je tombai à la renverse. Ni ma sœur, ni Hélène n’avaient aperçu ce qu’il venait de m’arriver, elles étaient déjà reparties. Quant au coupable, il surgit devant moi, ricanant d’un air narquois en me menaçant avec son pistolet-laser.

- Bon sang… Qu’est-ce que… articulai-je tandis que la douleur me déchirait le flanc gauche.

- Tu es sans défense à présent. Je vais t’achever, puis ce sera le tour de ta camarade Aquarius, énuméra le jeune garçon qui accompagnait ma sœur.

- Grr… Pourquoi… demandai-je afin de gagner du temps pour que la douleur se dissipe un peu.

- Jealous Fang, ça ne te dit rien ?

Ah, je vois. Le quatrième membre qui n’avait pas pu venir veut prendre sa revanche. Bon sang, je ne peux même pas lever le petit doigt. Ça va être délicat… Je me concentrai pour faire appel à ma magie et essayer de le repousser, mais une détonation retentit avant que je ne puisse faire quoi que ce soit. Mon assaillant s’effondrait par terre, la cervelle éclatée. Hélène se tenait debout juste à côté, son révolver noir en main ainsi que quelques taches de sang sur le visage.

- Saloperie, je ne pensais pas que ces types pourraient aller jusque-là… constata Hélène en s’essuyant le visage.

- Ça craint, ma sœur a failli être impliquée…

- Ouais, restons vigilants, acheva mon sauveur en me tendant la main pour me relever.

- Laser Game, tu parles d’un fusil laser…

- Tiens, frérot, c’était quoi ce bruit ? On aurait dit un coup de feu.

- C’est rien, je suis juste tombé. Allons-nous-en, commandai-je en marchant avec difficulté.

- Quoi ? Mais qu’est-ce que…

Je ne lui laissai pas le temps de terminer sa phrase. Inutile qu’elle voit un cadavre, je ne veux pas qu’elle soit impliquée dans toute cette histoire, dans mon monde. En ressortant, je réalisais alors qu’en poursuivant dans cette voie, d’autres chercheront à s’en prendre à moi et par extension à ma famille. C’est malheureusement inévitable… Il faut que je trouve un moyen pour éviter cela. Ma sœur me questionna à propos du garçon qu’elle a rencontré dans la journée, mais je lui mentis en prétendant qu’il avait dû partir à cause d’un malaise. Pas bête pour un sou, elle m’interrogea ensuite sur ma blessure qui avait l’air bien grave, mais je parvins à esquiver la question en déclarant que j’ai saigné un peu du nez sur mon t-shirt. Saigné du nez, tu parles ! J’ai un trou dans le bide…

Nous nous séparâmes juste après cela, Hélène et moi nous asseyions sur un banc pour observer ma blessure.

- Il t’a pas loupé cet enculé… murmura-t-elle en posant ses mains sur ma plaie avant de la geler avec son sortilège de froid.

- Ouais, hé hé… Ça picote un peu, je dois le reconnaître.

- C’est temporaire ce que je te fais, il te faudra te procurer des soins plus permanents.

- Merci, Hélène. Je ne m’en serais pas sorti sans ton intervention, admis-je, reconnaissant de son soutien.

- C’est rien, nous sommes partenaires. Ne recommence plus ça, j’ai cru que tu avais clamsé pendant un instant !

- Tu as eu peur que je meure ? taquinai-je amusé par sa réaction.

- Un peu… Ça aurait été chiant de perdre un partenaire, reconnu-t-elle embarrassée.

- Ha ha, vraiment ? souris-je pendant qu’elle continuait à geler ma blessure.

- Ce serait plus emmerdant sans toi…

- Tu as oublié de m’insulter je crois… murmurai-je en approchant mon visage du sien.

- Espèce d’asocial… susurra-t-elle en s’approchant elle aussi comme attirée par mes lèvres.

Wouah, c’est comme un rêve qui se réalise… Elle a l’air complètement envoutée, et ne me repousse même pas. Nos lèvres se frôlèrent, prêtes à s’entrelacer alors que nous fermions les yeux pour savourer cet instant magique.

- Hep, frérot ! On prend le même bus pour rentrer ? nous interrompit innocemment ma jeune sœur.

- Mais… Qu’est-ce que tu crois faire, petit merdeux ?! s’énerva subitement Hélène en me repoussant violemment.

Ah… C’était trop beau pour être vrai. Et dire que j’étais à deux doigts de l’emballer, tout ça à cause de ma petite sœur ! Mais en même temps c’est vraiment amusant de voir son visage aussi rouge, je ne pense pas qu’elle ait un jour ressenti autant de gêne, ha ha !

- J’arrive au mauvais moment, non ? Si c’est le cas dîtes-le moi, je m’en irai, souligna narquoisement ma petite sœur en se délectant de la situation.

- Non, absolument pas. Il faut que je rentre, à la prochaine, asocial ! coupa court aussitôt la jeune femme vivant un trop plein d’embarras.

Hélène s’éloigna vivement de nous deux, n’osant pas se retourner pour croiser mon regard alors que je soupirai d’ennui pendant que ma sœur se retrouvait hilare devant moi, se moquant fièrement de notre réaction et prenant un malin plaisir à briser mes rêves.

- Sœurette ?

- Oui frérot ?

- Je te hais…

- Je sais frérot, moi aussi je t’aime !

Putain de troll… J’ai tout gagné aujourd’hui, je suis salement amoché, et j’ai raté mon coup à cause de ma sœur. Mouais, ça aurait pu être pire remarque ! Au moins je sais à présent que nos sentiments sont plus ou moins réciproques. C’est un bon début.

ooo

- Aïe ! Vas-y plus fort, sois encore plus brutale ! rouspétai-je en grimaçant à cause de la douleur.

- Hé hé il fallait bien s’en douter que quelque chose clochait. Et malheureusement, ce picotement n’est pas une illusion ! me rappela Fantasma en me tirant la langue.

- Oui, pas la peine d’en rajouter, je le sens bien !

Grâce à la magie de Fantasma, ma blessure se résorbait assez rapidement non sans douleur. Le « sang impur » était expulsé hors de mon corps, en fait son sortilège rejetait les dommages que mon corps avait subis. Suite à cela, mes draps étaient complètement tachés de mon sang. M’enfin, ce serait assez ingrat de ma part de me plaindre pour ça. Cependant, je me demande de quelle manière je vais pouvoir justifier l’état de mon lit auprès de mes parents. Bah, qu’importe…

- Charmante famille. Ce sont tes parents ? demanda-t-elle en faisant référence à ceux qu’elle avait croisés dans la salle à manger. Quelle chambre tout à fait ordinaire !

- Oui, et oui, ça t’étonne ? balançai-je un peu irrité. D’ailleurs, pourquoi débarquer brusquement chez moi à neuf heures du soir ?

- Pour te venir en aide voyons ! J’ai reçu un message d’urgence. Si tu n’es pas content, je fais disparaître mon soin ! menaça mon aînée en souriant.

Un message d’urgence ? Je n’ai rien envoyé. Serait-ce… ?

- Ah, excuse-moi. Je t’en suis très reconnaissant, mais je n’ai pas vraiment l’habitude qu’un fou dangereux essaie de me démembrer en pleine ville. soupirai-je désolé.

- Oh, hum, tu es encore avec une autre fille. Grand frère commence à être populaire on dirait, intervint ma jeune sœur qui venait de faire irruption dans ma chambre avec une glace à l’eau en bouche.

Elle fusillait ma partenaire du regard, visiblement irritée de ne pas avoir été prévenue de la venue d’une inconnue. D’ailleurs, je n’étais pas au courant non plus, mais passons.

- Qu’est-ce que tu vas encore t’imaginer, petite peste ?! râlai-je toujours en colère après elle.

- Coucou mini-Zephyr ! Moi c’est Fantasma, enchantée !

- Mini quoi ? Ha ha, c’est comme ça que tu te fais appeler maintenant, grand frère ? Oh, je vois. Fantasma, c’est pour ton jeu érotique !

- Tu ne pouvais pas te taire, toi ? reprochai-je à ma coéquipière, blasé de voir la tournure de la situation.

- Un jeu érotique ? C’est quoi cette histoire ? me questionna Fantasma en me suspectant de je ne sais quoi encore.

- Vous avez commencé à jouer, c’est pour ça que tu es torse nu grand frère ?

Ah bon sang, qu’est-ce qu’elle me fatigue ! Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec elle à justifier les moindres facettes de ma vie. Je me laissai retomber en arrière sur le lit, plaquant une main sur mes yeux. De toutes manières, pourquoi ne puis-je pas avoir une soirée normale ? Enfin, après m’être fait trouer le ventre, ça paraît difficile je l’admets. Mais pourquoi faut-il toujours que ça tourne de cette façon ? Que peut-elle être pénible cette sœur parfois ! Il y a des jours où elle est de mauvais poil pour rien, c’est assez désagréable. M’enfin, elle reste ma frangine et je l’aime bien. La pauvre a failli être impliquée dans mes histoires. J’aimerais vraiment tenir ma famille éloignée de tout cela. D’ailleurs, à ce propos, j’apprécierais que Fantasma m’apporte quelques réponses, notamment sur cette pierre violette.

- Hey, professeur ? interpellai-je en rouvrant les yeux.

- Professeur ? m’interrogea ma petite sœur, seule avec moi dans ma chambre en train de pianoter sur son téléphone en fouillant dans le mien.

- Mais… Qu’est-ce que tu fiches ? réagis-je en arrachant mon appareil de ses mains démoniaques.

- N’est-ce pas évident ? Je recopie ta liste de contact ! Annonça cette voyeuse en montrant fièrement le résultat sur son propre téléphone.

- Tu ne connais donc pas la notion de vie privée ?

- Voyons, mon grand frère chéri, tu sais très bien que dès l’instant où je suis née tu as abandonné toute vie privée… soupira-t-elle faussement désolée.

- Sale peste ! rugis-je en lui lançant un coussin qu’elle évita en disparaissant derrière la porte de ma chambre.

Pff… Elle se fiche de moi ! Mais je ne peux m’empêcher de sourire, voilà qui est ironique. Cela me fait peut-être passer pour un vieillard, mais à présent que je mets ma vie en jeu et que je réalise que celles de ma famille sont potentiellement en danger, je savoure beaucoup plus ces petits moments passés avec eux malgré qu’ils soient à tendance conflictuelle. Mais elle est très intrusive ces derniers temps, cela ne lui ressemble pas. Je veux dire, il lui est déjà arrivé de regarder par curiosité ce que je faisais, mais pas au point de détailler la moindre de mes activités. Je me demande ce qui peut bien lui passer par la tête.

ooo

L’équipe de démons Tricorne ? Ce sont donc eux nos derniers adversaires pour la catégorie F, constatai-je en lisant mon Initiateur en me servant de mes yeux de démoniste. Je le refermai en soupirant et le glissai sous mon lit, priant comme toujours pour que ma sœur ne retombe pas dessus. Elle ne comprendrait de toute manière pas qu’il s’agit d’un objet très précieux et pas d’un vieux bouquin vierge. Cela dit, ces démons seront une bonne opportunité pour moi d’emmagasiner de nouveaux pouvoirs. Tout de même, je me questionne beaucoup au sujet des démons… J’aurai mes réponses en temps voulu, inutile de se tracasser avec ça ! Je vais plutôt profiter du temps qui me reste pour améliorer mon maniement de l’épée.

Je me rendis dans un coin tranquille, un parc peu fréquenté à cette heure avancée de la nuit, pour y déployer mes pouvoirs et tester différentes combinaisons. J’ai pu constater qu’utiliser deux pouvoirs en même temps était très difficile, c’est pourquoi Fantasma avait été étonnée d’observer l’exploit que j’ai réalisé lors de mon premier combat. Le reproduire, c’est une autre histoire. Elle m’a rapidement expliqué comment y parvenir, mais m’a déconseillé de le travailler pour le moment vu l’effort que cela demandait. Malgré tout j’aimerais obtenir un résultat favorable dans ce domaine, cela me concèdera un net avantage face à mes adversaires. Mais… Mes compétences physiques laissent à désirer pour le moment, je devrais les travailler en priorité. Mes pouvoirs m’aideront peut-être à créer une ouverture une fois, deux fois, mais la ruse a ses limites. Il faut que mes compétences à l’arme suivent derrière.

Je m’imposais alors quelques exercices afin d’être plus performants physiquement : faire tomber des feuilles d’un arbre d’un coup de pied et toutes les atteindre avec ma lame avant qu’elles ne touchent le sol, effectuer des sprints et de la course afin de tester et dépasser mes limites de vitesse, de l’entraînement au combat à mains nues… Jusqu’à ce qu’une voix ne vienne m’interrompre pendant que je m’exerçais aux poings et pieds en frappant dans le vide :

- Hey, toi aussi tu ne trouves pas le sommeil ? m’interrogea Hélène en fumant une de ses horribles cigarettes.

- Non, effectivement. Depuis ce qui s’est passé cet après-midi je réalise que j’ai beaucoup de chemin à faire pour endurer tous les dangers auxquels je devrai faire face au quotidien, même entre deux rencontres, admis-je en contemplant mon poing.

- On s’échange quelques coups ? proposa-t-elle en se mettant en garde.

- Je suis un peu anxieux, quand je pense qu’un jour peut-être en rentrant chez moi je retrouve ma famille assassinée… confiai-je en engageant le combat d’un coup de pied vers ses côtes qu’elle para avant qu’à mon tour je ne dévie sa riposte.

- Tu sais, à partir du jour où on a reçu ce don, on a aussi obtenu la malédiction qui va avec, interpréta ma partenaire en effectuant un balayage qui me manqua de peu grâce à un saut réflexe.

- Une malédiction, tu dis… m’imaginai-je en voulant la frapper du genou sans succès.

- Ouais. En participant à ce tournoi on a beaucoup à y gagner, mais aussi beaucoup à y perdre, déduisit Tempesta en agrippant mon genou avant de me balancer dans les airs.

- Ce n’est pas comme si on avait eu le choix, rappelai-je en me réceptionnant sur le tronc d’un arbre avant de me propulser vers Hélène.

- Qui sait, mais ce dont je suis sûre c’est qu’on a à présent le choix de la façon dont nous allons mener nos vies… Et choisir notre mort, s’assombrit-elle en bloquant à nouveau mes coups et ripostant tout aussi vivement.

- Je n’aime pas trop la manière dont tu présentes les choses, mais je dois admettre que tu as raison, opinai-je en faisant une pirouette dans les airs pour la frapper du pied au niveau de la tête, coup qu’elle esquiva en faisant tomber sa cigarette ce qui lui arracha une grimace.

- Mais tu sais, j’aurai peut-être du mal à te tirer des merdes dans lesquelles tu te fourreras, mais tu peux compter sur moi pour te venir en aide quand tu en ressentiras le besoin, me rassura ma partenaire pendant que je me réceptionnai.

Je la fixai tout de même incrédule. Ces paroles sont réellement touchantes, surtout quand elles proviennent de l’être aimé. Bien que ça ne me rende pas plus viril, je ne pus m’empêcher de verser une larme de gratitude, avant de me recevoir un coup de poing en plein visage qui me mit à terre.

- Et que tu n’es qu’un crétin d’asocial qui crèverait si je le laissais seul ! acheva-t-elle non sans sourire.

- Aïe ! C’est pas juste, j’avais baissé ma garde ! me plaignis-je en me frictionnant le nez endolori.

- T’avais qu’à rester concentré, bouseux, m’insulta mon agresseur plutôt fier de ce résultat injuste.

- Il n’y a pas de quoi en rire, tu m’as pas loupé ! Si ça se trouve il est cassé… geignis-je, commençant réellement à m’inquiéter de rentrer avec une nouvelle blessure pas vraiment méritée.

- Rooh fillette ! Fais-moi voir ça… m’intima-t-elle en s’approchant de moi.

Elle s’accroupit face à moi, et passa sa main sur ma plaie. Elle l’examina d’un œil que je ne trouvais pas trop attentif, puis sa main glissa sur ma joue, et délicatement approcha son visage du mien.


Texte publié par Zackiel, 31 décembre 2016 à 00h21
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