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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

J’étais finalement parvenu à trouver le sommeil, mais bien moins rapidement que ma petite sœur. Je n’arrêtais pas de penser à ce que je venais de vivre, sans compter que j’avais des démangeaisons dans tout le corps. Lorsque j’estimais avoir suffisamment perdu mon temps à attendre dans le lit, je pris le temps de me préparer. En me rinçant le visage devant le miroir de ma salle de bains, je me suis demandé à quoi je ressemblais avec des yeux rougeoyants.

Si je me souviens bien, Hélène m’avait parlé d’un flux d’énergie. En l’intensifiant, je devrais pouvoir retrouver mon état. En fouillant quelques minutes, je parvins à percevoir un faible flux d’énergie, mais il semblait figé, ralenti. J’essayai donc de le faire réagir, mais j’avais plus l’impression de gaspiller mon énergie qu’autre chose. Au bout de dix minutes de tentatives infructueuses, quelqu’un toqua à la porte de la salle de bains.

- Grand frère, qu’est-ce que tu fiches ? J’ai besoin de me laver, alors dépêche-toi un peu ! me réprimanda ma jeune sœur qui venait de se réveiller.

Toujours aussi impolie, elle avait ouvert la porte sans demander mon consentement. Heureusement que je n’étais pas dans une tenue incommodante. Quant à elle, elle portait toujours son pyjama rose à points blancs, et tirait une tête affreuse : les cheveux dans tous les sens, d’épais cernes sous les yeux, elle me dévisageait comme si j’étais un élément inconnu venu perturber sa routine quotidienne.

- Oui, c’est bon j’ai fini. Patienter un peu ne te tuera pas, tu sais, lui assurai-je en ressortant de la pièce, comprenant qu’il était inutile de s’attarder plus longtemps sur ce problème.

Je passai à côté d’elle pour lui céder la place et préparer un petit déjeuner, mais elle me saisit le poignet dans un geste inattendu. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé durant un instant qu’elle savait ce que je fabriquais à être aussi long dans la salle de bain, et que je commettais une grave faute en ne lui en parlant pas.

- Qu’y a-t-il ? me risquai-je toujours en proie au doute.

- Tu pourrais au moins me dire bonjour.

Ouf, ce n’est que ça ! Je me penchai vers ma cadette pour lui faire la bise. C’est vrai qu’il peut lui arriver d’être brusque, vulgaire ou ennuyante, dans le fond elle est très délicate avec moi. Je peux le dire rien qu’à la façon dont elle dépose ses lèvres sur ma joue : avec une infinie tendresse comme si j’étais la plus fragile et la plus précieuse de ses poupées. Quoi qu’on en dise, elle reste ma sœur, et je l’adore plus que tout ! Voulant la taquiner en retour, j’enroulai mes bras autour de son corps pour la serrer brusquement contre moi, la bousculant ainsi au réveil. Je frottai ensuite ma main sur sa tête pour l’énerver un peu. Elle poussa un petit cri de surprise, étouffé dans mes vêtements, et ne se débattit qu’à peine avec le peu d’énergie dont elle disposait. Mais je ne veux pas non plus lui faire mal. Le savon que je lui passais se transforma en caresses affectueuses. Je sais qu’elle adore que je passe ma main dans ses cheveux de cette manière, ça a toujours pour effet de la détendre. Elle ferma même les yeux pour apprécier ce contact. Elle me paraît être si fragile… Pour rien au monde je ne voudrais lui attirer plus d’ennuis. Elle a déjà passé une nuit difficile à cause du tonnerre, la pauvre est épuisée. Mais elle est toute mignonne comme ça, le visage collé contre moi, ses petits yeux fermés, à respirer doucement. Je la dévisageais un long moment durant, savourant moi aussi ce contact. Malgré toutes nos chamailleries, nous sommes très proches l’un de l’autre, et c’est assez fréquent que nous ayons ce genre de contact. On se bat, mais on se câline aussi. On se protège mutuellement, elle est aussi là quand je ne vais pas bien.

J’aurais du mal à envisager une relation différente avec elle. Si elle n’était pas là, je ne sais pas ce que je serais devenu. J’ai toujours été distant et un peu renfermé. Il n’y a personne avec qui je suis proche, pas même mes parents. Personne, mis à part elle. C’est pour cela qu’elle m’est si précieuse.

Trouvant le temps un peu long et son absence de réaction un peu bizarre, je lui relevai le menton pour lui faire tirer une grimace, mais elle n’afficha aucun changement et conserva les yeux clos. C’est alors que je compris : elle s’était endormie ! Je la secouai un peu pour la tirer de ce sommeil improvisé.

- Va donc te passer sous l’eau chaude, ça te fera du bien !

- Hein ? Oh, oui oui, s’il en reste encore après ton passage ! piqua-t-elle sans attendre avant de s’extirper de mes bras pour s’enfermer dans la salle de bain.

- Mais… Tu tiens à peine debout, pourquoi t’es-tu sentie obligée de quitter le lit aussi tôt ? Rien ne t’empêche de rester dormir plus longtemps, si ? m’enquis-je pour essayer de comprendre ses intentions.

- T’occupes, j’ai des trucs à faire ! coupa-t-elle court à la conversation au travers de la porte.

Bah, ce sont ses affaires après tout, elle fait ce qu’elle veut elle a quinze ans maintenant.

ooo

L’après-midi, je me rendis comme prévu au centre-ville pour y être à l’heure, voire en avance de quelques minutes histoire de ne pas la contrarier. J’aimerais au moins faire une bonne seconde impression pour celle qui sera, apparemment, ma partenaire, si je puis m’exprimer ainsi. En fin de compte, ce fut Hélène qui me fit attendre. Bizarrement, vu le caractère de cette fille, cela ne m’étonnait même pas. Je la vis arriver de loin, pianotant sur son téléphone comme absorbée. En l’observant plus attentivement, elle semblait relâchée, un peu comme si elle venait d’extérioriser de fortes émotions.

- Salut Hélène !

- Ne me salue pas aussi familièrement, je te rappelle que je suis avec toi contre ma volonté !

- Hum, comme tu voudras.

- Je viens de passer un savon à Jason pour hier soir, alors si tu commences toi aussi, je suis prête à en faire de même pour toi.

- Ça t’arrive d’être aimable de temps en temps ?

- Ça dépend envers qui. Bon, ne perdons pas de temps, on a plusieurs choses à faire. D’abord, allons te chercher un téléphone, je ne comprends pas comment on peut être asocial à ce point.

- Ben, je n’ai personne à appeler, alors…

- La ferme, asocial !

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à faire l’acquisition d’un nouveau téléphone. Enfin, je dis « nous », je devrais dire « elle », puisqu’elle a choisi mon téléphone, mon fond d’écran et ma sonnerie, parce que « sinon c’est pas un portable de vrai mec ». Bon, je dis ça, mais elle n’est pas sans goût non plus. Maintenant que madame est satisfaite, elle a décidé de m’emmener dans un terrain vague afin que nous ne soyons pas dérangés.

- Bien, passons aux choses sérieuses maintenant.

- Aux choses sérieuses ?

- Bien sûr, faudrait peut-être que nous apprenions à maîtriser nos pouvoirs au cas où ces saloperies reviendraient.

- D’ailleurs, à ce propos, ce matin j’ai essayé de réutiliser mes pouvoirs, mais je n’ai pas réussi.

- C’était pareil pour moi, mais par contre, lorsque j’étais en colère après avoir croisé Jason, ça m’a paru bien plus simple après.

- Tu les as utilisés ?!

- Non, mais le flux d’énergie était plus intense. À mon avis, une telle impulsion provoquée par des émotions fortes doit être nécessaire au début. Par exemple, tu serais capable de m’exaspérer tellement que je pourrais les utiliser accidentellement sur toi.

- Ouais, je suppose… Bon, comment on s’y prend ?

- Il faudrait une sensation intense, donc. Malheureusement, l’ennui que j’éprouve pour toi n’est visiblement pas suffisant.

Voyons voir… Une émotion forte, hein ? Je crois savoir ce qui pourrait la faire réagir, même si après j’aurais du souci à me faire pour ma propre vie. Je m’approchai donc d’Hélène, qui haussa les sourcils tout en croisant ses bras.

- Qu’est-ce que tu veux, blaireau ?

Franchement, j’en avais tellement envie… Ce sera un réel soulagement. Je lui fis donc un sourire chaleureux, avant de lui décocher une gifle monumentale. Elle eut un temps d’arrêt, avant de me fixer, stupéfaite.

- Tu… Tu crois faire quoi, là ?! J’espère que tu n’espères pas t’en tirer comme ça, je te promets que je vais te faire bouffer tes couilles !

Là, qu’est-ce que je disais… Ainsi, je me suis retrouvé durant quelques instants avec un flingue collé sur la tempe. Je crois qu’elle n’a pas hésité une seconde avant de tirer, mais fort heureusement, je m’étais baissé à temps. Elle tira à plusieurs reprises sur moi, mais ne sachant visiblement pas viser, et étant en mouvement, je pus m’en sortir indemne.

Malgré tout, à force de voir ses balles d’énergies frôler ma tête, mon propre flux parvint enfin à s’agiter suffisamment pour que je puisse à mon tour utiliser mes pouvoirs. J’empoignai donc mon katana, et me préparai à lui faire face. En fin de compte, en les regardant de plus près, ses projectiles ne sont pas si rapides que ça. Je me permis donc d’en dévier quelques-uns avec mon arme, tout en conservant ma mobilité.

Ce petit manège dura quelques minutes. J’encaissais quelques balles, mais je n’en gardais que de simples bleus. Pareillement concernant mes coups de katana qui ne faisaient que l’égratigner. Durant ce petit affrontement amical, je constatais que sa colère n’avait duré que quelques instants, après quoi elle affichait une expression de grande concentration. Il faut dire qu’elle a son charme avec les sourcils froncés comme ça, et ses petits yeux rouges.

Finalement, nous prîmes du repos au bout d’une dizaine de minutes d’entraînement. Nous nous adossâmes l’un contre l’autre en nous laissant tomber sur le sol. Nous n’avions plus assez d’énergie pour maintenir notre pouvoir, alors nos armes avaient disparues. Nous étions essoufflés, mais je notais une pointe de satisfaction dans la voix d’Hélène lorsqu’elle me parla.

- Je dois avouer que tu ne te débrouilles pas trop mal, pour un blaireau, avoua-t-elle avec un léger sourire en coin.

- Tu ne vises pas trop mal non plus.

- Il faut dire que tu n’es pas simple à atteindre, tu es plutôt agile.

- Je pense que c’est dû à l’énergie dégagée par notre pouvoir. Toi aussi tu avais des déplacements plus vifs.

- Mais nos coups paraissaient si faibles… constata la jeune fille, anxieuse.

- Exact, cela doit dépendre de la quantité d’énergie que nous dépensons. Je pense que notre résistance augmente aussi, affirmai-je, presque sûr de ma réponse.

- Hum… Selon toi, le plouc, d’où nous vient ce pouvoir ?

- Aucune idée. Nous n’en savons pas encore assez pour tirer une quelconque conclusion, alors évitons de dire n’importe quoi, on finirait par s’embrouiller.

- Je vois. Tu peux parfois dire des trucs intelligents, crétin d’asocial, souffla délicatement Hélène en se relevant.

- Content que t’aies pu le remarquer. Bref, si on allait boire un café ?

- Pardon ?! s’exclama-t-elle en haussant les sourcils.

- C’est bon, ça va ne pas te tuer ! Et puis c’est moi qui paye, donc t’as pas à t’en faire !

- Encore heureux !... Bon, très bien, va pour cette fois, mais que ça ne devienne pas une habitude !

- Ouais, ouais…

- Je ne veux pas que tu ailles t’imaginer des trucs !

- Aucun souci.

ooo

Honnêtement, je ne sais pas trop quoi penser de cette fille. Elle est plutôt mignonne, et a une certaine force de caractère, ou devrais-je dire qu’elle est désagréable, mais c’est aussi ma seule amie… Enfin, elle râlerait si je lui disais ça, mais je n’en attends pas moins d’elle ! Je pense que la vraie question, c’est qu’est-ce qu’elle, elle pense de moi ? Je connais déjà sa réponse si je lui demandais. Elle semble me rejeter en permanence, mais je crois qu’elle s’habitue à ma présence peu à peu. Ou plutôt, s’adapte-t-elle en fonction de la situation ? Réagit-elle ainsi uniquement parce que sa survie en dépend en partie ? Hum… Je crois que je me pose trop de question, ce qui ne paraît pas être son cas.

Confortablement installée sur la chaise de la terrasse du café, elle pianotait sur son téléphone en sirotant sa boisson chaude à certains moments. Elle semblait complètement absorbée par son joujou. Ce n’est pas plus mal ainsi, comme ça elle ne me crie pas dessus au moins.

- Qu’est-ce que tu mates, mauviette ?! s’énerva-t-elle en relevant la tête.

- Je me demandai juste ce que tu pouvais bien faire en étant en permanence sur ton portable.

- J’envoie des SMS ! Ça ne se voit pas ?!

- Ah bon ? Et à qui donc ?

- Certainement pas à toi, espèce d’asocial !

Je soupirai d’ennui. Est-ce qu’elle a besoin de me rappeler en permanence que je n’ai pas d’amis ? Et, comme dans un élan de pitié, elle répondit à ma question.

- Je discute avec Jason, mon petit copain.

Bien sûr qu’elle a un petit ami, une fille aussi populaire qu’elle…

- Et qu’est-ce que tu peux bien lui raconter ?

- Rien qui te concerne, évidemment !

Suite à cela, elle préféra partir rejoindre son petit copain, en me demandant à sa manière de ne la suivre sous aucun prétexte. Par conséquent, n’ayant rien de mieux à faire, je pris la décision de rentrer chez moi.

Cependant, il se produisit quelque chose d’étrange une fois arrivé chez moi. Il y avait un étrange livre posé sur mon bureau. Un genre de journal avec une couverture en cuir noir. Il n’y avait absolument aucune inscription dessus, pas de titre, rien sur la tranche, le dos vide… Mais je suis quasiment sûr de l’avoir déjà vu quelque part. Intrigué, je l’ouvris à une page au hasard et constatai qu’elles étaient toutes vierges. J’étais sur le point de le reposer, ennuyé, lorsque des inscriptions en lettres surnaturelles incompréhensibles s’inscrivirent sur les pages. Quant à la couverture, elle affichait un symbole unique, gros et luisant.

Interloqué, je saisis aussitôt mon portable, prêt à appeler Hélène. Mais je dû m’arrêter dans ma précipitation, pour la simple et bonne raison qu’Hélène ne m’avait pas donné son numéro. Quelle pimbêche celle-là… Je me laissai tomber sur mon lit tout en poussant un profond soupir. Du coup, il va falloir attendre que ce soit elle qui me contacte. Elle va bien penser à le faire, après tout elle est toujours avec son portable. Il faut dire qu’elle avait un visage vraiment mignon, tout à l’heure, à la terrasse du café. Je la revois encore siroter sa boisson, sucer goulument son petit carré de chocolat avant de le déposer délicatement sur sa langue, en casser un petit bout tout en me fixant intensément, croiser ses jambes en soulevant tout doucement sa jupe, essuyer sensuellement le contour de ses lèvres avec sa langue, prendre une forte inspiration en se mordillant le doigt, poser sa main sur les quelques miettes de chocolat tombées sur sa poitrine, et se pencher pour les attraper avec sa langue sans me quitter des yeux… Sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration… Pousser des petits gémissements… Sa peau brûlante… Ses caresses si sensuelles…

Tschh… Qu’est-ce que je viens de faire, bon sang… Si elle l’apprenait, elle me tuerait vraiment, me dis-je en lançant mon mouchoir dans la corbeille de ma chambre. Je ferais mieux de simplement attendre, avant de faire une autre connerie. J’eus à peine le temps de me remettre de ces sensations que l’on frappait à la porte de ma chambre. J’avais tout juste songé que c’était ma sœur voulant me déranger pour une énième futilité que la porte s’ouvrit la dévoilant. Heureusement que j’avais fini ma petite affaire, si elle m’avait surpris ça aurait été la catastrophe !

- Hey, crétin de frère, je… Oh, un téléphone ! Depuis quand tu as ça ? Voilà qui est curieux, je croyais que tu n’en aurais pas besoin ! ricana-t-elle soudainement en saisissant l’objet sur mon bureau.

- Repose ça, tu veux. Ce n’est pas un jouet… dis-je sans grande conviction.

- Je le sais mieux que toi ! Tu l’as acheté aujourd’hui, c’est ça ? Ton répertoire est vide. Attends, je vais y ajouter mon numéro, celui des parents et de la maison…

- Euh… C’est quand même mon téléphone, hein. Je précise, juste au cas où… soupirai-je alors qu’elle effectuait ces opérations en pianotant agilement sur les touches.

- Je m’attendais à pire, ce n’est pas un mauvais modèle. J’aurais juré que tu prendrais un téléphone bizarre, tu sais le genre avec des filles nues dessus, mais ce n’est apparemment pas ton cas.

- Mais de quoi tu parles ? laisse-moi donc tranquille, tu veux.

- Tiens, qu’est-ce que ça fait là ? s’interrogea ma sœur en ramassant le livre occulte vierge sur mon bureau.

- Rien du tout, repose ça ! lui intimai-je un peu paniqué qu’elle remarque les inscriptions de tout à l’heure.

Elle le fixa quelques instants avant de l’ouvrir, puis parcourut les pages vierges du regard, le refermant par la suite.

- Bah, aucun intérêt ce vieux truc ! conclut-elle en le jetant sans délicatesse sur le bureau.

- Hey, prend un peu plus soin des affaires des autres ! la réprimandai-je sans autorité manifestement. Sinon tu es venue pour quoi à la base ?

- Ah oui, pour utiliser ton ordinateur, le mien a un problème de connexion internet pour l’instant.

- Bon, si tu veux, mais ne va pas fouiller inutilement dans mes affaires…

- Ok cool, merci frérot ! Ne t’en fais pas, je ne vais pas fouiller ton dossier de porno, m’assura-t-elle avant de pouffer de rire.

- Mais quel d… Tu m’agaces ! Et puis le repas est bientôt prêt, ne t’attarde pas trop, prévins-je irrité en m’apprêtant à sortir de ma chambre.

- T’inquiète pas pour ça. Tiens, tu es enrhumé frérot ? demanda innocemment ma jeune sœur en remarquant les mouchoirs dans ma corbeille.

- Hein ? Non ! Enfin, si un peu. Mêle-toi de tes affaires ! claquai-je embarrassé en sortant de ma chambre.

ooo

Finalement, mon téléphone sonna vers vingt heures. Hélène étant la seule personne ayant mon numéro, il n’y avait donc aucun doute quant à l’identité du trouble-fête. Je me levai de table, et me dirigeai d’un pas lent vers ma chambre. Je m’attendais à ce qu’elle me passe un savon pour avoir tardé à décrocher, mais il n’en fut rien. À la place, elle prit un ton grave, comme pour m’annoncer une mauvaise nouvelle.

- Amène-toi le plus vite possible au terrain vague de tout à l’heure, sans poser de questions.

- Au fait, j’ai…

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’elle avait déjà raccroché. Bon, en temps normal, j’aurais fini mon repas avant de m’y rendre, mais étant donné que j’ai aussi quelque chose d’important à lui montrer, ça passe après.

Je me rendis donc au chantier de tout à l’heure, avec l’espèce de journal dans la main. Hélène m’attendait sur place, adossée à une poutre, les bras croisés. En me voyant arriver, elle haussa les sourcils, comme surprise.

- Alors toi aussi… remarqua l’adolescente en me montrant un livre identique au mien.

- À ton avis, qu’est-ce que ça peut bien être… ?

- J’ai l’air d’en savoir quelque chose ? Boulet…

- Quoi qu’il en soit, je suis bien incapable de déchiffrer de telles écritures.

- Je crois avoir une idée sur la méthode à appliquer, mais ça reste à tester. C’est pourquoi j’ai besoin de toi.

- De quoi parles-tu ?

- Nos yeux. Peut-être sont-ils la clé.

- Très bien.

Elle n’eut pas le temps de prononcer un mot de plus que ma main entrait violemment en contact avec son visage, la faisant reculer de quelques pas. L’effet fut immédiat, tant pour elle que pour moi. À mon tour je me pris une gifle monumentale, ainsi qu’un coup de pied bien placé, le tout amplifié par l’énergie d’Hélène. Je ne recommencerai plus…

- Je m’en doutais, maintenant j’arrive à déchiffrer ce qui est écrit, déclara simplement Hélène comme si ce qui venait de se passer ne s’était jamais produit.

- O…Ok… Et qu’est-ce que ça dit ? demandai-je, toujours engourdi par la douleur.

- « Bienvenue dans l’Initiateur, manuel de référence pour démonistes. Votre prochaine rencontre aura lieu le quinze Avril face à l’équipe Manticore. »

- Démoniste ? C’est nous ça ?

- On dirait bien. Voyons voir… « Utilisateur : Tempesta, Equipe : Aquarius, Catégorie : F, Chef d’équipe : Anathema, Membres : Anathema, Fantasma, Mephiast, Zephyr, Tempesta. ». Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls démonistes à ce que je vois…

- Une équipe ?! Dans quoi est-ce que je me suis embarqué encore…

- Je te rappelle qu’on est dans le même bateau, alors arrête de gémir !

- On ne dirait pas, on n’est pas dans la même équipe, puisqu’il n’y a pas mon nom.

- Idiot ! Ce ne sont que des pseudos ! Passe-moi ça ! Me fit-elle comprendre en m’arrachant mon Initiateur des mains. C’est bien ce que je pensais, on est dans la même équipe après tout. Tiens, reprends ça, Zephyr.

- Et tu dis que notre prochaine rencontre se déroulera le quinze Avril ? C’est dans à peine plus d’une semaine… me plaignis-je en attrapant mon Initiateur.

- Ecoute, on dirait qu’on va servir de bête de foire, ou je ne sais quoi encore, alors on a intérêt à se préparer pour ça, compris ? m’ordonna ma belle équipière.

- On devrait peut-être commencer par rencontrer les autres membres de l’équipe.

- T’es un marrant toi, tu les connais ? cracha-t-elle ironiquement.

- Pas vraiment, mais…

- Alors nous les rencontrerons le jour venu. En attendant, il nous faut nous préparer. Bon, peut-être que ce livre a des conseils intéressants à nous donner…

- Ça m’étonnerait…

Elle feuilleta son Initiateur, puis s’arrêta à une page. Elle la parcourue du regard avant d’afficher un grand sourire. Qu’est-ce qu’elle a bien pu trouver ?

- Je me doutais bien que notre énergie pouvait servir à autre chose qu’à faire venir nos armes !

- C’est-à-dire ?

- La magie.

- Ah, ça peut être utile. Comment fait-on ?

- On ne peut pas, du moins, pas encore.

- Comment ça ?! Et… On doit faire quoi alors ?

- Ecoute, dans la rubrique « conseils pour débutants » il est dit qu’il est préférable au début de s’économiser en lançant le moins de sort possible. Les sorts, nous les acquérons avec le temps, grâce à nos yeux.

- Nos yeux ? Qu’est-ce qu’ils disent là-dessus ?

- Ils ne sont pas seulement cools, mais ils ont de puissantes capacités d’analyses et d’imitations. Mais cette capacité décroît si nous ne contrôlons pas nos émotions. Lorsque nous sommes calmes, ils brillent d’une lueur rouge intense, si nous perdons notre calme, ils seront simplement écarlates, et bien moins efficaces.

- Quel rapport avec l’apprentissage de la magie ?

- L’imitation. Tu l’observes, l’analyses, et la mémorises. Après, la magie sera inscrite dans ton Initiateur. Regarde, pour le moment ces pages sont vierges ! expliqua-t-elle calmement en tournant les différentes pages de son Initiateur.

- Je présume que dans une telle situation, il ne nous reste qu’à perfectionner les pouvoirs que nous avons déjà… déduisis-je, déçu.

- Ouais, t’as tout pigé on dirait !

Hum… En me posant et en réfléchissant quelques minutes, je réalise que l’on prend un peu tout cela à la légère. C’est vrai ça, on parle de mettre nos vies en jeu pour un « divertissement » dont nous n’avons jamais entendu parler. Et ces créatures… En fait, on n’a jamais pris le temps d’y penser, mais on peut se faire attaquer et dévorer à tout moment ! Comme cette fois-là, au lycée… Si on venait à les rencontrer de nouveau, pourrait-on s’en sortir aussi facilement que la première fois ? Et puis surtout, qu’est-ce qu’elles faisaient là ? Je me pose tellement de questions, j’espère y trouver des réponses assez rapidement. Bon, et bien, il est temps de reprendre l’entraînement…


Texte publié par Zackiel, 13 décembre 2016 à 03h26
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