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Je n'ai jamais vraiment aimé septembre. C'est un mois studieux, sans fantaisie. Il sert de transition entre l'été et l'automne, sans pleinement appartenir à aucun d'eux. Pour ma part, je me sens piégée entre Jon, dont j'ai encore besoin, et JD, qui ne veut toujours pas se livrer.

C'est aussi une période active, où tout semble s'affoler après la torpeur estivale. C'est difficile de ménager des moments privilégiés avec Jon... Mais il ne s'en soucie pas trop. Il doit croire que notre relation est quelque chose d'établi, sinon de durable. J'espère me tromper.

Quant à JD, il échappe presque totalement à cette énergie ambiante ; je ne le vois qu'occasionnellement et il me paraît de plus en plus apathique et neurasthénique – même si j'ignore si ce sont les mots qui conviennent vraiment à décrire son état. Je voudrais l'aider à se sortir de cette situation, mais j'ai le sentiment que ma présence n'est pas de nature à lui redonner courage, bien au contraire. Je suppose que lui rappelle un peu trop son « amour perdu ».

Je suis lasse de n'être qu'un sosie, un doppelgänger, un pâle reflet... un poisson rouge de remplacement, qu'on plonge dans le bocal pour faire croire que son occupant n'est jamais mort.

Si je ne lui apporte pas très bientôt une bonne nouvelle, JD va se laisser emporter par le courant, loin de moi. Il ne prend jamais l'initiative de m'appeler, c'est toujours moi qui compose le numéro que mes doigts connaissent instinctivement. Parfois, je me demande pourquoi je persiste. Je suppose que l'amour, le « vrai », rend forcément un peu ridicule.

L'été fuit doucement... encore un que je n'ai pas vu passer. Je l'ai laissé filer sans en profiter vraiment, toute à mes pensées en vrac. L'air se refroidit ; j'espère que cette fièvre va enfin se calmer.

Il est possible que loin du soleil, nos sentiments deviennent moins futiles, plus profonds ou plus vrais. À moins que ce soit l'ennui qui parle.

Je ne suis pas assez perceptive pour en être certaine, en réalité.

Ou peut-être que je le suis beaucoup trop.

Tu as le droit d'avoir pitié de moi...


Texte publié par Beatrix, 9 août 2017 à 00h52
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