Pourquoi vous inscrire ?
Frankenstein ou le Prophète Ressuscité
icone Fiche icone Fils de discussion icone Lecture icone 0 commentaire 0
«
»
tome 1, Chapitre 31 « Irgendwo in unseren Träumen » tome 1, Chapitre 31

« L’homme n’est pas une chose, mais un être vivant, pris dans un processus continuel de développement. À chaque point de sa vie, il n’est pas encore ce qu’il peut être et que peut-être il sera. »

Erich Fromm, Aimer la vie

Je n’ai eu aucune difficulté à rejoindre Thurso, malgré les tempêtes qui se sont succédé. Là-bas, j’ai immédiatement envoyé un câble à Crooks qui m’a répondu le lendemain. Enthousiaste, il m’a néanmoins fait part des réserves de Maxwell quant à mes théories, mais cela n’est que parole rapportée ; je ne doute pas que je saurai le convaincre. Comme il me tarde de revoir ma chère Londres, pourtant un sombre pressentiment m’anime. J’en connais ni n’en devine la nature ; une brume qui s’en viendrait ronger les âmes des innocents. Encore ce matin, alors que je prenais la direction du bureau des postes, elle m’a regardé ; ses yeux hagards paraissaient jaillir de ses orbites, comme deux gros globes de verre qu’un médecin dément aurait placé dans les cavités. La sclérotique jaune et traversée de veinules écarlates ne me donnait que peu d’espoir quant au sort de cette femme, dont l’alcool frelaté lui tenait de boisson. Bien sûr, je pouvais glisser une pièce dans sa main crasseuse, ou encore une miche de mauvais pain acheté deux pennies chez le boulanger. Pourtant, je n’ai rien fait ; je l’ai seulement regardée comme si elle avait été mon reflet dans un miroir. Sa bouche édentée s’est alors élargie en un sourire hideux et je l’ai revue. Ce n’était ni un rêve ni une hallucination, plutôt une vision surgit d’une dimension inconnue. Lui aussi était là, en retrait, observateur obscène d’une scène à venir. Ses lèvres remuaient et des mots s’échappaient, mais je ne les entendais pas ; j’étais devenu sourd, comme j’avais également perdu la parole, mais non la vue. Stupéfait, je demeurais incapable de m’en détacher malgré l’horreur que je devinais. Lentement, je le voyais s’approcher de la malheureuse ; ses chairs retroussées dévoilaient sa dentition de carnassier qu’il plantait ensuite dans son cou décharné. Et moi, je restais là, impassible, immobile, terrorisé et en même temps fasciné par l’idée qu’il m’avait insufflée. Ce fut les cris d’un cocher qui me sortirent de ma torpeur alors que je m’apprêtais à traverser la rue encombrée. J’étais de retour à Thurso et la foule se densifiait ; bientôt il serait impossible de circuler sans craindre de heurter une quelconque personne. Soudain, un gamin me bouscula, mais je fus plus rapide que lui et le saisit par le poignet ; il tenait entre ses doigts habiles ma montre gousset. J’eus pu le dénoncer à la maréchaussée toute proche, mais je n’en fis rien et lui glissa une pièce en échange. Il ne l’eût pas tôt fait disparaître qu’il s’était éclipsé au milieu de la populace. Je lui souhaite seulement qu’il ne l’apportât point à quelques souteneurs des bas-quartier. Cependant, je ne peux me départir de la sensation de malaise qui me saisit lorsque nos regards se croisèrent. Était-ce dû à mes préoccupations ou bien à cette vision ? Je ne saurai dire ; je demeure troublé et inquiet.

Journal de H.F.

Le 15 décembre 1894

Le temps passe. Sont-ce des minutes, des heures ; des jours ? Dans le fond de la salle, les chansons se suivent, inlassables. Le rock succède au folk ou à l’électro, parfois des paroles d’un autre temps s’invitent et l’univers bascule alors. Plongé dans une bulle de silence, Franz se figure David Bowman dans sa capsule pendant sa course sans fin en direction du monolithe ; lever de soleil sur Jupiter, Europe en contre-jour, tandis que la voix de David Gilmour s’élève lancinante et désincarnée.

Overhead the albatross hangs motionless upon the air

And deep beneath the rolling waves in labyrinths of coral caves

The echo of a distant time comes willowing across the sand

And everything is green and submarine

En face de lui, Achille l’observe complice, un sourire en coin, malgré la gravité de l’instant. Franz hésite ; entre ses mains le livre se consume, déjà les cendres se dispersent dans le vent, ne reste plus qu’une minuscule capsule métallique couverte de suie.

— Achille…

Mais il n’achève pas sa phrase, son esprit, suspendu entre ses désirs et ses peurs, s’est arrêté.

— Oublie, soupire-t-il, chassant du plat de la main sa pensée inachevée.

Silencieux, il contemple son verre, intact. Où est le vrai ? Où est le faux ? Distingue-t-il encore le réel de l’illusion ? Ses sens l’abusent-ils ? Il veut croire que non ; il sait que non.

— Et maintenant que fait-on ? murmure-t-il à l’adresse de son complice.

Du bout des doigts, il caresse les rebords de son verre qui rend soudain un son cristallin et aérien, puis se brise, pareils aux élans d’un amant qui se fracassent le mur implacable du temps. Dans les yeux d’Achille danse une flamme mystérieuse. Est-ce une haine, une colère vaine, ou bien une volonté étrangère qui aurait pris possession de son être ? D’un trait, il achève son verre et savoure le liquide brûlant qui descend dans sa gorge. Lorsqu’il le repose, il découvre une micropuce à peine plus grosse que l’ongle d’un pouce.

— Est-ce que tu reconnais cette chose ?

Le visage fermé, les lèvres pincées, Achille contemple son ami ; au fond de ses prunelles éclatait une fureur contenue. Entre l’index et le majeur, il examine le minuscule morceau de plastique. Bien que très endommagé, il distingue encore fort bien les petits caractères : Bamsung Micro SD 4Go. De l’autre côté, il devine les pattes métalliques couvertes de dépôts vert-de-gris.

— Où l’as-tu découverte ? demande-t-il d’une voix lointaine.

Une cigarette entre les doigts, Achille disparaît derrière un épais brouillard ; seuls ses yeux incandescents traversent encore la brume.

— En un lieu qui n’aurait jamais dû exister, gronde-t-il. C’était une abomination, Franz.

— Une abomination… répète-t-il, suivi d’un bruit de verre brisé.

Le poing fermé, Achille enserre son verre, tandis que dégoûte sur la table une liqueur écarlate.

— Comment va votre cheville ?

Penché sur lui, Vrénillac examine le pied enflé de son coéquipier.

— Une simple foulure, je pense, maugrée Achille, les dents serrées. Mais ça fait un mal de chien ! J’ai de l’élasthane dans mon sac à dos, vous n’avez qu’à les donner, je m’en débrouillerai, Capitaine.

— Comme vous voudrez, obtempère-t-il, les mains glissées sous les épaules de son subordonné, pour mieux le débarrasser de son encombrant fardeau, puis lui tend un rouleau de bande élastique, ainsi qu’une poche de timbre anti-inflammatoire.

— Merci, Capitaine. Je crois que je devrais être en mesure de me débrouiller seul.

Mais il n’est déjà plus là. Debout dans la pénombre, une main posée sur les ferrailles mortes, il devise :

— Bien sûr, nous sommes bien dans une ancienne ferme. Pourtant, quelque chose ne colle pas.

Le visage fermé, il longe la muraille électronique, tout en prenant bien garde de ne pas se prendre les pieds dans les câbles qui traînent un peu partout sur le sol, lorsque son regard fut attiré par un éclat métallique, incongru en ces lieux. Incrusté dans le mur, le coin d’un coffre depuis longtemps éventré. Sans doute quelques pillards à la recherche de valeurs l’auront-ils forcé, en vain s’il en juge par la minuscule boîte qu’il découvre à l’intérieur. Sûrement est-il en plomb, s’il en croit par l’épaisseur et le double feuilletage. Nul doute que son contenu était suffisamment précieux pour avoir été scellé ainsi. Preste, il s’en saisit et revient vers Achille qui a achevé de bander sa cheville blessée.

— Achille, rappelez-moi quand vous êtes nés, je vous prie.

Surpris, il obtempère néanmoins :

— En 2026. Mais pourquoi cette question, capitaine ?

— Disons que c’est un test, murmure-t-il, un sourire en coin.

Murés dans le silence, c’est à peine si leur parviennent les bruits étouffés des foreuses. La main tendue, Achille s’empare de l’objet. D’aspect banal, un petit bout de plastique, pourvu d’étranges lames métalliques ; de l’autre côté gravé dans la matière des caractères, maintenant presque illisible.

— Où l’avez-vous trouvé, capitaine ? s’enquiert-il, devenu soudain pâle.

— Dans un vieux coffre-fort, derrière les baies.

Le front barré de rides, il contemple, les yeux étrécis, un long moment le minuscule morceau de plastique, puis le replace dans son étui plombé.

— Capitaine ! Montrez-moi le coffre, s’il vous plaît, grogne-t-il comme il tente de se lever en prenant appui sur un moellon de béton, qui s’effondre sous son poids et l’engloutit dans les ténèbres.

— Achille ? Achille !

Une main le secoue. La voix étouffée lui semble familière, empreinte d’inquiétude.

— Achille !

Le ton est ferme, presque autoritaire. Au bout de ses doigts, le mégot achève de se consumer. Penché sur lui, Franz le dévisage.

— Désolé, marmonne-t-il. J’ai parfois des absences.

 Wenn ein einziger Mensch träumt, so ist das kein Traum ; aber wenn viele Menschen gemeinsam träumen, so ist dies der Beginn einer neuen Realität, murmure Franz, les yeux dans le vague posés sur son verre désormais vide.

— Qu’est-ce que tu viens de baragouiner ?

Du regard, Franz observe la salle qui s’offre à ses pieds ; il ne demeure plus que quelques noctambules aux sclérotiques rougies et aux paupières bouffies. Derrière le comptoir, une femme s’agite mollement. Il esquisse un mouvement, puis renonce ; Achille est encore humain, lui non.

— De l’allemand moderne : Lorsqu’une seule personne rêve, ce n’est qu’un rêve, mais si beaucoup de personnes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité. Le langage est capable de bien étrange transmutation, de bien singulière métamorphose, poursuit-il. Träumen, trauma… À quoi rêvais-tu, Achille ?

La main ouverte, il ôte, sans y prendre garde, un à un les fragments de verre qui la constelle, puis les pose dans le cendrier. Dans la salle, les notes aigrelettes d’un piano électronique tintent et emplissent la pièce d’une atmosphère lourde et vénéneuse.

— Elles étaient là, Franz, sourde-t-il. Innombrables, les yeux vides ; leurs bouches édentées nous contemplaient. On leur avait brûlé le bout des doigts à l’acide et au chalumeau pour empêcher leur identification.

— À quoi bon prendre des empreintes génétiques si elles ne figurent nulle part ? Je te le demande ! crache-t-il.

La préfecture de police nous fait part du nouveau bilan des manifestations qui ont lieu depuis ce matin. Partie des Champs-Élysées dans le calme, la manifestation a commencé à dégénérer lorsqu’un groupe de quelques milliers de personnes se sont détachés et sont partis vers le palais de l’Élysée et ont fait face aux brigades CRM qui ont procédé à plusieurs centaines d’arrestations et à la dispersion sans heurt des manifestants, malgré quelques jets de projectiles improvisés ; la police ayant au préalable confisqué tout objet susceptible de devenir une arme par procuration, afin de prévenir tout débordement. Pendant ce temps, la foule, rejointe par les mutins du Faubourg Saint-Honoré au niveau de la rue Royale, poursuivait sa marche en direction de la place de la Concorde, où elle aura longé les berges par la cour de la Reine et traversé ensuite le pont. Toujours calme, malgré quelques insultes lancées à l’adresse des forces de sécurité et la chute d’un drone de sécurité – nous ignorons toujours quelle en est l’origine – la manifestation se rendait vers son point de convergence avenue Duquesne, devant le ministère de la Bienveillance et de l’Hygiène, où elle devait demeurer jusqu’à la dispersion prévue pour 18h. Ce fut alors que l’un des porte-paroles annonça la fin du mouvement, au grand soulagement des policiers déployés pour l’occasion. Ce qu’il se produisit ensuite demeure encore confus, tout juste sait-on, qu’à 16h05, alors que les gens se dirigeaient vers les stations de métro, survînt une gigantesque panne électrique ; les groupes électrogènes ayant mystérieusement refusé de fonctionner. Depuis, le parquet, saisi par la préfecture, a ouvert une enquête pour rébellion, sabotage et entrave à la bonne marche de l’état. À 16h23, la police signalait des attroupements suspects aux abords du Palais de l’Élysée. Toujours selon la préfecture, les troupes de CRM n’avaient reçu aucune consigne, sinon de protéger le gardien de nos institutions. À 16h31, les portes du Palais présidentiel étaient enfoncées et la foule haineuse, malgré la défense héroïque de la garde patronnienne, envahissait les jardins, sous les applaudissements des badauds.

À l’heure actuelle, la préfecture de police déplore 5 policiers grièvement blessés et 12 plus légers ; les arrestations se comptent par milliers parmi les rangs des manifestants, tandis que les scènes de chaos se multiplient un peu partout entre l’Arc de Triomphe et la place de la Concorde.

Rappelons qu’ils répondaient à un appel lancé par l’ensemble des ONG défendant les droits sociaux et environnementaux contre la loi Castagneur relative à la sécurité.

Encore une fois, nous ne pouvons que déplorer la confusion qui règne au sujet de ce projet de loi, pourtant essentiel, de lutte contre le néo-terrorisme.

Ivre, Achille lève son poing et l’abat sur la table. Pourtant, il ne ressent rien ni douleur ni terreur ; Franz l’a arrêté dans sa course.

— Qu’as-tu vu ? insiste Franz, le regard dur.

La mâchoire serrée, sa main tremble de rage.

— Ce que nous n’aurions jamais dû découvrir, l’ultime tabou, si jamais ce mot possède encore un sens. Je ne sais plus combien il y en avait. Oh ! Franz, c’était obscène ! On… on aurait dit qu’elles avaient jeté là, comme de vulgaires ordures, de vieux objets usés qui auraient été mis au rebu. Desséchées, elles ressemblaient à des momies à qui on aurait ôté leurs bandelettes. Elles gisaient au milieu d’un capharnaüm. Tout donnait l’impression qu’on les avait balancées là, faute de temps pour s’en occuper ou faute de place. En fait, nous nous situions à un niveau inférieur par rapport à celui que nous occupions. Le plancher avait depuis longtemps sapé par les remontées capillaires et le sel avait rongé le béton ; l’explosion a fait le reste. Quand je me suis appuyé sur le mur, quelque chose a cédé derrière et je suis tombé. Heureusement, ma chute a été amortie par une pile de couvertures usées jusqu’à la corde. Le capitaine Vrénillac n’avait eu aucun mal à me rejoindre. Heureusement, car avec ma cheville foulée, je n’aurai guère pu aller loin. En tout cas, nous avions la certitude que ce niveau était inconnu des occupants d’alors, car toutes les issues qui auraient pu y conduire avaient été condamnées. Sans doute, les commanditaires pensaient qu’il leur serait possible, plus tard, de revenir sur les lieux de leur crime et de faire disparaître les preuves. Mais cela aussi, nous le découvrîmes après.

*

— Bonjour, petite fille.

Petite fille ? Elle le regarde avec étonnement ; elle est presque aussi grande que lui, enfin se le figure-t-elle depuis le lit où elle est étendue. Les traits fins, presque émaciés, de grands yeux gris lui dévorent presque la totalité du visage. En dessous, son nez, de même que ses lèvres et ses joues sont dissimulés par une barbe soigneusement taillée.

— Pourquoi, petite fille ? s’efforce-t-elle d’articuler avec difficulté. Mais, de sa bouche ne sort qu’un borborygme indistinct.

— Pourquoi, petite fille ? Je lis sur les lèvres. C’est ce que vous avez dit ?

Elle hoche la tête avec difficulté ; sa nuque est raide et douloureuse, comme si un insecte venimeux l’avait piqué. Au-dessus d’elle, l’homme se retire et murmure quelques mots à l’adresse d’une silhouette en retrait.

— Entendu, docteur Totermann, lui répond-elle comme elle quitte la pièce.

Dans un soupir, la porte se referme. L’homme tire une chaise puis s’assoit à côté du lit.

— Comment vous sentez-vous ?

Sa voix, semblable au frôlement d’une main sur la soie, lui semble lointaine, comme étouffée.

— ‘Ai mal, coasse-t-elle, la main tendue vers le visage penché sur elle. Où… ont les autres ?

*

Achille contemple sa main blessée ; du sang colle à son vêtement et des éclats de verre dépassent encore des chairs. Silencieux, les bras croisés, Franz ne l’a pas quitté des yeux.

— Au début, nous pensions qu’elles n’étaient que de pauvres filles vendues par leur famille pour servir, dans je ne sais quelle clinique, de mères porteuses. D’après mes premières conclusions, elles avaient toutes entre 18 et 35 ans. Elles ne portaient pas de traces de strangulation ou de coups, rien qui ne puisse évoquer à une mort violente. Pourtant, quelque chose nous intriguait… quelque chose dans leur physionomie que même la mort et la dessiccation n’avaient pu leur ôter.

Soudain taiseux, Achille tente de se saisir de son verre, mais sa main se referme sur le vide.

— Elles étaient… magnifiques, Franz ; des beautés surhumaines, glapit-il. Mais nous ne faisions qu’entrevoir alors la vérité…

— Franz, ces filles ce n’était pas que de simples mères porteuses. Oh non ! Elles étaient bien plus que cela… gronde-t-il tandis que ses yeux brûlent d’une rage sourde.

— Ne me dis rien, Achille ! lui enjoint Franz comme il attrape son poing entre ses mains.

Farouche, il soutient le regard de son compagnon où la colère se succède au courroux.

— Elles étaient des clones reproducteurs, n’est-ce pas ?

Dans sa paume, le corps d’Achille devient mou tandis qu’il pâlit soudain.

*

Elle sent la main de l’homme se refermer sur la sienne. Aucune parole, aucun n’échange, toute voix est devenue superflue.

— Combien étiez-vous ?

La main levée, elle écarte quatre, puis trois doigts.

— Sept ?

Dans le lit, la silhouette hoche la tête. Silencieux, l’homme sort un objet de sa poche, tapote dessus, puis le range, visiblement satisfait.

— Sept, répète-t-il.

Entre les draps, la jeune femme acquiesce.

— Pardon de vous avoir bousculé. Hélas, celle que nous avons retrouvée non loin de toi est encore plongée dans le coma. Nous ferons notre possible pour retrouver les autres, murmure-t-il d’une voix douce et posée.

Des larmes roulent sur ses joues tandis que les sanglots s’étouffent dans sa gorge.

*

— Oh oui ! Oui, elles l’étaient…

Sa voix s’étrangle dans sa gorge, Franz s’est retiré.

— Tout tenait dans ces minuscules morceaux de plastique, trouvés dans une boîte en plomb. Des noms, des dizaines, des centaines de noms et des chiffres, innombrables ; des sommes faramineuses, Franz. Et des dates, de naissance, de décès, ou alors le nombre d’enfants portés. Bordel, Franz ! Ce que nous avons découvert ce jour-là était une abomination. Ces femmes ! Elles étaient là depuis au moins une dizaine d’années, la dernière ligne mentionnait le 25 mai 2058. Seulement, l’affaire fut étouffée et classée avec une étonnante célérité. Je fus mis en retraite anticipée et mon capitaine promu. Mais il préféra démissionner et disparaître plutôt que d’accepter les honneurs en échange de son silence. Nous nous sommes revus quelques années plus tard, évoquant à demi-mot cette ultime mission. Depuis, j’ai perdu sa trace.

Le corps secoué de tremblements, il s’adosse dans le fond de la banquette.

— Et toi, Franz ? Oui, toi ! Franz Caplon, femme mystère ! Comment l’as-tu découvert ? ricane-t-il les yeux levés vers l’immortel.

1 Quelque Part à l’Intérieur de nos Rêves

2 Friedensreich Hundertwasser


Texte publié par Diogene, 8 septembre 2019 à 11h08
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 31 « Irgendwo in unseren Träumen » tome 1, Chapitre 31
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2624 histoires publiées
1173 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Pélagie
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés