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tome 1, Chapitre 13 « Passons et Châtiments » tome 1, Chapitre 13

Noir est la couleur du sable dans le miroir

Noir est la couleur du marbre dans le couloir

Noir, noir, encore et toujours noir, rugit l’écho du soir

Noir, I.P, sceaux 1920

Paris, 24 octobre 2014

Attablés devant un plantureux cassoulet toulousain et une non moins majestueuse salade d’aspic, Henri et Charles devisent sous l’œil goguenard de la patronne des lieux.

— Marsouindier, que pouvez-vous me raconter à propos de ce parchemin ? J’ai cru comprendre que vous aviez des connaissances en la matière.

— Je ne suis pas très versé dans le travail de la peau, commissaire. Enfin, j’ai toujours fait preuve d’un peu de curiosité pour tout ce qui touche à l’art et son histoire. Malgré les outrages – volontaires ou non – qu’aura subi ce document, le style du portrait rappelle celui des maîtres de la Renaissance. Certains détails me chiffonnent, des éléments semblent trop modernes et cette écriture est fort étrange.

— Qu’entendez-vous par là ? Je n’y ai distingué que des pattes de mouche illisibles. Bon, je n’avais pas mes lunettes avec moi.

— J’ai cru discerner une évolution vers quelque chose de plus élaboré. Entre nous, je préfère laisser ce point à Frédérique et monsieur Freignier.

— Enfin, nous reparlerons de cela plus tard. Sait-on jamais…

Tout en chassant ses dernières pensées, Charles engouffre une formidable bouchée de son cassoulet, tandis que des rides se dessinent sur son front :

— Morchandier, je suis ennuyé.

— Heu… mon nom est Mer…

— Oui, oui… Bref ! Je suis ennuyé, très ennuyé car, voyez-vous, il nous manque quelque chose.

Henri n’a pas le temps de répliquer que Charles claque des doigts et hèle le serveur qui est passé non loin de là :

— Deux verres de cognac pour accompagner ces plats délicieux !

Pris par surprise, Henri demeure muet, tandis que Charles ajoute à voix basse :

— Mon petit, je n’aime pas mon idée, mais je suis sûr que le parchemin a été réalisé à partir de la peau de cette pauvre femme et…

Mais les mots meurent avant même de franchir ses lèvres.

— Et vous croyez que le portrait est le sien, n’est-ce pas ? renchérit dans un murmure Henri.

— Oui, bien que tout cela soit invraisemblable. Je devrai même dire impossible ! Bougre d’un bibelot à tendeur bicyclopédique ! Enfin, il faut plusieurs semaines pour confectionner un parchemin… Ah ! En plus de cela trois morts, violentes qui plus est, en moins de sept jours, voici qui défie toutes les statistiques. Cela ne s’est jamais vu depuis le jour des Grandes Ombres.

Rageur, il se jette sur son cassoulet qu’il engloutit à grands traits ; à côté de lui, Henri est plus raisonnable et mastique ses feuilles de sucrine mouchetées de taches vinaigrées.

— Commissaire ?

— Oui. Allez-y, je ne vous assaisonnerai pas, rassurez-vous.

Intimidé, Henri le dévisage ; son front se plisse malgré lui.

— Allez-y, insiste Charles.

— Eh bien, je ne partage pas tout à fait votre point de vue, commissaire. Je ne suis pas certain que l’on puisse parler de violence ou de sauvagerie dans le cas de ce meurtre. J’y devine quelque chose d’esthétique, comme une dimension artistique. Rien n’est gratuit dans cette mise en scène, la victime est exposée de telle manière que sa plastique et sa beauté soient sublimées. Il en était de même pour feu madame Cotille. Son visage était orienté et était face au levant.

— Hum, je ne suis pas sûr de vous suivre. La première victime a été violée, puis empalée sur le pyramidion ; la seconde a été pelée pareil à un vulgaire fruit mûr. Non, je suis navré, il n’y a rien d’artistique là-dedans, d’autant plus que rien ne permet de relier ces affaires ensemble malgré de troublantes similitudes, marmonne Charles en mordant à belles dents une cuisse de canard.

— Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, nous avons déniché les mêmes résidus noirs sur les deux cadavres. Camille vient de m’informer qu’il a découvert des fragments, selon toute vraisemblance, d’origine végétale. Il ne peut pas m’apporter plus de précisions toutefois.

Le nez dans sa salade, Henri paraît perdu dans ses pensées ; il est semblable à un pêcheur à la ligne qui aurait une touche, mais qui n’oserait la relever de peur de casser son fil.

— Je m’avance sans doute, commissaire, mais je ne peux m’empêcher d’envisager certains rapprochements. Les deux victimes sont installées dans des positions presque sacrificielles, ensuite la sauvagerie semble céder la place à un acte plus élaboré, comme s’il cherchait à composer une toile ou plutôt à retrouver son style.

— Je ne sais que penser de tout cela, mais gardez-le bien au chaud, car une remarque de Camille me revient à l’esprit à propos de la manière dont la seconde a été égorgée. Quelque chose concernant la précision du geste, marmonne-t-il. Ah ! Cependant, nous ne devons nous appuyer que sur des éléments tangibles et pas seulement sur nos instincts, nos intuitions, ou nos impressions. Pour le moment, nous ignorons tout de l’identité de la victime et de son assassin.

— Quels éléments possédons-nous à propos du meurtre de madame Cotille ?

— J’ai envie de vous répondre rien. La probabilité d’un crime passionnel, suivi du suicide de son auteur, est presque irréaliste à l’heure d’aujourd’hui. Pourtant c’est cette hypothèse que je privilégie, car lorsque l’on a éliminé toutes les autres, la seule qui reste est la bonne, aussi invraisemblable soit-elle.

— Shermock Holles, biographe, Sir Arthur Conan Doyle, commissaire.

— Tout à fait, mais revenons-en à nos moutons.

— Je pense que vous l’aurez deviné, nous sommes loin d’avoir mené toutes nos investigations au Louvre. Entre nous, la paperasse et les musées ne sont pas ma tasse de thé. Je préfère, hum, le contact humain. Aussi, j’espère que vous ne verrez aucun inconvénient à ce que je vous charge de l’enquête sur les relations entre Hans McEnroe et la victime.

Henri dissimule comme il peut le rouge qui lui monte aux joues. Charles n’est pas dupe, mais n’en montre rien.

— Aucunement commissaire.

— Parfait, je vous donne carte blanche mon garçon. Je ne doute pas que vous saurez y faire. Je vous demanderai juste de me rédiger des notes de synthèse. Je souhaiterais confronter nos points de vue.

— Je vous remercie de votre confiance, commissaire.

Charles esquisse un sourire qui disparaît bien vite. Ce jeune homme lui plaît de plus en plus même si, comme toute la bleusaille, son estomac est encore récalcitrant. Mais il est trop tôt pour abattre son jeu et il préfère le laisser dans l’expectative. Il est conscient qu’il lui manque un petit quelque chose pour envisager cette histoire dans sa totalité. Henri le lui apportera sans doute, il lui offre cette assurance qui lui fait défaut.

— Allons, mon garçon ! Parlons d’autres d’autre chose. Il serait dommage de gâcher une si bonne salade, dit-il en pointant du bout de sa fourchette les vertes pointes éparses.

— Je… je regrette commissaire, je crains de n’avoir quelque peu perdu l’appétit.

— Quelle mauviette ! Tant pis, je le finirai à votre place.

Charles s’empare alors sans coup férir de l’assiette et engloutit prestement, sous le regard médusé d’Henri, les reliefs de son repas.

— J’espère ne pas vous avoir vexé.

Henri secoue la tête :

— Non, non je vous rassure, mais…

— Ah ! Pardonnez-moi Henri, je sais que mon humour est parfois un peu brusque.

Quel étrange personnage que son supérieur, avec sa gentillesse dissimulée derrière un masque d’ironie grinçante ! En même temps il le sent prêt à le soutenir dans ses moments de doute, quitte à le bousculer un peu. Néanmoins, pour le moment, il préfère se souvenir du sourire de cette jeune secrétaire aperçue dans les sous-sols de la préfecture, mademoiselle Froissac.

— Ah, si j’osais l’inviter ! soupire-t-il en arrivant dans la rue de Rivoli, avant de faire soudainement marche arrière.

— Alors ahuri ! hurle un conducteur furieux. On rêve ?

Perdu dans les méandres d’une songerie embrumée, il ne s’est pas rendu compte qu’il venait de commencer à traverser la rue encombrée. Rouge de confusion, il marche de côté et manque de se prendre les pieds dans une plaque d’égout. Il se mêle à la foule qui attend l’arrêt des voitures au feu tricolore. En face, les bannières rouges et blanches de la PJI barrent toujours les accès à la cour du Louvre. Des policiers en faction filtrent les allées et venues. Dans les jardins, où les arbres sont parés de nu et d’or, Henri se promène et contemple la végétation indolente et indifférente au temps. Un peu plus loin se dresse avec fierté l’arc de triomphe du Carrousel, derrière la pyramide du Louvre dont le sommet a disparu, avalé par les échafaudages. La cour déserte n’est traversée que par des équipes du génie civil, surveillées de près par l’architecte Ieoh Ming Pei, qui en a dessiné les plans trente ans plus tôt.

Enfant, Henri n’a jamais eu l’occasion de visiter le palais du Louvre, sinon au travers de cartes postales, de reportages tridivisés ou des documentaires dans les salles obscures. Bien sûr, il le connaît aussi grâce à ses cours d’histoire, mais rien ne surpasse ni n’égale l’original. Il se souvient encore de la tempête soulevée lorsque le maire-président de la capitale, Jacob Cachire, a pris la décision de construire les nouvelles archives, non loin du pont de Tolbiac sur les quais de Seine. Heureusement pour les Parisiens, ce projet a échoué en raison de l’affaissement des fondations dans le lit du fleuve. De plus, mettre des ouvrages si précieux sous une cloche de verre a fait hurler tous les conservateurs de l’empire tant ces documents ont besoin de soins et de délicatesse. Sans compter, et cela fut révélé par la suite, les dépenses énergétiques astronomiques qui en auraient résulté. À la place, l’empereur Francis Marterand lui avait (a) damé le pion avec le lancement du concours pour la mise en valeur de la cour carrée du Louvre, qui a abouti à l’érection de ce bâtiment de verre et d’acier. (ici, je reviendrais à la ligne) Tout à ses pensées, Henri ne voit pas deux mastodontes venir à sa rencontre.

— Pardon, monsieur, mais ce lieu est interdit au public. C’est un chantier dangereux et une scène de crime.

— Je dirai même plus, c’est un dentier changereux et une crème de scène.

Surpris par ces deux cerbères d’opérette, il cherche fébrilement sa carte et bafouille à n’en plus finir :

— Je… je… je suis le… le lieute… lieutenant Hen… Hen… Henri Mersandier.

Enfin, après plusieurs secondes de fouille infructueuse, il tend aux deux agents son insigne de la PJI. Détail amusant, la moustache de l’un est raide comme la justice quand l’autre rebique ce qui n’est pas sans lui rappeler ces deux drôles de policiers : les Dupont et Dupond, dans les aventures du reporter Tintin au Petit XXe, d’Hergé. Après quelques minutes d’examen, Dupont – à moins que ce ne soit Dupond – lui rend sa carte :

— C’est bon lieutenant, vous pouvez circuler. Ne vous approchez pas du chantier, il y a beaucoup de remue-ménage.

— Merci ! Bonne journée.

— À vous aussi, chantent-ils en chœur avant de disparaître.

Cependant, Henri n’a pas fait deux pas que quelqu’un l’interpelle. Il lui semble l’avoir déjà aperçu lors de sa venue la veille, au 36. Hélas, sa mémoire défaillante l’empêche de donner un nom sur cette figure à la moustache soigneusement taillée, aux yeux gris mangés par de minuscules ridules et cerclés par de fines lunettes.

— Bonjour jeune homme ! Vous devez être le lieutenant Mersandier. Alphonse m’a prévenu de votre arrivée.

— Ah, merci, euh…

— Oh ! Pardon, je ne me suis pas présenté. Commissaire, commissaire Marcelin Marsin.

— Enchanté. Où en êtes-vous dans l’enquête ?

— Nous questionnons en ce moment même l’ensemble du personnel à propos des deux victimes, mais nous sommes loin d’être nombreux. Votre renfort est le bienvenu. Vraiment, je ne puis rien vous dire à leur propos. Enfin rien d’intéressant.

— Verriez-vous un inconvénient à ce que je me joigne à vous pour mener les interrogatoires ?

— Aucun. Allez-y ! J’ai cru comprendre que Bréjac vous avait donné carte blanche. Cependant, je sens que l’on nous cache certains faits. Ah ! J’ai horreur des non-dits et des faux-semblants, surtout en ces circonstances, je m’en passerais volontiers. Ah, il y a des habitudes qui ont la vie dure dans ce milieu. Je préfère de loin la logique fascinante des escrocs financiers. Bonne chance, mon garçon !

— Merci commissaire, s’exclame Henri.

Il s’apprête à partir quand Marcelin l’interpelle de nouveau :

— Lieutenant, prenez donc la porte de service de l’aile Richelieu, la cafétéria du personnel se trouve là-bas.

Henri lui fait un signe de la main et s’y dirige, tout à l’élaboration de son stratagème. Il devine inutile de s’adresser aux collègues de madame Cotille. Quant aux amis de Hans McEnroe, il ne faut pas trop y compter, car d’après ce qu’il a pu lire, il n’était pas du genre à s’épancher.

Dans la cafétéria, tout le monde ne parle que du meurtre de la veille, les journaux ne se sont pas encore fait l’écho du second. Au comptoir, il commande un thé à la cardamome ; à cette heure, un thé noir serait fatal à sa nuit de sommeil. Alors en attendant son breuvage, il laisse venir à lui les conversations, attentif à la moindre indiscrétion. Il s’assoit à une table, sa tasse fumante devant lui, et ouvre un livre : Le Gardien du Bas-Château de Philip D. Kick. Dans cet ouvrage, l’auteur envisage la défaite de Napoléon à Waterloo et les conséquences suite à la dislocation de l’Empire. Alors qu’il fait mine d’être plongé dans sa lecture, ses oreilles traînent dans les lieux, à l’affût de rires gênés ou de bruits chuchotés. Il laisse s’approcher un bonhomme à la tempe grisonnante, visiblement surpris de sa présence :

— Excusez-moi ! Vous êtes nouveau ? Je ne vous ai jamais vu par ici et, croyez-moi, je m’y connais en matière de physionomie.

— Lieutenant Mersandier, de la PJI.

— Vous êtes venu pour madame Cotille et le pauvre Hans.

— Pourquoi pauvre Hans ?

— Oh ! Vous l’ignoriez ? Ah, vous savez ce que c’est à cet âge-là et, pis entre nous, il avait assez bon goût. Malheureusement, son intérêt était plus porté vers la pierre plutôt que vers la chair.

Henri laisse Charles dévider sa pelote pendant une vingtaine de minutes, puis conclut :

— Enfin, quand même il y a belle lurette que les gens ne tuent plus par jalousie suite à une déception amoureuse.

— Non, bien sûr. Mais puisque vous avez l’air d’être à l’écoute de tous les bruits qui courent, sans doute pourriez-vous me renseigner.

— Hum, oui.

— Sauriez-vous si par hasard Hans McEnroe avait donné rendez-vous à madame Cotille la veille ou quelques jours auparavant ?

L’homme caresse de ses doigts sa barbe naissante, hésite, puis répond :

— Je ne peux être affirmatif, il m’a semblé très enjoué ces derniers jours. Mais…

— Non, non ! Vous m’avez été d’une aide très précieuse. Dites-moi, que faites-vous ici ?

Son interlocuteur esquisse un sourire un peu triste.

— Je voulais devenir restaurateur. Hélas, un accident a raidi mes mains, ajoute-t-il en posant la droite sur la table. C’était avant les ex-prothèses, aux mouvements plus fluides et précis. Cela dit, entre nous, je ne le regrette pas. Je préfère demeurer intègre. En plus, je suis désormais un privilégié, je peux veiller et contempler tous ces chefs-d’œuvre chaque fois que je le souhaite.

Il la reprend et l’emmanche à son poignet nu.

— Remarquez, à défaut de les restaurer, je leur rends hommage. Venez donc me voir dans mon bureau au second sous-sol, dans l’aile Sully. Je vous montrerai ma galerie personnelle.

— Très volontiers. Mais à ce propos mes collègues ont dû déjà apposer des scellés dans les offices de monsieur McEnroe et de madame Cotille.

— Oh oui ! Ils y sont encore, vous voudrez sans doute discuter avec eux. Allons, venez. Je vous y conduis.

— Avec plaisir.

Quelques minutes et un nombre invraisemblable de commérages plus tard, le farfelu gardien, Augustin Remage, lâche Henri dans les sous-sols de la réserve assyrienne, placée sous séquestre. Un homme en combinaison blanche s’avance vers lui en lui tendant un paquetage.

— Bonjour ! Lieutenant Mersandier ?

— Oui.

— Le commissaire Marsin nous a prévenus. Enfilez donc ces frusques, s’il vous plaît. Il ne faut surtout pas contaminer les lieux. Vous avez une cabine sur votre gauche.

Henri marque une hésitation ; il a bien entendu le mot gauche, mais ses pieds récalcitrants l’emportent dans la direction opposée et il manque de s’étaler. Finalement, il parvient à se rattraper et s’habille sous l’œil hilare du technicien. Enfin blanc de pied en cap, il le suit jusqu’au bureau de madame Cotille, limitrophe de celui de son collègue lui aussi décédé.

— Nous nous efforçons de reconstituer les dernières heures des deux victimes à partir de leurs traces informatiques. Nous savons que monsieur McEnroe est parti aux alentours de 18h30. Cela est corroboré par le témoignage des autres membres du personnel.

— Et madame Cotille ?

— Elle, hum… Elle est restée au moins trois heures de plus. Visiblement, elle a travaillé sur l’un des dossiers de ses collègues. Auparavant, elle a fait plusieurs observations sur un objet, dont nous sommes toujours à la recherche.

— De quoi s’agit-il ?

— Cela ressemble à un masque de carnaval vénitien. Enfin, c’est ce qu’indique l’historique de son navigateur arachnéen. Mais cela n’est peut-être pas important.

— Vous avez sans doute raison… Sinon, aucun indice probant quant aux meurtres eux-mêmes ?

— Pas vraiment, à part un peu de cendre sur le bureau de madame Cotille. Sinon, allez donc sous la pyramide, l’équipe est en pleine ébullition là-bas.

— Merci. Je vais m’y rendre de ce pas. Mais avant, puis-je jeter un coup d’œil aux ordinateurs ?

— Je vous en prie, nous avons effectué toutes les sauvegardes nécessaires.

Bien qu’à usage professionnel, le réseau est d’un accès totalement libre et la consultation des historiques est une véritable mine d’informations. Cependant, ce n’est pas là ce qui intéresse Henri. Lui, il cherche la vie secrète des deux victimes et la lecture de leurs échanges est plus révélatrice en la matière. Il sort ensuite un carnet de sa poche et se met en devoir d’examiner dossiers et autres fichiers. Ainsi, tandis qu’il compulse les courriels envoyés par Hans McEnroe, lui vient la confirmation des dires du gardien. Le jeune homme avait donc bel et bien le béguin pour madame Cotille. En d’autres temps, ce simple fait aurait suffi à classer sa mort dans la catégorie des suicidés romantiques. Cela fait bien des années que les gens ne mettent plus fin à leurs jours pour de pareilles raisons.

Sa conversation avec le commissaire Bréjac et son hypothèse d’un crime passionnel lui reviennent en tête. Chose plausible et en même temps invraisemblable, car les ressorts émotionnels à leur origine ont, pour ainsi dire, disparu. Mais s’il s’avère que cette hypothèse est juste, pourquoi être allé jusqu’à cette extrémité ? Pourquoi une telle sauvagerie ? Rien dans ce qu’il a consulté ne le laisse transparaître, même s’il n’en a effleuré que la surface.

— Alors lieutenant, vous trouvez votre bonheur ?

— Je crois bien, dit-il en se levant de son siège. Bonne continuation.


Texte publié par Diogene, 14 février 2017 à 21h39
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