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tome 1, Chapitre 9 « Pensées Décomposées » tome 1, Chapitre 9

Quand je te vois face à moi, je sens mon cœur mugir

Et pourtant je n’ose rien dire

Quand je te vois derrière moi, je sens mon cœur gémir

Et pourtant je n’ose avouer mon désir

Quand je te vois à côté de moi, je sens mon cœur rugir

Et pourtant je n’ose avouer mon plaisir

Les Damnées, Sceaux, 1901, I.P.

Paris, le 23 octobre 2014

À la sortie de la morgue, le commissaire Charles Bréjac file chez lui, sans même prendre la peine de prévenir ses collègues de la PJI. Non, trop de questions se bousculent dans sa tête et il n’existe qu’un seul remède : les concertos pour violoncelles de Jean-Sébastien Bach. Une fois rentré, s’être assis dans un large fauteuil en cuir assoupi, avoir éteint les lumières et avoir fermé les yeux, il laisse la musique le nourrir et l’emporter dans sa méditation. Ses pensées, qui jusque-là n’étaient que chaos, se font plus sages, plus douces. Elles ralentissent, marquent le pas, s’ordonnent, tissent d’étranges toiles et tracent leurs chemins.

Détaché de toute réalité, il les observe. Il tranche les nœuds, écarte les mailles entrelacées ; il n’hésite pas à faire d’audacieux rapprochements si l’équilibre est meilleur. Hélas, ils ne resteront que de belles hypothèses. À côté de lui, sur la table basse couleur fuchsia, il y a un énorme saladier garni de carottes, de panais, de radis blanc et de betteraves râpés, le tout largement assaisonné d’huile d’olive, de vinaigre de xérès et de poivre de Ceylan. Sur le mur à sa gauche, une tache bleue scintille et oscille, tel un arc-en-ciel psychédélique. À demi somnolent, Charles marmonne dans son sommeil :

– Et pourquoi pas… Comment… déjà… Où est son… vé… Non, non…

Au mur, la marque se teinte d’un rouge cramoisi, puis s’étire vers des mauves de plus en plus intenses. Au fond du fauteuil, le commissaire s’endort, mais ses mains tremblantes et ses traits crispés trahissent sa nervosité et son impossibilité à profiter de son repos. Pendant ce temps, Bach achève son concerto sur quelques notes lugubres, tandis que l’appartement prend des allures d’aquarium. Assoupi, Charles rêve ; songes emplis de chimères et de Ténèbres, de terreurs et de peurs, qui grignotent peu à peu son cœur. Soudain, il jaillit de son cauchemar saisi d’une frénésie en opposition à la sérénité inscrite sur son visage. Du regard, il cherche une télécommande, encore cachée sous une pile de journaux qui attendent en rang d’oignon d’être lus. Sur le mur, un mot de bienvenue apparaît et au centre de la pièce surgit une sphère de lumière, où s’affiche un ensemble hétéroclite de pages diverses et variées.

– Bonsoir, monsieur.

– Bonsoir, Asimov.

– Que puis-je pour monsieur ?

Bréjac ne répond pas tout de suite, plongé qu’il est dans la contemplation de sa bedaine rebondie. En fait, il tend l’oreille. Pas le moindre bruit de pas, de fracas de vaisselle ou de cris d’orfraie. Non, rien, juste le silence. Charles sourit. Il y a si longtemps qu’il ne l’a pas écouté. Dédaignant ses pensées de l’instant, il s’avance vers une large bibliothèque en chêne, où sont rangés les CD et les disques de vinyle. Du bout des doigts, il caresse les pochettes, s’arrête, suspend sa course, s’en va en arrière, en saisit un, puis un second. Il en choisit quatre en tout. Devant lui, la platine lui tend une langue obscure percée d’un trou et les notes montent, lourdes, poisseuses ; un cri, puis un hurlement de basse déchirent l’atmosphère, tandis que s’élève la voix puissante d’Ozzy Osborne :

Mysty morning, Clouds in the sky, Without warning, A wizard walkly

Charles ne boude pas son plaisir. La musique de Dark Sabbath l’emplit d’allégresse. Il s’imagine en tant que mage noir, marchant dans les plaines en quête d’indices. Pour le moment, il explore la sphère de lumière, où s’affichent les photos des deux victimes : Francine Cotille, 34 ans, divorcée sans enfant, et Hans McEnroe, 29 ans, célibataire. À côté, les mystérieux ADN – hybride organique et minéral – et ses bases fantômes. Les sourcils froncés, il lance d’un ton plus dédaigneux qu’il ne l’aurait voulu :

– Asimov, jusqu’à quelle date peux-tu faire des recherches dans les bases de données numériques ?

– Jusqu’en 1945, le 8 août pour être précis.

Charles laisse échapper un long soupir. Dirac sait pourquoi, tous les documents postérieurs au 10 janvier 1813 et antérieurs au 8 août 1945 – peintures, écrits, photographies, films, etc. – ne peuvent être numérisés. De nombreuses stratégies ont été mises en œuvre, toutes tenues en échec. En quelques heures, les données sont inutilisables ; de grandes taches d’ombre apparaissaient, sans que quiconque puisse en expliquer l’origine. De fait, tous ces documents parmi les plus précieux de l’Empire demeurent dans les souterrains des Archives Impériales.

– Asimov ?

– Oui, monsieur ?

– Puis-je te demander une chose » ?

– Bien sûr, monsieur.

– Est-ce que je ne deviendrais pas un peu vaniteux et présomptueux avec l’âge ? Rêver d’une affaire magnifique, pour terminer sur un coup de maître ma carrière ?

– Je l’ignore monsieur, seul l’avenir pourra vous le dire.

– Merci Asimov.

Mais Charles sait à quoi s’en tenir avec son compagnon numérique. Ce n’est qu’une machine, incapable d’émotions et de philosophie. A quoi bon lui poser toutes ces questions dont il connaît déjà les réponses ? De toute façon, il a d’autres préoccupations en tête, comme toutes ces bizarreries qui entachent cette affaire depuis le début. Quelque chose lui échappe, mais il lui est impossible de mettre le doigt dessus. Tandis que Charles se perd dans les méandres de son esprit, la sonnerie du téléphone retentit.

Surpris, il s’empresse de baisser le volume de sa chaîne qui crache « The Mob Rules » :

– Allô ! Bréjac à l’appareil !

–…

– Ah ! Camille ! Oui, que se passe-t-il ? Tu m’as l’air complètement surexcité.

–…

– Comment ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire de poils ?

–…

– Je ne comprends rien ! Qu’entends-tu par instable ?

–…

– Bon, bon, j’arrive. Dis-moi, Frédérique est encore avec toi ?

–…

– Non. Bon, ce n’est pas grave. Qu’en penses-tu si je t’apporte une blanquette de Limoux ?

–…

– Très bien, je suis là dans un quart d’heure. Oui, vingt minutes en comptant les feux.

***************************

– Un hybride ! s’exclame Charles, attablé en compagnie de son ami.

Sur la table trône une flammekueche bien entamée, accompagnée d’une bouteille fort appréciée.

– Je ne vois aucune autre explication possible. L’être qui a agressé et violé notre cliente était humain et caprin. Hélas, à l’heure qu’il est, toutes les preuves se sont déjà évanouies.

– Que veux-tu dire ?

– Elles s’évaporent. Pfut, comme si elles n’avaient jamais existé. Mais le plus étrange est que même les photos que j’ai développées ont disparu, elles aussi.

Charles faillit en avaler le cure-dent qu’il commençait tout juste à mâchonner.

– Cet après-midi, en procédant à des examens plus approfondis, j’ai découvert des poils drus et noirs, qui ressemblaient à s’y méprendre à ceux d’une chèvre. J’ai envoyé quelques spécimens au muséum d’Histoire Naturelle, en face, avec des clichés pris au microscope. Là-bas, ils ont identifié… Attends, je n’ai pas retenu le nom.

Camille se lève alors de table, non sans se resservir une part de lichette de blanquette, et s’en va feuilleter son carnet, posé au milieu d’un invraisemblable capharnaüm sous lequel est enseveli ce qui semble être son bureau.

– Tu t’y retrouves ? Je te croyais plus soigneux.

– Ah ! Ne commence pas ! Avec cette affaire, j’ai remué ciel et terre. Je n’ai même pas trouvé ne serait-ce que dix minutes pour mettre un peu d’ordre.

Il dérange encore quelques piles de feuilles et de notes en vrac, avant de brandir triomphalement un antique carnet à spirales.

– Voilà, c’est Capora hircus picta, ou chèvre sauvage grecque. Ils n’ont pu confirmer par séquençage. Les échantillons étaient trop dégradés, car ils tombaient en poussière.

Perplexe, Charles fait tourner le vin dans son verre et regarde le liquide liquoreux se mouvoir sous forme de vagues ; comme si Camille lisait dans ses pensées, ce dernier ajoute :

– Veux-tu mon avis sur la question ?

Charles lève la tête et l’observe de ses yeux gris délavés.

– Non, je crois que je peux deviner. Comme toi, il n’aura pas pu séquencer quoi que ce soit à cause de cet ADN fantôme.

– Vingt sur vingt, élève Bréjac. Et de ton côté, par quel bout prendrais-tu cette affaire ?

Charles hausse les épaules et lui narre par le menu ses tentatives de recoupements des occurrences sur les soixante-dix dernières années.

– Hum, c’est un point de départ comme un autre. J’attends encore les résultats du CEI, mais je me doute que tu possèdes comme moi la réponse.

Camille et Charles restent ainsi une bonne partie de la soirée à bavarder, jusqu’à ce que le sommeil triomphe de leur résistance qui sonne l’heure de la séparation ; Charles en direction de la Butte aux Cailles, et Camille à l’avenue de Ménilmontant. De retour chez lui, le commissaire aperçoit Asimov, toujours plongé dans ses explorations numériques ; quelques noms émergent comme Charles Manson, Thomas Runf ou Ted Bundy, mais rien de probant. De plus, rien n’affirme qu’il s’agit là du début d’une série macabre.

– Asimov !

– Monsieur ?

– Ferme tout s’il te plaît, nous y reviendrons plus tard.

– Bien monsieur. Cependant, n’oubliez pas que demain le lieutenant Henri Mersandier prendra ses fonctions auprès de vous.

– Nom d’un ventilateur marémoteur, de quoi parles-tu ?

Alors qu’il prononce ces paroles, les souvenirs d’un courrier froissé et l’arrivée fracassante d’Alphonse au Louvre se rappellent peu à peu à lui.

– Groumpf, comme si je n’avais que cela à faire. Asimov, imprime-moi son curriculum vitae, je le lirai dans mon lit.

– Tout de suite, monsieur.

Une feuille se glisse sur le bureau, dont Bréjac se saisit avant de partir se coucher.

– Bonne nuit Asimov.

– Bonne nuit monsieur.

Une fois allongé, surpris et émerveillé par ce qu’il lit, Charles frise des moustaches :

– Impressionnant, je dois le reconnaître. Enfin, un bleu reste un bleu, surtout quand on ne s’occupe que de petites délinquances ou de braquages sans importance. Bah, il fera un bon secrétaire particulier, on verra ensuite à l’usage.

Au-dehors, la lune se cache derrière de sombres nuages, porteurs de bien noirs présages ; Charles, lui, s’endort au son d’un homme d’acier solitaire qui aspire à la vengeance.

***************************

Au cours de la journée, sur les coups de 15h30 pour être exact, Henri attend chez lui avec impatience le camion des déménageurs. Voici une demi-heure déjà que ce dernier devait être garé en bas de son immeuble. Quarante-cinq minutes plus tôt, l’un d’entre eux l’avait appelé pour le prévenir qu’ils étaient en vue de la faculté de Jussieu. Depuis, plus rien ; pas le moindre signe de vie, comme aspiré par le labyrinthe parisien. Henri n’est pas loin de le croire lorsque son téléphone sonne. Surpris, il le laisse presque choir, – ce qui aurait été un tantinet fâcheux.

– Allô !

–…

– Oui ? Vous êtes sûr ? Rue de l’Épée en Bois ? Ne bougez pas, je viens vous chercher.

Bien mal lui en prend, car il ne lui a pas fallu plus de quelques minutes pour se perdre dans le dédale du quartier Mouffetard. Heureusement d’aimables commerçants, propriétaires de l’Arbre à Livres, lui indiquent son chemin entre deux sourires. Bon an mal an, le jeune policier retrouve les trois acolytes et les conduit jusqu’à sa rue, dont l’étroitesse empêche leur camion de passer. Alors s’organise un étrange ballet de quatre personnes, qui se relaient de colis en colis, sous le regard goguenard d’un saxophoniste qui entame l’air de l’Apprenti Sorcier de Paul Dukas. Au dixième carton, Henri a la tête qui tourne et se demande si ses compagnons souffrent aussi. Non, car jamais leur cadence infernale ne décélère. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il se reprend ; il sait que l’immeuble, bien qu’ancien, possède un solide ascenseur qui le transportera avec ses affaires en moins de temps qu’il ne faudra pour le dire.

Enfin, il est 17 heures et Henri peut contempler son appartement envahi par les meubles, boîtes marron et la literie. Cependant, hors de question de dormir encore une fois par terre faute de draps et de matelas digne de ce nom, aussi s’attelle-t-il sans attendre à la fastidieuse tâche du rangement, facilité par un astucieux système de numérotation des cartons. Hélas, le carnet où sont reportés tous ces numéros et les contenus associés, est lui-même caché dans l’un d’entre eux : Henri n’a plus d’autres choix que de s’en remettre au hasard. Ouvrant le premier carton sous son nez, il découvre des CD, certes utiles pour agrémenter l’atmosphère, mais non pour se couvrir la nuit. Il s’apprête à les reposer, mais renonce. Il fouille avec frénésie tous ses cartons jusqu’à tomber sur son Graal : son linge, où sont couchés draps, pyjamas, vêtements et des sous-vêtements. Il plie le tout avec célérité dans l’armoire de sa chambre, avant de tout ressortir tout aussi vite lorsqu’il se rend compte de leur état lamentable.

Face aux plis et autres froissements de ses chemises et pantalons, il pousse un énorme soupir en pensant à la montagne qui jonchera dans quelques minutes sa table de repassage. Non que cela soit une activité déplaisante en soi, mais devant une telle épreuve digne d’Hercule, ses forces capitulent. Tant pis, il se contentera de son t-shirt Heavy Metal, où s’étale en larges lettres criardes et acérées la série des métaux lourds de la table périodique, et d’un jean qu’il étirera pour la forme.

En attendant, il lui faut quand même s’occuper de son lit. Il sort une voluptueuse et moelleuse couette, qui disparaît bientôt dans une enveloppe bleu nuit. C’est ensuite au tour de la cuisine d’être assaillie par ses ardeurs, puis la salle de bains, le salon, etc. Bref, tout l’appartement subit les raclements des cartons sur le parquet en chêne. Henri regrette de n’avoir pu monter quelques meubles supplémentaires. Hélas, ils étaient bien trop imposants pour son petit logis. En compensation, ce dernier est fort bien garni en matière de placards ; il ne manque que les bibliothèques. Cependant, tandis qu’il s’occupe de son rangement, son estomac lui rappelle de manière fort avantageuse qu’il serait peut-être temps de dîner. Hélas, il n’a aucune provision en réserve, mais il ne s’en formalise pas outre mesure, car il a déjà repéré quelques établissements prometteurs auparavant.

Dehors, c’est à peine s’il remarque la lune sanglante qui couve du regard la capitale. En effet : une foule bigarrée et colorée, balayée par un vent venant du Nord, bat courageusement le pavé malgré ce froid mordant et entraîne avec elle le jeune homme dans un tourbillon de bonne humeur. Dix minutes plus tard, il se restaure dans un petit bistrot, rue de l’Arbalète, avec une salade de poulpe aux proportions toutes gargantuesques. Elle est si colossale qu’il peine à terminer la dernière bouchée ; son estomac n’est pas encore tout à fait remis de son précédent round du midi. C’est avec la sensation de ne plus pouvoir rien avaler pendant les jours à venir qu’il rentre chez lui.

Une horloge sur le mur de la cuisine indique 19h45. L’heure du journal de Narté, la chaîne indépendante nippo-européenne n’est pas encore passé.

– C’est une macabre surprise qui attendait les gardiens à la relève du matin au musée impérial du Louvre.

Henri monte le son du tridiviseur tandis qu’il ferme les volets de la pièce, l’oreille attentive.

– Déjà exceptionnelle par la rareté des faits, cette journée l’est à plus d’un titre, car quelques heures après la découverte d’un corps au sommet de la pyramide du Louvre, l’assistant de la conservatrice de la section assyrienne, madame Francine Cotille, monsieur Hans McEnroe, l’assistant de madame Francine Cotille qui était la conservatrice de la section assyrienne, se jetait du haut de l’aile Richelieu. Selon les tous premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’un suicide. La PJI a été dépêchée sur les lieux par la préfecture de police, et selon les précédentes déclarations du procureur de l’Empire, aucune hypothèse n’est exclue quant à un lien entre les deux décès. Soulignons toutefois le caractère extrêmement violent de la mort de la première victime, qui n’est pas sans évoquer certains des incidents qui se sont produits le jour des Grandes Ombres. En outre, le Département de la Sécurité Impériale lance un appel à témoins à l’ensemble de la population parisienne. Ce soir, nous consacrerons notre théma à ces événements, osons le mot, extraordinaires. Pour information, le dernier meurtre commis dans la capitale remonte à plus d’une décennie.

Encore abasourdi par ce qu’il vient d’entendre, Henri éteint le poste. Mais en même temps, il ne peut réprimer les vagues de plaisir qui l’envahissent, car il sait que demain, il plongera la tête la première dans l’étang du mystère. De plus, il se réjouit de pouvoir travailler avec le commissaire Bréjac malgré les avertissements qu’il a reçus à son égard, dont il ne tiendra pas compte. Il se fera son opinion lui-même.

Tout en jetant un coup d’œil à sa pendule qui indique 20h15, il attrape le premier livre qui dépasse du carton le plus proche de lui : l’Odyssée de l’Espèce de Roland C. Wagner. Ensuite, il met en fond la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz, qui le plonge dans le Songe d’une Nuit de Sabbat.

***************************

Au-dehors, la lune rousse veille sur le sommeil des éternels, tandis que se fond dans les ombres une silhouette noire et pesante, dont l’unique présence suffit à éteindre la moindre trace de joie. Si quelqu’un la surprenait, il la verrait se glisser d’un pas furtif depuis les jardins du Palais Royal vers la Bibliothèque Impériale, suivant un dessein connu d’elle seule. Mais que le témoin se rapproche un peu plus et, aussitôt, elle se dissimulerait dans son ombre. Il est encore tôt et, pour le moment, elle flâne en attendant sa proie. Elle en a entendu l’appel silencieux, ce n’est plus qu’une question de temps. Un veilleur, un moqueur, un gêneur, elle ne sait pas. Peu lui importe, il n’y a que le goût du vide qui l’attire.

***************************

Pendant ce temps, quelque part dans le Passage des Panoramas, un être qui n’avait plus jamais connu le sommeil rêve. Il revoit des amis de jadis : Lucifer alias le professeur L., détenteur de la chaire de philosophie à la Sorbonne ; Belzébuth, avec lequel il croisa souvent le fer, – lui, le Prince des mensonges –, mais aussi son fils Hadès, quand il fut le titan Cronos ; Isis, à qui il octroya les jours en jouant contre la lune ; même Zem, le Prince des Succubes – à qui il avait disputé bon nombre d’âmes –, est là. Tous sont venus lui dire adieu, divinités de tous bords, de toutes époques et de tous lieux, car il n’appartient plus à leur monde= ni à leur race. Il est autre chose, mais un jour a-t-il été l’un des leurs ? Au fond de lui-même, cette interrogation est toujours une plaie en suppuration. Dans une dernière révérence, il s’envole en compagnie de Loki, chevauchant le rêve de sa bien-aimée.


Texte publié par Diogene, 26 décembre 2016 à 14h40
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