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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

Aucun d’eux ne voulait faire le premier mouvement. Parler était hors de question, rallumer la lampe torche, encore moins. Son propriétaire était terrifié à l’idée que la lueur puisse les trahir, sans même parler du fait qu’ils s’étaient enfermés dans, grosso modo, un grand placard, sans même prendre le temps de bien vérifier qu’il était vide. Et si l’une de ces choses était là avec eux ? Que se passerait-il alors ?

Finalement, Dany fut le premier à reprendre ses esprits. Il se dégagea et bientôt une faible clarté pâle fit réapparaître une partie des étagères recouvertes de conserves, ainsi que les vieux cartons poussiéreux entassés dans un coin, entre le congélateur et la réserve de vin. Le lycéen tapota l’écran de son portable. Les carreaux opaques de la porte qui menait au garage brillaient plus intensément que le reste. N’importe qui pouvait les voir par là.

« Dites-moi que c’est pas vrai.

— Quoi encore ? demanda Alex.

— Pas de réseau.

— Ah. C’est quoi le prochain gros cliché ? Une tronçonneuse qui passe au travers de la porte ?

— Tu veux pas juste te taire ? »

L’autre lâcha un petit rire nerveux. Il sentait bien qu’il était en train de perdre pied. Résigné, il ralluma la lampe torche.

Au point où on en est…

Il souleva un bout de bâche bleu, certain de ce qu’il allait y trouver. Doucement, il fouilla au milieu des clubs de golf qui se trouvaient là et fit passer un bois à son collègue.

« Ça pourrit là depuis des années. Ce sera pas une grosse perte si on les casse. »

Il se trouva pour lui-même un putter qui semblait avoir un très bon angle pour potentiellement enfoncer le crâne d’un intrus. Dany le regardait non sans anxiété :

« Et c’est quoi le plan au juste ?

— On n’a pas trente-six solutions. Soit on essaye de se tirer d’ici quitte à devoir passer au travers de ce qui se balade dans la maison, soit on éteint la lampe et on reste planqués jusqu’à ce que quelqu’un nous trouve… Ou que le réseau revienne. Il y a un pack d’eau dans le coin et on est entouré de conserves. On pourrait presque survivre à l’apocalypse.

— C’est trop bizarre, lui répondit son interlocuteur après un instant d’hésitation, j’ai du mal à croire que je vais pas me réveiller d’un coup. Qu’est-ce qui se passe bordel ?

— Tu veux qu’on aille voir ?

— Tout de suite là ? T’es sûr ?

— Plan B donc. »

Il allait éteindre la lampe. Il fallait bien économiser la batterie. Ses yeux tombèrent alors sur la serrure de la seconde porte. Quelque chose en coulait, comme de l’encre. Il braqua la lumière sur les carreaux et vit l’obscurité tapissée derrière, sans plus aucune trace du garage. Il trembla de nouveau. Cette noirceur se rependait lentement comparable une tâche vivante au travers de l’ouverture. Du coin de l’œil il perçut Dany qui reculait pour venir se planter à sa droite, plus pâle qu’un linge. La température de la pièce chuta brutalement et bientôt la porte sembla s’affaisser, aspirée par le néant. C’était comme se tenir face à une tornade, mais plus calme, plus noire, plus inflexible, plus insondable. Alex entendit un murmure :

« On court ? »

La réponse allait de soi.

« Ouais. »

L’adolescent déverrouilla la sortie. Ils se ruèrent vers la cuisine aussi discrètement que possible. Tout le battant et une partie du mur furent engloutis dans les ténèbres, arrachés sans même un son, comme s’ils n’étaient plus assez réels pour craquer ou bruire leur agonie. Ils ne voyaient plus le monde qu’au travers de cette étroite fenêtre que leur offrait la torche.

Déjà devant eux, la vitre au-dessus de l’évier disparaissait. L’est de la cuisine à son tour était dévoré par l’abîme, avec une lenteur cruelle, moqueuse. Ce trou noir ne craignait rien et faisait sa besogne surnaturelle, sans se soucier des deux garçons, pétrifiés devant le spectacle de leur inévitable défaite. Il ne leur fallut pas longtemps pour comprendre que la maison était en train de disparaître, menaçant de les emporter avec elle. Il y eut une grande pause effroyable, durant laquelle ils contemplèrent ensemble cette marée inexplicable, ce vide qui n’avait pas de raison d’être. La lumière s’y perdait ainsi que le son. Tous deux étaient pris au piège.

« Tu crois qu’on va mourir ? » finit par lâcher Alex, perdu dans les méandres de son cerveau, ne sachant plus quoi ressentir, quoi penser ; hanté par la seule possibilité que peut-être cette fois c’était la fin.

« Ah non… Je sais pas ce que tu en penses, mais j’ai envie de le savoir le plus tard possible. »

L’autre acquiesça nerveusement, puis au rythme de leurs cœurs battants, ils se dirigèrent vers la chambre, le dernier endroit où ils avaient vu la lumière de la lune, peut-être leur dernière bouée de sauvetage.

Seulement, le couloir était bloqué.

Le faible rond de lumière qui les préservait d’une course aveugle rencontra bientôt une masse longue et gluante. Alex n’avait eu qu’une seconde pour la voir, mais son esprit ne put assimiler ce qui s’était imprimé sur ses rétines. Ses doigts s’ouvrirent et la torche tomba sur les carreaux. Un grognement sec se fit entendre. Dans le halo, on percevait les ondulations de la chair annelée, se contorsionnant comme des vagues de sang. La forme grandit en hauteur, elle se décollait du sol. Une étrange odeur les enveloppait, entre la barbe à papa, le vinaigre et le talc. Ce qui ne pouvait être qu’un corps gras et cylindrique se tourna et une tête, ronde et nue pivota vers eux, ses petits yeux plissés et sa moue baveuse à présent claire dans la lueur blanche.

Si ce n’était pas sa taille, on aurait pu croire au visage d’un bébé.

Les deux silhouettes s’étaient mises à reculer, en oubliant presque le danger derrière eux. Alex tentait désespérément de prendre appui contre le mur. Ce qu’il ressentait n’était pas du dégoût. Voir un tas d’asticots dans son bol de céréales, ça c’était du dégoût, ou avoir un scolopendre sur son pied nu. Ce qu’il ressentait allait bien au-delà de tout ça. Il en avait le vertige. Les muscles de son corps se délitaient. Hagard, il tituba le souffle court, persuadé qu’il allait tomber au sol, quand une main le retînt in extremis. Lorsque sa concentration revint, il avait un genou à terre, tout son poids reposant sur ce putter qu'il tenait encore obstinément. Ses yeux se détournèrent et il vit derrière eux cette tache noire qui avait déjà engouffré la cuisine et qui s’avançait maintenant vers les escaliers et le couloir, inexorablement. Pire encore, il était persuadé qu’il entendait des cliquetis, tout autour d’eux. Il y eut un grand cri, un hurlement de souffrance et de haine, horrible, presque métallique dans sa consistance. L’adolescent osa à peine regarder le monstre. L’abdomen ronflant se déchira dans un bruit atroce, libérant ce qui ne pouvait être que des pattes crochues et articulées qui ressemblaient à des branches sanglantes.

Un nid de choses entremêlées s’écrasa sur le carrelage, encore relié à la forme par un cordon. Ce qu’il voyait n’avait aucun sens. Des feuilles, c’était des feuilles. Des lianes, des branches de lierre qui s’élevaient et se mirent à danser comme des serpents. La créature, sur ses nouvelles jambes frêles, se mit à avancer vers eux et il entendit Dany qui lui ordonna de reculer. Ses jambes lui obéirent cette fois, mais tout autour, les bruits se faisaient plus présents et bientôt des boules de chairs sanglantes, montées sur des pattes d’araignées descendirent de l’étage et s’éparpillèrent sur le plafond, au-dessus d’eux, dans le couloir, même jusque dans le salon.

C’est un cauchemar. Ça ne peut être qu’un cauchemar.

Il aurait préféré être mort plutôt que de voir cette foule le fixer ainsi de leurs petits yeux brillants, comme s’il était leur succulent repas. Des becs noirs émergeaient de leur sommet. Ils se figèrent, tous tournés vers eux, attendant un ordre qui viendrait dont ne sais où, prêts à bondir. Du coin de l’œil, Alex capta un trait, le club qu’il avait donné à son collègue et que ce dernier venait de jeter sur la créature en face d’eux. L’objet fut saisi en plein vol par le lierre et dans le même temps, Dany passa un bras autour de sa taille et l’entraîna avec lui de toutes ses forces. Il y eut un grincement assourdissant et le lycéen vit avec effroi ces légions d’insectes surnaturels se jeter sur eux.

Dans ses dernières secondes de paniques, il comprit que Dany était en train de se jeter dans le néant absolu, dans cette absence qui rongeait la maison, et qu’il l’emportait avec lui.

Le noir se fit bien avant que l’un de ces becs ne puisse lui déchirer la peau.

ℊƌ℞ɨṽȜ ƌ℞ɨṽȜ ouvrit Et ƌ℞ɨṽȜ les cl0re aussi sec. La ƌ℞ɨṽȜ ƌ℞ɨṽȜ lumière était si aveuglanteƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜSourd ? Complètement sourd ? Au milieu de nulle part. Le vide. Suis-je...ƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜƌ℞ɨṽȜmourir

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Tu devrais prendre une pause. Tu écris n’importe quoi. À nouveau.

C’est un bug graphique, je vais régler ça.

Ce n’est pas un bug. La dernière fois non plus. C’est toi qui viens d’écrire ça.

Tu mens.

C’est toi qui m’as envoyé ces mails ?

J’ai reçu un mail avec des photos d’un membre de ma famille, c’est toi qui l’a envoyé ?

Je n’ai pas envi de rire !

Prends une pause. Tu sais ce qui t’arrivera si tu ne le fais pas.

Et oui.

C’était moi.


Texte publié par Yon, 15 novembre 2016 à 10h02
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