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volume 12, Chapitre 2 « Quatre Temps : Outre Temps » volume 12, Chapitre 2

Le jour, seulement le jour lorsque l’obscurité se terre de l’autre côté ; infini, éternel, plus de rêve, plus de ténèbres, seulement le jour, un jour qui n’en finit jamais.

L’oreille tendue, il écoute le silence, troublé par un doux chuintement. Alors seulement, il envisage autre chose, alors seulement, il voit autrement les choses.

Était-ce un jeu, un jeu de dupes, ou bien était-il sincère ?

Recroquevillé sur lui-même, c’est à peine s’il ose étendre les jambes le long du tatami. En face de lui, le mur en papier de riz figure un bien dérisoire rempart. Peint dessus, avec un soin extrême, une colonie de chats ronds, aux yeux clos. Cependant, il sait ce qui arrive s’il s’en approche de trop, alors il renonce. À sa gauche, une fenêtre donne sur un cours d’eau, paisible et limpide, situé quelque part en contrebas. Une fois, il enjamba la balustrade et se retrouva aussitôt sur le balcon qu’il avait quitté un instant plus tôt. Quant aux autres murs, ils étaient de pierres pleines et n’offraient aucun espoir de fuite. Plus de suie, plus de bruit, juste l’enfer de la non-nuit. Du bout des doigts, il trace, sur la natte de riz, les contours d’un labyrinthe aveugle.

Pourquoi est-il là ?

Hagard, il roule sur le dos, les jambes toujours repliées sur lui. Au plafond, une lampe enfermée dans sa bulle de verre lui délivre une inutile lumière, alors même qu’il aspire à se fondre dans les ténèbres. Inspiration, respiration, inclination, inclinaison, tous ces mots, il les déroule et leur trouve des sens nouveaux. Mais il en est d’autres, qu’il n’évoque qu’à demi-mot, lourds de sens et de souvenances, comme ses visions, tout en circonvolution, qui surgissent à leur invocation ; des silhouettes, humaines, féminines, toute grâce et courbe, callipyge presque. Agréables, il les repousse. Désirables il les trousse. Adorables, il les détrousse.

Mais tout cela n’est que fantasme, prestige et faux-semblant, masque d’opérette pour la créature qui, sans cesse, le harcèle, minaude à ses oreilles, le couvre de ses caresses.

Que veut-elle ? Que désire-t-elle ? Que souhaite-t-elle ? Il ne le sait pas ; il n’est qu’un jouet.

Il en devine la présence, faite de souffle et de respiration, de soufre et d’inspiration, de songe et de création. Parfois, il sent sa peau contre la sienne, ses lèvres, sa bouche, sa langue, son corps, son être tout entier, invisible et sensible à la fois, cependant qu’en ces moments-là, il s’enferme là-bas, là où elle ne l’atteint pas ; il ressent alors son désespoir et se sent coupable. Mais cela ne dure pas, car aussitôt elle s’en va et avec elle les émotions, les sensations.

À la place il y a un vide, un creux que rien ne peut remplir et une musique, étrange, aérienne, accompagné d’un chœur de voix masculines et éraillées, dont les échos se répercutent sur les murs de sa prison de papier, où le temps roule, où le temps boucle, à jamais sur lui-même ; il n’habite plus le monde.


Texte publié par Diogene, 22 mars 2020 à 20h33
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