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volume 10, Chapitre 2 « Quatre Jardins : Etrange » volume 10, Chapitre 2

L’enfant était toujours là, les yeux tournés vers un horizon qui n’appartenait qu’à lui. Assis sur une pierre, il contemplait la vallée qui s’étalait à ses pieds. Un jour, un villageois s’en était venu. Le visage rouge, il agitait ses bras pareils aux ailes d’un moulin. Il l’avait regardé et, murmurait-on, l’avait changé en papillon, avant de le renvoyer sur la place, où l’on le trouva allongé sur la margelle de la fontaine. Il avait bafouillé quelques mots à propos d’une soi-disant colline, alors même que certain l’avait surpris en train de marcher en direction des jardins du couvent.

Bien des bruits couraient, mais lui s’en moquait. Il était fils de notable et n’était pas superstitieux. Alors qu’un jour il rassembla son courage et, surtout qu’il dérobât, à son ancêtre paternel, son coutelas, il gravit la colline. L’enfant était toujours là, allongé sur son rocher ; sûrement dormait-il. Cependant qu’il n’agissait point en lâche et ne frappait pas un homme qui dort, il le réveilla, puis le questionna :

— Je suis venu terrasser le dragon, à la place j’ai rencontré le temps. Je suis arrivé trop tard.

— Le temps ? rétorqua-t-il.

Mais l’enfant avait disparu, de même que le rocher sur lequel il était assis. En fait, il se trouvait sur le seuil de son logis et dans le ciel les étoiles dansaient. Décontenancé, il poussa la porte et la referma. À l’intérieur, l’air sentait le renfermer et les fleurs dans les vases avaient depuis longtemps fané. Partout, sur les boiseries, les étagères, tout était gris de poussière. Cependant, arrivé dans sa chambre à coucher, il aperçut son lit et aussitôt le sommeil s’éprit de lui. Le lendemain matin, rien n’avait changé et le mobilier était toujours aussi poussiéreux. Furieux, il s’habilla prestement et s’en fut en direction de la maison du bourgmestre afin de lui réclamer des explications. Mais qu’elle ne fut sa surprise lorsqu’il aperçut, au lieu d’un homme en pleine force de l’âge, un vieillard cacochyme, soutenu par deux pages. Troublé et angoissé, il courut en haut de la colline. À son flanc, perché sur son rocher, l’enfant se dressait et scrutait l’horizon. À

— Que m’as-tu fait ? Où sont passés les villageois ? s’époumona l’homme.

— Pourquoi t’étonnes-tu ? Je te l’ai dit, je suis venu terrasser le dragon, à la place j’ai rencontré le temps. Je suis arrivé trop tard, rétorqua l’enfant dans un sourire.

Derrière lui, le ciel s’illumina soudain et l’homme fut ébloui. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il était seul au milieu des ruines ; il reconnut les étranges jardins du couvent.


Texte publié par Diogene, 14 juillet 2019 à 19h31
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