– Est-ce que tu m’aimes ?

« Est-ce que tu aimes ? » ou « Est-ce que tu m’aimes ? «

Elle n’était pas sûre d’avoir entendu ce qu’il fallait. N’était-ce que cela ? La jeune fille contemplait l’homme qui lui faisait face. Sa peau était cuivrée et son regard émeraude, du moins en paraissait-il ainsi. Il était assis au bord du canapé, le front soucieux, car il ne savait pas. Il ignorait quoi ? Cela aussi l’agaçait et la rongeait. Ne pas comprendre, ne pas saisir, il n’y avait rien de pire. Elle tordait ses mains délicates sans souci de se blesser ou de se mutiler. Se serait-elle tranchée les doigts ou le poignet que cela ne mettrait pas fin à son supplice. Pendant ce temps, il demeurait immobile. Devait-elle en rire ou le maudire ? Elle passa sa langue sur ses lèvres craquelées puis les mordilla, arrachant les quelques lambeaux de chair morte. Elle les fit rouler dans sa bouche pour ensuite les glisser au fond de sa gorge, où ils ne tarderaient pas à disparaître, engloutis par les ténèbres. Ainsi, s’arrachait-elle ce souvenir à la fois hideux et sulfureux. Un goût de fer l’envahit bientôt. Elle avait fini par se déchirer la lèvre…

Les pactes sont écrits en lettres de sang. Lui fallait-il en arriver à de semblables extrémités ? Sûrement l’aurait-elle volontiers rédigé. Au lieu de cela, elle n’arrivait pas à détacher son regard de sa personne. Toc, toc ! Toc, toc ! Sa main empoigna son cœur.

Arrête !

Toc, toc ! Toc, toc ! Il ne l’écoutait pas et n’en faisait qu’à sa tête, ou du moins s’en persuadait-elle. Mais non ! Il s’obstinait. Et lui ? Hein ! Que faisait-il ? Qu’avait-il dit ? Elle avait seulement entendu le son « m ». Mais lequel…

Seul son cœur savait… et son cœur rêvait de M.