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tome 1, Chapitre 14 tome 1, Chapitre 14

Devant Azeo se tenait une créature au corps massif, tout en muscles et recouvert d'écailles. Elle se tenait solidement sur ces quatre pattes, la boue montant jusqu’à l'articulation des coudes tellement l'animal pesait lourd. Elle balançait sa queue de droite à gauche, fouettant l'air environnant. En l'observant plus près, Azeo y décela des appendices solides et très pointus, ce qui ne fit rien pour la rassurer. La bête dardait sur elle son regard d'un rouge aussi profond que le sang et la jeune femme y vit brillé un éclair de curiosité. Les naseaux frémissants, la créature reniflait ce qui se trouvait devant elle.

Azeo n'osait pas bouger de peur que l'animal interprété cela comme une menace. Elle resta donc figée sur place et observait à son tour ce qui se trouvait sous ces yeux. Elle était terrifier, mais en même temps émerveillé. Le temps semblait comme suspendu, faisant s’éterniser ce moment exceptionnel. Elle n’aurait jamais imaginé que l'animal puisse atteindre une telle taille. Car, malgré qu'une partie de son esprit ne veuille pas accepter la situation actuelle, elle savait très bien à quoi elle avait à faire : un dragon. Maintenant, avec le peut qu'elle savait sur ces créature, elle se demandait où était son Drakir.

L'animal fit pivoter sa tête sur le côté, rappelant la mimique d'un chien lorsqu'il cherchait à comprendre quelque chose. Voir une créature aussi mortelle agir comme cela provoqua un éclat de rire a Azeo, qu'elle eut du mal à étouffer. Le dragon secoua la tête, provoquant un signal sonores semblable au celui émis par un serpent a sonnette. Le bruit était provoqué par de petites excroissances osseuses au niveau sa gorge, juste sous son crâne, qui s'entrechoquaient.

Le silence repris ses droits. Azeo se demandait ce qu'allait faire la créature. L'attaquer sauvagement ou bien s’en allé paisiblement ? Quel que soit son choix, elle était sûre que cela resterait le plus fantastique de ses souvenirs. Quoi que, en y réfléchissant bien, elle aimerait bien vivre encore quelque année. Un bruit attira leurs attentions. Le dragon émit un feulement bas qui provoqua un frisson dans le dos d'Azeo. L'animal se plaqua au sol, repliant ses puissantes ailes le long de ses flancs afin de les protégés lors d'un éventuel combat à venir.

Azeo adressa une prière rapide à Nezir d’être clément avec son âme au cas où elle mourrait, ainsi qu'a Fraya pour obtenir son pardon pour toutes les exactions qu’elles avaient commises. Quand elle eut fini, elle se morigéna. Les dieux n'existait pas, ou bien n'avait rien à faire des humains. Lorsqu'elle avait été dans des situations périlleuses, c'était par sa seule action qu'elle avait pu en réchapper. Et il allait en être de même maintenant.

Le bruit s’approchait de leur position. Elle tenta de se déplacer lentement sur le côté pour contourner l'arbre auquel elle s'était adossée afin d'en faire une barrière. Elle avait à peine fait un pas que le dragon darda sur elle ses yeux, sans pour autant bouger la tête, et poussa un grognement d'avertissement. Machinalement, Azeo leva les mains en signe de paix et se repris sa place.

— Ok, mon beau, j'ai compris. Je ne bougerais plus.

Elle se traita d'idiote. Rien ne lui prouvait que l'animal puisse la comprendre, même si Ceriba lui avait donné cette impression.

Elle reporta son attention sur ce qui approchait et eu la surprise de voir le regard ambré qu'elle connaissait bien. Guasdrul se pétrifia sur place quand il vit ce qui se tenait devant Azeo. Il lui envoya un regard interrogatif et alarmé. Elle y décela aussi une note d'incrédulité et de peur, mais qui n'aurais pas ressenti de telles choses dans une situation similaire ? Personne.

Le soldat esquissa un mouvement afin de se rapprocher d'Azeo, mais la bête ne sembla pas d'accord. Elle poussa un profond grognement et secoua sa tête, provoquant de nouveau le bruit d'intimidation. Elle darda son regard sur la jeune femme puis sur l'homme, faisant plusieurs fois l'aller et retour. Étrangement, Azeo eu l'impression que le dragon essayait de communiquer avec eux. Si elle l'avait osé, elle se serait frappé le font pour avoir eu une idée aussi saugrenue.

Ne supportant plus le silence qui s'était de nouveau abattue dans l’ensemble de la forêt, Azeo tenta de détendre l’atmosphère.

— Je vous ai déjà dit que je portais la poisse ? Non ? Dommage, ça vous aurait évité d’être pris au piège avec moi.

Il lui adressa un courroucé. Apparemment il ne pensait pas que le moment était bien choisi pour plaisanter.

De nouveau un bruissement, sauf qu'il provenait de la direction opposé à Guasdrul. Le dragon réagit aussitôt et recula de quelque pas. Se faisant, Azeo eu une vue implacable sur les longues griffes fixé à chacun de ses quatre doigts. Elle aurait mis sa main à couper qu'elles devaient être aussi acérées que sa dague préférée, si ce n'est plus. Cette fois, la créature ne poussa aucun avertissement. Elle gardait son regard fixé sur la jeune femme, ce qui rendit cette dernière nerveuse. Pourquoi ses yeux refusaient de se séparer d'elle ?

Azeo entendit quelqu'un qui grommelait et elle reconnue la voie qui avait poussé les insanités. Décidément, c'était vraiment son jour de chance. Ou plutôt, non. C'était le contraire. Un Doricien passablement énervé déboula des broussailles et de précipita sur Azeo.

— Vous n'en avez pas marre de causer des ennuis a tout le monde ?

Il n'avait pas fait trois pas, étonné de voir la mine effaré et inquiète de la jeune femme, qu'un feulement se fit entendre dans son dos. Il se stoppa nette et se retourna lentement. Azeo aura donné chère pour pouvoir voir la mine qu'il affichait à cet instant. Elle poussa un petit ricanement et croisa les bras.

— Vous n'avez pas idée à quel point cette situation m'amuse. Non, vraiment aucune.

— Mais taisez-vous donc !

De nouveau, le dragon poussa un feulement.

Un instant passa sans que personne ne bouge. Doricien repris alors la parole.

— Qu'est-ce que vous...

Il ne put aller plus loin, le dragon dardant sa langue dans sa direction, ayant ouvert en grand sa gueule et dévoilant une dentition impressionnante. Cela n'impressionna pas Azeo, ou du moins ce fut l'impression qu'elle voulait donner.

— Pour votre gouverne, c'est vous qui êtes venue ici. A ce que je sache, je ne vous ai pas tiré pas par la main pour arriver jusqu'ici. Ce n'est donc pas de ma faute si vous vous retrouver dans la situation. Je m’étais sagement éloigné de groupe, seule, mais il a fallu que vous veniez me chercher. D’ailleurs, pourquoi vous êtes là ? Vous ne devriez pas être encore au camp ?

— On parlera de ça plus tard. La situation est...

De nouveau, le dragon ne le laissa pas finir. Doricien poussa un jurons coloré et se tourna vers Azeo, faisant fit du danger qui se trouvait maintenant dans son dos.

— C'est moi ou ce dragon ne laisse personne parler a par vous ?

Azeo haussa les épaules. Elle aussi avait cette impression, mais elle trouvait cela trop étrange. Pour tester cette hypothèse, elle se mit à expliquer la situation aux nouveaux venus.

— Comme je l'ai dit, j'ai voulu m'éloigner du groupe lorsque je suis tombé sur ce cadavre.

Elle indiqua du doigt les restes dissimulés non loin.

— Je suis ensuite tombé sur un fauve énorme qui allait ne faire qu'une bouché de moi lorsque notre... ami ici présent est apparue. Je peux vous dire que le fauve n'a pas fait long feu. Depuis, je suis coins dans un face à face sans fin avec lui. N'ayant pas encore été réduite casse-croute pour dragon, je pensais pouvoir m'en sortir quand ce bon Guasdrul, fidèle à sa mission, est venue me chercher. Puis vous êtes arrivé à votre tour.

La créature n'avait pas bronché une seule fois malgré la longue tirade. Du coin de l’œil, Azeo avait vu que Doricien et Guasdrul c'étaient rapproché d'elle, la créature semblant ne plus s’occuper d'eux, son attention toute tourné sur celle qui venait de parler.

Puis tout bascula. Le dragon poussa un grondement qui fit s'enfuit les rares oiseaux encore présent. Il fut si puissant que le sol tremblât. Elle se jeta alors sur Azeo, la gueule grande ouverte. Cette dernière crus son heure venue. Elle sentit la mâchoire se serré autour de sa taille, les dents percèrent légèrement sa peau. Le dragon se mit alors à battre des ailes, faisant reculer les deux hommes sous la puissance du souffle ainsi généré. Une paie surréaliste s'empara d'Azeo et elle admira les légères marbrures qui couraient le long des ailes, trouvant quelque chose de familier dans le motif.

La créature décolla avant que quiconque ne pense à réagir et emporta sa proie dans sa gueule. Le vent fit bourdonner les oreilles d'Azeo tandis que le dragon continuait toujours de prendre de la hauteur. Après un battement plus puissant que les autres, elle replia momentanément ses ailes le temps de traverser le couvert végétal. Soudain, la vue de la jeune femme se brouilla et son champ de vision s’obscurcit. Elle luta contre l'évanouissement, mais son combat fut vain. Tout devint noir tandis que le dragon l’emportait vers une destination inconnue.

Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, il fallut un moment pour qu'Azeo se souvienne de ce qui venait de se passer, mais le tout restait encore flou et fut étonnée d’être toujours en vie. Reprenant vite ses habitudes, elle se demanda ensuite où elle se trouvait à présent. Il faisait sombre, bien trop pour qu'elle puisse y voir quelque chose. Puisque ses yeux étaient inefficaces, elle se reporta sur son odorat. Elle décelait une odeur de soufre et de moisissure. Il lui sembla aussi percevoir quelque chose approchant d'une charogne en décomposition, mais elle n'en était pas sure, son esprit encore embrumé.

Elle tendit ensuite l'oreille afin de capter le moindre bruit susceptible de lui donner plus d'information sur l'endroit où elle se trouvait. Un doux clapotis lui apprenait qu'il y avait un court d'eau non loin. Elle entendait le vent faire bruisser des banches dans le lointain. Tous les sons formaient des échos et semblaient provenir de tous les endroits à la fois. Elle comprit alors qu'elle devait se trouver dans une sorte grotte.

Durant tout le long de l’examen de son environnement, elle était restée parfaitement immobile, de peur que le dragon soit toujours proche. Le fait qu'elle n'ait détecté aucun son de respiration l'étonnât. Pourquoi l'avait-il enlevé et amené ici aux lieux de la dévorer sur place ? Ce n'était pas comme si Doricien et Guasdrul représentaient une grande menace pour lui.

Azeo décida de prendre le risque et se mit en position assise. Se faisant, elle s'aida de ses mains et ses doigts rencontrèrent une flaque visqueuse. Une douleur fulgurante la traversa des pieds à la tête, l'obligeant à se rallonger. Elle attendit que cela passe et serra les dents, retenant un cri. Elle n'eut pas besoin d'en savoir plus et tâtonna sa cuisse déjà blessé. La plaie c'était bien ré-ouverte, toutefois, cela n'expliquait pas la souffrance qui venait de l'engloutir. Elle se souvint alors que le dragon l'avait pris dans sa gueule, enfonçant ses dents dans sa chaire.

Elle examina son autre jambe et ne fut pas surprise d'y trouver aussi des plaies d’où s'écoulait son sang. Les blessures n'étaient pas larges mais assurément profondes. En plus des dégâts fait à ses jambes, son bras droit ainsi que son dos et son ventre étaient touchés. Sans l'aide d'un serviteur de Pilistos, voir du dieu lui-même, elle n'avait aucune chance de sortir d'ici vivante, où que soit cet ici.

Un bruit roque se répercuta sur les parois, faisant sursauter Azeo. Une lueur dansa sur les paroirs de roches. Elle avait eu raison, elle se trouvait bien dans une grotte. Pour une fois, elle aurait bien aimé s’être trompée. La lumière provenait d'une torche, les flammes créant des ombres qui se mouvaient sur la pierre, comme animées d'une volonté propre.

Une veille femme, ou du moins ce qui y ressemblait, tenait la torche au-dessus de sa tête. Elle était voutée, presque plié en deux sur elle-même, et boitait, trainant l'une de ses jambes derrière elle. Des cheveux grisonnants et fous partaient dans tous les sens sur son crâne. Elle portait pour tout vêtement une large tunique miteuse et rapiécé en de nombreuse endroits qui couvrait à peine une peau si blanche qu'Azeo la crue un moment transparente. Même la chaude lueur dégagée par les flammes ne parvenait pas lui donner un aspect plus doré.

D'une démarche difficile, la vieillarde continua de s'approcher et s’arrêta aux pieds d'Azeo. Elle poussa une sorte de plainte roque puis darda sur la blessée un regard vide. Une fine pellicule laiteuse en recouvrait les iris qui avaient dû jadis être d'un vert rappelant la mousse poussant sur les pierres au bord des cours d'eau. Elle devait certainement être aveugle. Pourtant elle semblait parfaitement distinguer Azeo.

Son regard sans vie se posa sur ces plaies qui saignaient toujours abondamment et secoua la tête. Elle proféra quelque chose dans une langue qu'Azeo ne connaissait pas et repartit. Quoi ? Cette vielle bique allait l’abandonner là, comme si de rien était ? Avant que la vielle femme n'ait disparue, Azeo se mit debout, repoussant la douleur qui menaçait de la renvoyer dans les bras de Dolicia. Elle n'avait pas dit son dernier mot.

Elle n'eut pas fait un pas que la vieillarde se tenait de nouveau à ses côtés, prenant par surprise la blessé par sa rapidité, et, d'une chiquenaude, renvoya Azeo au sol. Elle prononça un mot, la pointant d'un de ses doigts crochus, puis repartie. Azeo la regarda faire, ébahit. Mais qu'était donc cette femme pour avoir autant de force alors qu'elle ne possédait que la peau sur les os et ne parvenait pas plus haut que la poitrine d'Azeo ?

Azeo profita des dernières lueurs de la torche pour regarder ce qui l'entourait, mais ne vit que la pierre noire et froide de la cavité dans laquelle elle était allongée. Ce même froid qui commençait à se répandre en elle, lui sapant les maigres forces qu'il lui restait. La seule issue était le large tunnel d'où était venue puis reparti la vieillarde. C'était sans espoir. Le peu de lumière fini par disparaitre et Azeo fut de nouveau plongé dans l'obscurité la plus totale.

Elle se croyait perdu quand la vieillarde se pencha de nouveau sur elle, la prenant au dépourvue. Elle ne l'avait pas entendue revenir. Azeo tourna la tête sur le côté et eu la surprise d'apercevoir des dizaines de torches allumé posés sur leurs supports dans les murs. Elle comprit alors que ce n'était pas parce que la vieillarde c'était déplacé silencieusement qu'elle n'avait rien entendue, mais parce qu'elle devait s’être évanouit. Ce constat fit frissonner Azeo. Jamais elle n’avait baissé sa garde à un tel point, et ce peu importe les blessures qu'elle avait pu avoir. La situation traduisait bien la précarité de son état actuel.

La vielle femme s'agenouilla et posa son front contre le sol de pierre, les bras étirés devant elle, en une posture pleine d'humilité. Un claquement d'aile se fit bientôt entendre, le son envahissant toute la grotte. Un grondement provint du tunnel et provoqua un frisson à Azeo, à moins qu'il ne soit du a tout le sang qu'elle avait perdu. Elle s'étonna de ne pas encore avoir rendus son dernier souffle. Mais cette question allait vite être réglée. Le dragon qui l'avait attaqué venait d'entré dans la cavité ou elle se trouvait et Azeo comprit alors pourquoi la vieillarde avait fait toute cette mise en scène avec les torches : elle allait être sacrifié à la bête féroce !

Tandis que le dragon avançait d'une démarche lente vers elle, Azeo gardait les yeux rivés dans le vide, refusant de croire que ce qui arrivait était la réalité. Toutefois, il n'y avait pas d'autre explication. Elle avait bien trop mal pour que ce soit un rêve ou une hallucination. Elle ferma un instant les yeux lorsque l’animal s’arrêta non loin d'elle et arqua son long cou pour positionner sa tête au-dessus de la blessée. Ses lèvres bougèrent à peine, mais Azeo adressa un message qu'elle savait ne jamais atteindre son destinataire.

— Je suis désolé papa. Pardonne-moi de ne pas être la fille que tu voulais.

Elle s'était résolu à se laissé faire de manière à ce que sa fin soit rapide et le plus indolore possible. Seulement, la passivité n'avait jamais été son fort. Dans un sursaut de colère, elle ouvrit grand les yeux et puisa dans ces dernières forces pour hurler.

— Hey, le gros lézard ! J'espère que tu t’étoufferas en me mangeant.

Elle tourna la tête en direction de la vielle qui avait glapit et arborait un air choqué.

Le dragon ouvrit la gueule en grand, donnant une vue imprenable sur ses dents acérés, et souffla en direction d'Azeo. L'air chaud lui fit du bien, repoussant la morsure glaciale de la mort. Elle avait à présent du mal a respiré et sentait son cœur ralentir. Elle voulut de nouveau crier sa colère mais seule une quinte de toux sortie de sa gorge. La fin était proche.

Ce qui se passa ensuite stupéfia Azeo. Le dragon darda sa langue sur les blessures d'Azeo, léchant le sang. Il recula sa tête et elle vit la vieillarde sortir un long couteau cérémoniel, la lame légèrement incurvé et le manche incrusté de pierres précieuses, de sous sa tunique. Le dragon leva l'une de ses pattes avant et en arracha quelque écailles. La vielle femme s’avança respectueusement vers lui. D'un geste sur et précis, elle trancha dans la peau ainsi mit a nue. Un sang sombre se mit rapidement a coulé.

La vieillarde apposa une sorte de bol et recueilli le précieux liquide. Azeo ne comprenait pas ce qui se passait, son esprit devenant de plus en plus embrumé. Une nouvelle quinte de toux la secoua et elle se roula en boule. Une main ferme la fit se mettre sur le dos et souleva légèrement sa tête. Tout son champ de vision s’obscurcissait et elle ne distinguait pratiquement plus les traits du visage perché au-dessus d'elle.

On posa quelque chose de frai contre sa lèvre inférieur.

— Ouvre.

La voie impérieuse était rocailleuse et le mot, bien que simple, fut prononcé avec difficulté. Machinalement, Azeo obéit et entrouvrit la bouche. Un liquide chaud et amer se répandit sur sa langue. Le gout métallique fit éclater la bulle qui entourait son esprit. Cette folle voulait lui faire boire du sang ! Azeo voulu se débattre les parvint à peine à bouger les doigts. Elle put néanmoins serrer les dents.

De nouveau, le bol fut posé contre sa bouche.

— Bois !

Devant le refus farouche qu'elle opposait, la vieillarde pris une décision radicale. Elle asséna une claque magistrale, fendant la lèvre d'Azeo. Le dragon poussa un grondement sourd, ce à quoi la folle répliqua, toujours dans une langue étrangère à Azeo. Toutefois, la vielle femme avait atteint son but. Face à l'impact brutale, Azeo avait ouvert la bouche et la vieillarde en avait profité pour vidé le contenue du bol dans sa bouche. Elle avait ensuite fermement maintenu la tête d'Azeo basculé en arrière et lui bloquait la mâchoire, l’empêchant de recracher le sang.

Le liquide la brula intérieurement. La vielle femme recula précipitamment et s’agenouilla. Le dragon se roula en boule, laissant juste la place nécessaire à Azeo entre ces pattes. Il rabattit une aile protectrice au-dessus d'elle. La jeune femme fut engloutit sous la douleur et hurlait pour qu'on la délivre de ses tourments. Tous ses muscles étaient secoués de spasmes incontrôlables.

Il lui sembla que son sang s'était transformé en lave, brulant tout sur son passage. Son cœur s'affola, résonnât à ses oreilles. Malgré l’obscurité produit par l'aile du dragon, le peu de luminosité qui passait à travers le cuir la constituant agressait les yeux d'Azeo, comme si elle regardait directement le soleil. Son souffle devint court. Puis tout s’arrêta.

Lorsqu'elle revient à elle, elle se demanda une fois de plus si elle n'était pas morte. De nouveau elle n'y voyait rien, plongé dans un noir d'encre. Elle palpa ses blessures mais ne trouvas que de légères boursouflures, comme celles qui se formaient après plusieurs semaines de guérisons. Pire, sa cuisse était totalement guérie et elle ressentie aucun tiraillement lorsqu'elle s'assit. Combien de temps c'était-il donc écoulé ? A moins que tout ça ne soit au final qu'un long rêve sans fin.

Elle tendit la main et ses doigts accrochèrent quelque chose de rugueux, constitué d'une multitude de petits détachements. Elle suivit le contour de l'un d'eux et retira vivement sa main lorsqu'elle comprit ce qu'elle touchait. Aussitôt une vive lumière s’abattit sur elle, lui faisant cligner des paupières.

Une fois que sa vue se fut accommodé au brusque changement, Azeo se pétrifia. Devant elle, un œil rouge à la pupille légèrement en losange restait fixé sur elle. Elle voulut faire en bond en arrière mais se pris les pieds dans quelque chose, atterrissant finalement lourdement sur son postérieur. Le dragon émit un bruit qui se rapprochait d'un rire, puis agita lentement sa queue son le nez d'Azeo.

Le dragon se leva et disparu dans le tunnel, laissa la jeune femme seule. Elle se demandait ce qu'elle allait faire maintenant quand une voie raisonna dans sa tête.

— "Zor vrat." (1)

Sans qu'elle ne sache comment, elle comprit que cela voulait dire qu'elle devait suivre le dragon, faisant échos en son for intérieur. Sans réfléchir plus en avant sur les dangers que cela la faisait encourir, ni même de la provenance de cet ordre, elle s'exécuta. Le tunnel débouchait sur une seconde vaste salle, elle aussi creusé dans la grotte. Toutefois, en levant la tête, Azeo vit qu'une ouverture naturel se trouvait au plafond et baignait la nouvelle pièce de lumière.

Le Dragon se tenait là, légèrement en hauteur, la fixant de son regard perçant. La vieillarde se tenait à côté de lui et gesticulait dans tous les sens tout en criant a plein poumons, ce qui arrachant une grimace de douleur a Azeo. Ses oreilles semblait hypersensibles et lui faisait mal au moindre son. Le dragon daigna enfin lui fournir son attention. Après un petit moment il tendit son cou et déploya des petites membranes de peaux et de muscles situées à l'arrière de son crâne. Il déplia aussi à moitié ses ailes, le rendant encore plus menaçant.

— "Krator menzul ! Dazgur un ulinak." (2)

Azeo fut stupéfaite d’entendre le dragon parler, car cette voie ne pouvait provenir que de lui. Pourtant, il n'avait pas ouvert sa gueule. La vieillarde se raidit, puis se recroquevilla plus encore si cela était possible. Elle se mit à pleurer et partie à reculons dans une petite cavité qui avait échappé à Azeo. Le dragon poussa un long soupir et s'allongea.

Azeo s'approcha lentement, méfiante, du petit surplomb rocheux. Voyant qu'il ne réagissait pas, elle se ragaillardit et avança plus franchement. Elle se tenait à quelque pas de la créature. Prenant son courage en mains, elle prit la parole :

— Hum... Excusez-moi...

— " Diark, humbra ?" (3)

De nouveau la voie avait résonné dans son esprit. Faisant fi de cette bizarrerie et voyant que le dragon n'avait pas réagi extérieurement, elle poursuivit.

— Cette femme est-elle votre Drakir ?

Cette fois il réagit. Il releva la tête rapidement et ouvrit les yeux. Azeo y vit brillé une étincelle de colère.

— "Zrul !" (4)

Une négation si violence fit presque perdre son courage à Azeo. Toutefois, elle n'allait pas abandonné comme ça non plus.

— Vous n’êtes pas un dragon Renégats ?

— " Nun dragavat nitomb ? Straa ! Oustra nun dragavat kirtoul." (5)

Cette fois la colère c’était transformé en haine. Azeo ne comprit pas pourquoi il avait réagi comme ça. De plus, alors qu'elle avait parfaitement comprit ce qu'il disait jusqu’à maintenant malgré la langue qu'elle ne connaissait pas, cette fois les mots n'avait trouvés aucune signification pour elle. Voyant qu'elle ne répliquait pas, le dragon avança sa tête jusqu’à elle.

De peur, Azeo fit un pas en arrière.

(1) = Suit moi.

(2) = Créature inutile ! Hors de mon chemin.

(3) = Oui, humaine ?

(4) = Non !

(5) = Un dragon Renégat ? Pff ! Je suis un dragon Ancien.


Texte publié par Lorelei, 25 janvier 2017 à 10h52
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