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tome 2, Chapitre 7 « Un lointain souvenir » tome 2, Chapitre 7

Défi 07

Objet « jupe »

Couleur « rose »

Émotion « amnésie »

Longueur : 750 mots

Cinder observait Elsebeth tandis qu’elle évoluait dans le dépôt où les automates de la maison «Kloze et Volk» avaient été transportés après la fermeture de l’atelier. Le garçon s'amusait de son expression surprise et ravie ; pourtant, en tant que fille de la matriarche, elle avait dû voir beaucoup de créations plus prestigieuses que celles de sa mère.

Elle s’arrêta auprès de Lola, la danseuse, dont la jupe de fer blanc brillait doucement dans les rayons cascadant de la toiture vitrée. Elle effleura du doigt les délicates ciselures qui couvraient les lames métalliques.

« Comment le métal de son visage et de ses bras peut-il imiter si bien la peau ?

— C’est du cuivre rose qui a été dépoli...»

Elsebeth acquiesça, un peu machinalement, comme si elle n’avait pas vraiment écouté sa réponse. Elle continuait de fixer l’automate, les sourcils légèrement froncés.

«Quelque chose ne va pas ?

— C’est juste que... j’ai l’impression de l’avoir déjà vue.

— Lola était souvent louée pour des anniversaires de petites filles. Peut-être que…

— Non, répliqua Elsebeth en secouant fermement la tête. Mes anniversaires ont toujours été... très solennels. »

Elle esquissa une petite grimace.

« Je pense l’avoir vue dans un atelier, plutôt.

- Vous êtes sûre que c’était bien Lola ? demanda le garçon avec un scepticisme dont il se sentit aussitôt coupable.

— Oh, oui, c’était bien elle ! J'en suis sûre ! »

Cinder fixa pensivement le bout de ses bottes ; il se serait souvenu d’une visite aussi prestigieuse. À sa connaissance, il n’avait jamais été atteint d’amnésie.

Maintenant qu'il y songeait, il se rappelait qu'un homme mince aux cheveux sombre, le nez chevauché d’une paire de lorgnons, était venu un jour avec sa fille. Une petite brune qui devait avoir un an de moins que lui - à sept ans, c’était une différence d'âge considérable.

D’habitude, Cinder aimait aller au-devant des clients et montrer tout son savoir : la présence de la fillette l’avait curieusement intimidé. Quand sa mère avait lancé Lola pour faire plaisir à leur jeune visiteuse, celle-ci avait éclaté de rire, battant des mains avec bonheur, tandis qu'il restait caché derrière les jupes d'Annet.

L’homme lui avait paru extrêmement doux de caractère ; il posait des questions intelligentes qui témoignaient de son intérêt réel pour les créations de sa mère. Il s'était même penché vers lui pour ébouriffer ses boucles, tandis qu’Annet faisait l’éloge de son enfant serviable, gentil et travailleur. Il avait déclaré qu’il serait un jour un grand artisan qui œuvrerait comme sa mère pour la gloire du Matriarcat.

«Je m’en souviens à présent, murmura-t-il. Vous étiez si différente...»

Il se mordit la lèvre, mais la jeune fille lui sourit :

« Vous de même. Il est amusant de songer que nous nous sommes déjà croisés.

- L’homme était... votre père ?»

Elle hocha la tête :

«Oui... en effet. C’était le plus jeune fils du frère du roi d’Albion. Il était de santé fragile et s’intéressait plus aux livres qu’à la politique ou la guerre. Dans les autres pays, où ce sont les hommes qui gouvernent, ce n’est pas bien vu... Son père s'est débarrassé de lui par cette alliance matrimoniale. »

Elle baissa la tête :

« Sa situation ici lui convenait. Il s’occupait beaucoup de moi. Mais sa santé était fragile... il est mort peu après.»

Il perçut le sanglot dans sa voix et compris combien elle avait dû se sentir seule quand elle avait perdu son père. Avec hésitation, il posa une main sur son épaule, en espérant que ce geste ne sera pas considéré comme inconvenant :

«Vous savez... Je vous ai enviée d’avoir un père tel que le vôtre. Je n’ai jamais connu le mien.»

Elle tourna vers lui un regard surpris :

«Vraiment ? Pour ma part, c'est votre mère que je vous ai enviée. Elle paraissait si enjouée et souriante, et si fière de vous... La mienne n’avait jamais de temps pour moi, et tout ce que je faisais semblait la désappointer, même quand elle ne me faisait aucune remarque. Je... je suis désolée qu’elle soit... partie.

— Moi de même, mademoiselle Elsebeth, répondit-il avec un doux sourire. Mais dites-vous qu'à travers nous, ils se sont efforcés de laisser derrière le meilleur d'eux même. Nous devons faire en sorte de ne pas les décevoir.


Texte publié par Beatrix, 6 avril 2016 à 23h26
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