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tome 2, Chapitre 1 « Une décision embarrassante » tome 2, Chapitre 1

Défi n° 1

Objet : « tasse »

Emotion : « rancune »

Couleur : « fuchsia »

Longueur imposée : 750 +/-

Les mains habiles de Cindervale s'attardaient au moindre détail, reprenant une ciselure, réajustant une pièce minuscule... Pour Elsebeth, c'était un véritable plaisir de le regarder : même les tâches les plus compliquées semblaient simples sous ses doigts. Il se retourna pour lui adresser un sourire :

« Vous ne vous ennuyez pas trop ?

- Si c’était le cas, je serais partie depuis longtemps ! »

Il venait de poser ses outils quand quelqu’un toqua à la porte.

« Entrez ! » répondit le jeune homme en mettant rapidement de l'ordre dans sa mise.

Elsebeth se leva, prête à s'éclipser : il n'était pas très convenable pour la fille de la Matriarche de traîner dans un atelier, fut-il celui du Palais. Elle se tranquillisa en voyant apparaître madame Calculus, la Grande Horlogère du Matriarcat. La petite femme entra d’un pas vif, ponctuée par le son sa canne sur le dallage.

« Je veux que vous considériez cette demande, monsieur Kloze. Bien que la décision d’intégrer des élèves adultes dans notre Académie Mécanique soit de mon ressors, vous avez sans doute votre mot à dire sur cette candidature. »

Un peu surpris, Cinder accepta l’enveloppe que sa supérieure lui tendait ; il attendit poliment son départ pour examiner le carré de papier ivoire. A la lecture du nom qui y figurait, son visage devint blême. Alarmée, Elsebeth se glissa derrière lui pour jeter un coup d’œil :

Ludvik Ash.

La jeune fille ne connaissait que trop bien ce nom : Ludvik était l’un des deux fils du second mari de sa mère, Viktor Ash. Cette famille l’avait traité comme un esclave pendant de longues années, jusqu’à ce que l’injustice de sa situation – et son incroyable talent - soient enfin reconnus. Depuis leur disgrâce, trois ans plus tôt, les Ash avaient fui à l’étranger et plus personne n’avait entendu parler d’eux.

Avec douceur, Elsebeth lui ôta l’enveloppe des mains, puis le conduisit vers la petite table installée dans un coin de l’atelier. Après avoir placé une bouilloire sur le feu, elle disposa le service à thé en porcelaine blanche et fuchsia qu’elle y avait fait porter quelques mois plus tôt. Le jeune homme la laissa faire, le front soucieux.

Quand elle eut posé devant lui une tasse fumante à l’arôme enchanteur, elle relança prudemment la conversation :

« Je comprends que vous ressentiez de la rancune, vous ne seriez pas humain autrement. Le père de Ludvik vous a fait subir un traitement plus que barbare, il est tout à fait normal que vous ne puissiez l’oublier.

— Je sais, répondit-il avec un pâle sourire. Où est passé cette lettre, que je la lise ? »

Elsebeth l’avais gardée dans une poche de sa jupe-culotte ; elle la lui tendit, en conservant un regard attentif sur le jeune artisan. Il la déplia, les mains un peu tremblantes, avant de la parcourir rapidement.

« Alors ? »

Il haussa un sourcil, les yeux toujours perdus dans les lignes sinueuses qu’elle devinait à travers le papier.

« Il est humble, poli. Ash et ses fils n’ont pas pu refaire leur situation. Ludvik s’est enfin décidé à travailler de ses mains. Peut-être est-il vraiment décidé à changer...»

La fille de la Matriarche ne le comprenait que trop bien.

« Cindervale... murmura-t-elle. Je n’ai pas besoin de vous rappeler mon état, quand vous m’avez connue. Je ne pouvais plus adresser la parole à quiconque, tant le jugement des autres, les mesquineries et les jalousies de toutes sortes m’avaient blessée. Grâce à vous, je peux vivre à nouveau. Même si jour après jour, je dois faire face à ceux qui m’ont fait mal, à leur sourire hypocrite...»

Elle se pencha légèrement vers lui et ajouta, sur le ton de la confidence :

« Cela va peut-être vous surprendre, mais parfois, j’ai envie de hurler en songeant que jamais ils n’auront à payer le prix de ce qu’ils m’ont fait. Mais à la vérité... Je n’ai pas le temps d’être rancunière, je m’emploie trop à être heureuse. »

Elle posa une main légère sur son bras :

« Je vous connais : si vous bloquez sa candidature, vous serez trop occupé à vous en vouloir et cela vous détournera de l’essentiel. Alors que si vous acceptez, vous oublierez jusqu’à son existence. »

Cindervale éclata de rire, ses yeux ambrés pétillant d’amusement - et de soulagement :

«Vous êtes vraiment sage, Elsebeth. Vous deviendrez une grande Matriarche ! »

Surtout avec vous à mes côtés, songea-t-elle en silence, mais elle se contenta de sourire, heureuse d’avoir su alléger son cœur.


Texte publié par Beatrix, 23 mars 2016 à 09h35
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