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tome 2, Chapitre 46 « La Louve et l'Amant » tome 2, Chapitre 46

Le loup avait planté ses crocs et lui faisait l’amour, car le loup était doux. Lou n’ouvrait pas les yeux. Autour d’elle, il n’y avait plus rien, sinon l’étrange sensation du pelage contre sa peau.

– Qui es-tu, Lou ? avait murmuré le loup.

– Qui est Lou ? avait alors rétorqué Lou ; une allumette calcinée entre les doigts.

Mais le loup n’avait pas répondu et l’avait mordue ; une morsure dans la chair charnue.

– Où es-tu, Lou ? avait susurré le loup.

– Où est Lou ? avait chuchoté Lou en écho ; elle avait cassé la tête de l’allumette.

Encore une fois, le loup n’avait pas dit mot et lui avait déchiqueté le mamelon.

– Depuis quand es-tu ici, Lou ? avait glissé le loup.

– Depuis quand Lou est ici ? avait soufflé Lou ; entre ses doigts, le corps s’effritait.

Silencieux, le loup avait souri, puis il avait déchiré son hymen.

– Pourquoi es-tu ici, Lou ? avait ronronné le loup.

– Pourquoi suis-je ici ? avait soupiré Lou ; le corps blême de l’allumette gisait par terre.

Alors le loup avait guéri la chair, pansé les plaies. Ensuite, il avait posé sur elle ses prunelles argentifères. D’une main, il avait ramassé l’allumette, puis il avait tracé dans les airs des arabesques. Du bout de l’index, elle avait suivi son geste, avant de le poser sur ses lèvres.

– Un jour, j’ai découvert un miroir et à l’intérieur j’ai aperçu une histoire. Elle était belle et désirable, avait laissé échapper Lou d’entre ses lèvres entrouvertes et de nouveau le loup la possédait.

Alors Lou tourna ses yeux couleur poussière vers le mufle de son amant. Comme il était beau avec ses yeux de fer, où flottait comme un air de dérision, mêlé d’un sentiment de perdition. Était-il un ange, un démon, ou bien autre chose ? Lou ne désirait point connaître la réponse.

– Garde ton aura de mystère, murmurait-elle tandis qu’elle plongeait sa figure dans l’abondante fourrure de l’homme, dont les crocs s’enfonçaient dans ses flancs. Sous ses doigts, le pelage doux et soyeux glissait, comme elle s’agrippait à son corps.

– J’ai aperçu une histoire et j’ai voulu la revoir. Elle était si belle, si désirable, avait fredonné Lou, enroulée autour des bras démesurés de l’homme couché.

Le corps nu, entouré une mince couverture qu’elle avait nouée autour de sa taille, elle se donnait à voir dans le reflet du miroir.

– J’ai voulu la revoir, parce qu’il faisait noir et c’était le soir.

Entre ses doigts s’agitait une minuscule flamme et le loup s’approcha. Comme il était beau avec son pelage. Les draps avaient glissé et Lou regardait. Il tendit alors une main vers son visage et Lou l’embrassa. Alors le loup captura la flamme et la souffla en direction du miroir qui s’embrasa.

– Pourquoi voulais-tu savoir ? chuchota le loup, maintenant couché sur le dos.

Lou se leva ; elle avait remonté sur sa poitrine le drap, et elle dériva vers le mur de feu.

– Un jour que j’étais au désespoir, elle m’a murmuré au travers du miroir : « Viens me voir et je te conterai une histoire ! » Mais je n’ai osé aller la voir et je me suis perdu dans les limbes du soir.

Face au rideau de feu, elle lui tournait le dos et le loup en admirait les courbes. Il y décelait les coups et les brûlures, les blessures et les fêlures. Mais Lou était belle et il le savait. Le long de ses joues roulaient des larmes taillées dans le cristal ; elles tombaient une à une sur le sol dans un bruit de métal. Alors le loup se leva et les ramassa.

– Je marchais dans le noir sans l’envie de m’en retourner sur mes pas, car je savais ce qui m’attendait là-bas. C’est alors qu’elle m’apparut dans le soir, avec sa cape qui scintillait dans le noir. Elle tenait dans sa main une allumette qu’elle me glissa entre les doigts. « Craque-la et tu le rejoindras ! » avait-elle murmuré avant de disparaître.

Le loup avait relevé la tête, puis il avait enfoui son museau dans sa toison et il avait montré les crocs. Lou, nue, avait alors posé ses mains sur sa tête et l’avait entouré de ses attentions. Lou avait rejoint le loup. Le loup était doux, le loup était bon. Et Lou caressait la tête du loup, tandis qu’il s’abreuvait à la source de toute chose. Elle sentait sa langue qui s’agitait au fond et cela la rendait toute chose.

– Qui es-tu, loup ? avait-elle murmuré, comme si d’un ultime coup de croc il avait désiré s’emparer de sa raison.

– Qui est le loup ? avait-il chuchoté en écho, le museau toujours plongé au sein de sa toison.

Alors Lou se recula et elle perçut le contact de sa truffe chaude contre sa peau.

– Où es-tu, loup ? avait-elle soupiré, comme elle sentait les crocs lui labourer les mamelons.

– Où est le loup ? avait-il ronronné, le museau posé dans la vallée de ses seins ; Lou gémissait.

Alors Lou avait renversé le loup sur le dos et avait enfoui son visage dans son pelage.

– Pourquoi es-tu ici, loup ? avait-elle gémit, comme elle s’abandonnait à cette chose qu’elle n’osait plus appeler amour.

– Pourquoi suis-je ici ? avait-il susurré, comme il contemplait les lents et subtils mouvements de son déhanché.

Le loup n’avait osé le dire, de peur de briser la magie. À la place, il se perdait dans les va-et-vient de la jeune fille, les balancements de son ventre, les seins menus qui oscillaient de droite et de gauche. Mais il voyait aussi ces autres choses, toutes ces choses que Lou dissimulait sous ses atours. Il se taisait à ce propos ; à la place il posait sa tête velue dessus et apaisait le mal qui la rongeait. Alors Lou oubliait qu’il était le loup et Lou lui faisait l’amour.

Qui es-tu (L)lou(p) ? À qui s’adressait cette requête ? Le loup regardait Lou et Lou ne voyait pas le loup, car Lou était belle, Lou était sincère. Qui était-elle ? Elle aurait pu être une lycéenne, pire une collégienne. Au fond, il s’en mLoquait, car Lou pansait ses plaies, comme lui les siennes ; âmes en peine qu’ils étaient. Soudain, il se redressa et glissa ses mains autour de sa taille. Lou entre ses bras, il la serra. Il sentit au travers de sa fourrure la sueur l’imprégner et il posa son museau sur son épaule. Lou ne bougeait plus et avait enroulé ses bras autour de sa nuque, pour mieux agripper cette peau qui dissimulait l’autre.

– Délivre-moi, Lou, gémit le loup comme elle enfouissait sa figure dans le creux de son cou.

– Alors, délivre-moi loup ! susurra Lou : le loup en elle.

Mais le loup n’ajouta pas un mot, car le loup était amour. Il n’était pas le loup qui lui apporterait la mort ; il en était un autre tapi dans les ombres. Tout à coup, Lou poussa un cri et se renversa sur le lit, offrant à la vue de son amant nu son corps cru. Entre ses doigts, elle tenait une peau de loup grise, grise comme la nuit.

– Merci, Lou, murmura le loup tandis qu’il enfouissait sa tête entre ses cuisses.

Mais ce n’était pas Lou qu’il avait vu étendu sur le lit. C’en était une autre ; une femme de glace à la beauté fatale. Ses yeux étaient emplis de cruauté et elle l’avait contemplé.

– Enfin, je t’ai trouvé, avait-elle soupiré avant de disparaître dans un nuage de fumée.


Texte publié par Diogene, 16 août 2018 à 20h29
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