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Cinquième interruption

En descendant sur le quai, je ne ressentis rien. Pourtant j’étais enfin arrivé à destination.

Il faut dire que rien ne distinguait cette gare d’une autre : la salle d’attente, le kiosque à journaux, la sandwicherie... Le piano en libre-service n’existait même pas à l’époque. De toute façon je préférais ne pas m’attarder. Ce genre d’endroit était trop surveillé à mon goût surtout dans ma situation.

A peine je mis un pied à l’extérieur du bâtiment, qu’un jeune me proposa du shit. Ça y était ! J’étais de nouveau à Marseille.

Revoir cette ville du haut des escaliers me remonta à bloc. Elle était mythique à mes yeux.

Je ne parle pas des vendeuses de poiscailles, de l’OM, de la Canebière, et des buveurs de pastis. Je laisse ces conneries aux brochures touristiques.

Vous croyez sincèrement, qu’il ne se vend que du poisson dans un port pareil ?

La moitié des trafics du monde doit y passer.

Et aux ploucs persuadés que Grenoble est le QG de la criminalité française, qu’ils me disent par où passait la french connexion, l’un des plus grands réseaux de cames du monde ?

Si t’avais des couilles, un cerveau, et pas envie de bosser comme un minable, cette ville était faite pour toi.

Après cette leçon de vraie géographie revenons à mes emmerdes. Justement elles ne me lâchaient pas.

Le gendarme je connaissais déjà d’avant. C’était tenace pire qu’un clebs, et à peine moins con. Avec un peu de prudence et de patience j’étais parvenu sans trop de problème à atteindre Marseille.

Le merdeux me relança avec sa drogue au point, que je finis par le regarder vraiment. Le sweet malgré la chaleur, la capuche par-dessus la casquette, le tangage, l’accent racaille bien trop appuyé… on sentait venir le dealer d’opérette à des kilomètres. Le numéro marchait peut-être sur quelques touristes anormalement cons. Sinon ce guignol était aussi grillé que moi. A la différence, qu’il était trop insignifiant pour préoccuper les autorités.

A cause d’elles aucun de mes contacts locaux devaient être exploitables à une exception prêt. Car cette visite n’était pas uniquement nostalgique.

J’envoyais chier le revendeur-arnaqueur, et arpentais le bitume impatient. Cette question me travaillait un peu trop. Une heure après Justine me fournit la réponse

Grâce à elle je savais enfin, qui me portait tant d’intérêt.

Seulement pour le dénicher, je devais retourner à Toulon. Il y avait un risque, puisque j’étais désormais un déserteur. On pouvait facilement me reconnaitre là-bas.

Comme si ça allait suffire à m’arrêter. Cette visite je devais la faire. Question de principe.


Texte publié par Jules Famas, 26 novembre 2015 à 22h22
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