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tome 1, Chapitre 10 tome 1, Chapitre 10

A peine la vingtaine et je constatais déjà du changement. A une certaine période une présence policière me faisait changer de trottoir.

Maintenant sous les drapeaux je bénissais leurs interventions au milieu de cette baston. Il s’agissait de la police nationale, le service de secours précisément.

Après notre ramassage le policier chargé de m’interroger, n’était pas très agressif. Ses confrères et lui avaient compris que je ne faisais pas partie de la bande. Un bon point pour moi.

Cela permit de faire passer le mensonge comme quoi j’étais là par hasard et avais tenté d’empêcher l’agression.

Bien entendu la vérité était différente.

Le facteur déclencheur avait été l’article de journal fournit par Didier à mon retour de weekend.

Auparavant d’autres éléments s’étaient déjà cumulés par le biais de Justine, Franck, et des gendarmes. Là c’était différent à cause du cadavre. Le cas devenait grave.

Durant le peu de temps passé avec Hamed, je l’avais trouvé sympathique. Sans oublier sa femme se débrouillant tant bien que mal avec le bébé. Et en plus des renseignements, je détenais il est vrai un certain savoir-faire.

C’est ainsi que je me suis mis à enquêter sur l’affaire Hamed à la fois par compassion, devoir, et oisiveté.

Dénicher une piste se révéla assez simple. Les disparitions communes dans le temps d’OSMAN et de Hamed conduisaient à Malbousquet, et l’overdose indiquaient l’usage de drogue dure.

Il suffisait de lier ces deux conclusions. Ce que je fis en demandant par téléphone à Franck, qui amenait des stupéfiants violents à Malbousquet, un certain Michaël.

Après le boulot ou plutôt le service, je suis tranquillement allé me poster à la sortie de Malbousquet.

Cette étape ne présenta pas non plus une grande difficulté.

Ma carte d’appelé me permit pénétrer dans l’Arsenal où se trouvait un plan à l’entrée. Il y était indiqué l’emplacement des divers bâtiments, le camp disciplinaire comprit.

La suite consistait à identifier le fameux Michaël, le suivre, et attendre qu’un indice se manifeste. C’était assez hasardeux. Hélas je ne voyais pas d’autre possibilité.

Même si le contact de mon précédent patron (un vrai détective) m’avait procuré quelques vagues connaissances en matière d’investigation, je demeurais avant tout un adepte de la filature.

La suite révéla aussi facile. Déjà les roux se font rares. Et puis dans son groupe, ils parlaient forts y compris en s’interpellant par leurs prénoms. Le genre meute qui au lieu de pisser pour marquer leur territoire, jouaient les terreurs.

Michaël possédait une sale gueule puant l’arrogance et assez grande. Car il jouait visiblement le rôle du meneur au milieu des cinq autres.

Je m’attendais à une sortie style : on traine au hasard dans les rues en quête d’une éventuelle saloperie à faire (une fille à emmerder, un type à tabasser….)

Puis il devint rapidement clair qu’ils avaient un but précis. Ils se déplacèrent dans la partie de Toulon surnommé Chicago, parlèrent à des gens, entrèrent dans des baraques…toujours l’air à l’affut. Ils cherchaient quelqu’un ou quelque chose.

Puis ils se fatiguèrent malgré l’insistance, voir les menaces de Michaël. Ils bouffèrent dans un fast-food et rentrèrent sagement à la maison.

La bande remit ça le lendemain, moi également. Il se passait clairement quelque chose d’important.

Toujours pas repéré, j’assurais, non ? Il faut reconnaitre que leur attention était vraiment concentrée sur leur objectif.

D’ailleurs leurs tronches étaient plus sérieuses qu’hier. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Ils se rapprochaient du but.

Au bout d’un peu plus d’une demi-heure, les hommes de Michaël investirent un immeuble. Peu de temps après en sortis rapidement un type suivi par la bande qui s’en empara et le traina jusqu’à une ruelle.

Du peu que j’en aperçus leur victime était basanée.

L’excitation de toucher au but compensa ma peur, et me permit d’agir. Malheureusement si pour le courage ça allait, la ruse laissait encore à désirer.

Pour ma défense, je devais agir vite.

Je me postais à l’entrée de la ruelle où ces sales cons venaient de dissimuler Hamed, et gueulais bien fort.

« Lâchez Hamed. J’ai appelé la police. »

J’espérais ainsi les décontenancer en jouant au génie déjà au courant et ayant tout calculé.

Quelques passants ralentirent et jetèrent un coup d’œil. A part çà le seul véritable effet fut que le groupe de Michaël, surprit relâcha la pression sur son prisonnier.

Cela lui permit de crier un « au secours. »

Sa voix n’était pas celle de Hamed.

Je réalisais ça alors que deux des salauds se ruaient sur moi. Donc trop tard pour faire marche arrière.

Je parvins à en cogner un, que son camarade vengea immédiatement d’un coup de poing en pleine tempe.

La suite reste assez floue dans mon esprit.

Bien que sonné, j’ai plus ou moins résisté, des gens criaient, la police est arrivée, puis les arrestations ont suivi. Plus tard j’ai su que des policiers se situaient à proximité à cause d’une autre intervention.

En résumé j’avais bénéficié d’un gros coup de chance totalement immérité.

Dans l’immédiat je songeais d’abord à ma gueule. D’où ma prétendue intervention héroïque et désintéressée.

Etais-je crédible ? Sûrement. De toute manière ma version collait certainement avec celles des passants. Et puis les agresseurs devaient sûrement avoir un sale pédigrée.

Le fait que l’équipe de Michaël et moi soyons tous des appelés demeurait tout à fait crédible comme coïncidence. Nous nous trouvions à Toulon, une ville à soldats.

Toutefois les gendarmes eux étaient capables de faire le rapprochement à cause de leurs renseignements sur Hamed, et moi.

Les policiers m’avaient laissé un peu souffler avant de m’interroger. J’eus donc le temps nécessaire pour réfléchir à cette éventualité. Il me semblait qu’en cas d’incidents de la part de militaires, on refilait l’affaire à la gendarmerie.

Ne voulant pas prendre de risque, je racontais au flic en face de moi que mon capitaine d’arme m’avait dans le nez, qu’il prendrait sûrement cette bagarre comme prétexte pour me pourrir la vie.

J’en rajoutais une couche sur le côté borné des gendarmes, au cas où la fameuse rivalité ne soit pas une légende.

Le policier ne fit pas d’histoire et effaça mon rôle là-dedans. A ses yeux j’étais qu’un brave type ayant fait face à six personnes dans le but d’empêcher une agression. Je méritais bien cette petite faveur.

Désireux d’éviter le gâchis absolu, je tentais de glaner une info.

« Et les autres ? » Dis-je timidement.

« Les autres ? »

« Les agresseurs. Avec ma coupe ils ont sûrement compris que j’étais trouf… militaires. Et vous savez à l’Arsenal tout le monde se connait. Ils ne mettront pas longtemps à me retrouver. »

« Ne vous inquiétez pas. Il y en a quatre en cellule en ce moment même. Et vue leurs casiers, ils ne sont pas prêt de ressortir. »

« Ils n’étaient pas six ? » Répliquais-je avec un faux air innocemment en me ruant sur sa négligence.

« Les deux autres ont été identifié, et font l’objet d’un avis de recherche. Croyez-moi ils n’iront pas très loin. En tous cas ils n’oseront jamais remettre les pieds à l’Arsenal. »

Il était difficile d’en savoir plus sans paraitre suspect. Je laissais tomber et rentrais au fort.

Et voilà comment je venais de gâcher ma piste. Que mon seul suspect Michaël soit en taule ou dans la nature ne changeait rien. Il m’était inaccessible dans les deux cas.

Quant au type que j’avais sauvé, j’appris bien après qu’il s’agissait d’un petit dealer ayant l’habitude de couper dangereusement sa marchandise. Pas le genre qu’on est satisfait d’avoir aidé.

Il fallait le reconnaitre, j’avais visé bien trop haut. Le premier signe de violence, et je dérapais complètement. Sans la proximité miraculeuse de la police, qu’est-ce qui se serait passé ?

Comment avais-je pu envisager de fouiner dans une affaire comprenant un mort et de la drogue dure ?

Il était temps d’accepter la triste réalité.


Texte publié par Jules Famas, 10 novembre 2015 à 08h40
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