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Quatrième interruption

« Thomas vous serez en vigipirate la semaine prochaine. » M’avait dit MAEC sans trace de provocation dans sa voix.

Soit il m’appréciait, soit il savait que ça ne m’ennuyait pas.

Hé oui j’étais le seul appelé du fort à être partant pour vigipirate.

Non ce n’était pas par fayotage. Qu’est-ce que j’avais à y gagner de toute façon ? Nos jours du bon soldat. Il suffisait de ne pas trop faire le con pour les avoir. Simplement je ne voulais pas rester pendant dix mois sans rien foutre ou du moins mieux que picoler et me défoncer.

Je sais : je suis un ringard, et je vous emmerde.

Le fameux vigipirate chez nous consistait à envoyer des militaires pour une semaine en renfort aux douanes de Marseille.

Les autres râlaient sur le fait que cela nous niquait un weekend. Moi j’étais content de cette expérience, du moins au départ.

Déjà notre formation aux armes à feu limitée à une demi-heure, me parut légère. Quant au reste de notre apprentissage et bien… il n’y en a pas eu. C’était peu engageant.

Ensuite on se retrouva cantonné dans cette minuscule base à vaguement s’occuper avec des jeux de société.

Nous bénéficions aussi de la télé câblée. Personne n’arrivant à se mettre d’accord, le compromis donnait MTV en permanence. C’était comme M6 le matin, en boucle. Ça faisait du bruit, et c’était facile à suivre.

Deux longs jours après mon équipe passa en phase lourde.

Il s’agissait d’aider les douaniers lors de l’arrivée des nouvelles personnes.

Notre chef nous donna quelques vagues indications, puis nous nous rendîmes à l’embarcadère.

Ce fut assez frustrant.

D’un côté arrivaient tous ces gens épuisés par une longue traversée, surchargés de bagages, et complètement désorientés. De l’autre se trouvaient les douaniers gérant cela, comme ils pouvaient.

Et nous les soldats restions plantés là à ne rien faire. Officiellement on surveillait.

Tu parles. Personne ne nous avait indiqué les détails à relever, les personnes à avertir si besoin…

Et puis des douaniers m’appelèrent. Je pénétrais alors dans une petite salle à l’écart. Ils s’y trouvaient une table avec dessus des cartouches de cigarettes et autour deux douaniers et un type sans uniforme.

Une fois de plus on me plaça dans un coin sans rien exiger d’autre. Le civil me regarda avec réticence, puis se tourna de nouveaux vers les douaniers la tête basse. S’en suivi des murmures et le ramassage des clopes.

C’est là que je compris les raisons de ma présence. Ce contrebandier refusait de coopérer et ma simple vue avait provoqué assez de peur pour qu’il le fasse. J’étais juste en treillis et muni d’un fusil, pas chargé (encore fallait-il remarquer ce détail). Et cela avait suffi pour qu’un homme flippe à ce point.

D’autres auraient peut-être trippé. Moi ça me mettait mal à l’aise de disposer d’un tel avantage.

Qu’est-ce que pouvaient bien faire les militaires là-bas ?

Je venais d’avoir droit à mon premier cours de géopolitique, rien à voir avec des images lointaines par le biais d’un écran télé.

Ça me marqua au point d’oublier de rallumer mon portable. Ce n’est qu’en début de soirée que j’y pensai. Et bien sûr à peine je le remis en route, qu’il sonna.

« C’est pas trop tôt ! Tu foutais quoi bordel ? »

« Simon ? »

Qu’est-ce qui lui prenait ? D’ailleurs se calma très vite.

« Oui. Excuses-moi, Thomas. J’ai eu du mal à t’avoir. Toi ça va ? Tu ne t’embêtes pas trop ? »

« Ça peut aller. »

Suivirent deux ou trois questions du même genre. On sentait un certain embarra chez Simon. Tout cela n’était que des formalités. Il appelait clairement pour autre chose.

Cette attention ou plus exactement la gêne l’accompagnant démontrait tout de même une certaine considération à mon égard. Je l’aidais un peu.

« Sinon tu veux quelque chose ? » Demandais-je d’un timbre calme sans agressivité.

Un silence suivi, puis Simon reprit.

« Tu pourrais me passer Franck, s’il te plaît ? C’est un des appelés résidant en permanence à la base. Un brun aux cheveux courts. »

« Aux cheveux courts, tu m’aides vachement ! »

« Cherches un peu. »

Je passais une annonce à la salle télé. Un brun un peu enveloppé se présenta à l’appel. Il s’éloigna dans le couloir.

Je me plaçais aussi près que possible afin d’entendre la conversation.

Avec le recul je me rends compte que mon action n’était pas motivé que par de l’inquiétude, même si j’appréciais Simon. Il s’agissait également de jalousie. C’était mon seul pote de l’armée, et il se confiait visiblement à quelqu’un d’autre.

Voilà ce que donna ce dialogue incomplet.

« Simon. Oui je me souviens de toi. Pourquoi tu veux me parler ? »

« De quoi ! » Cria-t-il soudain furieux. « Qu’est-ce qui te prends de me demander un truc pareil ? Tu ne touches quand même pas à ça ! »

Après Franck écouta d’un air cynique.

« Tu crois que je vais marcher ? Enfin après tout tu te fournirais autre part. Bon le gars s’appelle Michaël. Il est facile à reconnaître assez caisse, et rouquin. Son nom de famille ? Il se termine en é je crois. Allez salut et essaye de ne pas trop déconner. »

J’aurais aimé en savoir plus, mais par réflexe Franck raccrocha. J’enclenchais le rappel automatique, aucune réponse.

Je commençais à paniquer.

« Tu ne touches quand même pas à ça ! »

De quoi voulait-il parler ? De drogue ? Jusqu’ici les joins du fort avait contenté Simon.

Évidemment j’allais glaner des précisions auprès de Franck sur l’appel.

Il me sortit histoire complètement bidon sur de l’argent que Simon lui devait. Inutile d’insister.

Simon n’ayant pas de portable (du moins je le croyais) je me mis à appeler la chambrée du fort à force de paniquer. Heureusement je tombais sur Guillaume un des rares non-connards.

Il prit mon numéro de portable et s’engagea à me rappeler, s’il avait des nouvelles de Simon.

Ce n’est que le lendemain soir que j’obtins une information de la part de Guillaume. Il m’avait quelque peu oublié, le cannabis sans doute. Simon était rentré avec des marques de coups au sujet desquelles il refusait de donner toute explication.


Texte publié par Jules Famas, 10 novembre 2015 à 08h32
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