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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Les chasseurs durent se rendre à la forteresse de Pons, cœur du royaume. Ils devaient faire part de leur découverte, leur présence ne passait pas inaperçue, ils parcouraient villes et villages, montagnes et forêts, déserts et marais sans s'arrêter. L'heure était grave. L'un des chasseurs avait fait une découverte, une découverte de la plus haute importance. Le temps semblait s'être accéléré depuis quelques semaines. Les runes avaient refait surface. Ce qui n'annonçait rien de bon quant à leur révélation. Les minutes s'écoulaient si vite que l'on cru voir défiler des secondes. Pons était loin de l'antre des chasseurs, et ces derniers commençaient à sentir la fatigue les gagner en puissance. Leurs chevaux étaient essoufflés et mouraient de soif, mais ils devaient impérativement continuer quelque soit les circonstances, quelque soit les obstacles, quelque soit les personnes qui se dresseraient sur leur route.

L'aube d'une guerre était proche.

Carlos n'étant pas en état de monter à cheval ou même de marcher, il dût rester à l'antre. Bien que sa présence au capitole aurait été préférable car il était le mieux placé pour parler de ce qu'il avait découvert. Il avait brièvement expliqué à son réveil ce que les runes avaient révélé au sujet d'un jeune homme qu'il avait rencontré dans une taverne. Les chasseurs avaient l'idée d'une interprétation de cette découverte, mais ils ne préféraient pas tirer de conclusions hâtives. Le dirigeant du capitole connaissait bien les runes, tout comme ses prédécesseurs, il saurait quoi en conclure. Le pouvoir du capitole se transmettait de père en fils et ce, depuis des centaines d'années, comme le voudrait une monarchie absolue. Cela fait d'ailleurs près de 400 ans que la confrérie des chasseurs existe. Elle fut créée cinquante ans après la construction de la forteresse de Pons.

A cette époque, l'armée de Pons n'était encore assez nombreuse et opérationnelle pour les combats ainsi que pour être prête à défendre le peuple partout ou celui-ci se trouvait. Beaucoup profitèrent de cette faiblesse en attaquant et pillant tout ce qu'ils trouvaient sur leur chemin, ils n'hésitaient pas à tuer, torturer et violer les femmes sous les yeux de leurs époux, fils et filles, ils furent cruels et sans pitié. Le peuple vécu dans une si grande terreur qu'il perdit foi en son souverain. Cinq jeunes hommes, issus de familles pauvres furent consternés devant de telles atrocités et que personne ne lève le petit doigt pour protester contre cette injustice.

Quand ils eurent atteint l'âge d'homme, ils décidèrent de mettre en place un système qui leur trottait dans la tête depuis de nombreuses années. Ils avaient patienté assez longtemps, il était temps d'agir. Deux d'entre eux avaient un parent forgeron. Ils forgèrent donc eux-mêmes leurs armes et partirent en guerre contre le mal qui sévissait dans les villes et villages alentours. Ils commencèrent par éradiquer les tueurs et pilleurs dans leur contrée qui comptait déjà plus d'une trentaine de villages et une dizaine de villes. Dans leur avancée, deux autres hommes se rallièrent à leur cause. Ils décidèrent de se distinguer en enfilant de grandes capes noires en cuir et jurèrent de toujours rester encapuchonnés dans leur entreprise. Ils eurent nombreux remerciements et bénédictions de tout les habitants à qui ils rendaient service. Ils devinrent vite populaires et l'on commença à parler d'eux dans toute la contrée, l'on conta même leurs accomplissements dans tout le royaume. Mais leur ambition n'était guère d'être riche ou puissant, ils voulaient avant tout venir en aide à la population, rétablir la justice et la paix, ce que le capitole semblait négliger.

La nouvelle parvint aux oreilles du capitole qui était fort contrarié que ceci ne soit pas coordonné par le pouvoir suprême du royaume. Le groupe fut donc convoqué sans plus attendre à Pons où on leur octroya, après quelques échanges concernant les conditions émises par les deux parties, le statut de chasseur royal ainsi que de mystérieuses petites pierres ornées de gravures étranges. Des runes, capables de répondre à toute question par oui ou par non. Le but était que les chasseurs du roi se distinguent des imitateurs voulant s'attirer a gloire et l'attention du capitole. Les chasseurs seraient en charge des affaires les plus dangereuses et les plus graves. Le reste fut confié à l'armée royale qui s'était à ce moment là agrandie et comptait le triple de son effectif d'origine.

En échange des services rendus au royaume, les hommes bénéficiaient d'une protection contre toute revendication ou injure à leurs actes. C'est ainsi que fut créée la confrérie des chasseurs. Mais aucun homme n'est immortel. Au fil du temps, il fallut donc trouver un moyen de dénicher des chasseurs correspondant aux critères définis par le capitole et les habitants. L'épreuve des chasseurs fut ainsi crée dix ans après.

Afin d'éviter le surplus de candidats, ils limitèrent le nombre à sept membres. La confrérie devait être composée de sept membres, pas un de plus, pas un de moins. Les chasseurs étaient toujours vêtus de longues capes noires en cuir et encapuchonnés comme ils en avaient convenus au début de leur épopée. L'on pouvait croire à des messagers de la mort en les observant de loin, mais c'était tout le contraire. Cependant les chasseurs ne se déplaçaient jamais sans raison et leurs interventions n'avaient lieu qu'en cas d'extrême urgence. Leur présence en un lieu signifiait donc qu'un danger n'était pas loin.

Les chasseurs chevauchaient depuis maintenant plus de quatre jours, ils avaient parcouru la moitié du trajet. Cela faisait cinq longues années qu'ils n'avaient pas vu Pons. La dernière fois qu'ils l'avaient quittée, ils étaient en très mauvais termes avec ses dirigeants. Ils avaient perdu les runes dans des circonstances affreuses, évènement qui resta à jamais marqué dans la mémoire du capitole. En plus de cela, l'un de leurs membres avait disparu cette même journée. Malgré des recherches acharnées, les chasseurs n'avaient toujours pas eu de nouvelles de lui et sans l'aide des runes, la tache était presque impossible. Mais ils ne renonçaient pas et parcouraient chaque ville, village, chaque contrée du royaume. Ils jurèrent par ailleurs devant Dieu qu'ils ne s'arrêteraient jamais de chercher leur confrère disparu et que le seul obstacle qui pourrait les empêcher serait leur mort.

Durant ces cinq années, les crimes et vols avaient considérablement augmenté, tous savaient que les runes avaient disparu et que par conséquent les chasseurs étaient moins puissants et moins performants à remplir leurs tâches. Les trois premiers ans, personne hormis le capitole et la confrérie ne sut que les runes n'étaient plus entre leurs mains. Cela devait rester secret pour éviter quelque soulèvement, pillages et autres délits. Mais il fut ébruité, l'on ne sut jamais comment mais ils n'eurent pas le temps pour enquêter sur le traitre qui avait révélé cette information confidentielle. Les chasseurs furent de moins en moins présents lors des attaques car ils n'avaient plus les runes pour les en informer. Et le royaume était bien trop vaste pour intervenir partout à eux seuls. Beaucoup finirent par perdre confiance et foi en eux. La cinquième année, ils tombèrent peu à peu dans l'oubli, peu de gens semblaient encore les apprécier malgré leurs services rendus par le passé. Le capitole refusa toute rencontre avec eux, la confrérie dut se réfugier dans leur antre où ils y restèrent cloitrés pendant des semaines. Ils avaient perdu la confiance et le soutien du royaume, la honte les rongeaient. Carlos, le plus ancien de la confrérie décida de mettre un terme à ce renfermement. Ils avaient perdu un confrère, et ils devaient tout mettre en œuvre pour le retrouver afin de racheter une partie de la déception qu'ils avaient infligé au royaume. Ils passèrent donc tout le pays au peigne fin durant des mois et des mois. Ils ne s'arrêtaient que pour dormir et pour se restaurer. Ils parcouraient chaque parcelle, chaque morceau de terre du royaume sans relâche. Ils étaient déterminés à revenir dans les bonnes grâces du capitole et du peuple.

Hum – Aux alentours de La Tavernes des Loek

Quel temps magnifique que celui-ci quand mes paupières s'ouvrirent et que mes yeux aperçurent les rayons lumineux du soleil qui tentaient de se frayer un chemin à travers le feuillage verdoyant de l'arbre sur lequel je m'étais endormi. Je respirais une grande bouffée d'air frais avant de me redresser sur ma branche. Je dénouais nœud de la corde qui me liait à la branche, puis descendit par le tronc, la corde rangée dans ma sacoche que je tenais en bandoulière sur mon épaule droite.

Une fois à terre, je me dirigeais vers une petite flaque comme je le faisais habituellement tout les matins. J'y plongeais mes deux mains afin de les laver ainsi que mon visage. Je me regardais, mes traits déformés par l'agitation de l'eau que je causais. J'avais un visage plutôt carré, un front large entouré d'une chevelure noire comme la nuit qui arrivait jusqu'à mes oreilles. Tout comme mes yeux qui étaient si obscurs que cela en effrayait certains. J'avais la même taille que la plupart des jeunes hommes de mon âge et j'avais une bonne corpulence. Je n'avais donc pas trop à me plaindre sur mon physique. Bien qu'aucune femme ne m'avait jamais embrassé, j'avais selon les dires des mes compagnons une certaine prestance naturelle qui me soulageait de toute moquerie. Bien que si tel avait été le cas, cela m'aurait été totalement égal. Cette situation était de toute manière de mon seul ressort puisque je me refusais à toute femme pour le moment, pour la simple et bonne raison qu'aucune n'avait retenue mon attention ou suscitée le moindre désir.

Quant à mes compagnons, ils n'hésitaient pas à user de leur jeunesse pour se faire plaisir avec toutes les jeunes femmes qu'ils rencontraient. La plupart du temps, je tenais la chandelle, m'abreuvant de vin jusqu'à me retrouver ivre mort sur le sol. Je me souviens de la fois où l'on m'avait proposé de rejoindre mes compagnons dans le lit d'une jeune demoiselle qui était fiancée. Il était ridicule et inutile de m'avoir fait une telle proposition étant donné mon absence de désir pour les femmes. De plus, celle-ci avait un pré-contrat de mariage ce qui devait l'exclure de ces soirées où la plupart des hommes présents n'ont qu'une seule idée en tête. Celle-ci semblait se foutre de son futur époux pour s'adonner à de tels divertissements, si je puis les qualifier ainsi, et cela était fort regrettable. J'espérais au plus profond de moi et je l'espère toujours que je ne n'aurais pas pour épouse, une femme semblable à cette catin à la conduite négligeable et indigne d'une fiancée.

Un bruissement de feuilles me tira de mes pensées. Je me retournais, j'étais encore accroupi devant la flaque d'eau, le visage dégoulinant et les mains humides. J'aperçus, en plissant les yeux, quelque chose courir entre les buissons et les arbres. Il s'agissait d'un petit garçon encapuchonné qui semblait effrayé. Etait-il poursuivi par quelque bête féroce ou d'un homme mal intentionné ? Je n'allais pas tarder à le savoir.

Plus le petit garçon se rapprochait de moi, plus il ralentissait, il avait le teint livide et sa démarche était branlante. Je finis par m'apercevoir qu'il était blessé, du sang dégoulinait de sa jambe droite, ses vêtements étaient parsemés de déchirures, et ses paupières semblaient de plus en plus se refermer, ce qui le fit trébucher, ne voyant plus où il mettait les pieds. Je m'élançais et le rattrapais de justesse avant que sa tête ne heurte violemment le sol.

Il avait le front brulant, des gouttes de sueur glissaient du haut de son crâne, je posais deux doigts sur son cou pour examiner son pouls et par chance il était encore vivant. Mais il n'allait pas le rester longtemps si je ne le ramenais pas dans un endroit pour le soigner. Je le pris dans mes bras, et l'emmena à la taverne des Loek. Je ne voulais pas y rentrer par la porte principale où tout les ivrognes me verraient arriver avec un garçon blessé, ils seraient effrayés et partiraient de la taverne. Ce qui incommoderait beaucoup les Loek.

Je décidais donc de passer par une petite porte, à l'arrière du bâtiment, dedans était entreposé les réserves de nourriture et de gnôle pour les clients. Je m'étais engouffré dans un bazar monstrueux, toutes les réserves étaient si abondantes que cela débordait presque des meubles. La pièce était étroite, je dus enjamber nombreux caissons avant de parvenir jusqu'à un petit escalier au bout de la réserve. Il menait à la chambre de mes compagnons, il fallait que je trouve un lieu décent pour que le pauvre enfant puisse s'y reposer. Au moment de monter la première marche, la porte derrière moi s'ouvrit brusquement. C'est une deuxième porte de la réserve qui mène directement à la grande salle de la taverne. Ce fut Rosie qui me surprit.

- Oh mon dieu ! dit-elle en prenant soin de ne pas parler trop fort. Elle referma la porte et vint à mon encontre. Que lui est-il arrivé ?

- Je n'en sais rien, il s'est évanoui, il avait l'air de fuir quelque chose ou quelqu'un dans la forêt de Hum.

- Montes-le là haut, je vais apporter ce qu'il faut pour le soigner.

- Merci Rosie.

Après l'avoir déposé à l'étage dans la chambre des jumeaux, je laissais le soin à Rosie de s'en occuper, elle me pria de descendre au bar pour la remplacer. Je rejoignais donc mes compagnons dans le cœur de la taverne. Il y avait déjà un monde fou le matin et les jumeaux étaient débordés, ils couraient à droite à gauche, répondant aux désirs de ces messieurs. Je ne savais pas trop quoi faire, je n'avais jamais tenu un bar. Pendant un moment, les frères Loek ne me calculèrent même pas. Je restais donc debout derrière le comptoir à nettoyer les nombreuses tâches d'alcool qui recouvraient presque toute la surface du comptoir . L'un d'eux croisa enfin mon regard, c'était Teron. Je le différenciais très bien de son frère car il avait une petite cicatrice sur le cou. Il se précipita vers moi derrière le comptoir.

-Que te voulait cet homme hier soir ? D'après ma mère il t'a frappé. Dit-il en posant les pichets à moitié vide qu'ils venaient de ramener.

-Il voulait que je lui donne les runes.

-L'as-tu fait ?

-Bien sur que non, pour qui me prends-tu ?

-Parce qu'il faut que je te dise ce que j'ai découvert à propos de cela. Et ça ne va pas te plaire. »


Texte publié par Faycuckoo, 19 juillet 2015 à 13h30
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