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tome 1, Chapitre 3 tome 1, Chapitre 3

De retour chez lui, Aram eut la surprise de découvrir Gaëlla attendant devant un chocolat chaud. En somme ce n’était pas surprenant. Ses propres parents tenaient un café où les habitants avaient l’habitude de se réunir. Souvent ses amis venaient lui rendre visite et ils se réunissaient autour d’une boisson.

En entrant, on trouvait un petit rectangle carrelé sur lequel on frappait ses chaussures pour faire tomber la neige. Ensuite, on pouvait franchir une petite marche pour gagner la salle. De là où il se trouvait, il avisa son amie qui lui fit un petit signe. Après un sourire à sa mère qui le lui rendit, il alla s’installer à la table de Gaëlla.

-Qu’est-ce que tu fais là ?

-Je me sentais mal après la discussion avec Yeraz. Du coup, je voulais savoir ce qu’il t’avait dit.

Aram soupira. Les choses n’avaient pas forcément pris la tournure voulue.

Il retira son manteau avant de s’asseoir.

-Disons qu’il était toujours énervé.

-C’est ma faute.

Les paroles de son ami lui revenaient en mémoire. Avait-il raison ?

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

-C’est moi qui voulais partir. Je t’ai soumis l’idée et tu étais d’accord.

-En même temps, tu aurais bien fini par en parler. Ou alors tu serais resté muette à jamais.

Une grimace lui répondit.

-J’aurais dû attendre que Yeraz soit là.

-C’est fait, c’est fait ! On ne va pas en parler pendant cent ans et s’en vouloir. Maintenant le tout c’est d’essayer de réparer les choses.

Gaëlla lui fit une moue désabusée.

-Pourquoi me l’avoir dit en premier ? demanda soudain Aram.

La jeune femme hésita. Elle semblait prise en faute.

-J’avais envie que tu viennes avec moi.

Les mots de Yeraz poursuivaient leur chemin dans son esprit.

-Et Yeraz ?

-Je connaissais son avis sur la question donc je savais qu’il serait difficile à convaincre. Alors que toi…

-Tu savais que je ne te laisserais pas seule ?

-Je l’espérais.

-Pourquoi moi ?

-Je me sens rassurée quand tu es là.

Il réfléchit. Était-ce seulement de l’amitié ou bien un autre sentiment ? Était-elle comme Yeraz et se taisait-elle ? Ou alors est-ce qu’elle essayait de lui faire comprendre…

-Ça va ?

-Hein ?!

Elle ne pu réprimer un cri de surprise.

-Tu ne dis plus rien. Tu as l’air perdu dans tes pensées. Est-ce que j’ai dit quelque chose de mal ?

-Non, c’est juste…

-Juste ?

-Je repense à ce que Yeraz m’a dit.

-Et qu’a-t-il dit ?

Le moment était venu de lui faire part des réflexions de son ami.

-C’est simple, il pense que tu es amoureuse de moi.

La jeune femme en resta sans voix.

-Que se soit conscient ou non, c’est son avis.

-D’où lui vient cette idée ?

-De ses propres sentiments, je pense.

-Quels sentiments ?

Surprise par la révélation, elle le pressait pour en savoir plus.

-Il est amoureux mais il préfère notre amitié. Il veut la préserver. Enfin… Je n'aurais peut-être pas dû en parler...

Gaëlla fixa sa tasse. Elle ne savait que dire. Finalement, Yeraz paraissait être le seul à être sûr de ce qu’il ressentait et de ce qu’il voulait vraiment.

-Et toi ?

La question décontenança le jeune homme.

-Moi, je…

Que pouvait-il répondre ? Lui-même ne savait plus guère où il en était.

-Je ne sais pas.

Elle hocha la tête. Ils restèrent silencieux. Malgré le bruit qui régnait autour d’eux, ils paraissaient seuls et perdus dans le méli-mélo de pensées contradictoires qui traversaient leur esprit.

-Et maintenant ? déclara finalement Gaëlla.

Sa voix s’était faite timide, bien loin de son timbre habituel.

-Maintenant… Maintenant, je crois qu’il faut que nous ayons une discussion tous les trois pour mettre les choses au clair.

Elle lui sourit. Elle n’avait rien d’autre à ajouter. Ils étaient tous les trois bouleversés et c’était elle la responsable. A présent, il lui fallait remettre les choses en ordre.

Légèrement rassurée, elle finit son chocolat qui n’était plus que tiède.

-Quand ?

Après un petit temps de réflexion, Aram lui fixa un rendez-vous pour le lendemain.

***

Lorsque le père de Yeraz ouvrit la porte menant au sous-sol, il trouva son fils occupé à nettoyer les meubles. Il fut surpris de voir qu’il avait aussi bien avancé. Le jeune homme s’était mis à frotter avec rage, essayant de faire le point sur les sentiments contradictoires qui se bousculaient en lui. Il ne savait plus ce qu’il voulait et quelles concessions il était prêt à faire.

-Yeraz, tu as bien travaillé.

-Ha ?

-Oui.

Son paternel posa le regard sur les tables et les chaises propres. D’habitude, le jeune homme n'y mettait pas tant d’ardeur. Son père comprit que quelque chose n’allait pas.

-Est-ce que ça va ?

-Ouais. Je t’aide pour descendre le tout.

-Ça ira. Va donc te décrasser.

Le garçon hocha la tête, avant de s’engouffrer dans l’escalier.

Son père le rejoignit une fois le camion déchargé. Yeraz préparait le repas, et il ne se retourna pas même s’il savait que son parent le regardait. Celui-ci voulut dire quelque chose, hésita puis repartit.

La discussion était devenue difficile entre eux. Depuis quand ? Il ne s’en souvenait même plus.

Dans les rares moments où ils se parlaient, ils n’échangeaient que quelques informations. Jamais ils n’évoquaient des souvenirs, peut-être était-ce encore trop difficile. Les sentiments que cela provoquaient chez eux étaient encore trop durs. Ils n’en parlaient pas.

-Papa, c’est prêt !

Il déposa sur la table deux assiettes pleines, et attendit. Son père arriva et s’assit face à lui.

-Merci. T’es un bon garçon, Yeraz !

Le jeune homme haussa les épaules. Il faisait son maximum pour aider, c’était la moindre des choses.

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

-Rien.

Le blond fixa le mur derrière son père, cherchant à éviter son regard.

-Ne dis pas ça. Je vois bien que quelque chose cloche.

-C’est juste… Une broutille.

-Si tu y penses encore, c’est que c’est plus important que tu le dis.

Un silence s’installa, juste troublé par le bruit des couverts sur l’assiette. Le plat était fade ou alors c’était juste le jeune homme qui n’était pas satisfait de sa création.

-Je suis ton père, tu sais. Tu peux me parler.

Cette phrase surprit Yeraz. Ce n’était pas le genre de chose qu’il avait l’habitude d’entendre. Ils ne se confiaient pas.

-C’est simplement une histoire avec Gaëlla et Aram.

-Dis-moi de quoi il s’agit.

-C’est une bêtise.

-Tu as peur de m’en parler ?

Son père fronça les sourcils.

-Non, c’est juste… Je ne veux pas t’embêter.

-Ça ne m’embête pas.

Le jeune soupira avant de se lancer.

-C’est Gaëlla, elle veut partir. Elle veut se lancer à la recherche du portail.

-Je vois.

Son père attendit. Il craignait ce que son fils allait lui annoncer mais il ne pourrait rien faire contre. Il avait grandi et à présent, il était capable de faire ses propres choix.

-Elle a demandé à Aram de partir avec elle. Il a accepté.

-Et toi ?

-Elle ne me l’a demandé que tout à l’heure. Mais j’ai refusé.

Son père lui jeta un regard surpris. Il ne s’attendait pas à cette réponse.

-Alors tu veux rester ?

-Oui, bien sûr. Je ne vais pas courir après un rêve. On ne sait même pas ce qu’on peut trouver. En plus, je ne vais pas te laisser seul.

-Tu es vraiment un bon garçon.

-Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. J’ai rien fait d’exceptionnel.

-Je suis fier de toi.

Yeraz lança un regard interrogateur à son parent.

-Si tu le veux, tu peux partir. Je me débrouillerais seul. Ne t’inquiète pas pour moi.

-Mais j’ai pas envie de partir ! Qu’est-ce que j’irais faire là-bas ? Je ne sais même où ils iraient et ce qu’ils y trouveront.

-Beaucoup partent, ne trouvent rien et reviennent. Disons que ça fait une pause dans leur vie.

-Justement si c’est partir pour revenir, autant rester, tu évites des déplacements inutiles.

Son père lui sourit.

-Oui, mais tes amis ? Est-ce que tu vas les laisser y aller seuls ?

Il ne répondit pas. Certes, il ne voulait pas les perdre mais en même temps, devait-il vraiment s’imposer ? Il imaginait les voir revenir tous les deux, ils formeraient un joli couple et seraient heureux. Se trouver au milieu lorsque cela arriverait ne l’enchantait guère.

-Je doute qu’ils aient réellement besoin de moi.

Avisant les assiettes vides, il s’en saisit et les posa dans l’évier qu’il remplit d’eau et de produit nettoyant.

-Yeraz, ne fuis pas.

-Je ne fuis pas, je fais la vaisselle !

-Ce n’est pas ce que je voulais dire. Ne fuis pas tes sentiments ; un jour, tu pourrais le regretter.

Le jeune homme ne répondit pas. Il sentait une certaine sagesse dans les propos de son père. Malgré tout, il ne se sentait pas plus avancé. Il n’avait pas vraiment envie de partir mais ne voulait pas perdre ses amis. Plus l’on grandissait, moins les choses étaient simples.


Texte publié par Nascana, 20 mai 2017 à 23h34
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