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Journal de bord – 1er novembre 1950

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ne s'arrangent pas, laissez-moi vous expliquer.

J'arrivai au bureau avec mon avance habituelle, mais sitôt la porte poussée, je découvris qu'Ozzy m'avait devancé. La chemise débraillée et la cravate nouée de travers, il faisait les cents pas dans la pièce, un énorme cigare au bec. Il m'accueillit avec un grand sourire et une chaleureuse poignée de main.

— Tu t'es fait piétiner par une foule d'admiratrices en délire ? demandai-je en désignant sa cravate du pouce.

Il rit, l'air gêné.

— Je me suis habillé en vitesse, confessa-t-il, je ne voulais pas être en retard, pas aujourd'hui. J'ai passé l'année à cogiter sur toute cette histoire, j'ai tourné et retourné l'affaire, ma femme a failli demander le divorce tellement ça m'obsédait.

— A ce point ?

Il hocha solennellement la tête.

— A ce point. Ce n'est pas tant de m'être fait mener en bateau par quelqu'un de terriblement futé, non, c'est cette Porte en plus.

Je m'assis sur ma chaise et entreprit de me servir un verre d'eau, tout en tirant une cigarette du paquet que j'avais toujours dans ma poche.

— Ça m'a rendu fou aussi, dis-je, mais Percy m'a collé une paire de gifles en me disant que si je reparlais de cette histoire une seule fois, elle me dévissait la tête.

— Effrayant, railla Ozzy. Et tu te laisses faire ?

— On voit que tu ne connais pas ma femme, répondis-je en plaisantant à moitié.

Il rit de bon cœur, mais redevint rapidement sérieux.

— J'ai réussi à identifier plusieurs des victimes de l'an dernier, dit-il, j'ai pensé que nous pourrions faire appel au vieux Zed pour les rappeler.

Je haussai un sourcil.

— Tu ne pouvais pas le faire seul ?

Il prit un air contrit.

— J'ai essayé figure-toi, mais ça n'a pas marché. Et quand j'ai cherché à me renseigner, ma femme a brisé un vase en hurlant que j'avais mieux à faire. Un beau vase en plus, une antiquité, il décorait la tombe de Thoutmosis II.

— C'est triste, commentai-je. Et si tu n'as pas pu les invoquer, c'est qu'elles ne t'étaient pas accessibles, en revanche le vieux Zed n'est pas affecté par ce genre de problèmes, c'est bien ça ?

— Exactement.

Je réfléchis un instant. La difficulté d'un appel dépend de nombreux facteurs, dont l'alignement des étoiles, les capacités du spirite et, surtout, son lien avec le royaume où séjourne le défunt. Si je prends mon cas pour exemple, je dispose d'un lien très fort avec les Enfers, mais serai totalement incapable de communiquer avec une âme se trouvant à Jigoku, l'équivalent japonais.

La seule déduction possible était que les victimes de notre mystérieux tueur ne se trouvaient pas dans la Douât, le royaume de prédilection d'Ozzy.

Le vieux Zed, en revanche, est le plus brillant spirite de l'Histoire et, même dans la mort, il conserve un lien avec absolument tous les royaumes, ce qui fait de lui l'homme à aller voir lorsque l'on ignore où se trouve l'âme à contacter.

— Il n'y a plus qu'à attendre Ella et foncer à la boutique, commentai-je.

— C'est ça, confirma le Balafré en reprenant son manège.

L'intéressée n'arriva qu'après l'ouverture de la Porte.

— Désolée les garçons, j'ai été retenue par une urgence de dernière minute, s'excusa-t-elle.

— Pas de problème, répondit Ozzy avec douceur.

Et de lui expliquer nos réflexions et déductions, qu'elle écouta sans l'interrompre une seule fois.

— Vous m'impressionnez, finit-elle par avouer. De mon côté je confesse avoir pensé à tout autre chose durant un an, j'ai eu tout un tas

d'affaires à gérer, mais j'approuve vos réflexions, même si je n'ai pas la moindre idée de leur aboutissement.

J'étais tout aussi impressionné qu'elle : elle venait d'aligner deux phrases, dont une très longue, sans la moindre pique. Une Ella au mieux de sa forme, voilà un excellent augure, du même ordre que ceux qui annonçaient la naissance d'un héros ou la venue prochaine d'une faveur divine. Je suis parfois d'une naïveté consternante...

— L'idéal, poursuivait-elle, serait d'aller voir Zed et d'appeler les esprits des défunts. Avec un peu de chance, l'un d'eux sait quelque chose d'important.

— Tout de même, dis-je, au moins sept victimes ? Qui sait s'il n'y en a pas eu davantage ? Quel genre de taré peut bien faire un truc pareil ?

Ozzy haussa les épaules.

— Entre les psychopathes, les loups-garou, les démons, les strigoïs et j'en passe, je pense que tu as ta réponse.

— Certes... Direction la boutique du vieux Zed, donc ?

— A moins que tu n'aies une meilleure idée ?

Je grimaçai.

— Pas vraiment, non.

— Alors on est parti.

Le trajet jusqu'à la boutique de Chinatown s'avéra des plus tranquilles. A la nuit tombée, tout le monde s'arrangeait pour être déjà rentré ou entouré de plusieurs centaines d'autres personnes et les axes de circulation s'en trouvaient dégagés, si bien que le trajet ne dura qu'une demie-heure.

Le vieux revenant nous accueillit avec sa bonne humeur et son enthousiasme habituels et nous offrit, hélas, une tasse de thé chacun.

— Alors, lança-t-il, que me vaut le plaisir votre visite à tous les trois ? Pour que vous fassiez tous le déplacement en une fois, j'imagine que l'heure est grave.

— Grave, je ne sais pas, répondit Ozzy, mais les faits sont troublants. Une Porte s'est ouverte et on sait que les corps de plusieurs personnes y ont été envoyés. Nous avons une liste de noms d'esprits à convoquer et nous avons pensé user de tes compétences, si tu le veux bien.

— Fais-moi voir la liste, s'il-te-plaît.

Ozzy sortit son calepin et le tendit à Zed qui grimaça.

— Ça fait beaucoup d'esprits, Ozzy. Je vais avoir besoin de temps, et de votre assistance à tous les trois.

— Pas de problème, répondit Ella, en fait c'est pour ça que nous sommes là, nous pensions nous rendre utiles et ne pas te laisser porter tout le fardeau de l'invocation.

Habile mensonge, songeai-je. Nous n'avions rien décidé de tel, mais cela ne pouvait que faire plaisir au revenant.

Les préparatifs de la cérémonie durèrent plus d'une heure. Il fallait tracer les cercles appropriés sur le sol, sacrifier un oiseau, calligraphier habilement les noms des défunts sur des vélins précieux, brûler des quantités faramineuses d'encens, jeter des runes en l'air pour les déchiffrer, et mille autres pratiques venues de différentes cultures qui se mêlaient en un tout peu harmonieux, mais diablement efficace.

Enfin, tandis que Zed exécutait le rituel d'appel des esprits, nous lui prêtions nos pouvoirs, renforçant considérablement les siens. Un à un, des fantômes désorientés parurent au milieu du cercle que nous formions et dans lequel le gros asiatique, épée à la main, dansait frénétiquement.

Des soixante-treize que nous convoquions, quatorze manquaient à l'appel et nous entreprîmes d'interroger consciencieusement les autres, ce qui pris un long moment et que je me contenterai de résumer ici.

Tous à l'exception de deux avaient connu le trépas dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1949, les autres étaient morts quelques jours après leur disparition. Cinq, cependant, retinrent notre attention : leurs corps avaient été repêchés dans l'Hudson River par le contact d'Ozzy et tous racontèrent la même histoire que le jeune Harry, seuls de légers détails variant. Quant aux autres spectres, ils ne nous furent d'aucune utilité.

Nous tenions à présent une solide piste : les victimes de la reine se voyaient jetées dans le fleuve pour y dériver et passer la nouvelle Porte. Dans quel but, nous l'ignorions, mais je comptais bien découvrir qui jouait à un jeu si dangereux, et le plus tôt serait le mieux.

Attablés dans un bar à quelques rues de là, nous faisions le point sur nos récentes avancées.

— Je vais tenter un rapide résumé, disait Ella, en évitant de mentionner les fausses pistes pour me concentrer sur ce qui semble être le bon bout, vous êtes d'accord ?

Hochements de tête.

— Donc, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre Harry Hattaway et Larry Lagren disparaissent. Le fantôme du premier viendra nous raconter son histoire un an plus tard, quant au second, il ne répond pas aux convocations d'esprits, même deux ans après. Je reviendrai là-dessus. Tous deux allaient à la même université, mais en dehors de ça et de la proximité de leurs prénoms, il n'y a aucune similitude, ils ne se connaissaient probablement pas autrement que de vue et semblaient différents à bien des égards. Nous ne sommes pas certains que Larry ait été victime du même tueur que Harry, mais nos découvertes du soir renforcent cette théorie. Jusque là, vous êtes toujours d'accord ?

— Jusqu'ici, répondit Ozzy. Continue s'il-te-plaît, on n'a pas toute la nuit.

— Ça vient, ça vient. Voilà où nous en étions il y a un an : nulle part. Dans la nuit, cependant, un de tes indics drague le fleuve et repêche six cadavres à la dérive, plus un septième qu'il verra disparaître à travers une Porte des Enfers inconnue jusqu'ici.

— C'est bien ça. Un coup de chance que notre tueur ait opéré vers la fin de la nuit.

— Ce n'est pas forcément de la chance, intervins-je, cette année les fêtes ont été plus grandes qu'à l'accoutumée, il n'a probablement pas pu frapper avant le petit matin, quand les gens, fatigués et ivres, ont baissé leur garde.

— Ce qui suppose, releva le Balafré, qu'il ne tue pas au hasard.

— Certes...

— Puis-je poursuivre ? demanda doucement Ella. Je ne veux pas vous interrompre dans vos déductions, surtout quand elles sont aussi intéressantes, mais avec tous les éléments en mains ce sera sûrement mieux, non ? Sans ironie ou méchanceté, bien sûr.

— Tu fais bien de préciser, dis-je en riant, j'ai bien cru que tu allais me trancher la gorge.

Elle m'adressa un joli sourire et continua son récit.

— Ce soir, chez le vieux Zed, nous avons exécuté un rituel extrêmement puissant destiné à nous mettre en lien avec les esprits de toutes les personnes disparues durant la nuit de Halloween 1949. Je note deux faits des plus intéressants : tout d'abord, nous n'avions identifié que cinq des six victimes repêchées au matin et toutes sont apparues, contrairement à la dernière. J'en déduis que sa disparition n'a pas été signalée et que, ignorant son nom, nous ne pouvions la convoquer. Vous êtes d'accord ?

— Absolument, dis-je, jusqu'ici le raisonnement est sans faille.

— Merci. En revanche, un certain nombre de personnes manquantes ne se sont pas manifestées, quatorze en comptant la sixième victime sus-mentionnée.

— Ella, soupirai-je, on ne peut pas sus-mentionner à l'oral, il faut que ça soit à l'écrit...

— Peu importe, trancha Ozzy, continue s'il-te-plaît.

— Vous savez ce qui va suivre : il est formellement impossible qu'une âme échappe à un rituel d'une telle puissance, surtout s'il est conduit par Zhong Kui en personne.

— C'est vrai que le vieux a été l'exorciste personnel de l'Empereur de Chine pendant quelques siècles de non-vie et qu'il n'y a certainement personne d'aussi compétent que lui sur Terre en matière d'invocation ou de révocation d'esprits, dis-je, mais il doit bien exister un royaume

auquel il n'est pas lié, non ?

— Non, affirma Ozzy sur un ton qui ne souffrait aucune réplique. Zed a passé trois cents ans à parcourir le monde, il est allé où nul mortel n'a jamais posé les pieds et a appris les secrets de tous les royaumes des Morts, aucun ne lui est interdit d'accès. Il y a forcément autre chose.

— C'est exactement là où je voulais en venir, expliqua Ella. S'il n'a pas pu invoquer certains esprits, il n'y a que deux explications possibles : le trépas n'est pas encore intervenu ou...

— Ou un seigneur des morts a révoqué le droit de Zhong Kui à s'immiscer dans son royaume, complétai-je. Non, il a réussi l'exploit d'en fermer hermétiquement l'accès afin qu'aucun spirite ne puisse rappeler les âmes qui y séjournent. C'est totalement impossible !

Ella me sourit tendrement.

— Ou, dit-elle doucement, quelqu'un retient tout simplement ces âmes prisonnières à tel point que même le plus puissant exorciste ayant jamais existé ne peut les appeler.

Ozzy me donna une grande claque dans le dos.

— Toi et tes théories, dit-il dans un grand éclat de rire qui fit se retourner plusieurs personnes.

Pour toute réponse, j'allumai une cigarette et commandai une autre limonade, détail que ne manqua pas de relever Ella :

— Félicitations pour parvenir à te passer de whisky au fait.

— Merci, répondis-je. Percy me menait une vie infernale pour que j'arrête avec ça, elle disait que ça me rendait invivable. Enfin, c'est pas le sujet, continue.

— J'ai terminé. La vérité, c'est que nous savons, ou devinons, beaucoup sur la globalité, mais ne pouvons que confesser notre ignorance concernant le détail, et notamment l'identité de la reine. Elle a vraisemblablement beaucoup de serviteurs pour l'aider à tuer autant de gens si rapidement, et nous pouvons supposer qu'ils sont ensuite envoyés dans un royaume des morts où leurs âmes sont retenues, de sorte que nous sommes dans l'incapacité de les appeler. Voilà où nous en sommes.

— Autrement dit, fis-je remarquer, nous ne sommes pas plus avancés que l'an dernier. Et il y a un détail que tu as oublié.

— Lequel ? s'enquit-elle, visiblement surprise.

— Les victimes de notre tueur ne répondent pas à l'appel, alors pourquoi Hattaway nous est-il revenu ?

Ozzy caressa sa barbiche.

— Pour nous égarer ? suggéra-t-il. Je sais que ça fait très égocentrique, mais la fausse piste dans laquelle nous nous sommes engouffrés l'an dernier était terriblement tentante, trop parfaite, je suis presque certain que quelqu'un l'a fabriquée intentionnellement pour pouvoir commettre ses meurtres tranquillement pendant que nous étions occupés à traquer le fantôme d'Andrea Wills.

— Pourtant, relevai-je, il existe bien un lien avec Lagren, qui lui est une authentique victime de notre tueur, si je puis me permettre. Étrange fausse piste que celle qui vous met sur la bonne voie.

— Peut-être pas, dit Ella. C'est presque un hasard si tu as appris pour Lagren et même comme ça, je pense que cela faisait partie du plan de notre tueur.

— Comment ça, dis-je ?

Elle haussa les épaules.

— Et bien, cette affaire avait dès le départ de quoi nous interloquer et nous amener à travailler tous les trois dessus. Et si cela n'avait pas été le cas, le lien entre Hattaway et Lagren nous aurait amenés à collaborer afin de résoudre ce mystère, mais nous aurions fait fausse route en nous concentrant sur le premier et sur Andrea Wills, alors que seul Lagren intéressait le tueur, tueur qui pouvait continuer ses petites affaires tandis que nous foncions tête baissée dans son piège.

— Mais on n'aurait pas forcément enquêté sur la disparition de Lagren, répliquai-je, alors pourquoi s'embêter à le faire ? Les forces de police n'ont aucune expérience du surnaturel, elles ne pourraient pas traquer une créature de la nuit ou un revenant comme nous le faisons.

— Alors, conclu Ella, c'est que le meurtrier nous connaît et nous craint. S'il s'est donné autant de peine pour élaborer une fausse piste si complexe, c'est qu'il est au fait de notre existence et redoute que nous fouinions dans ses affaires. Peut-être pourrions jouer de ça ?

— Hum... fit Ozzy, pensif. Ton raisonnement se tient, même si je trouve terriblement égocentrique de penser qu'il a tendu ce piège pour nous précisément. Et il y a encore quelques points qui me laissent dubitatif, par exemple il est évident que nous finirions par nous mêler à tout ça et il a, volontairement ou non, attiré notre attention sur de nombreux éléments, le fleuve par exemple. S'il est assez malin pour imaginer une fausse piste aussi crédible, pourquoi ne pas nous avoir détournés de certains indices importants ?

— Parce qu'ils n'ont aucune importance ? hasardai-je sans y croire moi-même.

— Cela m'étonnerait, dit Ella, je ne pense pas qu'une Porte supplémentaire n'ait aucune importance. Ou alors, la reine voulait simplement gagner du temps : quoiqu'elle ait fait, quelle que soit la raison de ces meurtres, elle n'avait besoin que d'une année pour finir le boulot et, pendant que nous courrions dans tous les sens pour résoudre le mystère Hattaway, son plan s'est déroulé sans accroc, peu lui importait que nous découvrions la Porte ou les nouveaux meurtres, raison pour laquelle elle en a fait exécuter autant en une nuit et seulement deux l'année précédente.

— Autrement dit, résumai-je, en 1948, elle visait Lagren, mais a conçu une fausse piste suffisamment crédible pour nous tenir éloignés de ses affaires en 1949, tandis qu'elle s'occupait de ses véritables cibles.

— Exactement ! claironna une Ella triomphante.

— Alors, autant laissa tomber, dis-je, on s'est fait avoir, pas la peine d'insister.

Les deux autres me fixèrent avec des yeux écarquillés.

— Tu voudrais abandonner ? demanda Ozzy. Mais pourquoi ?

— Si Ella a raison, on a un an de retard sur le plan de la reine, autant dire que c'est trop tard pour espérer faire quoi que ce soit...

— Mais si j'ai tort, cette affaire n'est pas terminée. Et quand bien même, nous avons une responsabilité, nous devons retrouver la reine et la confronter à la justice, les choses vont ainsi, Nessie. Si nous jetons nos principes aux orties, autant arrêter immédiatement de faire notre travail et nous chercher un autre boulot.

J'étirai mes bras et allumai une nouvelle cigarette, Ozzy tira un cigare de son imperméable.

— Autant nous y mettre tout de suite, alors. On part du principe que les absents ont toujours tort et que les esprits qui ont manqué notre petite réunion sont bien les cibles de notre tueur ? En plus des cinq victimes certaines et identifiées ?

— Cela me semble pertinent, approuva Ella. Ozzy ?

Le Balafré caressa sa barbiche, l'air absent.

— Ouais, finit-il par dire, ça me paraît bien. On peut supposer qu'ils ne sont pas morts par hasard et qu'il doit y avoir un lien.

— Fais-voir la liste.

Il déchira une page de son calepin et me la tendit, Ella se pencha sur mon épaule pour les lire elle-aussi.

— Larry Lagren, Georges Ernest Slater, Nelson Galls, Laura Vitelli, Nina Brown, Wayne Mansell, Geoffrey Alfred Nerval, John Fitzberg, Peter Hills, Nestor Rafael Galdring, Violett Gabriella Moore, Nathaniel Eric Gralston, Matthew Anthony Elmes, Juan Clemente, Melissa Conway, Nicolas Thomas Ergal, Elvis Wiener, Nolan Large et Donald William Crew, énumérai-je. Il existe un lien entre tous ces gens, et nous n'avons que quelques heures pour découvrir lequel.

Je relevai la tête pour regarder Ozzy.

— Tu as leurs adresses ?

Il haussa les épaules.

— Non, mais je suppose que l'on doit pouvoir retrouver des parents dans l'annuaire.

— Tu as de la monnaie ? demandai-je, non sans ironie.

— Toujours. On les appelle ?

Ella soupira, nous nous tournâmes vers elle.

— A mon avis, cela ne sert à rien, nous ne savons même pas quel genre de lien nous cherchons.

— Lagren allait à l'université, peut-être pouvons-nous vérifier s'ils étaient étudiants ? Auquel cas, ce serait déjà un indice, si par exemple ils faisaient partie d'un club ou quelque chose du genre. Peut-être une séance de spiritisme qui aurait mal tourné ? Après tout, nous sommes presque certains que toute cette histoire tourne autour du monde des morts...

— Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, soupira Ozzy, mais je crois qu'on n'a pas d'autre possibilité... Ella ?

Elle ne répondit pas, absorbée par la feuille sur laquelle se trouvait les noms, elle avait même relevé en partie les cheveux qui masquaient la moitié de son visage, signe chez elle de la plus profonde des concentrations.

— Ella ? répétai-je. Tu es avec nous ?

— Chut, souffla-t-elle, je réfléchis.

— Ne te fais pas un claquage, dis-je en riant.

Elle tourna la tête, sourit. Et me gifla délicatement, davantage pour le symbole que pour faire mal.

— Ok, concédai-je, c'est mérité. Tu réfléchis sur quoi ?

— Sur le lien entre ces personnes, je me demandais si cela pouvait être un truc avec le nom. Regarde, tu ne vois rien ?

Son doigt en effleura deux, je me penchai pour lire. Nelson Galls et Nestor Rafael Galdring.

— Le prénom et le nom de famille commencent pareil, dis-je, mais ce sont les seuls. Ça ne peut être qu'un hasard.

Elle fit la moue.

— Peut-être, mais il y a d'autres similitude : Lagren et Large par exemple.

— Et Large n'est jamais que l’anagramme de Ergal, notai-je. Non, c'est pas possible !

Je restai figé en regardant la liste. Se pouvait-il que je vienne de trouver la clef de l'énigme, presque par hasard ?


Texte publié par Tiphereth, 8 novembre 2015 à 11h10
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