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tome 1, Chapitre 8 « Olivia » tome 1, Chapitre 8

-C'est bien beau tout cela, mais quelle preuve avons-nous de ce que vous avancez?, demandait Olivia aux trois personnes qui lui faisaient face.

Certes, Walter était positivement certain que son nouveau cobaye préféré ne lui avait pas menti et certes encore, ses deux amis, une fois au pied du mur, avaient finalement raconté la même chose que lui. Olivia ne s'en montrait pas moins aussi rigoureuse et pragmatique que la nature des évènements lui permettait de l'être. Et cela bien que son instinct lui dise de les croire, et en dépit du fait qu'elle était même encline à ressentir une certaine forme d’empathie envers eux ...

Quand elle était encore toute gamine, Olivia avait été choisie bien malgré elle pour participer à une expérience scientifique: deux chercheurs avaient fait absorber à un groupe d'enfants une substance appelée Cortexiphan, censée développer les capacités cérébrales des sujets et les ouvrir à la perception d'autres réalités que la nôtre. Olivia ne gardait aucun souvenir de cela et elle aurait aujourd'hui totalement ignoré avoir fait partie de ce programme de test si l'un de ces scientifiques n'avait pas été... le brillant docteur Walter Bishop.

C'était en des circonstances dramatiques qu'elle avait découvert assez récemment que ces expérimentations avaient bel et bien amené des résultats concrets : elle s'était révélée dotée de pouvoirs télé kinésiques et d'autres facultés extrasensorielles en relation avec "l'autre côté". Mais ces facultés ne se manifestaient qu'occasionnellement et sous l'emprise de certaines émotions. Autant dire qu’avec l’aperçu qu’on venait de lui en donner, cette ville de Haven lui paraissait être remplie de gens qui étaient un peu comme elle. A ceci près que contrairement à eux, Olivia savait exactement à quoi – ou plutôt à qui – attribuer sa différence...

C’est pourquoi, après une discussion cette fois un peu plus sincère avec les lieutenant Parker et Wuornos, hésitant encore sur la conduite à adopter à leur égard, elle les avait emmenés eux aussi au laboratoire de Walter.

Comme Olivia s'y était plus ou moins attendue, une fois arrivée là, Audrey avait accéléré le pas vers Duke pour lui demander s'il allait bien, alors que son équipier restait plus en retrait, silencieux, bras croisés et mine renfrognée. Elle les avait alors laissés discuter quelques minutes entre eux pendant qu'elle-même s'entretenait avec Astrid, Peter et Walter. Ce dernier exprimait encore des craintes quant à une implication éventuelle de l'autre côté dans cette histoire, mais dans l'ensemble, tous trois partageaient globalement son impression que leurs invités étaient de bonne foi.

Mais elle avait tout de même ensuite lancé cette épineuse question de la preuve à ceux-ci.

-A part en venant faire un petit tour dans notre ville de dingues, lui répondit Duke, je ne vois pas comment on pourrait vous prouver que...

Il s'interrompit en réalisant que Nathan et Audrey le fixaient du regard, mais pas du tout avec la même expression sur le visage. Si l'un arborait un léger sourire narquois, l'autre avait l'air embarrassé de quelqu'un qui suggère silencieusement une solution qui ne l’enchante guère.

-Ha non, non, non, reprit Duke en agitant l'index. Je sais à quoi vous pensez tous les deux : Duke n'a qu'à faire une petite démonstration de son pouvoir, c'est ça ? Mais pourquoi je devrais m'y coller? On pourrait plutôt... je ne sais pas, moi... –son visage s’éclaira comme s’il venait d’avoir l’idée du siècle - Pourquoi pas faire une partie de fléchettes en utilisant Nathan comme cible?

Olivia, Peter, Astrid et même Walter tournèrent un regard effaré vers le lieutenant Wuornos, qui se contenta d'émettre un petit rire sans joie.

-Nathan est infecté également, expliqua Audrey. Il ne ressent pas la douleur.

-Ni la douleur ni aucune sensation de toucher, précisa Nathan. Et Duke a toujours trouvé cela très amusant, ajouta-t-il en fusillant l'intéressé du regard.

-Cela ressemble à une forme de neuropathie, intervint Walter d'un ton sévère, çà n'a rien de surnaturel.

Nathan acquiesça de la tête.

-Neuropathie idiopathique, c'est ce que je raconte aux personnes qui ne sont pas au courant pour les infections. Mais ce n'est pas cela. Les phénomènes à Haven sont cycliques, ils réapparaissent tous les vingt-sept ans et s’estompent après quelques années. J'ai commencé à être insensible vers huit ans, et plus tard je suis redevenu normal, jusqu'à ce que ce nouveau cycle recommence.

-Admettons, dit Olivia. Mais votre infection ne prouve donc pas grand chose.

A nouveau tous les regards se tournèrent vers Duke. Audrey s'approcha de lui.

-Je sais que ce n'est pas gai pour toi, dit-elle doucement, mais on a besoin de les convaincre. On n'a pas d'autre choix si on veut pouvoir collaborer pour résoudre cette affaire.

Olivia aurait parié, avant même qu'Audrey n’ouvre la bouche, que Duke changerait d'avis sur simple demande de celle-ci. Et c'est ce qui arriva, même s'il s'exécuta en y mettant toute la mauvaise foi possible, avec force mimiques et gestes théâtraux.

-Très bien. S'il faut vraiment que je joue au monstre de foire, allons-y. Alors mesdames et messieurs, pour mon numéro, j'ai besoin d'une goutte de sang d'infecté. Y en a-t-il un dans la salle ? ... Hmmm... Nathan, dommage pour toi, mon pote, ajouta-t-il d'un ton grinçant en se dirigeant vers celui-ci d'un pas décidé.

-Une minute, l'interrompit Olivia. Le blessé de tout à l'heure était un « infecté », si j'ai bien saisi ? J'avais fait amener des échantillons pour analyse pour Walter. Ils peuvent servir.

Duke ne put cacher sa déception, mais suivit Olivia jusqu'à la glacière où étaient conservés les objets en question. Elle sortit un petit flacon et le lui tendit. Duke jeta un œil à la ronde comme s'il cherchait quelque chose. Son regard s'arrêta sur l'énorme réservoir un peu rouillé qui trônait dans un coin. Il prit le récipient, l’ouvrit et laissa quelques gouttes rouler sur le dos de sa main. Olivia vit le sang qui s'était déposé sur sa peau disparaître comme s'il était littéralement absorbé par les pores. Et puis Duke s'approcha du caisson qui devait peser quelques centaines de kilos et s'accroupit pour en saisir la base.

Et il le souleva du sol. De quelques centimètres seulement, mais il était indéniable pour les autres que cela aurait dû lui être impossible. Puis il le laissa retomber avec fracas, se releva, se tourna vers eux et Olivia reconnut la couleur que ses yeux avaient lorsqu'elle l'avait vu pour la première fois. Quelque chose qui naviguait entre le bleu et le gris, presque translucide.

-Satisfaite ?, lui demanda-t-il avec un air de défi.

A côté d'Olivia, Walter, lui, était extatique devant le phénomène.

-Remarquable, murmura-t-il.

Il se précipita vers Duke pour examiner ses yeux de plus près. Sans ménagement il lui plaqua ses mains sur le visage afin d'écarter ses paupières et mieux examiner l'iris. Mais il eut à peine le temps de regarder. Duke l'attrapa violemment par le col et le souleva, le faisant reculer jusqu'à le plaquer contre le réservoir.

-Lâche-le, s'exclama sèchement Nathan, portant machinalement la main à la ceinture, pour saisir une arme qu'il n'avait de toutes façons plus sur lui, Olivia les ayant temporairement confisquées.

Olivia et Peter avaient eux-mêmes fait un pas en direction des deux hommes, mais déjà Duke relâchait sa prise et reculait en levant les mains dans un geste d’excuse.

-Désolé. J'aurais dû prévenir que je suis plutôt... chatouilleux, quand je suis dans cet état.

Walter rajusta sa blouse de laboratoire et son visage se fit des plus sérieux et concentré.

-Ne vous excusez pas, mon garçon. Je ne peux qu'imaginer la poussée d'adrénaline impliquée dans le processus. Une réactivité accrue à tout ce qui peut être perçu comme agression est tout à fait naturelle.

L'effet avait justement disparu et Duke avait détourné la tête sans mot dire. Olivia faillit faire remarquer que contrairement à ce qu’ils avaient prétendu, certaines infections semblaient finalement plutôt positives. Mais acquérir cette puissance temporaire via le sang de quelqu’un avait quelque chose de tellement malsain… Et alors que Walter continuait à discourir sur les effets secondaires, la sensation de manque et l'addiction que pouvait provoquer ce type de phénomène, l’expression de Duke en disait suffisamment long pour qu’Olivia garde finalement son commentaire pour elle-même. Non, ce pouvoir ne devait pas être si fantastique que çà.

-On a compris, Walter, dit-elle, interrompant le scientifique d’une voix posée. Cette pièce est pleine de représentants de la loi, on sait tous quels sont les symptômes d'une addiction, je crois. Inutile de nous le détailler.

Duke lui jeta un regard à la dérobée, un peu surpris.

-Bon, dit Audrey, si vous êtes convaincue maintenant... quel est le plan pour la suite ?

-On va dire que je vous crois jusqu’à nouvel ordre, répondit Olivia après quelques instants de réflexion. La priorité est évidemment de retrouver Archer. Avec les moyens du FBI, on devrait pouvoir y arriver sans trop de problèmes. Je suggère que vos services envoient également à Walter toutes les informations dont ils disposent, et je dis bien toutes, pas besoin de d’épurer les rapports du légiste, sur les deux meurtres qui ont eu lieu chez vous. Si vous avez des pistes concrètes à suivre en attendant, je vous écoute.

-J’ai un contact dans La Garde, dit Nathan. Cette personne pourrait m’indiquer si d’autres membres de l’organisation sont à Boston et s’ils ont encore un moyen de joindre Archer. Et il y a la liste d’adresses. On en avait fait le tour mais maintenant que notre gars est à nouveau en fuite, il faudrait la parcourir encore une fois.

-D’où la tenez-vous, cette liste ?, demanda Peter.

-D’un agenda datant de l’année passée trouvé chez Archer. Il ne répondait ni au téléphone ni aux coups de sonnette, expliqua Audrey. Alors on a… disons…on était en droit de se demander s’il n’avait pas besoin d’aide et du coup, on est entrés chez lui. On a commencé à faire le tri parmi ses contacts. Curieusement il n’y avait aucun nom ou pas de numéro de téléphone pour certaines adresses.

-Et bingo, intervint Duke, l’une de celles-là était une planque de La Garde où Archer s’était réfugié, et c’est moi le petit chanceux qui me suis trouvé là quand l’assassin s’en est à nouveau pris à lui.

Peter fronça les sourcils.

-Une minute… Pourquoi votre type avait-il cela dans son agenda de l’an passé s’il est en danger seulement depuis quelques jours ?

-La dernière fois qu’Archer a mis les pieds à Haven, c’était pour l’enterrement de son père il y a plusieurs mois, expliqua Nathan. C’était la seule famille qui lui restait dans le coin. Et les circonstances de la mort de celui-ci paraissaient un peu étranges. On pense qu’Archer a pu entrer en contact avec La Garde à l’époque juste au cas ou…

-Quel genre de circonstances paraissent étranges dans votre patelin ?, interrogea Peter avec un sourire ironique.

-Le genre qu’on s’explique beaucoup mieux maintenant qu’on pense savoir quelle est l’infection de leur famille, répondit Nathan avec un petit haussement d’épaules. Vernon Archer est décédé d’un arrêt cardiaque, ça ne faisait aucun doute, seulement il a été rejeté par la marée sur une plage sans qu’on puisse définir de quel endroit il avait pu tomber à l’eau. Et il était en maison de retraite, sa chambre a été retrouvée dans un désordre épouvantable. Comme si elle avait été fouillée.

-Et maintenant vous pensez plutôt qu’il a ouvert un vortex depuis sa chambre, dit pensivement Olivia…

- Parce qu’il avait eu peur de quelque chose, compléta Audrey. Au point d’en mourir d’ailleurs. Il était assez âgé et son cœur plutôt fragile. Ouvrir le vortex, combiné à l'émotion, cela a très bien pu le tuer.

-Et il devenait sénile, ajouta Duke. N’importe quoi a pu lui foutre une trouille mortelle, en réalité.

-On pourrait revisiter la liste d'adresses ensemble en attendant d’avoir d’autres informations , proposa Nathan en regardant l’agent Dunham. A nous cinq, cela ira plus vite.

-D’accord, mais c’est hors de question qu’on se divise la tâche en cinq, répondit-elle. Nous ferons deux équipes de deux et l’un de vous trois va rester ici pour plus de… sûreté. Qu’en pensez-vous, Walter ? ajouta-t-elle en se tournant vers celui-ci.

Instinctivement, Duke s’éloigna de Walter qui était toujours près de lui, pour aller se réfugier derrière Audrey.

-Il serait profitable, si nous voulons comprendre comment fonctionnent les capacités particulières des gens de Haven, que j’examine un autre cas, dit celui-ci gravement.

-Alors, c’est dit, lieutenant Wuornos, vous allez rester, fit Olivia d’un ton sans réplique. Ainsi, hormis les tests que Walter pratiquera, vous pourrez lui commenter le dossier lorsque votre équipe à Haven lui aura transmis les éléments.

L’intéressé eut une expression fugitive d'incrédulité sur le visage alors que Duke se fendait d’un sourire éclatant et se rapprochait encore plus d’Audrey.

-Vous n’allez évidemment pas y aller avec votre amie, Mr Crocker, cingla l’agent Dunham. Je préfère que nous mélangions les équipes.

Duke ouvrit la bouche tout en tendant l’index vers elle, mais il n’eut pas l’occasion de placer un mot.

-Oh non, ce ne sera pas avec moi non plus. A moins que Walter ne me fournisse de quoi vous faire taire… Peter, ça ne te dérange pas ?

-Pas de problème.

-Alors assez perdu de temps, allons-y.

Les trois autres la suivirent puis la dépassèrent en sortant de la pièce, pendant que Walter s'affairait aux préparatifs de ses prochaines analyses.

-Astérisque, installez donc notre ami Navarin pour un prélèvement, ordonnait-il avec emphase.

Olivia, qui fermait la porte, ne put réprimer un franc sourire en entrevoyant l'intéressé qui balbutiait un « Heu, non, moi c'est Nathan » , la mine embarrassée. Elle n'était pas encore à cent pourcents certaine d'avoir raison de faire confiance à ces oiseaux-là, mais visiblement, Walter s'était pris de sympathie pour le lieutenant Wuornos. C'était plutôt bon signe.


Texte publié par Spacym, 17 juin 2015 à 12h45
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