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Transportée par sa lame, Tsubaki en oubliait bien souvent l'écoulement du temps. Caché en contrebas, Quentin savourait chaque instant de cette danse envoûtante. Sa longue tresse noire qui virevoltait dans une légèreté presque féerique, ses pas si aérien qu'on pourrait croire qu'elle s'envolait. Malgré le froid humide qui s’insinuait sous sa couche de vêtements, l’admirateur transi ne perdait pas une miette du spectacle. Parviendrait-il à l'aborder, cette fois ?

Contrairement à ce qu'il s'imaginait, Tsubaki était bien consciente de sa présence depuis le début de l'hiver. Elle avait surpris le reflet du jeune étranger en maniant son sabre rutilant. Au départ, elle avait ressenti une certaine appréhension. Que lui voulait cet homme qui observait chacun de ses entraînements sans manifester sa présence ? Néanmoins, la curiosité la tiraillait, à présent. Devait-elle le confronter ?

Cette décision ne fut pas nécessaire. Quentin avait enfin pris son courage à deux mains et s'avança au devant des cerisiers nus tandis que Tsubaki rangeait son arme dans un fourreau aux dorures travaillées. Elle leva les yeux vers le jeune homme dont les cheveux blonds scintillaient dans les rayons déjà déclinants du soleil. Avec un sourire timide, il lui tendit un pot de fleurs ravissantes.

– Ce sont des Camélias de Noël… prononça-t-il en les tendant vers elle.

Le visage de Tsubaki s'illumina devant les corolles aux tons fuschia. Elle y vit un signe du destin.

– Quelle coïncidence ! Vous connaissez mon prénom ?

– Euh… Non, bredouille-t-il. Ces fleurs… Enfin, elles sont très jolies.

Le rire aérien de celle qu'il admirait retentit tandis qu'elle se saisissait du pot gravé de feuilles entrelacées. Quentin ne pouvait décemment expliquer à cette inconnue qu'il avait pensé à elle à la vision de ces pétales éclatants après l'avoir observé en catimini des jours durant…

– Je m'appelle Tsubaki, se présenta-t-elle avec chaleur. Merci beaucoup pour ce présent, ce sont mes fleurs préférées !

À ces mots, Quentin fut transporté de joie, oubliant son trac sur le champ. Elle appréciait son cadeau ! Il ne lui restait plus qu'à l'inviter à dîner, désormais…