Toute sa vie n’aura été qu’une vaine quête de réponses.

Au début, elle s'était contentée de les attendre. Puis, comme rien ne venait, elle a décidé d'aller les chercher. Hélas, rien de nouveau sous le soleil.

Et la voilà désormais au bord de cette falaise déchiquetée. Espérant que le boucan des vagues en contrebas couvrirait ses pensées. Elle crie et lève le poing vers le ciel.

"Menteur ! Hypocrite !!... Flibustier !!!"

Elle s'effondre, vidée par cette trop intense recherche lexicale.

"Tu m’avais promis, que quand bien même père et mère m'abandonneraient..."

Les joues froides et la gorge salée, elle sanglote, chouine et renifle. Elle l'a cherché partout pourtant... Dans le feu et les tempêtes, les typhons et les lames de fond.

Que dalle. Nada. Rien. Que tchi. Personne.

Et maintenant quoi ? Voilà qu’elle veut sauter. Juste pour en finir, c'est tout. Mais la rafale glacée qui remonte de l'océan la repousse vers la terre. Il lui en faudra, de la volonté.

Sans sommation, le vent s'arrête. Même les vagues sont devenues silencieuses. Un silence las, qui étire le cours du temps.

La bise s'incline devant le zéphyr, et la voie vers le bas est de nouveau libre. Mais malgré ce pont d'or vers les rochers, c'est plus fort qu'elle, elle se pose mille questions. Elle se demande d'où vient ce vent léger, et si doux, comme une caresse.

Ou comme un murmure, tiède à son oreille :

Peu importe l'origine du vent. Peu importe où il va. Sans début ni fin, il existe tout de même, car tu en entends le bruit, tu en sens le souffle sur ton visage, et si tu le laisses faire, il séchera tes larmes.

"A quoi bon ? Moi je ne suis pas le vent ! Je suis sans passé, sans avenir, sans substance..."

Serais-tu également sans mémoire, mon enfant ?

Cela sonne comme un secret, qui pourtant n'en est pas un. Elle le savait, mais l'a toujours éludé. Telle ascendance n'est pas si facile à porter, néanmoins il n'y a pas de joug plus léger.

Comment a-t-elle pu oublier, elle est la fille du vent.