La jambe de Linoa s’agitait, frénétique. Assise dans le canapé de Jeanne, elle vérifia son téléphone au cas où Reyson, parti sonder les alentours sans oublier son moyen de communication cette fois, l’appellerait. Elle se redressa d’un coup quand elle vit les coordonnées GPS de “Nathaniel Almeida” s’afficher sur Whattsapp. D’une manière ou d’une autre, il avait réussi à se manifester et le cœur de la jeune femme bondit dans sa poitrine. Elle se rua vers Jeanne, occupée à scruter les alentours depuis la fenêtre du salon :
— Je sais où il est ! Regardez ! Là !
Lin se doutait qu’elle effrayait Jeanne à s’extasier de la sorte, mais ce contact était si inespéré ! Elle sautillait sur place, le cœur battant à tout rompre, le sang bouillonnant dans ses veines.
— Mais où est-il, alors ? s’inquiéta la mère du disparu.
Linoa pianota sur Google Maps à la recherche desdites coordonnées pour tomber… sur un immeuble. Dans une rue lambda. Aucune raison pour Nathaniel de se perdre là-bas. Nul doute, par ailleurs, que Reyson n’aurait jamais idée de vérifier un endroit pareil. Une ride marqua son front plissé :
— Ça vous dit quelque chose, la rue des Martyrs ?
Prononcer le mot lui amena un frisson. Une méfiance. Comme un sixième sens qui l’alertait d’un danger. Elle espéra que le nom de la rue n’avait rien d'annonciateur.
— Pas du tout, répondit Jeanne en faisant la moue. Je sors peu…
Lin décela dans sa voix une forme de déception, une vérité à transparaître. Elle ne posa aucune question, persuadée que la réponse se trouvait au niveau du siège en métal qui l'emprisonnait.
— Ça ne fait rien, reprit Linoa prête à en découdre, on va le chercher.
Jeanne se figea sur son fauteuil :
— On ne devrait pas plutôt appeler la police ?
— Pour vous dire encore qu’il est majeur et qu’il faut attendre 48 heures pour agir ? Même pas en rêve.
Elle remit sa veste en cuir tandis que Jeanne négociait :
— D’accord, mais… il nous faut de quoi nous défendre. On ne peut pas juste y aller… comme ça ! Mon fils n’aurait jamais pu se rendre seul dans un endroit pareil dans son état…
Lin agrippa la bombe lacrymogène bien calée dans la pochette avant de son sac.
— J’ai ce qu’il faut. On n’est jamais trop prudentes…
— Ça fonctionne vraiment ? demanda Jeanne, sceptique.
— Mieux qu’on ne l’imagine !
Elle rangea son précieux, puis vint pousser Jeanne vers la sortie.
— Vous avez vos clés ? On y va.
— Juste là.
Elle tendit le bras et attrapa son trousseau sur le porte-clés installé à sa hauteur. Lin en profita pour lui tendre son manteau et, ensemble, elles s’engouffrèrent dans l’ascenseur. Jeanne se dandinait sur son siège. Linoa ne pouvait qu’imaginer ses craintes. Qui aurait pu vouloir du mal à Nathaniel ? Le kidnapper ? L’emmener dans un immeuble sordide ? Au beau milieu de la soirée, en plus et sans que personne ne remarque rien de suspect. Elle profita de la descente pour envoyer un message à Reyson. Il les rejoindrait, il ne serait pas de trop pour leur prêter main forte. La rage au ventre, Linoa s’impatientait :
— Vous savez si quelqu’un en voudrait à Nath ?
— Non. Aucune idée.
Le regard fixe. Les pupilles vides. Est-ce que Jeanne venait de mentir ? Linoa avait toujours été particulièrement sensible, au point de discerner les dissonances énergétiques liées aux émotions de chacun. C’était la pureté de l’amour à son égard qui l’avait poussée dans les bras de Reyson alors qu’aucun autre homme n’avait su l’approcher auparavant. Cette fois, elle capta le pic de stress, vibrant, qui été remonté le long des bras de Jeanne. À moins que ce soit la disparition de Nathaniel elle-même qui la rende anxieuse par intermittence, comme un sentiment difficile à canaliser. Peut-être… ou peut-être pas. Sa suspicion vint se terrer dans un coin de son cerveau, là, bien présente, à la manière d’une araignée aux pattes chatouillantes. De quoi irriter la jeune femme.
Quand l’ascenseur s’ouvrit, Linoa agrippa les poignées du fauteuil et toutes deux se précipitèrent vers l'extérieur. Elles frissonnèrent sous le vent froid de cette soirée, déjà glacées dans leurs âmes, puis remontèrent la rue dans le sens indiqué par le GPS de Linoa, une fois vérification faite.
— Ce n’est pas si loin, déclara-t-elle pour elle-même.
— Tant mieux. Plus vite nous retrouverons mon fils, mieux ce sera.
Reyson n’avait pas encore répondu à son message. Qu’est-ce qu’il fichait ? La frustration de Linoa monta d’un cran. Toutes deux bifurquèrent sans se soucier des rares passants, obnubilées par leur trajectoire et, surtout, leur objectif. Quelle ne fut pas leur surprise, en arrivant, de découvrir un bâtiment de quatre étages, visiblement à l’abandon et avec l’indication “à vendre” sur le perron. Les deux femmes se lancèrent un regard inquiet : personne ne vivait ici. Pourquoi le téléphone de Nathaniel se trouvait là ? Elles avaient dû se tromper. Le GPS n’affichaient pas les bonnes coordonnées ou…
— C’est bien là, décréta Linoa.
La porte d’entrée était entr’ouverte. On l’avait dégondée.

| LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
|
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
3369 histoires publiées 1474 membres inscrits Notre membre le plus récent est ivolub |