Le trajet lui parut beaucoup plus difficile que son escapade dans le champ hydrothermal. Quand il se laissa tomber sur la couchette, il soupira de soulagement. Aussitôt, Ava activa les drones médicaux qui se mirent au travail : en quelques minutes, une intraveineuse fut installée et un scanneur l’examina. Mais Aldric n’y fit pas attention : il ne lâchait pas des yeux l’écran holographique déployé face à lui.

Entre l’Odysseus et l’étrange submersible flottait une silhouette familière.

— Le sous-marin est contrôlé par une intelligence artificielle, Amaresys, la protectrice des myratiens, expliqua Ava

Une musique envahit la pièce, une mélodie forte et rythmée, des notes vives. Détermination, décision. Elle devint polyphonique alors que d’autres myratiens ralliaient Yfris, formant un demi-cercle entre les deux monstrueux engins. L’eau autour d’eux frémissait et ondulait, sous la puissance de leurs vibrations conjuguées.

Amaresys répondit. Le submersible émit des modulations fermes et autoritaires, un enchainement d’accords graves. Crainte, inquiétude, avertissement. Yfris secoua la tête. Elle s’avança jusqu’au sous-marin, minuscule face à l’engin imposant, et posa une main apaisante sur la coque. Comme avec l’animal, pensa Aldric. Elle répandit une musique qui émanait d’elle par vagues douces, notes légères et confiantes, tendres comme une caresse sur la main. Ses congénères répétèrent et intensifièrent la mélodie qui devint une symphonie. Patience, amour, respect, tolérance, espoir.

Les émotions traversèrent l’esprit d’Aldric et l’emplirent de sérénité. Il sourit. Au bout de quelques minutes, le duel de volonté s’acheva : les lumières du submersible perdirent de la puissance, les tentacules se rétractèrent. Aldric sentit la pression qui pesait sur lui s’évanouir et se laissa aller au sommeil bienfaiteur induit par les médicaments.